Dans le Lot-et-Garonne, le barrage de Caussade sur le petit cours d’eau du Tolzac cristallise les tensions entre une poignée d’agriculteurs irrigants, ayant construit illégalement l’ouvrage, et des habitants soucieux de l’intérêt général. Dans les Vosges, la surexploitation de la nappe phréatique de Vittel oppose la multinationale Nestlé Waters et la population locale. Deux conflits, un même problème de taille : un partage inéquitable de l’eau, au seul profit d’intérêts privés pour une ressource aussi rare que précieuse. Décryptage de France Nature Environnement, mobilisée dans ces deux cas aux côtés de ses associations locales.
Vittel, Caussade : de l’appropriation d’une ressource commune par des intérêts privés.
Intérêts privés contre intérêt général, tel est le nerf de la guerre de l’eau menée à Vittel et sur le barrage de Caussade.
À Vittel, l’association Vosges Nature Environnement fait face, avec d’autres associations amies, au géant Nestlé Waters. La nappe phréatique de la ville présente un déficit chronique de l’ordre de 1 million de m3 d’eau dans sa partie inférieure : c’est précisément le volume de prélèvements accordé à la multinationale par le préfet des Vosges, dans cette même partie de la nappe1. Le géant de l’agroalimentaire embouteille l’eau pour l’exporter quand, pendant un temps, il a été envisagé de créer un pipeline de plusieurs dizaines de kilomètres pour alimenter en eau potable les habitants de Vittel. Si le pipeline a finalement été abandonné, l’industriel pompe toujours. Cet accaparement de la ressource est à l’origine de dangereux déséquilibres. Le renouvellement de la nappe n’est plus assuré, l’alimentation en eau potable des populations est menacée, les sécheresses futures amplifiées… des conséquences lourdes, pour un territoire pourtant naturellement bien doté en eau.
Du côté du Lot-et-Garonne, c’est la SEPANSO qui voit des intérêts privés réaliser un rapt sur l’eau, dans un territoire bien plus sec. Sur un petit cours d’eau, le Tolzac, le barrage de Caussade a été construit illégalement par et pour une poignée d’agriculteurs irrigants. Malgré plusieurs décisions de justice rappelant l’illégalité du barrage, rien n’y fait. L’État laisse les irrigants s’approprier les eaux de la rivière dont l’écoulement est désormais perturbé. Ces quelques agriculteurs avancent que ce stockage d’eau leur permettra de faire face aux sécheresses. Pourtant, les études sont catégoriques : plus l’eau est stockée, moins elle est rendue aux milieux naturels, plus les sécheresses sont graves. Le cercle vicieux, au profit d’intérêts privés, est enclenché et renforce les déséquilibres en eau déjà très présents dans le Sud-Ouest.
Au sein du mouvement France Nature Environnement, un profond sentiment d’injustice émerge face à cet accaparement d’une ressource indispensable, rare et vitale, par des intérêts purement privés au détriment de l’ensemble du monde vivant. Nous militons ainsi pour remettre l’intérêt général au cœur des usages de l’eau.
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