Extrait de l'article du Monde Diplomatique, daté du 16 décembre 2025
Au Chili, M. José Antonio Kast a été élu président le 14 décembre 2025. L’ancien rival du président sortant M. Gabriel Boric lors de la finale de l’élection de 2021 revendique l’ordre hérité de la dictature d’Augusto Pinochet — un glissement politique qui dépasse largement les frontières chiliennes.
Le début des années 2020 — avec les victoires d’AMLO, de Xiomara Castro, de Gustavo Petro, de Lula ou de Gabriel Boric — avait laissé croire au retour d’un nouveau cycle de gouvernements progressistes en Amérique latine. Mais cet élan s’est vite heurté à une contre-offensive conservatrice : les droites radicales se sont réorganisées autour de l’obsession sécuritaire, du rejet des institutions et d’un discours anti-étatique agressif, qui ont porté Javier Milei au pouvoir en Argentine et maintiennent vivace le courant bolsonariste au Brésil.
Dans ce contexte, la droite chilienne s’est consolidée tandis que la gauche est affaiblie par quatre années de gouvernement Boric qui n’a pas réussi à traduire l’estallido social de 2019 en réformes structurelles. Élu grâce à un front democratique anti-extrême droite plus que par une base sociale solide, le président s’est retrouvé dépendant d’alliances centristes qui ont contenu ses ambitions ; sans majorité parlementaire et sans stratégie de mobilisation, il n’a ni entamé les fondements du modèle néolibéral ni prolongé la dynamique populaire qui l’avait porté.
L’échec des deux processus constituants a parachevé cet affaissement, laissant le terrain libre aux droites pour imposer leur agenda. Que la nostalgie autoritaire redevienne aujourd’hui un horizon électoral crédible en dit long sur la manière dont les élans populaires, lorsqu’ils ne se traduisent ni en nouveaux rapports de forces ni en transformations institutionnelles, peuvent se retourner contre ceux qui les ont portés.
Note de l'Anvert ; « estallido social » peut se traduire par « Soulèvement social »
de Commission Rettig, faisait état de 2 296 personnes tuées pour des raisons politiques, dont presque un millier en ayant fait l’objet d’une disparition forcée. En 2004 et 2005, la Commission nationale sur l'emprisonnement politique et la torture (Commission Valech) a déterminé que 28 459 personnes avaient été arrêtées pour des motifs politiques et que la plupart avaient été victimes de torture. Cette commission a été rétablie en 2010 afin d'examiner d’autres affaires de disparition forcée, d'homicide politique, d’emprisonnement politique et de torture. Le nombre de personnes officiellement reconnues comme victimes de « disparition » ou de meurtre politique entre 1973 et 1990 au Chili s’élève à 3 216. Celui des personnes ayant subi la détention pour des motifs politiques ou la torture, voire les deux, et y ayant survécu est de 38 254.
du mot d’ordre « l’éducation est un droit, pas un commerce ! », alors que le gouvernement de Sebastián Piñera refuse d’entendre leurs revendications. 34 élèves du secondaire sont même en grève de la faim depuis deux semaines. Ces derniers jours, Mr Piñera -au plus bas dans les sondages- a choisi la fuite en avant, avec pour seule réponse la criminalisation du mouvement social et la répression massive. Les manifestations des organisations syndicales étudiantes et d’enseignants ont même été interdites par le ministre de l’intérieur à Santiago et plus de 500 personnes arrêtées, le 4 août dernier.