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Chili. José Antonio Kast, ce fils de nazi et admirateur de Pinochet qui veut devenir président

Extraits de l'article d'Étienne Le Page pour Charlie Hebdo

Souriant comme un vendeur de bibles José Antonio Kast est aussi fils de nazi, fan de Pinochet et ultraconservateur. Pour autant, rien de tout cela n'empêche le candidat chilien d'extrême droite d'être en lice pour devenir le 40e président de son pays. Et pas même ses promesses d'expulser les migrants, de sabrer les dépenses de l'État et de repeindre la démocratie à la chaux de l'ordre moral.

Sur les plateaux télé, José Antonio Kast sait sourire. Dans les débats, il use d’une voix douce et placide pour contredire ses opposants. Quand il détaille son programme, face caméra, il est bien peigné et systématiquement vêtu d’un sérieux blazer bleu marine. Pas méchant pour un sou. Il a parfois même l’air un peu benêt. Mais sous ses belles coutures, l’admirateur assumé de Pinochet, fils de nazi, est résolument d’extrême droite. Dimanche, ou lors d’un potentiel second tour en décembre prochain, José Antonio Kast pourrait devenir le 40e président du Chili.

Car ce week-end, les citoyens chiliens sont appelés à voter pour le premier tour des élections présidentielles. En tête des sondages caracolent Jeannette Jara, candidate issue de la gauche communiste et proche de l’actuel président Gabriel Boric, et deux figures de l’extrême droite, Johannes Kaiser et José Antonio Kast. Ce dernier, père de neuf enfants et ancien avocat de 59 ans, brigue pour la troisième fois consécutive le mandat présidentiel. Depuis 2017, l’homme politique avance à pas de velours, derrière un masque de gendre idéal. Dans le fond, le millionnaire a pourtant tout à voir avec ses pairs : Milei et sa tronçonneuse, Trump et ses charters de migrants, Bukele et ses mégas prisons.

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Dans sa dernière campagne. José Antonio Kast semble s’être adouci. Terminé les frasques machistes, et les promesses d’abrogation de la loi sur l’avortement. Révolu, le temps où ce fervent catholique réprouvait publiquement le mariage gay. Place au nouveau Kast, focalisé sur les immigrés et la sécurité. Les thèmes changent, la méthode reste. Tranchées et murs aux frontières, prisons de haute sécurité, armée dans les rues : tout indique que José Antonio Kast a mûri son projet. Aujourd’hui, il espère expulser « tous les migrants » de son pays. Pas moins des 330 000 personnes, donc, et beaucoup d’enfants. Au Chili, où le crime organisé est, entre autres, importé par des cartels vénézuéliens, ce « plan implacable » qu’il veut mettre en place séduit. À quelques jours du premier tour, le sourire Colgate de Kast est crédité de 20 % des voix.

Reste à savoir si les Chiliens passeront à ce fils d’officier nazi et frère d’un ancien ministre de Pinochet cette lourde filiation. Il ne faut pas, après tout, prêter au fils les idées du père. Un père, Michael, comme l’a révélé le journaliste et chercheur Mauricio Weibel, qui était bel et bien titulaire d’une carte de membre du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP), le parti nazi. Fuyant l’Allemagne, la famille bavaroise s’installe dans la banlieue de Santiago et fait fortune dans la production de saucisses. Près de 70 ans après, José Antonio Kast garde une affection certaine pour les traditions familiales. Lors de sa première campagne, il affirmait dans un débat télévisé : « Je crois en des choses simples : en Dieu, la famille et la patrie ? » Rassurons-nous, José Antonio Kast n’est pas un nostalgique de Hitler, mais plutôt du maréchal Pétain.

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