A la veille de la semaine sans pesticides, France Nature Environnement souhaite revenir sur l’état d’avancement du plan Ecophyto 2018, décidé lors du Grenelle. Si FNE souhaite une mise en œuvre efficace de ce plan, elle s’inquiète de voir certains acteurs de la filière « traîner les pieds ».
Il faut respecter la règle
Le plan Ecophyto est issu de la concertation du Grenelle de l’environnement. Pour atteindre son objectif, réduire l’utilisation des pesticides de moitié d’ici 2018, une mobilisation de l’ensemble des parties prenantes sera indispensable. Ce qui est loin d’être gagné.
Claudine Joly, spécialiste des pesticides à FNE, s’inquiète : « De nombreux acteurs en particulier les industriels, les coopératives, les représentants de la profession agricole et même les services de l’Etat revoient à la baisse les objectifs du plan : de moins 50% l’objectif devient souvent moins 30%. Nous demandons un engagement fort et clair des représentants de l’Etat et des conseils régionaux dans la démarche. »
Si le plan Ecophyto ne porte pas ses fruits…
Le plan Ecophyto fait le pari qu’un engagement volontaire de toutes les parties prenantes permettra de réduire l’usage des pesticides. Il ne comporte pas de mesures contraignantes.
Jean-Claude Bévillard, responsable des questions agricoles à FNE, alerte : « Nous demandons la publication rapide du rapport annuel prévu par la loi sur l’usage des pesticides. Si nous ne constations aucun progrès dans les toutes prochaines années, nous exigerions des mesures contraignantes, comme la taxation dissuasive des pesticides.. »
Un symbole : le Cruiser
Inquiète de l’impact de cet insecticide sur les abeilles, FNE avait engagé une action en justice pour demander l’annulation de ces autorisations et lancé une pétition qui avait recueilli plus de 45 000 signatures. Dans sa décision du 16 février annulant l’autorisation du Cruiser pour 2008 et 2009, le Conseil d’Etat reconnaît que « l’ampleur du risque à court et à long terme auquel les abeilles communes pourraient être exposées après l’application du produit Cruiser » a été insuffisamment évaluée. FNE a engagé un nouveau recours pour l’interdiction de ce produit en 2011.
Tous responsables, tous acteurs du changement !
FNE tient à rappeler que les agriculteurs ne sont pas les seuls responsables de la forte dépendance de l’agriculture française aux pesticides. Pour Bruno Genty, Président de FNE : « Des fabricants et distributeurs de pesticides, qui ont un intérêt économique évident à vendre toujours plus de pesticides, jusqu’au consommateur, souvent exigeant quant à « l’esthétique » des fruits et légumes qu’il achète, en passant par l’industrie agroalimentaire et la grande distribution qui imposent leurs normes et leurs standards, c’est l’ensemble des maillons de la chaîne qui est concerné par ce changement de modèle agricole. »
FNE appelle à signer sa pétition pour l’interdiction des pesticides les plus dangereux
pour la santé et l'environnement et l'application pleine et entière du plan Ecophyto 2018 :
/fr/nos-dossiers/Agriculture/campagne-2011/la-petition.html
Monde agricole - Page 86
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Semaine sans pesticides : tous les acteurs doivent jouer le jeu
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Le bio"ça eût payé, mais ça ne paye plus"
Communiqué du WWF
Le 15 décembre dernier, le WWF-France lançait avec ses partenaires la deuxième édition de la campagne «Oui au Bio dans ma Cantine !» visant à sensibiliser citoyens et élus sur la nécessité de favoriser les denrées issues de l’agriculture biologique et d’assurer ainsi le capital santé des plus jeunes en leur offrant une alimentation saine.
Le constat en effet est médiocre : à ce jour, la France est le plus gros utilisateur européen de pesticides et se classe même en 2ème position mondiale après les Etats-Unis. Elle occupe seulement le 22ème rang en Europe pour sa part de surface en bio, avec 2,46% de sa SAU (Surface Agricole Utile). A titre de comparaison, l’Autriche est à 17,4%, l’Italie à 7,9% et l’Allemagne à 5,9%.
Malgrè cela, le gouvernement a adopté dans le cadre de la loi de finances pour 2011, une réduction drastique du crédit d’impôt en faveur de l’agriculture biologique. Cette mesure est en totale contradiction avec les objectifs fixés par le Grenelle de l’environnement qui prévoient d’atteindre 6% de la SAU française en bio en 2012 et 20% en 2020.
Le WWF déplore la réduction de ce crédit qui passe de 3500 euros sur 3 ans à 2000 euros sur 2 ans. Les fermes de petite taille, sur des productions telles que l’apiculture et le maraîchage notamment, seront les plus impactées par la mesure.
Les économies qui seront réalisées à cette occasion, quelques millions d’euros gagnés, apparaissent dérisoires face aux enjeux pour l’environnement et la santé liés aux modes de production de notre alimentation.
Plutôt que d’augmenter la capacité d’appui et de conseil aux producteurs dans leur démarche de passage au bio, le gouvernement préfère accorder un soutien à hauteur de 196 millions d’euros à la filière agro-carburants ne visant qu’à l’écoulement des stocks de grands acteurs de l’agriculture intensive.
Avec la réduction du crédit d’impôt sur les panneaux photovoltaïques qui met à mal la filière, cette mesure confirme ce fait navrant : la régression en matière de politique environnementale est devenue un réflexe gouvernemental.
La politique fiscale décidée à l’orée 2011 s’avère négative pour l’environnement. Le soutien apporté aux solutions d’avenir pour une société durable doit être une priorité gouvernementale.
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Elevage : FNE interpelle le Président de la République
Des élevages coupés de leur terroir
Pour FNE, la crise que traverse l’élevage français est essentiellement due à son inadaptation au terroir . Les élevages sont surdimensionnés et concentrés sur des surfaces agricoles insuffisantes pour nourrir les animaux et pour absorber leurs effluents (lisiers, etc.).
Photo L'An Vert
FNE rappelle par ailleurs que l’Europe importe 80% des protéines nécessaires à son élevage, notamment sous forme de soja OGM. Quant aux problèmes de pollution liés à ces élevages intensifs, on ne les compte plus. La prolifération des algues vertes en Bretagne en est l’exemple le plus criant. Cette situation devient intenable.
Pour Jean-Claude Bévillard, responsable des questions agricoles à FNE : « Fragiles sur les plans économique, social et environnemental, ces élevages sont de toute manière condamnés à moyen terme. Les subventions publiques ne peuvent plus continuer dans cette impasse. »
Vers des élevages plus autonomes et plus durables
Pour FNE, les subventions publiques, de la PAC notamment, doivent encourager la reconversion des élevages vers une meilleure valorisation des ressources locales. Il s’agit donc de distribuer les aides aux élevages les plus autonomes en intrants (aliments, énergie, engrais, pesticides...) et les plus respectueux du bien-être animal.
Marie-Catherine Schulz, chargée de mission agriculture, précise : « Ces élevages plus autonomes ne sont pas seulement moins polluants. Ils sont les mieux à même de résister aux aléas économiques et sont plus durables d’un point de vue social.»
Jean-Claude Bévillard conclut : « Ces élevages doivent être encouragés par les politiques publiques. Chacun est conscient que dans le Massif Central où se rend le Président de la République aujourd’hui, une logique ultra-libérale conduirait inévitablement à l’abandon des terres. »
FNE demande au Président de la République de saisir l’opportunité de son déplacement en Auvergne pour enclencher en France un changement de modèle d’élevage, plus autonome et plus durable.