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politique internationale - Page 3

  • L’ère du néofascisme et ses particularités

    Article du Monde diplomatique par Gilbert Achcar, publié le 9 février

    Chaque jour qui passe, et à un rythme accéléré ces dernières années, il devient de plus en plus évident que nous assistons à une nouvelle ère de montée de l’extrême droite à l’échelle mondiale, similaire à l’ère de la montée des forces fascistes entre les deux guerres mondiales du XXe siècle. L’appellation « néofascisme » a été utilisée pour désigner l’extrême droite contemporaine, qui s’est adaptée à notre époque parce qu’elle était consciente que la reproduction du modèle fasciste observé au siècle dernier n’était plus possible, dans le sens où il n’était plus acceptable pour la majorité des gens.

    Le néofascisme prétend respecter les règles fondamentales de la démocratie au lieu d’établir une dictature pure et simple comme l’a fait son prédécesseur, même lorsqu’il vide la démocratie de son contenu en érodant les libertés politiques réelles à des degrés divers, selon le niveau de popularité réel de chaque dirigeant néofasciste (et donc de son besoin ou non de truquer les élections) et du rapport des forces entre lui et ses adversaires. Il existe aujourd’hui un large éventail de degrés de tyrannie néofasciste, allant du despotisme quasi-absolu dans le cas de Vladimir Poutine à ce qui conserve encore un espace de libéralisme politique comme dans les cas de Donald Trump et de Narendra Modi.

    Le néofascisme diffère des régimes despotiques ou autoritaires traditionnels (tels que le gouvernement chinois ou la plupart des régimes arabes) en ce qu’il se fonde, comme le fascisme du siècle dernier, sur une mobilisation agressive et militante de sa base populaire sur une assise idéologique similaire à celle qui caractérisait son prédécesseur. Cette assise comprend diverses composantes de la pensée d’extrême droite : fanatisme nationaliste et ethnique, xénophobie, racisme explicite, masculinité affirmative et hostilité extrême aux acquis des Lumières et aux valeurs émancipatrices.

    Quant aux différences entre l’ancien et le nouveau fascisme, les plus importantes d’entre elles sont, premièrement, que le néofascisme ne s’appuie pas sur les forces paramilitaires qui caractérisaient l’ancienne version – non pas dans le sens qu’il en est dépourvu, mais qu’il les maintient dans un rôle de réserve dans les coulisses, lorsqu’elles existent – et, deuxièmement, que le néofascisme ne prétend pas être « socialiste » comme son prédécesseur. Son programme ne conduit pas à l’expansion de l’appareil d’État et de son rôle économique, mais s’inspire plutôt de la pensée néolibérale dans son incitation à réduire le rôle économique de l’État en faveur du capital privé. Cependant, la nécessité peut le faire aller dans la direction opposée, comme c’est le cas avec le régime de Poutine sous la pression des exigences de la guerre qu’il a lancée contre l’Ukraine.

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  • La « guerre commerciale » de Donald Trump est lancée

    Edito de Cartooning for Peace du Jeudi 6 février 2025

    Depuis son investiture, il y a un mois à peine, Donald Trump ne cesse de provoquer crainte et stupéfaction à travers le monde avec une diplomatie et une politique commerciale agressives. La guerre commerciale contre la Chine, le Mexique, le Canada a bien commencé, et l’Europe devrait suivre. Le président américain a tenté d’imposer à ses voisins et à son rival chinois des taxes douanières (« tariffs ») d’au moins 25%, ce qui aurait un impact considérable sur l’économie mondiale mais aussi sur le pouvoir d’achat des américains. Le Mexique et le Canada ont finalement réussi à trouver un accord pour suspendre ces taxes pendant un mois, en offrant des garanties à Donald Trump (notamment autour du trafic de fentanyl).

    Le président américain a d’autre part gelé l’aide étrangère des États-Unis pour 90 jours, excepté pour l’Égypte et Israël. Elon Musk a même annoncé la fermeture de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), dont les employés se sont depuis mis en grève. Cette soudaine fermeture du robinet américain est un choc pour les ONG, les pays en développement et les Nations-Unies, et pourrait avoir des conséquences désastreuses. Donald Trump aborde l’économie mondiale comme son activité immobilière : dans une pure logique transactionnelle, à coup de bluff et d’intimidation. Ce qui fait craindre le pire pour les quatre prochaines années.

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  • L’IA contre les droits humains, sociaux et environnementaux

    Ce texte est le manifeste fondateur de « Hiatus », une coalition composée d’une diversité d’organisations de la société civile française qui entendent résister au déploiement massif et généralisé de l’intelligence artificielle (IA). À l’approche du sommet sur l’IA organisé par la France, les 10 et 11 février 2025, le lancement de Hiatus vise à dénoncer l’inféodation des politiques publiques aux intérêts de la tech, ainsi que les coûts humains et environnementaux de l’IA. Au cours des mois à venir, des actions communes seront organisées pour décliner ce manifeste fondateur sur le plan politique.

    Tout concourt à ériger le déploiement massif de l’intelligence artificielle en priorité politique. Prolongeant les discours qui ont accompagné l’informatisation depuis plus d’un demi-siècle, les promesses abondent pour conférer à l’IA des vertus révolutionnaires et imposer l’idée que, moyennant la prise en compte de certains risques, elle serait nécessairement vecteur de progrès. C’est donc l’ensemble de la société qui est sommée de s’adapter pour se mettre à la page de ce nouveau mot d’ordre industriel et technocratique. Partout dans les services publics, l’IA est ainsi amenée à proliférer au prix d’une dépendance technologique accrue. Partout dans les entreprises, les managers appellent à recourir à l’IA pour « optimiser » le travail. Partout dans les foyers, au nom de la commodité et d’une course insensée à la productivité, nous sommes poussés à l’adopter.

    Pourtant, sans préjuger de certaines applications spécifiques et de la possibilité qu’elles puissent effectivement répondre à l’intérêt général, comment ignorer que ces innovations ont été rendues possible par une formidable accumulation de données, de capitaux et de ressources sous l’égide des multinationales de la tech et du complexe militaro-industriel ? Que pour être menées à bien, elles requièrent notamment de multiplier la puissance des puces graphiques et des centres de données, avec une intensification de l’extraction de matières premières, de l’usage des ressources en eau et en énergie ?

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  • La France officialise sa ratification du Traité sur la haute mer : réaction de Greenpeace France

    Après l’Espagne mardi, la France a officiellement déposé ce mercredi aux Nations unies sa ratification du Traité sur la haute mer, ce qui fait d’elle le deuxième pays membre de l’Union européenne à en devenir partie. Le président Emmanuel Macron avait confirmé en novembre dernier que la France avait officiellement ratifié le Traité après un vote au Parlement, et devait organiser son dépôt officiel pour rendre sa ratification effective.

    Pour François Chartier, chargé de campagne chez Greenpeace France : « La France, qui co-organise et accueille la prochaine Conférence des Nations unies sur les océans à Nice en juin 2025, se devait d’être exemplaire en ratifiant le plus vite possible le Traité sur la haute mer. C’est désormais chose faite. La France démontre ainsi sa prise de conscience des enjeux liés à la préservation des océans et de la haute mer, notamment en soutenant le moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds. Mais pour être pleinement cohérente, elle doit aussi agir avec urgence pour renforcer les aires marines protégées sur son propre territoire, sans quoi la France ne serait pas crédible au sommet de Nice ».

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  • En Belgique, la droite nationaliste prend la tête du gouvernement

    Article tiré de Reporterre

    Pour la première fois dans l’histoire de la Belgique, un indépendantiste flamand prend la tête du gouvernement fédéral. Bart De b2013444d9112c4aded40b6d61ec9a0c-1558931588.jpgWever, ancien maire d’Anvers et chef de l’Alliance néoflamande (N-VA), a prêté serment le 3 février devant le roi Philippe. Son parti, qui appartient à la droite nationaliste, avait gagné les élections législatives en juin dernier. Il aura fallu près de huit mois pour arriver à une coalition.

    Le nouveau gouvernement compte 14 ministres (10 hommes et 4 femmes). Au programme : trouver 20 milliards d’euros d’économies pour réduire le déficit public annoncé à 4,6 % du PIB pour 2024. De Wever souhaite limiter les dépenses publiques dans de nombreux secteurs pour y parvenir et, dans le même temps, augmenter le budget de défense. Il entend aussi durcir la politique d’accueil des exilés et leurs conditions d’obtention des aides sociales, renforcer la sécurité et la lutte contre le narcotrafic.

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  • Moyen-Orient : une trêve fragile

    Edito de Cartooning for Peace du 30.01.2025

    Depuis l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas conclu le 15 janvier dernier, la libération des otages israéliens et des prisonniers palestiniens se poursuit dans une atmosphère mêlée d’espoir et d’inquiétudes. Depuis dimanche 26 janvier et l’autorisation donnée aux Gazaouis de retourner dans la partie Nord de Gaza, des milliers de réfugiés se sont jetés sur les routes d’un impressionnant exode vers leurs anciens foyers, ou ce qu’il en reste. Beaucoup d’entre eux retrouvent des ruines : plus de 66 % des bâtiments de l’enclave palestinienne sont détruits ou endommagés, selon un rapport des Nations Unies.

    Le 27 janvier, Donald Trump a par ailleurs réitéré sa volonté de « faire le ménage » en déplaçant les réfugiés de Gaza en Jordanie et en Égypte, ce qui s’apparenterait à une nouvelle « nakba » que le monde arabe et d’autres pays alliés des États-Unis se sont empressés de rejeter. Outre l’absence de plan pour l’après, cette trêve si fragile est minée par l’envergure de l’opération israélienne « Mur de fer » en Cisjordanie occupée, où Israël accroît dangereusement la pression.

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  • Attaque israélienne à Jénine : la France doit reconnaître l’illégalité de l’occupation

    Communiqué de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine

    Alors que l’armée israélienne a lancé une opération militaire meurtrière à Jénine dans un contexte d’accélération de la colonisation, la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine appelle la France à appliquer la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU du 18 septembre 2024 afin qu’Israël mette fin à l’occupation et la colonisation du Territoire palestinien occupé.

    Ce mardi 21 janvier, une opération militaire de grande ampleur menée par les forces israéliennes dans la région de Jénine, en Cisjordanie occupée, a causé la mort d’au moins 10 Palestiniens et fait près de 40 blessés, d’après le ministère palestinien de la santé. Cette opération ne se limite pas au camp de réfugiés, mais s’étend également à la ville de Jénine et à ses environs, incluant notamment Qabatia et Kafr Qaddum. Depuis le 7 octobre 2024, l’OCHA a dénombré 853 Palestiniens tués en Cisjordanie (Jérusalem-Est incluse) dans le contexte de l’occupation.

    Cette offensive a lieu dans le contexte de l’intensification de la colonisation israélienne, qui a atteint des niveaux records en 2023, selon un rapport publié par la représentation de l’Union européenne dans le territoire palestinien occupé en août 2024. Des permis de construire ont ainsi été accordés par les autorités israéliennes pour 30 682 logements en Cisjordanie – un chiffre annuel jamais atteint depuis la signature des accords d’Oslo en 1993. Les violences des colons israéliens ont également connu une explosion. Selon l’OCHA, le nombre d’incidents marqués par des violences de colons est passé de 96 cas en 2016 à environ 1420 cas en 2024. Plus de 710 000 colons vivent actuellement en Cisjordanie, contre 3,2 millions de Palestiniens. En outre, l’entrée en vigueur jeudi 29 janvier de la fermeture des locaux de l’UNRWA à Jérusalem-Est ainsi que l’interdiction faite à l’agence onusienne de travailler avec des responsables israéliens met en danger 870 000 Palestiniens de Cisjordanie, Jérusalem-Est comprise, qui bénéficient des services de 96 écoles et 43 centres de soins.

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