L'Assemblée générale de l'association "Défense Sud Vallée de l'Aisne" (DSVA) a marqué un tournant dans le combat contre l'Entente Aisne Oise.
Les habitants des communes concernées se sont organisés contre le projet qui prévoyait de retenir des millions de mètres cube d'eau juste en amont de Savigny. Ce "casier de sur-stockage" était sensé protéger les communes d'aval des inondations liées aux crues de l'Aisne.
L'expertise menée par l'association a montré principalement deux choses :
Le danger de cet ouvrage qui en cas de rupture à pleine charge entraînerait la création d'une vague de plusieurs mètres de haut qui dévalerait la vallée sur plusieurs kilomètres.
L'inutilité de l'ouvrage, bien insuffisant pour lutter réellement contre la montée des eaux.
Le président Thierry Machinet a déclaré d'emblée que cette année serait consacrée prioritairement à la rencontre des autres associations concernées et à la coordination de leurs actions.
L'Entente Aisne Oise a un objectif sur tout le bassin des ces deux rivières, et seule une riposte au même niveau peut se montrer efficace.
Après les points obligés de toute assemblée générale (différents rapports, élection des administrateurs), le président Machinet a présenté trois diaporamas qui donnaient une vision claire de différents aspects du problème.
En premier ce fût un rappel de la situation locale et de l'évolution des choses. Savigny ayant commencé le combat tôt, le chantier local est peu engagé. Les responsables de l'association se sont montrés raisonnablement optimistes quant à l'abandon du choix de ce site, pour des raisons techniques et politiques.
Il a été démontré qu'une démarche associant une hydraulique douce et des protections ciblées était bien plus efficace que des barrages.
En deuxième lieu, la réflexion s'est étendue à tout le bassin. L'exemple de Proisy a été analysé en détail. Ce site qui est comparable à ce qu'aurait pu être Savigny se situe sur l'Oise, l'autre rivière concernée. L'expert de l'association, M. Theret, a démontré qu'il ne jouait pas le rôle auquel il était destiné. En cas de crue le réservoir est saturé en quelques heures, et doit ensuite relâcher de l'eau dans la rivière pour éviter que la digue soit dépassée. De plus la stratégie globale serait logiquement de ralentir l'Aisne pour que les crues des deux rivières n'arrivent pas ensemble au confluent. Or cette installation retarde la crue de l'Oise , comprenne qui pourra.
Sauf à penser qu'une fois les travaux finis sur l'Oise, l'Entente se retourne vers l'Aisne pour dire "maintenant des ouvrages sont indispensables sur cette rivière pour rétablir le décalage souhaité"
En dernier lieu, la réflexion à porté sur l'utilité finale de tout ces projets. Il s'agit en fait de protéger la région parisienne, ce qui pourrait se comprendre. Mais dans ce secteur, de nombreuses constructions ont été réalisées en zone inondable, et de gros projets sont en cours dans le lit même des rivières.
Dans l'Argonne on a su vivre avec les crues et on a évité de construire en zone inondable. Doit-on payer l'imprudence des autres avec une des rares richesses qui nous reste, la nature préservée?
En fin de réunion des échanges avec la salle ont eu lieu, en particulier avec des personnes engagées dans un combat identique sur un site concernant l'Oise.
Les élus présents ont pris la parole en dernier. Le conseiller général Th. Deglaire a fait un point de l'action de son institution, le CG08 étant un des membres de l'Entente Aisne-Oise.
Le député J-Luc Warsmann a salué le travail de l'association. Il a remis au président un chèque de 1000 €, subvention obtenue auprès du ministère de l'environnement qui souligne l'action de fond menée par la DSVA pour la défense de la vallée et pour l'utilisation de méthodes écologiques dans la lutte contre les inondations.
La réunion s'est terminée de manière conviviale, les participants pouvant échanger leur réflexions en dégustant la petite collation offerte.
Un aspect de la vallée de l'Aisne inondée ce jour : Falaise vu de Savigny