Communiqué de FNE, publié le 11 juillet 2025
À l’issue de la conférence Ambitions France Transports, France Nature Environnement rappelle que les constats établis sont clairs et sans équivoque : sans engagement massif pour régénérer les réseaux existants et un financement socialement juste, le développement des mobilités décarbonées restera un vœu pieux.
Dans le détail, l’ensemble des parties prenantes s’est accordé sur un besoin d’investissement supplémentaire d’au moins 3 milliards d’euros par an d’ici 2031 pour la régénération des infrastructures (réseaux ferrés et routes, hors autoroutes). À défaut, certains secteurs, comme le ferroviaire, risquent de voir jusqu’à 10 000 km de lignes gravement affectés et perturbés dans les dix prochaines années.
Au-delà de cet accord, des consensus devront être trouvés, et des choix seront à faire concernant les sources de financement esquissées lors des travaux de la conférence. Pour sa part, FNE refuse que le poids financier repose de manière indiscriminée sur les usagères et les usagers, via une hausse des tarifs des trains du quotidien, et nous saluons la déclaration du ministre le 9 juillet, qui va dans ce sens.
Nous alertons également sur les limites des recettes actuellement envisagées via le système européen de plafonnement et d’échange d’émissions (ETS 2) ou les certificats d’économie d’énergie (CEE) dont les montants estimés à ce jour ne tiennent pas suffisamment compte de la nécessaire redistribution vers les ménages les plus modestes, ni des autres besoins de financement, notamment pour la rénovation énergétique. À cela s’ajoute une incertitude quant à la volonté politique, à l’horizon 2027, de transposer ces dispositifs européens de manière ambitieuse dans le droit français.
France Nature Environnement appelle donc à sécuriser des financements pluriannuels nouveaux sur le principe constitutionnel “pollueur-payeur”. Cela suppose de mobiliser les outils suivants : aligner la taxe sur les billets d’avion sur le niveau allemand (TSBA), renforcer le malus poids sur les SUV, et mettre en place une Redevance Kilométrique Poids Lourds (RKPL).
Sur ce dernier point, FNE rappelle qu’une telle redevance permettrait enfin d’intégrer les coûts réels d’usure, de pollution et de nuisances générés par le transport routier de marchandises, tout en finançant le report modal vers le fret ferroviaire et fluvial.
France Nature Environnement appelle désormais à la responsabilité du Gouvernement et de tous les élus pour traduire ces propositions en mesures législatives concrètes intégrées dès le projet de loi de finances pour 2026. Sans oublier la mise en place d’un suivi et d’une évaluation rigoureuse associant l’ensemble des acteurs, dont FNE. L’annonce par le Ministre d’une loi-cadre, soumise en 2025, pour une programmation pluriannuelle du financement des infrastructures est une bonne nouvelle à ce titre. FNE est prête à y contribuer, pour des financements équitables et justes, comme elle l’a déjà fait au sein de la conférence Ambitions France Transports.