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société - Page 329

  • Lettre adressée à madame Cécile Dufflot, pour une nouvelle politique publique du logement des personnes sans-abris et mal logées

    Lettre du Collectif des associations unies dont la LDH est membre(extraits).

     

    « Madame la Ministre de l’égalité des territoires et du logement,

    Nous nous sommes vus à deux reprises le 7 juin et le 5 juillet pour évoquer la mise en œuvre d’une nouvelle politique du logement. A cette occasion, nous vous avons rappelé la nécessité de concilier les transformations structurelles et le traitement des urgences les plus criantes.

    le_hlm_pousse_pas.gifNous avons pris acte de la mission que vous avez confiée au Délégué Interministériel à l’Hébergement et à l’Accès au Logement, afin d’établir, en concertation avec les associations, un plan quinquennal sur l’hébergement et l’accès au logement, qui réponde aux besoins des personnes sans abri et mal logées tout au long de l’année. Nous nous engageons dès aujourd’hui dans l’accompagnement de ce travail tout à fait indispensable.

    (...)

    Face aux situations dramatiques que vivent les personnes vulnérables au quotidien, dont ces exemples ne sont qu’une faible illustration, nous estimons que des mesures d’urgence doivent être prises rapidement et appliquées en régions :

    - Un moratoire sur les expulsions sans solution de relogement, avant un changement de politique structurelle. Il s’agirait de substituer une logique d’action sociale à une logique d’ordre publique, de bâtir une réponse adaptée face à ces situations complexes et au drame humanitaire que nous avons sous les yeux.
    - Un moratoire sur la destruction des squats et des bidonvilles sans solution de relogement.
    - La pérennisation définitive des places hivernales qui n’ont pas encore été fermées, accompagnée de la réouverture des places aujourd’hui existantes et disponibles dans les centres d’hébergement, qui attendent le 1er novembre pour être remises à disposition, alors que des dizaines de milliers de personnes sont hébergées à l’hôtel (on atteint 19 000 nuitées en Ile-de-France). Nous demandons également la mise à disposition immédiate de places supplémentaires humanisées sur les territoires où les besoins sont criants, avant une adaptation générale, sur l’ensemble du territoire, du nombre de places d’hébergement par rapport aux besoins observés.
    - La mise en place de sanctions réellement dissuasives pour le non respect des lois SRU et sur les aires d’accueil des gens du voyage.

    Sur ces quatre points, les acteurs de terrain ont besoin au plus vite d’un calendrier de mise en œuvre et d‘engagements financiers, y compris pour 2012. Nous restons à votre disposition pour tout échange complémentaire sur l’analyse de la situation.

    Dans l’attente de votre réponse, nous vous adressons, Madame la Ministre, nos plus respectueuses salutations.

    Le Collectif des associations unies pour une nouvelle politique publique du logement »

     

  • Fusion des hôpitaux : il y a de l'eau dans l'Igas

    L'inspection générale des affaires sociales (Igas) vient de rendre son rapport sur la fusion des hôpitaux.

    Le  moins que l'on puisse dire , c'est que ce rapport est critique sur la validité du rapprochement de plusieurs centres hospitaliers dans le but de réaliser des économies. Pourtant la création du GHSA qui regroupe les hôpitaux de Vouziers et Rethel avait été présentée comme nécessaire pour la pérennité des structures.

    L'Igas écrit dans son rapport :"Dans la réalité, si le lien entre taille de l’hôpital et qualité des soins igas_logo.gifexiste bel et bien, les études montrent que celui-ci n’est pas automatique : il est spécifique à chaque acte, varie dans le temps et cesse de s’observer au-dessus d’un certain volume, au demeurant difficile à déterminer.
    Sur le plan financier, la fusion n’est en général pas l’outil le plus pertinent pour réduire les déficits hospitaliers, qui supposent surtout, pour les établissements concernés, un effort de réorganisation interne pour réduire leurs dépenses. De plus, au-delà d’un certain seuil que les études disponibles situent entre 600 et 900 lits de court séjour, la grande taille présente pour un hôpital plus d’inconvénients que d’avantages. L’expérience enseigne en outre que les processus de fusion sont en eux-mêmes sources de surcoûts ou de dysfonctionnements."

     

    Concernant la chirurgie ambulatoire, celle qui est prévue pour le bloc chirurgical de Rethel, l'Igas est également critique :


    La chirurgie ambulatoire n’est pas la solution toute trouvée pour les petits établissements hospitaliers dans lesquels les chirurgiens n’avaient pas d’activité non programmée ni de clientèle personnelle. Elle n’est pas non plus facile à mettre en oeuvre sans aide externe dans des blocs opératoires désorganisés, ravagés par les querelles internes, comme l’IGAS en voit parfois malheureusement.


    possibilites-soigner-lhopital-nont-fait-degra-L-1.jpeg Les constats faits par la mission montrent que son implantation peut réussir, en cas de regroupement ou de fusion, lorsque le gros établissement propose son aide, gère le programme et organise les équipes en tout ou en partie. C’est le cas à Aix les Bains, où l’équipe chirurgicale de Chambéry, à l’étroit dans ses propres murs, a mis en oeuvre, avec les endoscopistes d’Aix les bains, une unité de 12 lits très active. C’est encore le cas à Crest, où l’équipe chirurgicale de Valence vient aider le chirurgien local. Dans ces deux situations, c’est la fusion d’un gros établissement avec un plus petit qui a permis le développement fructueux de cette méthode.

     

    Quand on sait qu'à Rethel l'activité chirurgicale participe pour une part importante au déficit de l'établissement, on peut douter de l'efficacité de faire tourner le bloc avec des actes uniquement ambulatoires.

    Concernant l'activité de médecine le rapport estime que :"La part de la médecine dans l’ensemble des
    séjours hospitaliers publics représente 66 % dans les hôpitaux publics et a plutôt tendance à augmenter (+1% par exemple entre 2007 et 2008), alors qu’elle ne représente que 56 % de celle des PSPH et 39 % des séjours des cliniques privées. La restructuration des services de médecine constitue donc un enjeu majeur pour le secteur hospitalier public."

    Le rapport cite des conditions à la réussite d'une fusion :

    "Le directeur de l’hôpital fusionné doit avoir une légitimité incontestée. Lorsqu’il a été directeur de l’un des deux établissements pendant longtemps, ou encore lorsqu’il n’a pas une personnalité fédératrice, les tensions s’exacerbent."

    "Le changement doit être conduit avec méthode, dans la transparence, et en associant l’ensemble des acteurs aux moments opportuns. Une bonne communication vis-à-vis du personnel, des élus, de la population est indispensable."

    "Le manque d’accompagnement social du personnel est un facteur de blocage important. L’incertitude sur les conditions de travail doit au contraire être minimisée dès que possible."

     

    Ce rapport compte 270 pages, il est impossible d'en faire un résumé ici . Les quelques extraits cités montrent que les choix faits pour Vouziers et Rethel n'étaient forcément les plus pertinents et que la fusion ne s'est pas effectuée de la façon la plus efficace possible. Ce qui explique en bonne partie la situation dramatique dans laquelle les finances du GHSA se trouvent.

  • Lutte contre le mal-logement : le chantier est ouvert mais l’urgence sociale appelle des réponses immédiates

    Communiqué : Le Collectif des associations unies a rencontré une deuxième fois la Ministre de l’égalité des territoires et du logement Cécile Duflot qui a montré une forte volonté d’action, à travers une série d’annonces relatives au logement : produire du logement très social réellement accessible, renforcer les moyens financiers pour atteindre l’objectif de 150 000 logements sociaux, relever la loi SRU de 20 à 25%, encadrer les loyers dans le parc privé, mobiliser les logements vacants…

     

    Dans l’attente de la mise en œuvre effective des mesures annoncées par la Ministre, le Collectif des associations unies a néanmoins rappelé les urgences qui requièrent des réponses immédiates. Tout doit être mis en œuvre pour que personne ne se retrouve à la rue : stopper toutes les expulsions locatives, sortir de la gestion saisonnière des personnes à la rue, mettre fin à la destruction des squats et des bidonvilles, appliquer la loi sur les aires d’accueil des gens du voyage et sur le droit au logement opposable !

     

    Alors que les budgets vont être prochainement arbitrés, le collectif rappelle que la défense des plus vulnérables doit rester la priorité et exige des engagements politiques et financiers dans la durée, en particulier dans un contexte de paupérisation croissante des ménages. A ce propos, le collectif fait part de son inquiétude quant à la faiblesse des marges de manœuvres budgétaires liées à la politique de l’hébergement et du logement et espère qu’une attention particulière et un réel engagement y seront accordés.

     

    Les associations ont pris acte qu’une mission a été confiée par la Ministre à la DIHAL (la Délégation interministérielle pour l’hébergement et l’accès au logement des personnes sans-abri ou mal logées) pour mettre sur pied, en concertation avec les associations, un plan quinquennal sur l’hébergement et l’accès au logement, qui réponde aux besoins des personnes sans abri et mal logés tout au long de l’année. Le Collectif des associations unies propose que ses 5 axes d’engagements et 37 propositions pour une nouvelle politique du logement y soient intégrés avec une pluri-annualisation des objectifs et des budgets, à la hauteur de la détresse des personnes.

     

    Paris, le 5 juillet 2012

    Les 33 associations du Collectif

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  • "L'Union-L'Ardennais" : pas d'accord en vue et désunion au sein du personnel.

    Le groupe de média Hersant est en pleine crise, et les quotidiens locaux tanguent dangereusement dans la tempête.

    La parution des journaux n'a pas été assurée plusieurs fois ces derniers jours pour cause de grève des salariés. Le repreneur potentiel, le groupe belge Rossel, lie son offre à un départ de plus de 200fbdcdd8e-a4f1-11e1-9c19-97d633af5eb0-800x532.jpg personnes. Les syndicats CGT et SNJ accepte au maximum 120 départs, ce qui est déjà beaucoup par rapport à la taille de l'entreprise. Le repreneur est en position de force, puisque sans accord, on se dirige vers une liquidation judiciaire. C'est ce qui se passe pour "Paris-Normandie", autre titre du groupe Hersant.

    Comme cela arrive souvent, le personnel n'a pas une position unanime, à cause de la pression créée et par des choix politiques divergents.

    Sans position commune du personnel, le combat devient encore plus difficile. Mais il semble qu'une partie des salariés soit plutôt favorable à continuer à négocier sur la base des propositions de Rossel. Un collectif vient de se constituer, et d'après  France-Info, ils " regrettent le jusqu'au boutisme de leurs syndicats". Ce type de jugement se retrouve habituellement chez des membres de "syndicat maison" soutenu plus ou moins directement par la direction. Que cela soit ou pas le cas ici, il est certain que cela va compliquer le combat de ceux qui luttent dos au mur pour leur survie.

  • Intervention de Pierre Tartakowsky lors du 37e congrès de la FNDIRP

    À l’occasion du 37e congrès de la FNDIRP (Fédération nationale des déportés et internés, résistants et patriotes), le président de la LDH a pris la parole.


    « Vous me permettrez tout d’abord, et avant même de partager avec vous quelques réflexions sur la période, de vous dire mon émotion et ma gratitude. Emotion, car la FNDIRP est l’association de celles et ceux pour qui les droits de l’Homme, la devise républicaine, l’universalité de la dignité humaine, n’ontimages?q=tbn:ANd9GcStLyc51VCFb2j6vhdQQfnT4awwo6YENHcXj-1zQkt4RDbVHVYl pas été que de simples idées à débattre mais des valeurs pour lesquelles il valait de se battre, de souffrir et souvent, de mourir.

    Gratitude parce qu’elle conjugue ces valeurs au présent dans des débats et des luttes où nous nous retrouvons au coude à coude, qu’il s’agisse de notre condamnation de la peine de mort et de la torture, de la solidarité avec les peuples en lutte pour leurs droits, de notre refus intransigeant de toute xénophobie, tout racisme, tout antisémitisme, de toutes discriminations qu’elles soient de nature sexuelle ou de genre, ethniques, sociales, territoriales.

    A l’émotion et la gratitude s’ajoute la fierté. En effet, nos deux associations partagent une conception active, militante de leur activité ; loin de toute posture contemplative, la FNDIRP et la Ligue des droits de l’Homme pratiquent leur citoyenneté sur un mode de conviction et d’engagement. C’est d’ailleurs ce qui les a amenées à se retrouver partenaires du même Pacte pour les droits et la citoyenneté, Pacte que nous avons porté dans le débat public qui a accompagné l’enjeu présidentiel et qui inspire notre démarche pour nous inscrire dans un travail de réhabilitation des valeurs de la République.

    Car elles ont souffert et beaucoup perdu, sinon de leur valeur intrinsèque, du moins de leur effectivité, singulièrement sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Certes l’ancien président n’est pas la seule et unique cause de nos maux. L’actualité européenne en fait hélas la démonstration : la montée de l’extrême droite xénophobe et autoritaire en Europe, les tentations de repli national, la crise de l’euro - qui est aussi une crise de l’Europe et d’une démocratie évaluée à l’aune de la règle d’or – dont l’or est d’ailleurs la seule règle. Tout cela montre bien que nous sommes confrontés à des tendances lourdes et loin d’être exclusivement hexagonales.

    Dans le monde d’aujourd’hui, les enjeux sont indivisiblement nationaux et européens : il s’agit donc à la fois de peser sur le « post-2012 » en France et sur le « pré-2014 » dans l’Union européenne avec des élections européennes de 2014 sans doute décisives pour l’avenir de l’Union.

    Ne nous dissimulons pas que cette période – souvent comparée aux années trente – porte des périls lourds : la crise économique – résultante d’un ensemble de crises systémiques enracinées dans une dévaluation structurelle du travail –, les logiques de concurrence exacerbées entre les peuples, l’ampleur des sacrifices demandés à ces peuples sans qu’il soit jamais réellement question de justice, de redistribution, de mise en cause des privilèges. Tout ceci pousse à des mises en œuvre politiques très éloignées des valeurs démocratiques. Ici, certains considèrent que le peuple fait problème ; là, on privilégie artificiellement « l’expertise » sur le débat, supposé chronophage et stérile ; ailleurs, on exalte les vertus de la tradition autoritaire sur le « désordre démocratique ».

    A sa façon bien à lui, Nicolas Sarkozy a incarné, sur un mode particulièrement agité, ces périls. Il serait vain de se perdre dans une énumération – par définition sans fin – des agressions verbales et législatives de notre précédent gouvernement. Mais il n’est pas inutile de tirer un bilan des dégâts, ne serait-ce que pour prendre la juste mesure de ce qu’il s’agit aujourd’hui de construire.

    images?q=tbn:ANd9GcSC1U5SY1pOpkE37D42Muktj6vsj7pYzVthIwnUkAZSsW0GrMtmD’une certaine façon, sous couvert de volontarisme affiché, ce gouvernement aura largement contribué à nourrir le discrédit du politique et du débat. Il y a eu bien sûr ces liaisons sulfureuses et ostentatoires avec le monde de l’argent, ces scandales opaques structurés autour des ventes d’armes, le soutien décomplexé aux dictatures méditerranéennes. Il y a eu aussi, érigé en credo, cette affirmation permanente que chaque problème avait une cause et qu’il suffisait d’éliminer cette cause pour régler le problème. Ce simplisme revendiqué, véritable déconstruction de la complexité démocratique, a construit un paradigme destructeur du « eux » et « nous ».

    Ainsi s’est élaboré sous nos yeux le projet d’une société d’individus, en voie de désaffiliation et voués à marchander en permanence leurs droits fondamentaux contre des « devoirs » commodément substitués à la notion de responsabilité collective et individuelle.

    Ce cadre de pensée avait une fonction. Convaincre l’opinion publique que le gouvernement travaillait à protéger les Français et le pays, à apaiser leurs peurs. Il procédait d’un calcul : faire oublier, en mettant en avant les fonctions régaliennes de l’Etat, sa politique économique et sociale, toutes deux frappées du sceau des injustices et d’inégalités croissantes. Et qu’à défaut d’assurer l’égalité d’accès à des services publics rénovés et efficaces, qu’à défaut de faire pièce aux prédateurs des marchés financiers, qu’à défaut d’assurer la sûreté de chacun et les libertés de tous, il était particulièrement réactif dans le domaine de la répression policière et judiciaire. Bref, qu’à défaut d’être social, il savait être sécuritaire.

    Ainsi, là où la République a pour mission de rassembler, l’ex-président a prôné l’élimination. Ici, au karcher, là avec sa honteuse politique du chiffre ; ici en encourageant la rétention de sûreté, là en orchestrant de toute pièce un débat sur l’identité nationale. Là où la République promet l’égalité, l’ex-président a discriminé pour mieux stigmatiser ; avec son trop fameux discours de Grenoble ; en désignant des populations entières à la vindicte : Roms, Comoriens, musulmans ou supposés tels au vu de leur « apparence ». Là où la République s’affirme fraternelle, l’ex-gouvernement a organisé la chasse à ces dangereux fraudeurs que sont les faux malades, les faux chômeurs, les faux Français…

    Au fil des confrontations et des luttes, des descentes de police et des mises en rétention d’enfants en bas âge, face à l’accumulation des fichiers, des peines planchers et des scandales, un mot d’ordre est remonté des profondeurs de la mémoire partagé de notre peuple, un mot d’ordre à la fois terrible et enthousiasmant. Si le mot de « résistance » s’est imposé dans les rues et les rassemblements, singulièrement chez les plus jeunes, c’est qu’il faisait référence à un engagement éthique, pour la liberté, pour l’humanité et qui avait su porter le programme de gouvernement d’une société construite sur la solidarité.

    Ces résistances donc, ont trouvé leur point de convergence dans la défaite électorale de la droite à la présidentielle. Il s’agit aujourd’hui de les conjuguer au présent face à des défis nouveaux mais qui renvoient fondamentalement aux mêmes enjeux du vivre ensemble. Il s’agit tout à la fois de protéger et de se placer en situation de construire. Nous le faisons dans des conditions très difficiles.

    On sait que les thématiques rampantes du sarkozysme se sont muées en paradigme dans la dernière ligne droite de la campagne présidentielle ; la viande hallal, la burqa, le péril islamique et l’instrumentalisation de la laïcité, le droit de vote des étrangers, agité comme épouvantail, ont été, toute honte bue, appelés à la rescousse d’une droite qui refusait d’assumer son bilan et qui, pour gagner était prête à tout. Ce qui nous a valu, en cadeau de départ en quelque sorte, à la mise en compatibilité de Marine Le Pen avec les valeurs de la République, et l’hégémonie intellectuelle de cette formation sur la droite. Le bilan de cette séquence est que nous héritons d’une situation à la fois extrêmement dégradée au plan des idées et extrêmement tendue au plan politique. Une situation qui nous enjoint, au risque du pire, de mobiliser toutes nos forces pour restaurer l’idéal républicain, dans sa dimension de liberté, de fraternité et de progrès social, pour passer de l’alternance à la construction d’alternatives.

    Ni la FNDIRP, ni la LDH ne sont à cet égard des voyageurs sans bagages, ce dont témoignent les propositions qu’elles ont toutes deux inscrites au Pacte citoyen pour les droits et la citoyenneté. Au-delà de ces éléments concrets, illustratifs de valeurs, comment pouvons nous jouer un rôle et peser sur les processus en cours ? Cela passe avant tout par la réaffirmation de valeurs fondatrices.

    Il nous faut, ensemble :
    - réhabiliter la notion de droits fondamentaux comme fondement même du vivre ensemble, face à l’équation en faux semblant symétrique des « devoirs » et comme fondement d’une société de solidarité ;
    - réhabiliter la notion d’intérêt général, sans laquelle il n’est pas possible de penser une éthique d’engagement politique. La notion renvoie à une mécanique subtile de tensions, de conflits, de débats et d’arbitrages multiples, à un nouvel ordre public social respectueux du dialogue social et du dialogue civil ;
    - réaffirmer la primauté des valeurs démocratique sur les valeurs boursières.

    Plus concrètement, et parce que l’aspiration démocratique, avec son corollaire, l’égalité, est aujourd’hui le pivot sur lequel il nous semble possible d’articuler ces valeurs à des engagements concrets, nous entendons réaffirmer plusieurs enjeux de citoyenneté. On pense plus particulièrement au droit de vote et d’éligibilité des résidents étrangers non européens ; à l’exigence de mettre fin partout au cumul des mandats, au cumul des fonctions, aux conflits d’intérêts. A faire coïncider davantage les lieux de représentation avec les réalités démographiques, économiques et sociales ; à faire élire les conseils intercommunaux au suffrage direct, à redéfinir le corps électoral du Sénat selon la règle « un homme, une voix », à inscrire de la proportionnelle dans les mécanismes de représentation, à penser un statut de l’élu, à penser des nouvelles garanties face aux nouvelles technologies, à garantir enfin l’égalité des droits des citoyens face à la justice, à la fiscalité, l’éducation et la santé, face aux disparités territoriales…

    Ces objectifs, nous entendons les porter et les faire vivre dans le débat public dès la rentrée politique et sociale de l’automne, même s’ils ne résument évidemment pas tous les combats de la LDH. Notre conviction est que la société civile a plus que jamais son mot à dire. La démarche qui nous avait conduit à proposer à cinquante associations et organisations syndicales de se regrouper sur des valeurs et des propositions concrètes reste donc bien d’actualité. Cette conviction, il nous revient de la faire vivre dans nos rencontres, dans nos propositions, dans nos engagements. Comme le proposait Jean Jaurès, il s’agit bien de « finir la République », qui n’est jamais réellement elle-même que lorsqu’elle est effectivement égale, libre, sociale et fraternelle. »

  • Zone communautaire de Vouziers : les travaux avancent

    La 2C2A aménage une zone à vocation industrielle et commerciale en prolongement de celle existante à Vouziers.

    L'achèvement des travaux est programmé pour l'automne 2012, si tout va bien. Depuis plusieurs mois les engins de chantier tracent les voies de circulation et installent les réseaux.

    Cette zone a été nommée "porte d'Argonne" et s'étend sur 25 ha. Des entreprises du secteur, dont le centre Leclerc, ont ZAC-plan-vente-tarifs.jpgmontré de l'intérêt pour acheter des terrains . Le prix varie en fonction de l'éloignement de l'axe principal de circulation.

    Il semble que le financement du rond-point, qui doit se situer à l'intersection de la route de Sainte-Marie, soit encore en négociation avec le département.

    Rappelons que la ville de Vouziers a financé les réseaux nécessaires en dehors du périmètre de la zone (raccordement aux réseaux de la ville rue Gambetta, en passant par la route de Sainte-Marie). En contre-partie la 2C2A devrait prendre à sa charge le financement de la rénovation de la voie communale, entre Leclerc et le rond-point à créer .

    Quand au terrain pour les gens du voyage, il est en périphérie de la zone, rectangle vert à gauche du bassin pour les eaux pluviales sur le plan ci-dessus. Ce terrain est donc déporté le plus loin possible, à la demande d'habitants de Vouziers. La concertation n'a pas fonctionné dans l'autre sens, puisque les gens du voyage n'ont pas été partie prenante du projet. Ceux qui stationnent sur la zone en travaux ne savent où ils pourrront s'installer dans les prochains jours. Gageons que les élus et autres responsables du plan départemental aient prévu une solution acceptable pour tous.


    2c2,vouziers, zone industrielle,gens du voyage

    La zone avec sa voie de circulation dans l'état actuel.

    (Photo L'An Vert DR)


  • Front national, l’imposture sociale

    Extrait de la lettre électronique de la LDH

     

    La « dédiabolisation » engagée par Marine Le Pen s’accompagne d’une défense des « petits », des « obscurs » et d’un monde du travail respirant bon l’effort, la virilité et la sueur. Un pseudo social et une authentique imposture.

    Il ne faut s’attacher que légèrement aux programmes du FN, tant leurs propositions, leur cohérence, sont opportunistes. Tout y voisine avec son contraire, l’essentiel étant de plaire au plus grand nombre. Ainsi quelques mois après avoir fustigé les organisations syndicales et traité d’émeutiers les manifestants qui contestaient la réforme gouvernementale des retraites, Marine Le Pen défend avec véhémence les retraites, l’emploi, le pouvoir d’achat et proteste contre le chômage, la détresse sociale. Elle met en avant une panacée protectionniste avec taxation aux frontières, la taxation des stock-options et la restauration des frontières face à la mondialisation. La défense du travail est donc toujours alignée sur une grille de lecture xénophobe. L’ennemi - immigré profiteur, musulman intégriste, américain impérialiste, eurocrate- a toujours une figure d’étranger.

    Sous un nouveau discours, l’obsession demeure essentiellement nationaliste. Loin de vouloir – comme le souhaitent les alter mondialistes - une autre conduite de la mondialisation, le Front reste fidèle à l’antienne d’un produire français, avec des Français, dans des entreprises françaises. Le propos n’est pas de construire une France plus solidaire mais de défendre une vision qui combine à la fois libéralisme économique et autoritarisme étatique, telle qu’évoquée par Jean-Richard Sulze, économiste et conseiller régional FN dans le Nord-Pas-de-Calais : « liberté du commerce et de l’industrie à l’intérieur du pays, garantie par un Etat gendarme, qui lui-même sera plus protecteur vis-à-vis de l’extérieur » (revue Challenges). Cette vision régalienne forte vieille caractéristique des mouvements fascisants, s’accommode d’un discours de défense des services publics, pourtant traditionnellement fntravail.jpgdénoncés, comme d’ailleurs les fonctionnaires, comme budgétivores. Elle instrumentalise de même la République et la laïcité, au service de campagnes « anti musulmanes ». Un amalgame de xénophobie, d’immigration, d’insécurité et d’islamisme qui permet à Marine Le Pen de déclarer en février 2011, que « l’élection présidentielle de 2012 sera un vote de civilisation plus qu’un simple choix politique ». Cette conversion récente au républicanisme permet de fait, avec le « patriotisme économique », d’évacuer les contradictions de classe au profit d’un « ni droite ni gauche », pour se recentrer sur la Nation agressée par une « civilisation ennemie »…

    Au plan économique, cette obsession xénophobe se traduit par trois thématiques : sortie de l’euro, protectionnisme accru, préférence nationale. Autant dire que la cause profonde des difficultés économiques, la dévalorisation constante du travail au profit des détenteurs de capitaux, est purement évacuée. Précarité, bas salaires, inégalités de tous ordres sont donc attribués à des facteurs exogènes dont il suffirait de se débarrasser pour renouer avec un marché national véritable âge d’or. Ces propositions ne feraient qu’en alourdir le poids sur les épaules des travailleurs. La sortie de l’euro au bénéfice d’un franc dévalué afin de regagner des marges économiques ? Une telle « dévaluation compétitive », supposée améliorer la « compétitivité-prix » des produits français entrainerait en fait une cascade d’effets pervers. Le premier étant de dévaluer la valeur de la force de travail. Il faut se souvenir que les dévaluations successives des années antérieures à l’introduction de l’euro n’ont jamais empêché le chômage d’augmenter et les employeurs de fermer telle ou telle entreprise. Elle conduirait ensuite automatiquement à une hausse des prix, obérant surtout le pouvoir d’achat des salariés, des privés d’emploi et des retraités. Une dévaluation de 20 à 25% signifie une baisse d’au moins autant du pouvoir d’achat. Enfin, le poids de la dette publique, dont les deux tiers sont détenus par les « non- résidents », c’est-à-dire par des sociétés et des individus installés juridiquement à l’étranger en serait fortement alourdi.

    Idem pour un protectionnisme accru. La mise en place de contingents d’importation et le rétablissement de droits de douane entrainerait quasi automatiquement des représailles de la part des partenaires économiques de la France. Or, les exportations comptent pour environ un quart de la production nationale. Inversement, un quart de ce que l’on consomme en France provient de l’étranger, soit pour la consommation directe des ménages, soit sous forme de matières premières et de produits intermédiaires utilisés par les entreprises. L’instauration de quotas d’importation conduirait vraisemblablement les autres pays à riposter, enclenchant un processus de pertes d’activité et de hausse des prix corrélatives à l’instauration des droits de douane.

    La « préférence nationale », enfin, constituerait une véritable catastrophe économique, sociale et démocratique. Pour le Front National, la politique d’immigration française équivaut à 40 milliards d’euros par an. Il suffirait donc de renvoyer les étrangers chez eux et de dépenser cet argent « utilement ». Indépendamment de la dimension totalement inhumaine et quasi infaisable d’une telle opération, elle est aberrante au plan économique. L’apport de l’immigration est indispensable au fonctionnement de l’économie française. Ces travailleurs ne se substituent pas aux travailleurs français ; leur « disparition » entrainerait un surcroît de tensions sur le marché de l’emploi et alimenterait le travail au noir, et donc l’immigration illégale. A quoi il faut rappeler que les travailleurs immigrés apportent plus aux caisses de l’Etat et de la Sécurité sociale qu’ils en reçoivent. Enfin, cette « chasse à l’étranger » l’histoire l’a démontré, vise toujours davantage les plus faibles, qu’ils soient ou non nationaux. Lorsqu’on vit de son travail, on finit toujours par se retrouver l’étranger de quelqu’un.