Extrait de l'article du CCFD Terre solidaire publié le 28.12.2025
Dans un monde où les inégalités économiques, politiques et culturelles s’intensifient, l’éducation populaire demeure un levier essentiel pour renforcer le pouvoir d’agir des citoyennes et citoyens. Héritière des mouvements sociaux et des luttes pour l’émancipation, elle permet de comprendre collectivement les mécanismes de domination à l’œuvre et d’agir pour une société plus juste.
Qu’est-ce que l’éducation populaire ?
L’éducation populaire n’est pas seulement un ensemble d’outils pédagogiques : c’est une démarche politique qui vise à permettre à chacune et chacun d’analyser le monde et de participer à sa transformation. Il ne s’agit pas d’« éduquer le peuple », mais de créer des espaces où les savoirs d’expérience, les vécus, les savoirs universitaires et les pratiques sociales se rencontrent.
Contrairement à une vision descendante de l’éducation, l’éducation populaire repose sur la participation active, la réflexion collective, et l’idée que les personnes concernées sont expertes de leur réalité. Elle favorise l’émancipation collective, la justice sociale et le pouvoir d’agir citoyen. En ce sens, elle se distingue du militantisme traditionnel ou de la simple vulgarisation : elle construit des savoirs avec les personnes, pas à leur place.
Les mouvements d’éducation populaire travaillent sur les représentations, l’analyse critique, l’action collective, l’autogestion, la prise de décision démocratique et la capacité des groupes à inventer des alternatives face aux injustices.
L’histoire de l’éducation populaire
L’éducation populaire naît au 19ᵉ siècle avec les mouvements ouvriers, syndicaux et associatifs, dans une volonté d’émancipation face à l’ordre social dominant. Bibliothèques ouvrières, universités populaires, cercles d’étude : la formation politique du peuple devient un enjeu démocratique.
Après la Seconde Guerre mondiale, elle s’institutionnalise partiellement avec l’essor des mouvements d’animation socio-culturelle, l’éducation permanente et les maisons des jeunes et de la culture. Mais elle continue également d’exister en dehors des institutions, portée par des associations, des collectifs féministes, anti-racistes, écologistes et des mouvements sociaux populaires.
Dans les années 1970, l’influence du pédagogue brésilien Paulo Freire – auteur de Pédagogie des opprimés – inscrit l’éducation comme un outil de libération collective, posant une idée fondamentale :
Personne n’éduque personne ; personne ne s’éduque seul ; les humains s’éduquent entre eux, médiatisés par le monde.
Paulo Freire
Aujourd’hui, l’éducation populaire se renouvelle face à la crise démocratique, au recul des libertés publiques et à la montée des inégalités. Elle offre des réponses face à la défiance politique et aux discours de haine, en donnant des outils pour comprendre et transformer la société.
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