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société - Page 322

  • Intervention de Pierre Tartakowsky lors du 37e congrès de la FNDIRP

    À l’occasion du 37e congrès de la FNDIRP (Fédération nationale des déportés et internés, résistants et patriotes), le président de la LDH a pris la parole.


    « Vous me permettrez tout d’abord, et avant même de partager avec vous quelques réflexions sur la période, de vous dire mon émotion et ma gratitude. Emotion, car la FNDIRP est l’association de celles et ceux pour qui les droits de l’Homme, la devise républicaine, l’universalité de la dignité humaine, n’ontimages?q=tbn:ANd9GcStLyc51VCFb2j6vhdQQfnT4awwo6YENHcXj-1zQkt4RDbVHVYl pas été que de simples idées à débattre mais des valeurs pour lesquelles il valait de se battre, de souffrir et souvent, de mourir.

    Gratitude parce qu’elle conjugue ces valeurs au présent dans des débats et des luttes où nous nous retrouvons au coude à coude, qu’il s’agisse de notre condamnation de la peine de mort et de la torture, de la solidarité avec les peuples en lutte pour leurs droits, de notre refus intransigeant de toute xénophobie, tout racisme, tout antisémitisme, de toutes discriminations qu’elles soient de nature sexuelle ou de genre, ethniques, sociales, territoriales.

    A l’émotion et la gratitude s’ajoute la fierté. En effet, nos deux associations partagent une conception active, militante de leur activité ; loin de toute posture contemplative, la FNDIRP et la Ligue des droits de l’Homme pratiquent leur citoyenneté sur un mode de conviction et d’engagement. C’est d’ailleurs ce qui les a amenées à se retrouver partenaires du même Pacte pour les droits et la citoyenneté, Pacte que nous avons porté dans le débat public qui a accompagné l’enjeu présidentiel et qui inspire notre démarche pour nous inscrire dans un travail de réhabilitation des valeurs de la République.

    Car elles ont souffert et beaucoup perdu, sinon de leur valeur intrinsèque, du moins de leur effectivité, singulièrement sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Certes l’ancien président n’est pas la seule et unique cause de nos maux. L’actualité européenne en fait hélas la démonstration : la montée de l’extrême droite xénophobe et autoritaire en Europe, les tentations de repli national, la crise de l’euro - qui est aussi une crise de l’Europe et d’une démocratie évaluée à l’aune de la règle d’or – dont l’or est d’ailleurs la seule règle. Tout cela montre bien que nous sommes confrontés à des tendances lourdes et loin d’être exclusivement hexagonales.

    Dans le monde d’aujourd’hui, les enjeux sont indivisiblement nationaux et européens : il s’agit donc à la fois de peser sur le « post-2012 » en France et sur le « pré-2014 » dans l’Union européenne avec des élections européennes de 2014 sans doute décisives pour l’avenir de l’Union.

    Ne nous dissimulons pas que cette période – souvent comparée aux années trente – porte des périls lourds : la crise économique – résultante d’un ensemble de crises systémiques enracinées dans une dévaluation structurelle du travail –, les logiques de concurrence exacerbées entre les peuples, l’ampleur des sacrifices demandés à ces peuples sans qu’il soit jamais réellement question de justice, de redistribution, de mise en cause des privilèges. Tout ceci pousse à des mises en œuvre politiques très éloignées des valeurs démocratiques. Ici, certains considèrent que le peuple fait problème ; là, on privilégie artificiellement « l’expertise » sur le débat, supposé chronophage et stérile ; ailleurs, on exalte les vertus de la tradition autoritaire sur le « désordre démocratique ».

    A sa façon bien à lui, Nicolas Sarkozy a incarné, sur un mode particulièrement agité, ces périls. Il serait vain de se perdre dans une énumération – par définition sans fin – des agressions verbales et législatives de notre précédent gouvernement. Mais il n’est pas inutile de tirer un bilan des dégâts, ne serait-ce que pour prendre la juste mesure de ce qu’il s’agit aujourd’hui de construire.

    images?q=tbn:ANd9GcSC1U5SY1pOpkE37D42Muktj6vsj7pYzVthIwnUkAZSsW0GrMtmD’une certaine façon, sous couvert de volontarisme affiché, ce gouvernement aura largement contribué à nourrir le discrédit du politique et du débat. Il y a eu bien sûr ces liaisons sulfureuses et ostentatoires avec le monde de l’argent, ces scandales opaques structurés autour des ventes d’armes, le soutien décomplexé aux dictatures méditerranéennes. Il y a eu aussi, érigé en credo, cette affirmation permanente que chaque problème avait une cause et qu’il suffisait d’éliminer cette cause pour régler le problème. Ce simplisme revendiqué, véritable déconstruction de la complexité démocratique, a construit un paradigme destructeur du « eux » et « nous ».

    Ainsi s’est élaboré sous nos yeux le projet d’une société d’individus, en voie de désaffiliation et voués à marchander en permanence leurs droits fondamentaux contre des « devoirs » commodément substitués à la notion de responsabilité collective et individuelle.

    Ce cadre de pensée avait une fonction. Convaincre l’opinion publique que le gouvernement travaillait à protéger les Français et le pays, à apaiser leurs peurs. Il procédait d’un calcul : faire oublier, en mettant en avant les fonctions régaliennes de l’Etat, sa politique économique et sociale, toutes deux frappées du sceau des injustices et d’inégalités croissantes. Et qu’à défaut d’assurer l’égalité d’accès à des services publics rénovés et efficaces, qu’à défaut de faire pièce aux prédateurs des marchés financiers, qu’à défaut d’assurer la sûreté de chacun et les libertés de tous, il était particulièrement réactif dans le domaine de la répression policière et judiciaire. Bref, qu’à défaut d’être social, il savait être sécuritaire.

    Ainsi, là où la République a pour mission de rassembler, l’ex-président a prôné l’élimination. Ici, au karcher, là avec sa honteuse politique du chiffre ; ici en encourageant la rétention de sûreté, là en orchestrant de toute pièce un débat sur l’identité nationale. Là où la République promet l’égalité, l’ex-président a discriminé pour mieux stigmatiser ; avec son trop fameux discours de Grenoble ; en désignant des populations entières à la vindicte : Roms, Comoriens, musulmans ou supposés tels au vu de leur « apparence ». Là où la République s’affirme fraternelle, l’ex-gouvernement a organisé la chasse à ces dangereux fraudeurs que sont les faux malades, les faux chômeurs, les faux Français…

    Au fil des confrontations et des luttes, des descentes de police et des mises en rétention d’enfants en bas âge, face à l’accumulation des fichiers, des peines planchers et des scandales, un mot d’ordre est remonté des profondeurs de la mémoire partagé de notre peuple, un mot d’ordre à la fois terrible et enthousiasmant. Si le mot de « résistance » s’est imposé dans les rues et les rassemblements, singulièrement chez les plus jeunes, c’est qu’il faisait référence à un engagement éthique, pour la liberté, pour l’humanité et qui avait su porter le programme de gouvernement d’une société construite sur la solidarité.

    Ces résistances donc, ont trouvé leur point de convergence dans la défaite électorale de la droite à la présidentielle. Il s’agit aujourd’hui de les conjuguer au présent face à des défis nouveaux mais qui renvoient fondamentalement aux mêmes enjeux du vivre ensemble. Il s’agit tout à la fois de protéger et de se placer en situation de construire. Nous le faisons dans des conditions très difficiles.

    On sait que les thématiques rampantes du sarkozysme se sont muées en paradigme dans la dernière ligne droite de la campagne présidentielle ; la viande hallal, la burqa, le péril islamique et l’instrumentalisation de la laïcité, le droit de vote des étrangers, agité comme épouvantail, ont été, toute honte bue, appelés à la rescousse d’une droite qui refusait d’assumer son bilan et qui, pour gagner était prête à tout. Ce qui nous a valu, en cadeau de départ en quelque sorte, à la mise en compatibilité de Marine Le Pen avec les valeurs de la République, et l’hégémonie intellectuelle de cette formation sur la droite. Le bilan de cette séquence est que nous héritons d’une situation à la fois extrêmement dégradée au plan des idées et extrêmement tendue au plan politique. Une situation qui nous enjoint, au risque du pire, de mobiliser toutes nos forces pour restaurer l’idéal républicain, dans sa dimension de liberté, de fraternité et de progrès social, pour passer de l’alternance à la construction d’alternatives.

    Ni la FNDIRP, ni la LDH ne sont à cet égard des voyageurs sans bagages, ce dont témoignent les propositions qu’elles ont toutes deux inscrites au Pacte citoyen pour les droits et la citoyenneté. Au-delà de ces éléments concrets, illustratifs de valeurs, comment pouvons nous jouer un rôle et peser sur les processus en cours ? Cela passe avant tout par la réaffirmation de valeurs fondatrices.

    Il nous faut, ensemble :
    - réhabiliter la notion de droits fondamentaux comme fondement même du vivre ensemble, face à l’équation en faux semblant symétrique des « devoirs » et comme fondement d’une société de solidarité ;
    - réhabiliter la notion d’intérêt général, sans laquelle il n’est pas possible de penser une éthique d’engagement politique. La notion renvoie à une mécanique subtile de tensions, de conflits, de débats et d’arbitrages multiples, à un nouvel ordre public social respectueux du dialogue social et du dialogue civil ;
    - réaffirmer la primauté des valeurs démocratique sur les valeurs boursières.

    Plus concrètement, et parce que l’aspiration démocratique, avec son corollaire, l’égalité, est aujourd’hui le pivot sur lequel il nous semble possible d’articuler ces valeurs à des engagements concrets, nous entendons réaffirmer plusieurs enjeux de citoyenneté. On pense plus particulièrement au droit de vote et d’éligibilité des résidents étrangers non européens ; à l’exigence de mettre fin partout au cumul des mandats, au cumul des fonctions, aux conflits d’intérêts. A faire coïncider davantage les lieux de représentation avec les réalités démographiques, économiques et sociales ; à faire élire les conseils intercommunaux au suffrage direct, à redéfinir le corps électoral du Sénat selon la règle « un homme, une voix », à inscrire de la proportionnelle dans les mécanismes de représentation, à penser un statut de l’élu, à penser des nouvelles garanties face aux nouvelles technologies, à garantir enfin l’égalité des droits des citoyens face à la justice, à la fiscalité, l’éducation et la santé, face aux disparités territoriales…

    Ces objectifs, nous entendons les porter et les faire vivre dans le débat public dès la rentrée politique et sociale de l’automne, même s’ils ne résument évidemment pas tous les combats de la LDH. Notre conviction est que la société civile a plus que jamais son mot à dire. La démarche qui nous avait conduit à proposer à cinquante associations et organisations syndicales de se regrouper sur des valeurs et des propositions concrètes reste donc bien d’actualité. Cette conviction, il nous revient de la faire vivre dans nos rencontres, dans nos propositions, dans nos engagements. Comme le proposait Jean Jaurès, il s’agit bien de « finir la République », qui n’est jamais réellement elle-même que lorsqu’elle est effectivement égale, libre, sociale et fraternelle. »

  • Zone communautaire de Vouziers : les travaux avancent

    La 2C2A aménage une zone à vocation industrielle et commerciale en prolongement de celle existante à Vouziers.

    L'achèvement des travaux est programmé pour l'automne 2012, si tout va bien. Depuis plusieurs mois les engins de chantier tracent les voies de circulation et installent les réseaux.

    Cette zone a été nommée "porte d'Argonne" et s'étend sur 25 ha. Des entreprises du secteur, dont le centre Leclerc, ont ZAC-plan-vente-tarifs.jpgmontré de l'intérêt pour acheter des terrains . Le prix varie en fonction de l'éloignement de l'axe principal de circulation.

    Il semble que le financement du rond-point, qui doit se situer à l'intersection de la route de Sainte-Marie, soit encore en négociation avec le département.

    Rappelons que la ville de Vouziers a financé les réseaux nécessaires en dehors du périmètre de la zone (raccordement aux réseaux de la ville rue Gambetta, en passant par la route de Sainte-Marie). En contre-partie la 2C2A devrait prendre à sa charge le financement de la rénovation de la voie communale, entre Leclerc et le rond-point à créer .

    Quand au terrain pour les gens du voyage, il est en périphérie de la zone, rectangle vert à gauche du bassin pour les eaux pluviales sur le plan ci-dessus. Ce terrain est donc déporté le plus loin possible, à la demande d'habitants de Vouziers. La concertation n'a pas fonctionné dans l'autre sens, puisque les gens du voyage n'ont pas été partie prenante du projet. Ceux qui stationnent sur la zone en travaux ne savent où ils pourrront s'installer dans les prochains jours. Gageons que les élus et autres responsables du plan départemental aient prévu une solution acceptable pour tous.


    2c2,vouziers, zone industrielle,gens du voyage

    La zone avec sa voie de circulation dans l'état actuel.

    (Photo L'An Vert DR)


  • Front national, l’imposture sociale

    Extrait de la lettre électronique de la LDH

     

    La « dédiabolisation » engagée par Marine Le Pen s’accompagne d’une défense des « petits », des « obscurs » et d’un monde du travail respirant bon l’effort, la virilité et la sueur. Un pseudo social et une authentique imposture.

    Il ne faut s’attacher que légèrement aux programmes du FN, tant leurs propositions, leur cohérence, sont opportunistes. Tout y voisine avec son contraire, l’essentiel étant de plaire au plus grand nombre. Ainsi quelques mois après avoir fustigé les organisations syndicales et traité d’émeutiers les manifestants qui contestaient la réforme gouvernementale des retraites, Marine Le Pen défend avec véhémence les retraites, l’emploi, le pouvoir d’achat et proteste contre le chômage, la détresse sociale. Elle met en avant une panacée protectionniste avec taxation aux frontières, la taxation des stock-options et la restauration des frontières face à la mondialisation. La défense du travail est donc toujours alignée sur une grille de lecture xénophobe. L’ennemi - immigré profiteur, musulman intégriste, américain impérialiste, eurocrate- a toujours une figure d’étranger.

    Sous un nouveau discours, l’obsession demeure essentiellement nationaliste. Loin de vouloir – comme le souhaitent les alter mondialistes - une autre conduite de la mondialisation, le Front reste fidèle à l’antienne d’un produire français, avec des Français, dans des entreprises françaises. Le propos n’est pas de construire une France plus solidaire mais de défendre une vision qui combine à la fois libéralisme économique et autoritarisme étatique, telle qu’évoquée par Jean-Richard Sulze, économiste et conseiller régional FN dans le Nord-Pas-de-Calais : « liberté du commerce et de l’industrie à l’intérieur du pays, garantie par un Etat gendarme, qui lui-même sera plus protecteur vis-à-vis de l’extérieur » (revue Challenges). Cette vision régalienne forte vieille caractéristique des mouvements fascisants, s’accommode d’un discours de défense des services publics, pourtant traditionnellement fntravail.jpgdénoncés, comme d’ailleurs les fonctionnaires, comme budgétivores. Elle instrumentalise de même la République et la laïcité, au service de campagnes « anti musulmanes ». Un amalgame de xénophobie, d’immigration, d’insécurité et d’islamisme qui permet à Marine Le Pen de déclarer en février 2011, que « l’élection présidentielle de 2012 sera un vote de civilisation plus qu’un simple choix politique ». Cette conversion récente au républicanisme permet de fait, avec le « patriotisme économique », d’évacuer les contradictions de classe au profit d’un « ni droite ni gauche », pour se recentrer sur la Nation agressée par une « civilisation ennemie »…

    Au plan économique, cette obsession xénophobe se traduit par trois thématiques : sortie de l’euro, protectionnisme accru, préférence nationale. Autant dire que la cause profonde des difficultés économiques, la dévalorisation constante du travail au profit des détenteurs de capitaux, est purement évacuée. Précarité, bas salaires, inégalités de tous ordres sont donc attribués à des facteurs exogènes dont il suffirait de se débarrasser pour renouer avec un marché national véritable âge d’or. Ces propositions ne feraient qu’en alourdir le poids sur les épaules des travailleurs. La sortie de l’euro au bénéfice d’un franc dévalué afin de regagner des marges économiques ? Une telle « dévaluation compétitive », supposée améliorer la « compétitivité-prix » des produits français entrainerait en fait une cascade d’effets pervers. Le premier étant de dévaluer la valeur de la force de travail. Il faut se souvenir que les dévaluations successives des années antérieures à l’introduction de l’euro n’ont jamais empêché le chômage d’augmenter et les employeurs de fermer telle ou telle entreprise. Elle conduirait ensuite automatiquement à une hausse des prix, obérant surtout le pouvoir d’achat des salariés, des privés d’emploi et des retraités. Une dévaluation de 20 à 25% signifie une baisse d’au moins autant du pouvoir d’achat. Enfin, le poids de la dette publique, dont les deux tiers sont détenus par les « non- résidents », c’est-à-dire par des sociétés et des individus installés juridiquement à l’étranger en serait fortement alourdi.

    Idem pour un protectionnisme accru. La mise en place de contingents d’importation et le rétablissement de droits de douane entrainerait quasi automatiquement des représailles de la part des partenaires économiques de la France. Or, les exportations comptent pour environ un quart de la production nationale. Inversement, un quart de ce que l’on consomme en France provient de l’étranger, soit pour la consommation directe des ménages, soit sous forme de matières premières et de produits intermédiaires utilisés par les entreprises. L’instauration de quotas d’importation conduirait vraisemblablement les autres pays à riposter, enclenchant un processus de pertes d’activité et de hausse des prix corrélatives à l’instauration des droits de douane.

    La « préférence nationale », enfin, constituerait une véritable catastrophe économique, sociale et démocratique. Pour le Front National, la politique d’immigration française équivaut à 40 milliards d’euros par an. Il suffirait donc de renvoyer les étrangers chez eux et de dépenser cet argent « utilement ». Indépendamment de la dimension totalement inhumaine et quasi infaisable d’une telle opération, elle est aberrante au plan économique. L’apport de l’immigration est indispensable au fonctionnement de l’économie française. Ces travailleurs ne se substituent pas aux travailleurs français ; leur « disparition » entrainerait un surcroît de tensions sur le marché de l’emploi et alimenterait le travail au noir, et donc l’immigration illégale. A quoi il faut rappeler que les travailleurs immigrés apportent plus aux caisses de l’Etat et de la Sécurité sociale qu’ils en reçoivent. Enfin, cette « chasse à l’étranger » l’histoire l’a démontré, vise toujours davantage les plus faibles, qu’ils soient ou non nationaux. Lorsqu’on vit de son travail, on finit toujours par se retrouver l’étranger de quelqu’un.

  • Le Conseil constitutionnel : une prime au harcèlement sexuel

    Communiqué LDH
    Sept hommes et deux femmes, composant le Conseil constitutionnel, viennent d’annuler les dispositions du Code pénal réprimant le harcèlement sexuel. Le délit de harcèlement sexuel énoncé par l’article 222-33 du Code Pénal n’aurait pas été suffisamment défini pour satisfaire aux règles d’incrimination en droit pénal.

    On aurait souhaité que le Conseil constitutionnel fasse preuve de la même exigence en d’autres domaines, harcelementsex.jpgcomme la définition de l’association de malfaiteurs, l’incrimination de crimes ou délits en bande organisée, etc.

    Aux yeux du Conseil constitutionnel, il semble donc que la rigueur d’interprétation de la définition des crimes et délits varie selon leur objet.

    La LDH souhaite, d’une part qu’une telle rigueur d’interprétation prévale dans tous les cas et, d’autre part, que le législateur intervienne le plus rapidement possible afin de rétablir ce texte dans une nouvelle rédaction. Cette disposition avait, en effet, permis de révéler le sort de nombreuses femmes, victimes souvent silencieuses de pratiques et d’agissements présentés comme normaux alors qu’ils ne sont que l’expression d’une violence faite aux femmes.

    Paris, le 4 mai 2012

  • Chômage : toujours en hausse (+6,4 % en un an)

    Les chiffres officiels du chômage viennent d'être publiés ce jour, et ils ne sont pas bons.

    Les ministres (Fillon, Bertrand ) continuent à se réjouir, la hausse serait moins importante qu'il y a un an.

    Les chômeurs eux se réjouissent beaucoup moins. D'autant que ces chiffres officiels comptabilisent à part ceux qui sont en contrat aidé, ou en formation obligatoire, qui sont souvent des caches-misères pour améliorer les statistiques. Pratiquement tous les économistes s'attendent à une poursuite de l'augmentation dans les mois qui viennent. Le taux de 10% devrait être atteint, car l'effet élections ne peut continuer à faire baisser artificiellement les chiffres (les contrats aidés coûtent chers à l'Etat), et la croissance, seul remède utilisé, ne sera pas miraculeuse dans les mois qui viennent.

    Voici les chiffres officiels :

    Le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en catégorie A s’établit à 2 884 500 en France métropolitaine fin mars 2012. Ce nombre est en hausse par rapport à la fin février 2012 langage-poleemploi.jpg(+0,6 %, soit +16 600). Sur un an, il croît de 7,2 %.

     

    Le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en catégories B et C s’établit à 1 424 800 en France métropolitaine fin mars 2012. En mars, le nombre de ceux de catégorie B diminue de 0,4 % (+4,7 % sur un an) et le nombre de ceux de catégorie C est en hausse de 1,9 % (+4,8 % sur un an).

     

    Au total, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en catégories A, B, C s’établit à 4 309 300 en France métropolitaine fin mars 2012 (4 582 000 en France y compris Dom). Ce nombre est en hausse de 0,7 % (+30 700) au mois de mars. Sur un an, il augmente de 6,4 %.

     

    Le nombre de personnes inscrites à Pôle emploi en catégories D et E s’établit à 611 100 en France métropolitaine fin mars 2012. En mars, le nombre d’inscrits en catégorie D est en hausse de 0,3 % et le nombre d’inscrits en catégorie E augmente de 0,4 %.

  • Battre le candidat des droites

    Communiqué LDH

    La Ligue des droits de l’Homme se félicite du haut niveau de participation au premier tour de l’élection présidentielle.

    Elle y voit la volonté du peuple français de restituer à la politique son rôle primordial, sans céder aux injonctions de se plier aux intérêts économiques.

     

    La LDH constate l’ampleur du désaveu qui frappe le Président sortant. Ce qui a été sanctionné, c’est un quinquennat au service des puissants, caractérisé par des choix aggravant les injustices sociales, légitimant la xénophobie d’Etat, multipliant les atteintes aux droits et aux libertés, enfermant les citoyens dans une société de surveillance et dans une démocratie limitée. En s’en prenant à tout-va à diverses catégories de la population, parce qu’au chômage, selon leur origine, et même selon leur religion, en désignant des boucs émissaires et en attisant les peurs et les haines, Nicolas Sarkozy a légitimé les idées du Front national, qui s’en trouve plus fort que jamais.

     

    Parce que notre pays ne peut continuer à se livrer, à lui-même, une guerre civile froide, parce que sa défaite est une étape nécessaire, il faut, le 6 mai 2012, barrer la route à Nicolas Sarkozy.

     

    Mais, infliger une défaite au candidat sortant ne suffira pas à répondre aux angoisses et aux espoirs que traduit le premier tour des élections présidentielles. Ce sera au nouveau président de la RépubliquePlacide--Sarkozy.jpg d’impulser une autre politique qui, dépassant l’alternance institutionnelle, ouvre la voie à une réelle alternative politique.

     

    Rétablir un fonctionnement démocratique des institutions en supprimant le cumul des mandats, en assurant l’indépendance de la justice et en élisant les membres du Conseil constitutionnel, ainsi que les autres Autorités indépendantes, à une majorité des deux tiers du Parlement.

     

    Bannir la xénophobie d’Etat en régularisant les sans-papiers qui étudient, vivent et travaillent ici, en ouvrant enfin un réel débat sur l’immigration, en accordant aux étrangers non européens le droit de vote et d’éligibilité aux élections locales, et faire reculer le racisme en cessant de stigmatiser des catégories entières de population en raison de leur origine ou de leur religion.

     

    Restituer aux citoyens leurs libertés en réformant profondément la justice pénale, en abolissant les lois d’exception, en rétablissant la justice des mineurs dans toute son exceptionnalité, en limitant les fichiers et leur usage à des fins proportionnées, contrôlables et à la finalité établie.

     

    Reconstruire des services publics qui soient à la disposition de tous et auxquels tous doivent avoir accès, lancer un plan d’action pour l’hébergement d’urgence et le logement social, construire une justice fiscale et sociale qui assure la progressivité de l’impôt et la redistribution des richesses.

     

    Construire une autre Europe, aux institutions démocratiques, dégagée du dogme de la concurrence, et ouverte sur le monde.

     

    La LDH, au cours des mois à venir, portera ces revendications comme autant de conditions nécessaires pour que notre société cesse de produire de l’injustice et de l’exclusion, pour que se construise l’espoir d’une société plus solidaire et plus libre.

  • Dora Levi deux fois perdue

    Paul Drouot , avait intitulé son recueil  de poésie "Eurydice deux fois perdu". Originaire de Vouziers, il a été tué lors du premier conflit mondial en 1915.

    Dans une lettre à sa mère, il écrivait :" Les puissances avaient conditionné leurs jeunes générations au massacre auquel elles les destinaient ce qui répond en partie à l'horrible question : " Pourquoi se sont-ils laissé ainsi massacrer ?"

    Il est en effet possible de conditionner les esprits, et ensuite de pousser les personnes à se comporter d'une manière tellement irrationnelle qu'elle semble impensable.

    A force de répéter que tous les problèmes viennent de "l'autre" (l'étranger, le chômeur, le manouche, le jeune, etc ...), la haine entre dans les têtes et empêche de rechercher les vraies raisons des problèmes.

    Il suffisait de lire les commentaires à un récent article de L'Union sur les gens du voyage pour se rendre compte que ce message d'intolérance et d'exclusion est bien ancré dans l'esprit de nombre de Vouzinois.

    L'extrême droite a toujours fait son beurre de ce discours raciste et réducteur. Elle est maintenant rejointe par la droite "classique" dont l'argumentaire actuel est copie conforme de celui du FN, autant par conviction que par opportunisme.

     Pour le premier tour des élections présidentielles, c'est au bureau de vote de l'école Dora Levi que Marine Le Pen fait son meilleur score à Vouziers (plus de 30% !)

    Ce score doit interroger tous les responsables politiques locaux et doit provoquer une réaction forte et prolongée. Il va falloir étudier de près les causes de ce score  et mettre en place les moyens d'y répondre.

    Dora Levi, écolière vouzinoise de 14 ans a été déportée à Auschwitz et assassinée par les Nazis parce que juive. Elle a subi ce sort en conséquence de la même logique de haine et de rejet que celle que nous vivons à nouveau aujourd'hui. Nous n'en sommes pas encore aux camps d'extermination, bien heureusement. Mais comme l'avait écrit Drouot, à force de conditionnement, tout devient possible.

    Arrêtons cette logique infernale avant qu'il ne soit à nouveau minuit dans le siècle. Dora Levi, sacrifiée sur l'autel du racisme ne doit pas voir son martyr oublié. Les 146 votants pour Le Pen au bureau de vote "Dora Levi" ne sont pas tous des Nazis fanatiques, loin de là heureusement. Mais ils sont dans une logique dont nous savons trop bien l'aboutissement possible. Il est encore temps d'inverser cette vague de haine et de faire vivre les valeurs de tolérance et de solidarité qui sont à la base d'une société telle que nous le souhaitons.

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    La silhouette de Dora Levi devant l'école qui porte son nom

    Photo l'An Vert (droits réservés)