Les travaux de la place Carnot avancent, et devraient se terminer en octobre prochain. Les Vouzinois pourront alors se faire une idée précise de l'aspect de leur centre-ville rénové. Un chantier pavé de bonnes intentions, puisqu'on nous annonce une place plus verte et plus arborée qu'auparavant. Il faudra cependant patienter quelque temps pour profiter des ombrages au pied des arbres dont l'implantation est annoncée pour cette modernisation.
Rappelons en effet que l'objectif de la municipalité est " remettre les piétons au cœur de la ville à travers des espaces sécurisés et ramener du végétal en centre-bourg."
Les automobilistes profitent déjà du demi-parking du côté ouest de la place, avec un revêtement bitumé, qui leur permet de retrouver leur chaude ambiance antérieure.
Certains s'inquiètent du devenir des statues qui ornaient le bas de la place. On peut les rassurer, leur retour est prévu. L'emplacement a été terrassé et compacté récemment, il semble donc que ce retour approche.
Une question se pose malgré tout, verra-t-on de nouveau le buste de Taine ? L’interrogation se pose au vu de la pancarte apposée devant la mairie ; si la sculpture en hommage à Drouot reprend bien sa place côté ouest, elle apparaît de manière symétrique du côté est.
Le poète vouzinois est connu pour son œuvre principale "Eurydice deux fois perdue", le voici célébré par "Paul Drouot deux fois retrouvé", ceci compensant peut-être cela.
Dans l'attente d'une confirmation, ou d'une infirmation, de cette double implantation, nous vous offrons quelques lignes, tirées de cet ouvrage trop peu connu : Eurydice deux fois perdue
À l’heure où les ponts ne traversent plus les fleuves, la nuit ; à l’heure où les chemins de halage ne courent plus le long de l’eau, mais reposent ; à l’heure où la nature s’abandonne au premier songe qui veut d’elle, je te rejoindrai sans bruit, et l’un de nous bercera l’autre dans ses bras.
Si j’en avais le temps et les moyens — vraiment je n’en ai que l’envie — j’irais cette nuit m’asseoir dans un port, près du premier convoi d’émigrants qui prendrait la mer. Je me saoulerais de leur douleur ; il y a de quoi être saoul à en boire dans tous les yeux des émigrants. Peut-être, pour qu’ils soient moins seuls, partirais-je avec eux vers l’inconnu.
Le bonheur, c’est de sentir le bonheur, d’imaginer toutes les possibilités de bonheur ; c’est de regarder dans la maison du bonheur sans en chercher l’entrée.
La nuit, souvent ici les nuages descendent dans les champs et, le lendemain, nous envoient ces pluies tristes comme une confidence à la terre et une parole échangée en souvenir des délices de la nuit précédente.
Ce matin, ils ne se sont point en allés ; ils sont restés attachés aux fleurs, aux feuilles ; peut-être ont-ils pompé les sucs de ciguë, se sont-ils enivrés. Et elle demeure en suspens, brume qui ne se relèvera plus, et il n’y a point, d’une branche à l’autre, vide, transparence, clarté, mais douce continuité, mystère.
Voici le soir pareil à un pont d’une seule arche, arqué haut et vaste, et quand on s’y engage, il fait presque noir.
Il relie les campagnes flottantes, les lointaines forêts à la route obscure.
Difficulté de vivre au coucher du soleil, ô dur moment ! il faut sortir.
J’aime le traverser, j’entre résolument dans la campagne ; des paysans me croisent, me saluent ; les maisons se retirent du paysage, elles qui éclataient de blancheur au soleil, insolemment ; humainement un peuplier s’efface ; des chardons droits comme des hommes, des genêts doux et hérissés se confondent avec les forêts lointaines. Je m’enfonce dans l’ombre avare de paroles, dans la froide, hostile solitude ; la feuille évite mon regard, la branche se dérobe si je la heurte, la fleur que je foule se soulève derrière moi.
Qui m’enseignera pour que j’y vive ce pays où le vent, l’arbre, la colline éprouvent les passions des hommes ?