Cette année marque le quarantième “anniversaire” de l’attentat contre le Rainbow Warrior orchestré par le gouvernement français sous la présidence de François Mitterrand, un drame qui a coûté la vie à Fernando Pereira, photographe de l’organisation.
Quarante ans plus tard, alors que la répression envers les militantes et militants écologistes ne cesse de s’intensifier, les luttes pour la justice sociale et environnementale sont plus que jamais d’actualité [1].
1985 : Un attentat perpétré au plus haut niveau de l’Etat
Le 10 juillet 1985, alors qu’il mouillait dans le port d’Auckland et s’apprêtait à rejoindre la zone des essais nucléaires français pour y organiser une contestation, le Rainbow Warrior, navire emblématique de Greenpeace, est coulé par deux explosions, et Fernando Pereira [2], photographe et militant, meurt dans cet attentat.
Dans les semaines qui suivent, l’enquête menée par la police néo-zélandaise, ainsi que celle des journalistes Edwy Plenel et Bertrand Le Gendre du quotidien Le Monde, révèlent progressivement les preuves d’un sabotage commandité par le gouvernement français.
Sous la pression internationale, ce dernier finit par reconnaître sa responsabilité : le bateau a bien été coulé par les services secrets français qui ont probablement agi sur ordre du président Mitterrand.
Cette attaque visait à empêcher l’équipage de Greenpeace de dénoncer les essais nucléaires français à Moruroa, en Polynésie française.
L’affaire conduit à la démission de Charles Hernu, ministre de la Défense du gouvernement Fabius et la tragédie met en lumière le combat de Greenpeace dans le monde entier. Néanmoins, la campagne de désinformation orchestrée avec vigueur par les autorités fut efficace et la suspicion entretenue coupa l’organisation du soutien de son public. Le bureau français de Greenpeace fut contraint de fermer ses portes en 1987 avant de les rouvrir deux ans plus tard
Quarante ans plus tard, cette tragédie reste un symbole fort de la répression subie par les mouvements écologistes.
En juillet 2025, le Rainbow Warrior, troisième du nom, est de retour dans le port d’Auckland là où son prédécesseur avait été coulé lors de cet attentat qui marqua durablement l’histoire de Greenpeace.
2025 : la pression sur les défenseur·euses de l’environnement persiste sous de nouvelles formes
Aujourd’hui encore, alors que les conséquences du dérèglement climatique et les atteintes à l’environnement sont toujours plus évidentes et tangibles, les écologistes qui lancent l’alerte, ainsi que tous les mouvements de contestation, font face à une répression et une stigmatisation croissantes.
Aux États-Unis, des entités de Greenpeace USA et Greenpeace International sont visées par une procédure-bâillon d’une ampleur inédite, initiée par l’entreprise pétro-gazière Energy Transfer. Le procès, qui a eu lieu en mars, a condamné Greenpeace à une amende de 660 millions de dollars [3].
Selon le constat de l’ONG Global Witness sur ces dix dernières années, un·e défenseur·e de l’environnement est tué·e tous les deux jours dans le monde [4]. Le Rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l’environnement s’est d’ailleurs dit particulièrement préoccupé par cette évolution en France, déplorant un usage disproportionné de la force lors de certaines mobilisations [5].
Qu’elles soient physiques, judiciaires, politiques ou médiatiques, ces attaques contre les militants traduisent une volonté manifeste de faire taire toutes celles et ceux qui dénoncent les dérives d’un modèle fondé sur l’exploitation et la destruction. Elles révèlent l’ampleur des intérêts en jeu, mais aussi la puissance de l’engagement citoyen lorsqu’il dérange.
Selon Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France, « Une vraie démocratie ne peut exister sans la liberté d’expression. Celles et ceux qui s’engagent pour la protection de l’environnement doivent être écoutés, protégés, et non criminalisés ou discriminés. Les nombreuses tentatives d’intimidation à l’égard de militantes et militants non-violents soulignent la nécessité impérieuse de garantir cette liberté, de protéger les lanceuses et lanceurs d’alerte, et de défendre toutes celles et ceux qui œuvrent pour la justice climatique, la préservation du vivant et les droits fondamentaux ».
Résister et sensibiliser à l’importance de l’action collective
Quarante ans après l’attentat contre le Rainbow Warrior, la détermination de Greenpeace reste intacte.
Tout au long de l’été, des militantes et militants des groupes locaux de l’organisation se mobilisent partout en France pour rendre hommage à celles et ceux qui ont le courage de s’engager. Ils appelleront le public à rejoindre la campagne internationale TimetoResist [6] face à la vague ultraconservatrice qui s’attaque aux libertés et droits fondamentaux partout dans le monde et menace la construction d’une société plus écologique, plus juste et plus pacifique.
Notes aux rédactions
[1] De l’attentat du Rainbow Warrior à aujourd’hui : la lutte pour la paix et l’environnement continue (Greenpeace France, 2025)
[2] L’attentat du Rainbow Warrior
[3] Etats-Unis : des entités de Greenpeace condamnées à payer 660 millions de dollars dans le cadre de la procédure-bâillon intentée par Energy Transfer (Greenpeace France, 2025)
[4] Ces dix dernières années, un défenseur de l’environnement a été tué tous les deux jours (Sciences et Avenir, 2022)
[5] Répression par l’État des manifestations et de la désobéissance civile environnementales : une menace majeure pour les droits humains et la démocratie (Michel Forst, Rapporteur Spécial des Nations Unies sur les Défenseurs de l’Environnement au titre de la Convention d’Aarhus, 2024)
[6] Pour nos droits, notre planète, résistons !
Crédits : Greenpeace / John Miller