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L'AN VERT de Vouziers : écologie et solidarité. - Page 605

  • ORPEA : un parcours sans faute ?

    Le futur Etablissement d'Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (EHPAD) de Vouziers doit ouvrir le mois prochain à Condé.

    Notre (toujours jeune) confrère L'Union s'inquiétait récemment pour les postulants à un emploi dans cet établissement : les candidats n'avaient aucune réponse à leur demande. Espérons qu'à quelques jours de cette ouverture annoncée les équipes se mettent en place pour être pleinement opérationnelles pour l'arrivée des premiers résidents.

    Le journal économique "Challenges" ne semble de son côté pas du tout inquiet sur l'avenir du groupe ORPEA. Il titre son article publié ce mois-ci "Orpea : l’avenir du troisième âge…"

    S'agit-il de souligner l'attention donnée au bien-être de nos anciens ? Pas vraiment ! Le billet débute par cette phrase très significative "ORPEA exploite un marché qui présente des caractéristiques rares : son potentiel est considérable, et sa régularité remarquable". Et bien oui, certains pensent que les personnes âgées sont un marché et que le potentiel des personnes dépendantes est considérable.

    Les chiffres donnés dans la suite de l'article sont très rassurants, pour les investisseurs bien entendu :

    "La croissance organique est remarquable, puisqu’elle est proche de 10 %, quel que soit la conjoncture économique. La qualité intrinsèque du groupe, qu’on peut lire dans ses performances historiques, le retard que le cours de Bourse a accumulé depuis quelques temps, et les perspectives de développement en Chine, nous incitent à recommander à l’achat ORPEA, avec la très grande majorité des analystes qui suivent cette valeur."

    Et quand il n'y aura plus assez de vieux assez riches pour aller chez eux, il restera encore la Chine :

    "Le groupe a aussi des visées sur la Chine : elle pourrait accélérer encore sa croissance en dupliquant son modèle dans l’Empire du milieu, qui compte plus de 150 millions de personnes de plus de 80 ans, contre 6 millions en France. Au terme d’une période d’étude, les premières maisons médicalisées devraient être ouvertes à Shanghai, mais sans acquisition d’immobilier. "

    Même si seulement 10% des chinois avaient les moyens de se payer un retraite chez ORPEA, cela ferait plus du double du potentiel français.

    Ce regard froid et calculateur sur un "marché" nous glace un peu le sang, et n'est malheureusement qu'un exemple de ce qui constitue la priorité absolue dans toute réflexion dans une société dominée par la Bourse : le profit maximum.

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  • L’Arctic Sunrise pris d’assaut par les gardes russes

    La campagne de Greenpeace qui luttait contre l'exploitation de l’Arctique provoque une réaction disproportionnée et condamnable de la Russie. Voici le communiqué de l'association en réaction à cet assaut armé.

    Cet après-midi, des gardes russes, armés, ont pris d’assaut l’Arctic Sunrise, le brise-glace de Greenpeace International, qui se trouve en mer de Pechora.

     Ils ont procédé à l’arrestation des 25 membres d’équipage et activistes qui se trouvaient à son bord à la suite d’une manifestation pacifique menée contre les activités de forage d’une plateforme pétrolière de Gazprom en Arctique.

    Au moment de l’abordage, l’Arctic Sunrise se trouvait à une distance de trois milles nautiques de la plateforme Prirazlomnay, dans le périmètre légal imposé, dans les eaux internationales. Les coordonnées au moment de l’abordage (69-19-53N : 57-16-53E) confirment que le bateau se trouvait au sein de la Zone économique exclusive (ZEE) russe.
    La Convention des Nations unies sur le droit de la mer autorise les bateaux étrangers à naviguer sans entrave dans les ZEE d’un autre État. La Convention des Nations unies sur le droit de la mer liste deux raisons d’abordage d’un navire : 1) suspicion de violation de la législation sur la pêche. 2) des preuves substantielles de pollution à l’environnement marin.

    Cet abordage des gardes-côtes russes est donc illégal .

     Les gardes-côtes ont abordé le bateau de Greenpeace à partir d’un hélicoptère et au moyen de cordes. Ils ont ensuite encerclé les militants, les rassemblant sur l’héliport. D’autres militants enfermés dans la salle de radio ont indiqué avoir vu leurs collègues se faire arrêtés et être maintenus à genoux avec des armes à feu pointés sur eux.

     L’ensemble de l’équipage a été arrêté, et nous sommes extrêmement inquiets.
    Hier déjà, des militants de Greenpeace ont été arrêtés lors d’une action de protestation sur la plateforme du géant pétrolier russe Gazprom. Voir notre billet : La Russie défend Gazprom au péril de l’Arctique. Deux d’entre eux, Sini et Marco, sont toujours détenus sans inculpation à bord d’un navire des gardes-côtes.

     Suivez les dernières mises à jour et envoyez vos messages de soutien, à Sini, Marco, Francesco membre français de l’équipage, et à tous les autres sur le site Action 4 the Arctic

     Cet abordage illégal d’un bateau de contestation pacifique montre que le gouvernement russe est prêt à prendre des mesures extrêmes pour dissimuler au public les activité dangereuses auxquelles se livre Gazprom en Arctique. Greenpeace est une organisation pacifique. Ce niveau d’agression n’est en rien proportionné avec la nature de nos actes.

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    L'Arctic Sunrise à quai (photo d'archive)


  • Urgence humanitaire en Syrie

    Nous reproduisons l’appel de 55 médecins du monde entier (PDF), originaires de 25 pays, « Laissez-nous soigner en Syrie ».

    Dans une lettre ouverte publiée par The Lancet et reprise aujourd’hui par la presse internationale, ils mettent en garde : l’infrastructure sanitaire du pays « a atteint le point de rupture ». Ils demandent au gouvernement syrien et à l’opposition armée de lever les restrictions totales qui pèsent de manière injustifiée sur l’accès humanitaire dans le pays.

     

    « Le conflit en Syrie a débouché sur l’une des pires crises humanitaires depuis la fin de la Guerre froide. Plus de 100 000 personnes ont été tuées, pour la plupart des civils, beaucoup d’autres ont été blessées, torturées. Des millions ont fui, des familles ont été divisées et des communautés entières déchirées. Ne laissons pas les discussions sur une intervention militaire occulter notre devoir de les aider.

    En tant que médecins du monde entier, nous sommes horrifiés par l’ampleur de cette urgence. Le manque d’accès aux soins pour les civils et le ciblage délibéré des hôpitaux et du personnel médical nous consternent. Il ne s’agit pas de conséquences inévitables ou tolérables de la guerre. Ce sont des trahisons inadmissibles du principe de neutralité médicale. Il est de notre devoir professionnel, éthique et moral de dispenser des soins à quiconque en a besoin. C’est pourquoi, quand nous ne pouvons le faire nous-mêmes, nous nous devons d’exprimer notre soutien envers ceux qui risquent leur vie à notre place.

    L’accès indispensable des civils aux services de santé est presque impossible : 37 % des hôpitaux ont été détruits, 20 % sont sérieusement endommagés. Les dispensaires de fortune deviennent des centres de traumatologie à part entière, peinant à faire face à l’afflux de blessés. Quelque 469 professionnels de santé sont emprisonnés. Avant la guerre, Alep comptait 5 000 médecins, il n’en resterait que 36.

    L’augmentation exponentielle du nombre de malades est une conséquence directe du conflit, mais elle résulte aussi de la détérioration du système de santé public syrien, autrefois sophistiqué, et de l’absence de soins curatifs et préventifs appropriés. D’horribles blessures restent sans soins, des femmes accouchent sans aide médicale, adultes et enfants sont opérés sans anesthésie. Les victimes de violences sexuelles n’ont personne vers qui se tourner. La population syrienne est exposée aux épidémies d’hépatite, de rougeole, de typhoïde et de diarrhée aiguë. Dans certaines zones, les enfants nés depuis le début du conflit n’ont pas été vaccinés. Les patients atteints de maladies chroniques comme le cancer et le diabète ne peuvent recevoir leurs traitements vitaux de longue durée.

    Confronté à d’énormes besoins et à des conditions dangereuses, le personnel médical syrien est pourtant celui qui dispense l’essentiel des soins aux civils. Les restrictions gouvernementales, conjuguées à la rigidité du système international d’aide humanitaire, aggravent la situation. En conséquence, de vastes régions de la Syrie sont complètement coupées de toute forme d’assistance médicale.

    Les professionnels de santé sont tenus de soigner du mieux qu’ils le peuvent quiconque en a besoin. Toute personne blessée ou malade doit pouvoir accéder à un traitement médical. C’est pourquoi, en tant que médecins, nous demandons d’urgence que nos confrères en Syrie soient autorisés et aidés à sauver des vies et à soulager les souffrances sans crainte d’attaques ou de représailles.

    Nous appelons le gouvernement syrien et toutes les parties au conflit à respecter la neutralité médicale et à ne pas attaquer les hôpitaux, les ambulances, les médicaments, le personnel médical et les patients ; le gouvernement syrien doit traduire en justice les auteurs de ces violations conformément aux normes internationales.

    Les gouvernements alliés des parties au conflit doivent exiger que celles-ci cessent leurs attaques contre l’aide médicale et qu’elles permettent son acheminement jusqu’aux Syriens, par-delà les lignes de front et à travers les frontières syriennes.

    L’ONU doit intensifier son soutien aux réseaux médicaux syriens, tant dans les zones gouvernementales que dans celles contrôlées par l’opposition, où, depuis le début du conflit, le personnel médical risque sa vie pour apporter des soins indispensables. »


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    Les civils, victimes de cette guerre, doivent avoir accès aux soins.

  • A Bruxelles, le lobby des pro veut faire la loi (sur l’eau)

     Les instances européennes viennent de décider ce jour de ne pas ouvrir de procédure contre la France dans le dossier de Notre Dame des Landes.

    Les opposants au projet d'aéroport espéraient une décision inverse, qui aurait bloqué le démarrage des travaux . Toutefois, Bruxelles n'a pas voulu refermer le dossier, et le garde  sous surveillance quant à sa conformité aux directives environnementales.

    Voici le communiqué de l'ACIPA (les opposants "officiels") en réaction à cette décision :

    Nous revenons de Bruxelles avec un sentiment mitigé ; nous pourrions être satisfaits d’avoir entendu la commission européenne dire qu’une procédure d’infraction était en cours depuis 2009 contre la France pour non respect de la directive sur les évaluations environnementales et que le cas de NDL entrait dans ce cadre. Le « saucissonnage » des procédures permet en effet d’éviter de montrer les effets cumulés sur l’environnement des investissements connexes (routes, tram-train, zones d’activités etc.).

    Cependant nous regrettons que la commission semble croire sur parole l’État français quand il assure arton191-ce1af.jpgqu’il respectera la loi sur l’eau, à sa manière sans doute. Nous regrettons qu’elle n’ait pas voulu statuer à ce stade sur de possibles infractions sur les autres directives environnementales, et qu’elle reporte son jugement final à l’analyse des décisions à venir (arrêté loi sur l’eau et déplacement des espèces protégées).

    En tout état de cause, nous avons eu confirmation que les études complémentaires, auxquelles on nous demandait de participer « en toute transparence » étaient déjà faites et que la concertation proposée en préfecture n’était qu’un simulacre.

    Au moment où la nouvelle conférence environnementale doit démarrer, nous attendons de la rencontre promise avec le Ministre de l’Écologie des réponses claires sur les décisions qu’il entend prendre dans les semaines à venir.

    Les pro-aéroport vont bien évidemment crier victoire et affirmer que tous les feux sont au vert. Ils auraient tort de vouloir revenir sur le terrain pour démarrer les travaux rapidement et déplacer les espèces protégées car le projet reste sous la surveillance rapprochée de la commission européenne, et la partie juridique n’est pas terminée. Surtout, la mobilisation populaire continue et continuera jusqu’à ce que la raison et le droit l’emportent et que le projet soit enfin abandonné.

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  • Biodiversité : Quand passe-t-on à l'action pour inverser une aussi mauvaise tendance ?

    Communiqué de la FNE

    Le comité national de la Stratégie Nationale pour la Biodiversité (SNB) se réunit ce mercredi 18 septembre, avec à l'ordre du jour le projet de loi sur la biodiversité. FNE a des attentes fortes. Explications.


    Indicateurs SNB : la situation n'est pas bonne

    Le 2ème jeu d'indicateurs1 de la SNB a été publié en mai dernier. Artificialisation et fragmentation du territoire, disparition de certaines espèces…de nombreuses données révèlent une nouvelle fois que la biodiversité ne se porte pas bien.

    Des résultats toujours mauvais

    Par ailleurs, une évaluation de l'état de conservation des habitats naturels et des espèces d'intérêt communautaire est menée par les États membres de l'Union européenne sur l'ensemble de leur territoire, tous les six ans. La Commission européenne en fait une synthèse globale. Pour FNE, cette évaluation constitue un bon indicateur de l’état de la biodiversité en France et en Europe.

    Une première évaluation a été publiée en 2007, FNE avait déjà alerté sur les mauvais résultats2 : 54% des espèces et 77% des habitats naturels d'intérêt communautaire n'étaient pas en bon état en France. La commission européenne avait même montré qu'on retrouve, dans les milieux agricoles, le plus d'habitats évalués en état dévaforable3 .

    Les résultats provisoires présentés cette année montrent malheureusement que la tendance ne s'est toujours pas améliorée : 54% des espèces et environ 70% des habitats naturels ne seraient pas en bon état en France.

    Une autre étude4 récente montre que les populations de 17 papillons associés aux prairies en Europe ont globalement diminué de presque 50% en 20 ans.

    Il faut agir avec plus de force

    Ces résultats, après d’autres, montrent que la réponse apportée par les pouvoirs publics à l’érosion de la biodiversité reste en deçà des enjeux. Il faut aller plus loin, et plus fort en lien avec le troisième enjeu essentiel identifié5 lors du récent Séminaire gouvernemental "La France dans dix ans".

    Plusieurs opportunités se présentent au Gouvernement pour changer la donne :

    - Le projet de loi cadre biodiversité avec notamment la création de l’agence de la biodiversité, à condition de la doter des moyens d’actions suffisants ;

    - Le plan d’action interministériel 2014-2016 de la SNB, annoncé récemment, mais qui reste à confirmer ;

    - Les politiques agricole et forestière avec la prochaine loi d’avenir et la PAC ;

    - Les politiques "régionales" avec l'utilisation des fonds structurels européens pour 2014-2020 et les contrats de plan Etat-Région notamment pour l'animation et la gestion de Natura 2000 et de la trame verte et bleue ;

    - Le projet de loi pour l'accès au logement et un urbanisme rénové, en la renforçant sur les aspects liant urbanisme et continuités écologiques.


    Pour Bruno GENTY, président de FNE : "Différentes études confirmant que notre patrimoine naturel ne se porte pas bien, FNE demande au gouvernement de se donner les moyens de concrétiser une politique coordonnée et efficace en faveur de la biodiversité. Il dispose des outils pour ce faire. FNE attend donc des actes. Ils devront s’accompagner d’une fiscalité innovante et une part des investissements d’avenir doit être consacrée à un fond d’intervention, confié à l’agence française pour la biodiversité."

    1http://indicateurs-biodiversite.naturefrance.fr/
    2/_includes/mods/kb_upload/File/Biodiversite/CP_171007.pdf
    3/fr/especes-et-habitats-d-interet-communautaire.html?cmp_id=167&news_id=12019&vID=993
    4http://www.eea.europa.eu/highlights/populations-of-grassland-butterflies-decline
    5http://www.gouvernement.fr/premier-ministre/declaration-a-l-issue-du-seminaire-gouvernemental-la-france-dans-dix-ans

     

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  • Selon l'INSEE, la hausse des inégalités se poursuit

    L'Institut National  de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE) publie ce mois-ci une étude sur les niveaux de vie en 2011.

    Les titres des principaux chapitres résument bien la situation dans notre pays : le niveau de vie médian stagne en 2011 ; le niveau de vie des plus modestes diminue pour la troisième année consécutive ; la hausse des inégalités se poursuit ; le taux de pauvreté continue d’augmenter, mais plus modérément ;  les chômeurs et les jeunes adultes plus touchés par la hausse de la pauvreté.

    Tout est pratiquement dit dans ces titres, sauf pour une catégorie, les plus riches, mais ne vous inquiétez pas pour eux, ce sont les seuls à devenir encore plus riches. L'étude de l'INSEEE détaille cette augmentation dans son étude :

    La plupart des indicateurs montrent une progression des inégalités. Entre le premier décile, niveau de vie plafond des 10 % les plus modestes, et le neuvième décile, niveau de vie plancher des 10 % les plus aisés, le rapport continue de croître, passant de 3,5 en 2010 à 3,6 en 2011 (après 3,4 en 2009). En outre, l’indice de Gini s’accroît encore légèrement, passant de 0,303 en 2010 à 0,306 en 2011, alors qu’il avait déjà nettement augmenté l’année précédente. Enfin, le rapport entre la masse des niveaux de vie détenue par les 20 % de personnes les plus aisées et celle détenue par les 20 % les plus modestes  passe de 4,5 en 2010 à 4,6 en 2011, son plus haut niveau enregistré depuis 1996 (tableau 1).

    Cette poursuite des inégalités est en partie due à l’augmentation des disparités salariales. En 2011, comme l’année précédente, les bas salaires pâtissent de la faible revalorisation du Smic horaire brut : en moyenne annuelle, le Smic baisse de 0,3 % en euros constants, après - 0,4 % en 2010. En outre, au sein du premier décile de niveau de vie, la part des salariés ayant un emploi à durée limitée ou à temps partiel augmente. À l’opposé, les revenus salariaux évoluent plus favorablement dans le haut de la distribution.

    Répétons le aussi souvent que nécessaire, c'est la crise et chacun doit faire des efforts : les pauvres pour devenir plus pauvres et les riches pour devenir plus riches.

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  • La violence des riches

    Analyse reprise de "L'Essai et la revue du jour" par Jacques Munier sur France Culture, à propos du nouveau livre de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot


    Les plans sociaux se succèdent à un rythme toujours plus soutenu comme une sombre fatalité que nous finissons par admettre, le chômage augmente et se traduit dans l’abstraction de chiffres et de charlot.jpgstatistiques qui semblent nous immuniser contre la réalité dramatique qu’ils reflètent de loin, la finance mondialisée nous apparaît comme un univers d’une inextricable complexité, et tout en sachant que certains en tirent de fabuleux bénéfices, l’opacité et l’apparente autonomie du système décourage notre pouvoir d’indignation et de révolte. Nous sommes d’autant plus mûrs pour la servitude volontaire et le renoncement que l’adversaire, celui qu’on pouvait facilement identifier comme l’exploiteur, le profiteur, le spéculateur, semble s’être volatilisé derrière une ingénierie tentaculaire et incontrôlable qu’on désigne comme la mondialisation économique… Deux sociologues des riches, observateurs aigus et sereins des grands bourgeois, de leur mode de vie et de reproduction sociale mettent ici leur connaissance de ce petit monde très interconnecté au service d’une entreprise de déniaisement, ils élargissent leur focale pour faire apparaître sous un même regard les riches et ceux qui subissent les conséquences de leur appât du gain, bref ils montrent la nature et l’étendue de la violence des riches, violence symbolique mais aussi terriblement concrète, lorsqu’elle se traduit par des vies brisées, amputées de tout projet d’avenir, des régions sinistrées, une jeunesse livrée à elle-même sans la moindre perspective.

     

    Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot montrent que cette « violence de classe » a ses agents, ses stratégies et ses lieux. Ils alternent dans leur livre les enquêtes, les portraits et les analyses de données chiffrées. Avec eux nous passons d’une étonnante séance de projection d’un film sur la casse industrielle dans la vallée de la Meuse dans le grand auditorium du Medef, avenue Bosquet, à Aulnay-sous-Bois dans le bus qui mène les ouvriers à l’usine PSA, dont les salariés ont vécu des mois sous la pression d’une rumeur de fermeture alimentée par l’existence d’une note interne révélée par la CGT, une annonce volontairement retardée pour cause de période électorale. Après la divulgation de cette note, la direction n’a pas démenti, laissant les salariés à leur angoisse, un bon moyen de paralyser l’action et la résistance… On ne sait ce qui, des délocalisations programmées, de la considérable plus-value foncière espérée sur le site dans le cadre de la réalisation du Grand Paris ou de la réputation sulfureuse des ouvriers d’Aulnay a déterminé ce choix pour réduire les effectifs de PSA mais le résultat est là : au total 11200 emplois seront supprimés dans le groupe, dont 3000 à Aulnay, par une entreprise qui a bénéficié des largesses de l’Etat et qui a versé de substantiels dividendes à ses actionnaires. D’ailleurs, les auteurs rappellent que les dividendes dans les bénéfices distribués sont en augmentation constante, passant de 3% en 1982 à 12% aujourd’hui. Ce n’est pas la crise pour tout le monde.