Communiqué de FNE le 12.02.2024
Ce lundi 12 février, France Nature Environnement et 6 autres organisations de la société civile (Fondation pour la Nature et l’Homme, Générations Futures, Humanité et Biodiversité, Réseau Environnement Santé, Ligue de Protection des Oiseaux et WWF France) ont claqué la porte du Comité d’orientation et de suivi du plan Ecophyto 2030.
En cause : un véritable déni de démocratie, marqué notamment par la récente décision de revenir sur l’objectif de réduction des pesticides, prise par quelques-uns au détriment de la santé de tous. Les méthodes de travail traduisent également une concertation de façade, sans volonté de dialogue et d’écoute (convocation en dernière minute et sans document de travail, décisions unilatérales, refus de prendre en compte les propositions formulées, etc.)
Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau ayant refusé la parole aux organisations, celles-ci lui ont néanmoins remis leur déclaration commune avant de quitter la salle.
Extraits de la déclaration, à voir sur le site de FNE :
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Contrairement à ce que certains prétendent, la crise agricole n’est pas liée à Ecophyto. Le vrai problème des agriculteurs, ce n’est pas ce plan qui vise à réduire de 50% l’usage des pesticides mais bien l’absence d’une juste rémunération, les importations non soumises aux normes européennes, les effets du changement climatique etc. Faire d'Ecophyto un bouc-émissaire pour calmer la crise, c’est faire de la santé publique -à commencer par la santé des agriculteurs- et de la biodiversité, les victimes collatérales d’une crise qui est d’abord économique et sociale.
Au-delà de nos ONG, de très nombreux chercheurs s'inquiètent, à juste titre, de ce retour en arrière dessiné par ces annonces. Nous les comprenons car de nombreuses publications scientifiques ont démontré l’importance de privilégier la préservation des ressources naturelles pour permettre la production agricole demain.
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Pesticides et santé humaine
Personne ne peut plus le nier, la santé est impactée par l’usage des pesticides. Or, le volet sanitaire promis dans le plan ECOPHYTO II + n’a jamais été mis en œuvre malgré les propositions d’indicateurs de santé proposés par certains d’entre nous. Il est pourtant indispensable de publier chaque année le nombre de maladies professionnelles des pesticides inscrites dans les tableaux de maladies professionnelles des régimes de sécurité sociale reconnues, incidence et prévalence , ainsi que celles reconnues par le fonds d’indemnisation des victimes des pesticides le FIVP dont les enfants issus de grossesse exposées professionnellement. Comment penser résoudre les effets sanitaires néfastes engendrés par les pesticides si aucun dispositif de surveillance et signalement efficace (de type Phytosignal) n’est proposé ?
Pesticides et biodiversité
ll est temps de considérer que la pollution chimique est l’un des principaux facteurs responsables du déclin de la biodiversité animale et végétale, au même niveau que le changement climatique. Comme en attestent les nombreuses données scientifiques, les pesticides contaminent durablement notre environnement, l’ensemble des milieux présentent des traces ou des résidus de produits ou de leurs métabolites. Qu’il s’agisse des sols, des eaux souterraines qui alimentent nos captages, des populations d’insectes ou d’oiseaux, le constat est sans appel : les pesticides causent un préjudice écologique sans précédent. Ce ne sont pas nos ONG qui le disent mais les publications scientifiques de nombreux instituts de renom (INRAe, CNRS, etc.)
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