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politique internationale - Page 6

  • En Argentine, Javier Milei dérégule l’économie et organise la répression sociale

    Extraits de l'article de Romaric Godin pour Médiapart (repris de site du CADTM)

    Javier Milei poursuit sa stratégie du choc pour faire du pays sud-américain la société libertarienne de ses rêves. La stratégie du nouveau président argentin est claire : utiliser sa légitimité issue des urnes pour imposer des changements massifs en assommant et paralysant l’opposition sociale et parlementaire. Et en profiter pour mettre en place les moyens de la répression future pour faire face aux inévitables conséquences sociales et économiques de sa politique.

    Un cas d’école de l’application de cette stratégie s’est produit mercredi 27 décembre. Ce jour-là, les syndicats déposaient un recours devant la justice concernant le décret de nécessité et d’urgence (DNU) pris par Javier Milei le 20 décembre, qui modifie des pans entiers de la législation sociale et économique du pays.

    À cette occasion, les organisations syndicales organisaient une manifestation qui a été un succès notable et a dépassé les attentes. Mais au moment même où la place Lavalle, devant le palais de justice, était noire de monde et où les manifestants scandaient « Nous ne sommes pas la caste, mais les travailleurs », le président transmettait au Congrès (Parlement) une « loi omnibus » géante de 664 articles prévoyant une nouvelle vague de réformes, allant cette fois de l’éducation à la culture en passant par la justice, la loi électorale, les retraites, les normes environnementales… et la validation du DNU.

    Cette provocation de plus est clairement destinée à montrer aux syndicats leur impuissance. D’autant qu’ils sont directement dans le viseur des réformes. Le DNU réduisait considérablement le droit de grève, la « loi omnibus » renforce les sanctions contre les piquets de grèves en prévoyant jusqu’à six ans de prison.

     

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  • France : Ce jour où le macronisme s’est révélé un lepénisme

    Tribune du 3 janvier par Edwy Plenel

    « Rien, rien ne doit être cédé » : c’est par ces mots que se concluait un discours prononcé le 10 décembre 2023 à l’occasion du soixante-quinzième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. C’était à Paris, là même où elle fut proclamée, en 1948, lors de la première assemblée générale des Nations unies. L’orateur faisait l’éloge de l’universalité des droits et de l’égalité des êtres, sans distinction d’origine, de condition, de croyance, d’apparence ou de naissance, de sexe ou de genre.

    « Penser régler nos problèmes contemporains en oubliant ces droits […] serait une faute pas simplement politique mais morale », ajoutait-il avant de lancer à son auditoire cet appel final à ne jamais rien céder aux ennemis de l’égalité naturelle qui nient notre commune humanité : « À chaque fois que nous cédons un centimètre, c’est un centimètre de recul que nous acceptons pour nous-mêmes, ou pour nos enfants, ou pour nos frères et sœurs. » Moins de dix jours plus tard, le même orateur cédait sur toute la ligne.

    Emmanuel Macron, puisqu’il s’agit bien de lui, fut élu à deux reprises pour faire barrage à l’extrême droite dont la candidate, Marine Le Pen, est arrivée, en 2017 comme en 2022, au second tour de l’élection présidentielle. Nous savons bien, tant Mediapart le documente quotidiennement, que, depuis bientôt sept ans, la politique qu’il mène n’a tenu aucun compte de la pluralité des suffrages qui se sont portés sur son nom, préférant imposer au pays une marche forcée vers plus d’inégalités et d’injustices, non sans cynisme et amoralisme. Mais une digue n’avait pas encore totalement cédé, celle du rapport au monde et aux autres, à l’étranger et à l’ailleurs. Celle de l’humanisme en somme, où se joue l’essentiel, face à l’extrême droite dans ses diverses expressions partisanes.

    Depuis l’audace fondatrice de la Révolution française, cette famille intellectuelle et politique est unie par le refus catégorique de ce que proclama à la face du monde la Déclaration de 1789 : l’égalité naturelle, qui fut et reste le moteur de l’invention, de la conquête et de la défense des droits fondamentaux du genre humain. Sous toutes latitudes, l’inégalité naturelle, c’est-à-dire le privilège de naissance, d’origine et d’appartenance, est donc le crédo, radicalement antidémocratique, des extrêmes droites avec, pour conséquence concrète, la hiérarchie des humanités, des identités, des cultures, des civilisations, des croyances, des apparences.

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  • (Géo)politique : le nucléaire, une énergie antidémocratique et néocoloniale

    Article publié le 29 décembre 2023 par "Sortir du nucléaire"

     

     

     

    Si aucune technologie ne peut être qualifiée de neutre, cette affirmation se vérifie encore plus pour le nucléaire. Dangereux, complexe, intimement lié au militaire, nécessitant l’extraction de quantités importantes de minerais, le recours à l’atome entraîne des implications politiques à des degrés divers, qu’il ait lieu dans des États démocratiques ou sous des régimes autoritaires. Petit tour d’horizon international

    L’État nucléaire : antidémocratique, adepte du secret et de la répression

    Même dans les États démocratiques, le développement du nucléaire a généralement été amorcé sans vote parlementaire préalable et sur la base du fait accompli. Dans un certain nombre de cas, parmi les pays « vétérans » du nucléaire (France, Grande-Bretagne, États-Unis et même en Suisse), le programme nucléaire civil s’est enraciné dans la volonté, concrétisée ou pas ultérieurement, de se doter de la bombe.

    En 1977, dans son ouvrage Der Atomstaat (L’État atomique), l’écrivain autrichien Robert Jungk analysait que le nucléaire nécessitait un pouvoir politique fort et centralisé, voire policier, afin de pouvoir gérer les risques liés à son utilisation (vol de substances radioactives, attentat, espionnage...). Le déploiement du nucléaire est ainsi allé de pair avec une culture du secret, à des degrés divers selon les pays. En France, les élu·es ne sont pas averti·es du passage de convois de déchets radioactifs dans leurs communes. En Russie et au Kazakhstan, des villes entières abritant des complexes nucléaires sont longtemps restées absentes des cartes. Certaines sont toujours fermées aux non-résidents.

    Toujours à des degrés divers, la surveillance et la répression s’étendent aux opposant·es à l’atome. En France, de l’attentat contre le Rainbow Warrior en 1985, dans lequel est mort Fernando Pereira, photographe de Greenpeace, aux opérations policières massives visant des opposant·es au projet d’enfouissement des déchets à Bure, la théorie de Jungk s’est largement confirmée. La surveillance et la répression visent aussi, notamment, les mouvements antinucléaires en Bulgarie, au Bélarus et en Russie. Bien avant l’invasion de l’Ukraine, plusieurs militant·es russes ont dû fuir leur pays pour échapper à un pouvoir qui les harcelait comme "agents de l’étranger".

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  • Face aux crises globales, construisons la souveraineté alimentaire pour assurer un futur à l’humanité !

    A l'issue de la 8e Conférence internationale de la Via Campesina, qui s'est tenue en Colombie du 1 au 8 décembre 2023, les plus de 400 délégué·es représenté·es, dont la Confédération paysanne, ont adopté une déclaration commune. En voici de larges extraits.

    Plus de 400 délégué⋅es de La Via Campesina, représentant 185 organisations et mouvements en 83 pays, ainsi que leurs allié⋅es, sont réuni⋅es à Bogota, en Colombie, pour célébrer notre 8e Conférence internationale du 1er au le 8 décembre 2023.

    Nous, paysan⋅nes, travailleur⋅euses du monde rural, sans terre, peuples autochtones, éleveur⋅euses, pêcheur⋅euses artisanaux, habitant⋅es des forêts, femmes rurales, jeunes et personnes des diversités et autres peuples travaillant dans les campagnes du monde entier et uni⋅es au sein de La Via Campesina, déclarons que «Face à crises globales, nous construisons la souveraineté alimentaire pour assurer un futur à l'humanité!” vers un système alimentaire juste et décent pour tou·tes, reconnaissant les besoins des peuples, respectant la nature, faisant passer les gens avant le profit et résistant à la captation des entreprises.

    La 8e Conférence se déroule au moment où les mouvements sociaux colombiens célèbrent une victoire politique majeure, la création d'une juridiction agraire et la reconnaissance constitutionnelle des paysan⋅nes comme sujets politiques dotés de droits. Notre participation à la surveillance et au suivi de l'accord de paix en Colombie nous incite, en tant que paysan⋅nes, à continuer à construire la paix dans le monde entier.

    CÉLÉBRATION DES 30 ANS DE MOUVEMENT PAYSAN

    Au cours des trois dernières décennies, nous avons lutté sans relâche contre la marchandisation de l'alimentation et de la nature, ainsi que pour la justice sociale, la dignité et la reconnaissance de nos droits. Collectivement, avec nos allié⋅es, nous avons progressé dans la construction de la souveraineté alimentaire, nous avons poussé à des réformes du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) afin que nos voix paysannes soient entendues, nous avons adopté le féminisme paysan populaire comme outil de lutte contre le patriarcat et nous avons popularisé l'agroécologie paysanne comme réponse au réchauffement climatique et comme moyen de produire une alimentation saine en harmonie avec la nature. Une réalisation fondamentale de ces années a été la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP) et l'approbation d'un mécanisme spécial au sein de l'ONU** pour renforcer sa mise en œuvre et son suivi.

    Durant toutes ces années, notre slogan directeur et fédérateur a été GLOBALISONS LA LUTTE, GLOBALISONS L'ESPOIR.

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  • L’Ukraine, en quête du soutien de ses alliés

    Edito de Cartooning for Peace du Vendredi 15 décembre 2023

    Après bientôt deux ans de guerre et une attaque russe de grande ampleur sur Kiev le 13 décembre, l’aide occidentale à la défense de l’Ukraine faiblit. Volodymyr Zelensky redouble d’efforts diplomatiques et multiplie rencontres et discours pour préserver ce soutien vital qui fait l’objet de querelles : au Congrès américain, les Républicains bloquent un nouveau plan d’aide. Le Conseil de l’Europe est quant à lui freiné par le chantage de la Hongrie de Viktor Orbán, qui a opposé son veto aux 50 milliards d’euros d’aide européenne à l’Ukraine. Réunis en sommet à Bruxelles ces 14 et 15 décembre, les dirigeants européens sont néanmoins parvenus à un accord pour ouvrir les négociations d’adhésion avec l’Ukraine et la Moldavie. Côté russe, Vladimir Poutine et ses ambitions militaires demeurent inflexibles. Celui qui tient le Kremlin depuis bientôt 25 ans a annoncé sa candidature pour un 5e mandat et a réaffirmé, lors de sa grande conférence de presse annuelle, que « la démilitarisation de l’Ukraine et son statut de neutralité » – inenvisageables pour Kiev – seraient « négociés ou obtenus par la force. »

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  • COP28 : un accord qui manque cruellement de fermeté

    Le texte finalement voté ce matin marque un premier pas vers la reconnaissance d’une nécessaire sortie complète des énergies fossiles. Pourtant, nous sommes loin d’une décision à la hauteur de l’urgence climatique : en utilisant l’expression transition away, l’accord occulte la sortie définitive de toutes les énergies fossiles, comme recommandé par la communauté scientifique pour respecter l’Accord de Paris.

    Pour Sarah Roussel, chargée de campagne Climat chez Greenpeace France, « si l’accord final mentionne pour la première fois le sujet des énergies fossiles, c’est avec bien trop de timidité.
    “Entamer une transition hors des énergies fossiles” comme il est écrit dans le texte, ne va pas permettre à la communauté internationale d’organiser la fin de sa dépendance aux énergies fossiles.  Les communautés en première ligne de la catastrophe climatique ont besoin de plus que ça. L’accord validé par l’ensemble des Etats manque cruellement de fermeté malgré la mention encourageante de l’objectif du triplement des énergies renouvelables d’ici à 2030 et du doublement de l’efficacité énergétique. Au niveau national, il est temps de mettre en cohérence les discours portés par Emmanuel Macron à la tribune de la COP et la politique climatique nationale : la France doit rendre lisible l’articulation entre les grands discours donnés sur la scène internationale et les choix qu’elle opère concrètement le reste de l’année, en avançant des projets qui respectent ses objectifs ».

     

    Par ailleurs, le texte ouvre la porte à toute une série de fausses solutions qui éloigne la communauté internationale d’une sortie du pétrole, du gaz et du charbon : les technologies de captation du carbone et le pari du nucléaire sont des signaux d’alarme importants.

    Le texte manque également de soutiens financiers qui permettrait aux pays du Sud d’eux aussi transformer leur système énergétique. Pour Greenpeace France, les pays riches ont la responsabilité de prendre les devants en abandonnant rapidement les combustibles fossiles et en fournissant des financements climatiques plus importants aux pays en développement, pour leur transition énergétique et pour l’adaptation.

    Pour que les nombreux objectifs de l’accord soient atteints, et notamment le financement du fonds pertes et dommages, les pays riches devront à l’avenir augmenter considérablement leur soutien financier et inévitablement faire payer les pollueurs des combustibles fossiles.

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  • Tripler les capacités de production nucléaire : une déclaration fallacieuse, irréaliste et hors-sol

    Communiqué du réseau "Sortir du nucléaire" du 6 décembre 2023.

    Ce samedi 2 décembre, sous l’impulsion de la France, une vingtaine de pays rassemblés à Dubaï pour la COP28 ont annoncé leur volonté de tripler les capacités de production d’électricité d’origine nucléaire d’ici à 2050, prétendument au nom de la lutte contre le réchauffement climatique. Le Réseau "Sortir du nucléaire" juge cette déclaration fallacieuse, irréaliste et hors-sol.

    La science ne viendra pas au secours du nucléaire

    « Nous savons par la science, la réalité des faits et des preuves qu’on ne peut pas atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 sans nucléaire ». C’est par cet argument que John Kerry, émissaire américain pour le climat, appuie la déclaration des pays signataires. Le texte de la déclaration mentionne plusieurs rapports scientifiques pour justifier cette ambition nucléaire au nom de la lutte contre le changement climatique, dont ceux du GIEC. Cet argument est fallacieux. Il convient en effet de rappeler que le GIEC n’est en aucun cas prescripteur. Ses rapports visent à modéliser plusieurs trajectoires illustrant des évolutions techniques et sociales possibles pour contenir le réchauffement à 1,5°C. Or, d’une part, parmi les scénarios, certains envisagent un déclin du nucléaire voire le restreignent à un rôle totalement marginal. Et d’autre part, ce sont in fine les capacités industrielles des différents pays, les possibilités de financement des évolutions technologiques possibles ou encore leur acceptabilité sociale qui détermineront leur faisabilité.

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