Article écrit par Antonio Louça, publié par le CADTM le 23 décembre 2025
Le gouvernement minoritaire de droite conservatrice (Alliance démocratique) prévoyait de survivre grâce au soutien parlementaire, alternativement, des socialistes ou de l’extrême droite. Il a réussi à faire adopter le budget général de l’État pour 2026 grâce à l’abstention du PS et entendait désormais faire passer un ensemble de nouvelles lois sur le travail avec la complicité de Chega (extrême droite). Cependant, la grève générale du 11 décembre a plongé ce projet dans l’incertitude.
Une violente attaque au monde du travail
La confiance du gouvernement dans les deux piliers « opposants » qui soutenaient sa minorité parlementaire était telle qu’il a osé annoncer le paquet législatif le plus radical de ces dernières décennies. Il allait beaucoup plus loin dans sa brutalité anti-ouvrière et antipopulaire que n’importe quel autre gouvernement au cours des cinquante années que la contre-révolution vient de célébrer [le cours progressiste de la Révolution des Œillets a été renversé par le coup du 25 novembre 1975, NDT]. Même les différents gouvernements à majorité absolue de droite, après 1975, n’ont jamais osé envisager les mesures extrêmes contenues dans ce « paquet travail ».
Parmi les nombreuses dispositions prévues, il y a notamment le feu vert illimité aux licenciements individuels, la nullité des jugements ordonnant la réintégration d’un travailleur licencié, le droit pour l’employeur de faire appel à des entreprises externes pour effectuer le travail des personnes licenciées, l’obligation pour les travailleurs ayant des enfants en bas âge d’accepter des horaires le week-end, et la mise en place d’un compteur d’heures individuelles afin que les heures supplémentaires ne soient plus rémunérées en tant que telles, entre autres.
Et soudain, le gouvernement téméraire de Luís Montenegro [membre du parti social-démocate, qui est un parti de centre droit au Portugal, NDT] a réalisé que la confortable majorité parlementaire des conservateurs, soutenue par les fascistes et le Parti socialiste, et la perspective que seuls deux candidats de droite se qualifient pour le second tour des élections présidentielles de janvier, ne correspondait plus à la révolte du pays réel.
Au début du mois de décembre, les sondages montraient déjà un très large soutien populaire à l’appel à la grève générale, et les indications de l’institut de sondage Vox Populi reflétaient déjà la volonté de faire grève de nombreuses personnes qui n’avaient jamais participé à une grève de leur vie. Le gouvernement a tout tenté pour dissuader la population de se joindre à la grève, promettant de relever le salaire minimum de 870 euros à 1 600 euros et le salaire moyen de 1600 euros à 3000 euros. Mais ces promesses extravagantes, sans aucune date ni garantie, sont tombées dans les oreilles de sourds.
