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politique internationale - Page 143

  • Turquie : OccupyGezi, un test grandeur nature pour la liberté d’expression et l’environnement

    Communiqué de Greenpeace

    « Quand le dernier arbre aura été abattu, la dernière rivière empoisonnée et le dernier poisson péché, alors l’homme s’apercevra que l’argent ne se mange pas »
    Proverbe indien

    En Turquie, le mouvement de protestation qui dure depuis plus de 10 jours a largement dépassé le cadre du parc Gezi – au sens propre comme au figuré. Dans toute la Turquie, les manifestations se sont multipliées. Dans le reste du monde aussi, les initiatives de toutes sortes (comme celle-ci, par exemple) ont fleuri pour soutenir les « Indignés de Gezi ».

    En quelques jours, le rassemblement d’une poignée d’écologistes contre la destruction de quelques arbres est devenu le symbole de la résistance citoyenne pour la défense des droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique.

    Le dernier arbre… la dernière goutte d’eau ?
    Malgré cette mobilisation, le gouvernement turc semble déterminé à vouloir poursuivre la destruction de Gezi pour construire un centre commercial. En réalité, le réaménagement du parc fait partie d’une longue liste de projets « environnementicides » conduits ces dernières années dans le pays. En voulant faire disparaître le dernier espace vert d’Istanbul, le gouvernement semble avoir versé la dernière goutte d’eau…

    Face aux brutalités policières : non-violence et réseaux sociaux
    Mais ce qui a fait déborder le vase, c’est surtout la violente répression policière qui s’est abattue sur les manifestants. Face à la violence des forces de l’ordre, les citoyens ont – une fois de plus – su se servir des réseaux sociaux pour faire passer leur message dans le monde entier. Il y a quelques jours, le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, qualifiait d’ailleurs ces réseaux sociaux de « pire menace pour la société ».

    Depuis quelques jours, les gaz lacrymogènes se sont dissipés sur la place Taksim. Spontanément, les habitants sont venus ramasser les détritus, replanter des fleurs, distribuer boissons et pâtisseries, jouer de la musique, s’échanger des livres… Les citoyens se sont réappropriés les lieux, pacifiquement, mais restent mobilisés.

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    photo (c) Volkan Cagali / Greenpeace

    Greenpeace Turquie mobilisée pour soutenir les manifestants et défendre la liberté d’expression
    La promotion de la paix, les principes de non-violence et de solidarité internationale sont des valeurs fondamentales de Greenpeace. Et lorsque les droits à la liberté d’expression et de manifestation pacifique sont en danger, ce sont nos outils de travail qui sont menacés…

    Les bureaux de Greenpeace à Istanbul se situent sur l’avenue principale qui mène à la place Taksim. Dès le départ, nous avons soutenu la mobilisation et ouvert nos portes aux personnes blessées. Nos locaux ont été transformés en infirmerie pour apporter les premiers soins à ceux qui en avaient besoin. Au plus fort de la répression policière samedi dernier, une grenade lacrymogène a été lancée en direction de la fenêtre de nos bureaux turcs. Elle a par chance atterri sur le toit.

    Notre personnel présent sur place témoigne de la solidarité des employés, des bénévoles et activistes, mais aussi de nombreux inconnus qui, ayant entendu parler de l’initiative de Greenpeace, se sont présentés spontanément à nos locaux avec des médicaments ou de la nourriture pour nous prêter mais forte… C’est cette image-là de solidarité que nos collègues turcs souhaitent que l’on retienne du mouvement.

    Et maintenant ?
    Le mouvement de contestation pour protéger le parc et défendre le droit à la liberté d’expression arrive désormais à une étape décisive. Ce qui se passera les prochains jours sera un test grandeur nature pour la Turquie. Les choix qu’elle fera en matière de développement et de protection de l’environnement seront décisifs. Le pays devra choisir entre écouter la voix de quelques promoteurs immobiliers ou celle de millions de citoyens, entre privilégier les intérêts commerciaux ou l’intérêt commun …Un choix qui, malheureusement, trouve un écho familier dans de nombreux pays et ne peut que nous appeler à redoubler de solidarité.

  • Un monde plus dangereux pour les réfugiés et les migrants

     

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    Le rapport annuel d’Amnesty International offre sur 400 pages un large panorama des violations des droits humains perpétrées en 2012 dans 159 pays et territoires.

    Les droits de millions de personnes qui ont fui les conflits et les persécutions, ou qui ont quitté leur pays en quête de travail et d'une vie meilleure sont bafoués. Partout dans le monde, les États se montrent davantage désireux de protéger leurs frontières nationales que les droits de leurs citoyens et ceux des hommes et des femmes qui viennent chercher refuge ou de meilleures chances chez eux.

    La communauté internationale a été le témoin en 2012 de toute une série de crises des droits 2-7467-3034-2.jpghumains qui a contraint nombre de personnes à quitter leur foyer pour chercher refuge ailleurs, sur le territoire de leur pays ou au-delà des frontières. De la Corée du Nord au Mali, du Soudan à la République démocratique du Congo, des hommes, des femmes et des enfants sont partis de chez eux dans l'espoir de trouver la sécurité.

    Pour le peuple syrien, 2012 a été une nouvelle année de perdue, une année où la situation n'a guère changé – à l'exception du nombre sans cesse croissant de vies perdues ou brisées par un conflit qui a déjà jeté des millions de personnes hors de chez elles. Le monde est resté les bras croisés alors que l'armée et les forces de sécurité syriennes continuaient de mener des attaques aveugles ou ciblées contre les civils, et de soumettre à des disparitions forcées, d'arrêter arbitrairement, de torturer et d'exécuter sommairement les opposants supposés, tandis que des groupes armés poursuivaient de leur côté les prises d'otages et, dans une moindre mesure, les exécutions sommaires et les actes de torture.

    Pour bloquer toute initiative internationale sur des crises telles que la situation en Syrie, certains ont brandi le prétexte que les droits humains relèvent des « affaires intérieures » d'un pays. Le Conseil de sécurité des Nations unies, chargé de la sécurité et de la gouvernance mondiale, ne produit toujours pas d’action politique concertée et unifiée.

    Les réfugiés qui réussissent à gagner un autre pays pour y chercher asile se retrouvent souvent – au propre et au figuré – dans le même bateau que des migrants qui quittent leur pays en quête d'une vie meilleure pour eux et pour leur famille. Laissés-pour-compte des politiques et des lois inefficaces, beaucoup se retrouvent contraints de vivre en marge de la société et sont directement visés par les discours populistes et nationalistes qui attisent la xénophobie et accentuent le risque de violences à leur encontre. Les droits fondamentaux d'un grand nombre des 214 millions de migrants de par le monde ne sont pas protégés, ni par leur pays d'origine ni par leur pays d'accueil.

  • Argentine : Videla, le général des ténèbres.

    Un important fragment du mal a quitté ce monde où le mal est omniprésent. Que Videla meure aujourd’hui, ce n’est pas grave. Tout le mal qu’il voulait faire, il l’a fait.

    Tous les êtres humains qu’il a voulu tuer, il les a tués. Peu lui ont échappé. Qu’il meure jugé, emprisonné, vilipendé, c’est important. Qu’il meure en étant un symbole de la mort, l’est aussi. Qu’il meure en affirmant ses sombres convictions révèle de la cohérence, mais une cohérence qui, chez lui, n’est pas la rigueur morale que nous admirons souvent chez les autres, ce n’est que la persistance de la nuit dans son être, de la mort qui le constitue dans son noyau le plus profond. Jusqu’à faire peur du fait qu’il meure : sa mort le met à la Une des informations, et lui et ceux qui, comme lui, les assassins et aussi ceux qui veulent la mort de l’autre, occupent le centre des choses, s’ils font la première page des nouvelles, s’ils deviennent d’ obscures étoiles du vertige informatif, ils effrayent. Nous ne les voulons pas là. Ici, nous voulons ceux qui optent pour la vie, le dialogue, la vraie politique, se voir dans le visage de l’Autre, pour avoir besoin que l’Autre vive pour me compléter, parce que c’est de l’altérité que j’ai besoin pour être moi, parce que celui qui souhaite partager l’espace de la démocratie, ici même, nous voulons ceux qui le veulent de cette façon et ne voudraient pas en être autrement au prix de se trahir gravement.

    videla-400x304.jpgVidela ne s’est jamais trahi. Sec, maigre, raide comme un cadavre vivant, consommée par la haine qui le fait maigrir au prix de lui rendre les forces de la dévastation, il fut toujours le même. Toujours pareil dans sa passion thanatique. Parce qu’il était cela : un être passionnel. Constitué par la passion de tuer les autres. La terreur était son idée de l’ordre. Les cimetières, son idée du silence. Torturer, sa façon d’écouter les autres. Il a parlé, lui, peu. Ses oreilles étaient ouvertes aux mots aux paroles qui contenaient de l’information, celles qui lui venaient des groupes de renseignement qui avaient leur place dans les camps de la mort. Ses oreilles étaient fermées à l’appel de ceux qui demandaient pour leurs proches. Pourquoi les ouvrir ? Pourquoi entendre des paroles d’êtres ayant accouché de subversifs ?

    Il ne mérite même pas l’effort de cette page. Moins encore si l’on est déterminé à bien l’écrire. Trouver une bonne prose lors de l’écriture sur Videla est presque honteux. Theodor Adorno, en 1969, écrivait :« L’auteur a été incapable de donner la touche finale à la rédaction de l’article sur Auschwitz, il a dû se limiter à la correction des défauts les plus grossiers de l’expression. Lorsque nous parlons de « l’horreur » par la mort terrible, nous avons honte de la façon dont (…) Impossible de bien écrire, littéralement parlant, d’Auschwitz, nous devons renoncer au raffinement si nous restons fidèles à nos pulsions, mais, avec cette démission, nous sommes encore coincés dans l’engrenage de l’involution générale ». Que ne nous quitte aussi notre amour pour la beauté des mots. Nous voulons que ces mots aient aujourd’hui plus de puissance et de rigueur que jamais pour dire qu’il fut et -pire encore- qui il restera. Il a tué sans justice. Même avec elle c’est condamnable. Le problème central de la philosophie n’est pas, comme le disait Albert Camus, en s’approchant de la réponse – le suicide. En d’autres termes, de décider si oui ou non la vie mérite d’être vécue. La question centrale est de savoir s’il faut ou il ne faut pas tuer. Ce problème, pour Videla, n’a même pas existé. Il ne s’est jamais posé cette question. Vous devez tuer. « Mourront tous ceux qui doivent mourir », a-t-il dit. Mais même dans les Etats où la peine de mort s’applique, on juge avant ceux dont on décide ensuite s’ils sont coupables ou non. Avant ce jugement, tous sont innocents. Parce que non seulement il faut rappeler que toute vie humaine est sacrée. Également il faut se rappeler que toute vie humaine est innocente jusqu’à preuve du contraire par un tribunal, par une justice. Videla a tué des innocents. Il croyait dans l’incapacité de la justice. L’incommodité de la légalité. Il comprenait pas, ne pouvait pas comprendre, ne voulait pas le faire, que cet incommodité est le seul moyen de construire un ordre social qui ne repose pas sur la mort. La légalité – dit un journaliste au colonel Mathieu dans La Bataille d’Alger- est toujours mal à l’aise. Dire -comme le disent ceux qui cherchent atténuer les meurtres ou peut-être pardonner ou justifier- d’avoir tué des coupables parce qu’on a tué des gens qui ont combattu les armes à la main, les gens qui « ont tué dans l’action” est une banalité- et un acte de mauvaise foi. La plupart des « combats » ont été truqués. Ces combattants présumés -presque tous massacrés, outrés dans les camps de la mort – étaient déjà morts. Bien que la presse de ces années –en utilisant même pour titres sensationnels.

    Ainsi fut Videla. Qui restera ? Nous ne pouvons pas le savoir. Cela dépend des aléas de l’histoire. Cela dépend de tous ceux qui aiment et respectent la vie dans ce pays. Cela dépend de notre force et notre conviction pour empêcher son retour. Pour ceux qui disent méchamment : « Vous verrez quand la rue tournera ». Ceux-ci, le veulent à nouveau. Je crois, cependant, que pour tous ceux qui vivons sous son règne des cimetières, il ne mourra jamais. Videla est le tréfonds même de notre peur. La terreur secrète que nous portons tous en nous. C’est notre idée parfaite du mal. De l’absence ou du mépris de Dieu. Ou, pire, de sa complicité avec ce mal. Ce noyau interne de la terreur qu’il nous a laissée en nous, nous dit tous les jours qu’il reviendra. Que le mal est l’essence la plus déterminante de ce monde et puis que lui qui était le mal, reviendra, d’une façon ou d’une autre. Quelqu’un apparaîtra encore une autre fois pour être Videla. Mais il-y-a dans nous et dans beaucoup d’autres un autre noyau, et ce noyau est notre amour pour la vie et pour la justice et pour des causes justes. Ce noyau, qui croît chaque jour en nous et va continuer à croître, permettra d’éviter ce retour tant indésirable, qui n’est pas seulement la perverse essence de toutes les perversions, mais aussi du mal, de la mort.

    José Pablo Feinmann pour gina 12.

    Página 12 . Buenos Aires, le 18 mai 2013.

    Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi

    El Correo. Paris, le 18 mai 2013.

     

  • La Polynesie, c'est la France

    Pratiquement 60 ans après le célèbre "L'Algérie, c'est la France" de François Mitterrand (voir la video), les mêmes réflexes coloniaux réapparaissent dans les réactions officielles à une résolution de l'ONU sur la Polynésie.


    La résolution des Nations-Unies place la France dans une position délicate. Elle prend clairement partie pour l'autodéterminaation de la Polynésie :

    "La troisième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement se tiendra du 1er au 4 septembre 2014, a décidé aujourd’hui l’Assemblée générale.  Elle a aussi affirmé « le droit inaliénable de la population de la Polynésie française à l’autodétermination et à l’indépendance » et reconnu que « la Polynésie française reste un territoire non autonome au sens de la Charte », ce qui la replace à l’ordre du jour du Comité spécial de la décolonisation (Comité des 24).

    (...)

    La Polynésie française rejoint ainsi sur la « Liste des territoires non autonomes » Anguilla, lesONU-320x240.jpg Bermudes, Gibraltar, Guam, les Îles Caïmanes, les Îles Falklands/Malvinas, Montserrat, les Pitcairn, les Îles Vierges américaines, les Îles Vierges britanniques, le Sahara occidental, Sainte-Hélène, les Samoa américaines, la Nouvelle-Calédonie, Tokélaou et lesÎles Turques et Caïques.

    (...)

    Le représentant de l’Argentine a salué le retour de la Polynésie française sur la liste des territoires à décoloniser car, comme l’a rappelé le représentant des Îles Salomon, la Polynésie française avait été inscrite en 1946 sur la liste des Nations Unies, en même temps que la Nouvelle-Calédonie, mais en avait « curieusement » disparu en 1963, et ce, sans l’aval de l’Assemblée générale.


    Le ministère français des Affaires étrangères publie aussitôt un communiqué qui déclare "Cette résolution est donc une ingérence flagrante, une absence complète de respect pour les choix démocratiques des Polynésiens, un détournement des objectifs que les Nations unies se sont fixés en matière de décolonisation."

    Le communiqué du ministère des Affaires étrangères est pour le moins curieux.

    Il parle d'une ingérence, alors qu'il existe bien un comité spécial de  la décolonisation au sein des Nations-Unies. Comment s'occuper de cette question sans "s'ingérer" dans les affaires de la puissance coloniale. L'argument basique utilisé par nombre de colonisateurs ("c'est chez nous, laissez-nous faire")ne tient pas face au droit international et à l'histoire.

    photo-1203810738400-1-0.jpgLa référence aux choix démocratiques ne manque pas de piquant non plus. Gaston Flosse vient d'être élu président de la Polynésie. Ce jeune homme de 81 ans est un grand ami de Chirac et il a été condamné à plusieurs reprises, puis amnistié (voir sa biographie).

    Comme référence démocratique on peu difficilement faire pire, d'autant qu'il a fait de la Polynésie un pays qui ne survit que grâce à l'aide de la métropole dans un système paternaliste et clientéliste.

    Faut-il aussi rappeler que "l'outil de développement" essentiel amené par la France a été le centre d'essais nucléaires. Les Polynésiens en gardent comme principale conséquence de problèmes graves de santé qui touchent de nombreux habitants.

    Bien entendu la situation dans l'Algérie de 1954 était bien différente de celle de la Polynésie d'aujourd'hui. Il semble pourtant que la position de la France sur la décolonisation ait peu évolué depuis lors, malgré l'accession à l'indépendance de nombreuses (ex) colonies.

  • Produits des colonies israéliennes, la France se prononce pour l’étiquetage mais s’abrite derrière l’UE

    Communiqué de la plateforme des ONG françaises pour la Palestine

     

    Paris, le 23/04/2013

    Dans une lettre adressée le 11 avril à Mme Catherine Ashton, 13 pays européens, dont la France, demandent l’étiquetage des produits des colonies israéliennes. La Plateforme des ONG françaises pour la Palestine se félicite de cette prise de position mais rappelle que la France peut, comme la Grande Bretagne en 2009, prendre cette décision de manière indépendante.

    La France s’est jointe à 12 pays pour demander à la Haute Représentante de l’Union pour les Affaires étrangères que « nos consommateurs ne soient pas trompés par de fausses informations et d’être en cohérence avec une politique constante de l’UE concernant les colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés ». Cette prise de position est un développement important pour le respect des droits des Palestiniens et dans le sens d’une politique européenne plus en cohérence avec ses propres déclarations : au-delà de la dénonciation répétée de l’illégalité des colonies israéliennes en territoire palestinien occupé, des mesures concrètes peuvent être mises en place par l’Union européenne et ses Etats membres.

    Au niveau européen, l’étiquetage des produits des colonies nécessitera toutefois un long processus oxfam-vallee-jourdain070712.jpglégislatif. Par ailleurs, les 13 pays qui ont interpellé Catherine Ashton n’indiquent pas la portée que devra avoir cet étiquetage, ni le type de produits concernés. Il est certain que tous les produits issus des colonies devront être étiquetés, pas seulement les produits alimentaires et cosmétiques. La France, comme l’a fait la Grande Bretagne en 2009, peut agir de manière indépendante en proposant aux grandes enseignes françaises une directive demandant l’étiquetage différencié. C’est le sens de la campagne engagée par la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine en direction des parlementaires français.

    L’étiquetage différencié ne représente pas la seule mesure possible. Les gouvernements européens devraient interdire l’importation de produits des colonies, qui est une mesure légitime. Nos gouvernements, dont le gouvernement français, ont des devoirs au regard du droit international, notamment celui de ne pas reconnaitre une situation illégale ou de ne pas participer au maintien de cette situation.

  • Les années Thatcher pèsent encore

    Article repris du "Monde Diplomatique"

    Née en 1925, Margaret Thatcher est morte lundi 8 avril. Elle est arrivée à la tête du Royaume-Uni en mai 1979, après la faillite de la politique travailliste. Grande admiratrice du président américain Ronald Reagan et ardente défenseuse du dictateur chilien Augusto Pinochet, elle a mené une politique ultralibérale dans son pays et a milité pour son extension en Europe.

    L’histoire retiendra son entreprise de démolition des syndicats — notamment avec la grande grève des mineurs en 1984-1985 —, la vague de privatisations et de suppression des aides sociales, son attaque en règle du système de santé, sa répression féroce à l’encontre des militants républicains irlandais — et la mort de Bobby Sands en prison après une grève de la faim.

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  • Pour que cette fois l’histoire ne se répète pas ! No Pasaran !

    Un article signé, Yorgos Mitralias (photo ci-dessous), militant grec du CADTM (Comité pour l'annulation de la dette du tiers monde).

    Une chose que les Européens ont eu le temps de bien apprendre est que ni la crise, ni les tragédies 13_llorgos_v.jpgsociales qui l’accompagnent ne sont spécifiquement grecques. Et malheureusement, tout indique déjà qu’une autre chose qu’ils auront tout le temps d’apprendre est que l’Aube Dorée néo-nazie n’est pas l’apanage des seuls Grecs. Pas de doute, une telle affirmation sera accueillie par certains avec beaucoup de scepticisme : « Chez nous, ni nos traditions, ni notre culture, ni notre tempérament ne permettront jamais de tels phénomènes ». C’est exactement ce que tous les Grecs –même les plus avertis des gens de gauche- disaient il y a seulement neuf mois quand un ou deux « fous » à l’imagination débordante les avertissaient que la peste brune était en train d’envahir leur société. D’ailleurs, rien d’original. C’est comme si l’histoire –celle de l’entre-deux guerres- se répétait : Vraiment, qui aurait pu imaginer que « les traditions », « la culture » ou « le tempérament » des Italiens ou des Allemands auraient permis la naissance et la montée au pouvoir du fascisme et du nazisme ?...

     

    Alors, soyons pour une fois sérieux. Et regardons un peu autour de nous dans cette Europe qui ressemble de plus en plus à un immense champ de ruines sociales. Ce n’est pas seulement qu’on voit l’Aube Dorée grecque faire des émules surtout en Europe centrale et de l’est (Hongrie, Roumanie, Bulgarie, Serbie, Russie…). C’est aussi qu’on assiste à la banalisation galopante du racisme le plus violent, de l’antisémitisme, de l’islamophobie, à la banalisation de la haine pogromiste contre les immigrés, les différents. C’est qu’en un temps record entrent en crise terminale ( ?) ou même disparaissent les partis qui monopolisaient jusqu’à hier le pouvoir dans presque tous nos pays. C’est que la crise, le chômage, l’insécurité et la misère deviennent la règle et poussent les populations à la recherche désespérée des solutions ou des Messies qu’elles trouvent presque toujours aux deux extrémités de l’échiquier politique. Exactement, comme aux années 30…

    arton9016-4e616.jpgMêmes causes, mêmes effets, mêmes complicités et mêmes intérêts. On pourrait même dire… même aveuglement des puissants, de nos gouvernants européens qui jouent –pour la énième fois ( !)- aux apprentis sorciers, couvant dans leur sein l’œuf du serpent brun. Qui a dit que ceux d’en haut ont bien appris les leçons du XXème siècle ? Qu’ils ont exorcisé pour toujours les démons de l’entre-deux-guerres ? Si on leur faisait confiance, l’histoire serait un perpétuel recommencement…

    Et pourtant, il ne faut pas que cette histoire cauchemardesque se répète car, cette fois, il y va de nos droits, de nos libertés, de notre dignité humaine, de nos vies. En Grèce, il est peut être déjà tard puisque le serpent est déjà sorti de son œuf et se ballade dans les rues terrorisant les citoyens qui continuent à ne pas croire à leurs yeux. Mais, au reste de l’Europe ? En Italie, en France, en Espagne ? Une chose est désormais sûre : il faut faire vite avant qu’il ne soit tard comme –peut être- il est en Grèce. Faire vite… et faire tous ensemble. Car il n’y a pas de salut à l’intérieur de nos frontières nationales. Face à la banalisation de la barbarie et à la résurrection de la peste brune, nous ne pouvons pas nous permettre de répéter les erreurs du passé. Unis par delà les frontières mais aussi par delà nos divisions, nous pouvons renverser la tendance et réhabiliter la solidarité, la fraternité, la liberté, l’égalité, ces quelques valeurs « démodées » qui font pourtant honneur à l’humanité. Sans oublier que, finalement, tout va se jouer dans les rues et les places, aux côtés des plus faibles et vulnérables que nous devons protéger coûte que coûte.

    L’accueil réservé presque partout en Europe au Manifeste Antifasciste Européen (http://antifascismeuropa.org/) prouve que la perspective de la création d’un mouvement antifasciste européen n’est pas du tout irréaliste ou utopique. C’est du solide parce qu’elle correspond à une nécessité de plus en plus ressentie par les habitants de ce continent. D’Athènes à Madrid, c’est alors à nous tous de prouver en actes que cette fois… NO PASARAN !