La pierre de Dom a été et reste utilisée dans notre région pour la construction de bâtiments. D'un point de vue géologique, cette roche est issue d'un dépôt sédimentaire calcaire datant du Jurassique supérieur et moyen . C'est une pierre à la belle couleur jaune-ocre, coloration liée à la présence d'oxydes de fer.
Paulin Chieus, jeune architecte, a étudié méthodiquement la pierre de Dom. Son travail ne s'est pas limité à une recherche historique ou architecturale. Il a mis en parallèle l'impact paysager et sociétal qu'a entraîné l'usage de ce matériau.
Il est venu présenter ses conclusions lors d'une conférence organisée par l'ASPV, ce vendredi 15 décembre, au Centre Polyvalent Rural.
Après un rappel géologique, il a exposé l'usage de la pierre de Dom à travers le temps.
Depuis le XVIe siècle, cette pierre se retrouve dans beaucoup de bâtiments du sud-est des Ardennes. L'aire géographique de son emploi ne dépasse pas cette limite, du fait des difficultés et du coût du transport à l'époque. La Meuse a pu servir à exporter la production sur des distances plus grandes, jusqu'en Belgique.
Cette difficulté d'approvisionnement explique son usage en partage avec des matériaux locaux : craie en Champagne, gaize ou brique en Argonne, ou autre pierre locale comme autour de Buzancy ou Neuville-Day.
La pierre de Dom se caractérise notamment par sa solidité, et sa facilité de taille. Elle a donc été utilisée pour les entourages de fenêtres ou en chaînage d'angle. Seuls des châteaux ou des églises pouvaient être entièrement construits en pierre.
Plus tardivement, la pierre de Dom a été massivement utilisée dans la reconstruction d'après la première guerre. On peut le voir notamment au Chesne, sur certaines maisons de Vouziers.
"Construire, c'est collaborer avec la Terre. C'est donner une marque humaine à un paysage qui en sera modifié à jamais." Marguerite Yourcenar
Progressivement, son usage s'est raréfié, du fait de la concurrence des matériaux modernes. L'activité qui employait plusieurs dizaines d'employés à son apogée, s'est arrêtée dans les années 1970.
Mais une activité a repris depuis 2017, les exploitants ayant reçu l'autorisation d'extraire 500 mètres cube de pierre en 5 ans. Cette quantité est suffisante pour les débouchés actuels, qui concernent principalement la restauration de bâtis anciens.
Cette utilisation reste donc limitée, et le conférencier a terminé son propos par une réflexion sur un usage futur de ce don de la nature.
Si le paysage local est marqué par sa présence, on devrait pouvoir conserver un emploi autre que décoratif pour ce matériau noble et aux multiples qualités.