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politique internationale - Page 117

  • Combien de naufrages faudra-t-il pour que l’Union Européenne agisse ?

    Communiqué d'Amnesty International

    D’après le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), ce sont plus de 2 500 personnes qui ont péri ou ont disparu en tentant de franchir la Méditerranée en 2013. En raison de l’insécurité croissante et des affrontements entre les milices en Libye, principal point de départ pour l’Europe, les réfugiés et les migrants sont de plus en plus nombreux à vouloir quitter le pays.

    LES MAUVAIS CHOIX DE L'UNION EUROPÉENNE 

    Comme nous ne cessons de le rappeler, les drames qui se répètent en Méditerranée montrent à quel point la politique de l’Union européenne est inadaptée à la situation.

    Pour les dirigeants européens, la solution pour éviter les drames en Méditerranée, résiderait dans une lutte plus forte contre l’immigration irrégulière et une plus grande coopération avec les Etats de transit. 

    Cette solution, nous la déplorons à Amnesty International et les naufrages récents montrent encore combien elle est déconnectée de la réalité.

    La plupart des personnes embarquant sur ces embarcations fuient les persécutions ou les conflits. Elles peuvent être Syriennes, Erythréennes, Palestiniennes …

    Or, pour ces personnes la fuite n’est pas un choix, mais une nécessité pour vivre ou survivre.

    Ne pas offrir de voies d’accès sécurisé à l’Union européenne c’est contraindre ces personnes à remettre leur vie entre les mains de trafiquants peu scrupuleux, et tenter des traversées souvent mortelles souvent à bord d’embarcations de fortune.

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    D'AUTRES CHOIX SONT POSSIBLES

    Depuis plusieurs mois, nous proposons aux dirigeants européens de mettre en œuvre nos trois demandes qui selon nous pourraient éviter que des personnes ne meurent alors qu’elles recherchent un refuge.

    Récemment, la Commission européenne a annoncé que l’opération de recherche et de sauvetage en mer conduite par l’Italie ‘’Mare Nostrum’’ recevrait le support de l’agence Frontex.

    C’est une avancée sur le principe, le détail de l’opération, encore imprécis, montrera dans quel état d’esprit ce soutien sera apporté : secourir ou contrôler et dissuader les personnes de prendre la mer.

  • Ebola ou l’expression terrifiante de la pauvreté et de l’indifférence

    Article du CADTM, par Yvette Krolikowski , Pauline Imbach. (Extraits)

    L’épidémie d’Ebola, la fièvre hémorragique qui frappe actuellement une partie de l’Afrique de l’Ouest, s’étend rapidement alors que, d’après les prévisions les plus optimistes de l’ONU, l’épidémie pourrait encore s’étendre et durer six à neuf mois.

    arton10652-fb8ea.jpgSelon Joanne Liu, directrice de Médecins sans frontières, « le monde est en train de perdre la bataille » face à « la pire épidémie d’Ebola de l’Histoire » depuis sa première apparition en 1976  . Elle dénonce également que « les États ont rallié une sorte de coalition mondiale de l’inaction ».

    Le 2 septembre 2014, Tom Frieden, le directeur du Centre américain pour le contrôle et la prévention des maladies, tirait la sonnette d’alarme « En dépit des efforts énormes, le nombre de cas continue à s’accroître, et il s’accroît désormais très rapidement [...]. Il est encore possible de réduire le fléau, mais la fenêtre d’opportunité pour agir est en train de se refermer ».

    À ce jour, il n’existe pas de traitement ni de vaccin contre ce virus. Les seuls traitements visent à soulager les symptômes et aider l’organisme à combattre le virus. Pour MSF « le seul moyen de stopper la propagation est de mettre en place des centres d’isolement et de traitement pour les patients contagieux ». Or, le nombre de ces structures est largement insuffisant et, quand elles existent, leur capacité est limitée. MSF gère cinq centre dans les zones touchées en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone et souligne également que « les systèmes sanitaires sont débordés et défaillants : les centres de santé ne sont pas adaptés pour répondre à une telle crise ». Le personnel soignant est quant à lui extrêmement exposé, puisque 10 % succombent à l’épidémie. Le 2 septembre dernier les infirmier-e-s du plus grand hôpital de Monrovia, capitale du Liberia, se sont mis en grève pour obtenir des combinaisons de protection individuelle.

    Quand la pauvreté est au cœur de l’épidémie

    Est-ce un hasard si cette épidémie sévit dans des pays qui sont parmi les plus pauvres de la planète ? Le dernier Rapport sur le développement humain 2014 du PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement) classe la Guinée à la 179e place sur 187 pays, le Liberia figure quant à lui à la 175e place et la Sierra Léone au 183e rang de ce triste classement. L’absence - ou dans le meilleur des cas la défaillance - des systèmes de santé est la conséquence directe des coupes franches dans les budgets sociaux, du gel des salaires et des licenciements dans la fonction publique imposés par les Institutions financières internationales pour rembourser la dette. En effet, si les services de santé et d’assainissement (infrastructures d’égouts, de traitement des eaux, etc.) de ces pays n’avaient pas été entièrement démantelés par les divers plans d’ajustement structurel (PAS) imposés par le FMI et laebola1p-7ad8a.jpg Banque mondiale, le risque épidémique aurait été bien plus faible ou plus facilement contrôlable. Comme le souligne le Dr Jean-Claude Manuguerra, responsable de la Cellule d’intervention biologique d’urgence de l’Institut Pasteur, Ebola « profite pour se développer d’un système de santé mal organisé par manque de moyens »  .

    Aujourd’hui, selon David Nabarro, le coordinateur des Nations unies pour la lutte contre la fièvre Ebola « Les besoins en matériel médical sont énormes : ils représenteraient 600 millions de dollars (soit 460 millions d’euros) ». Il faut des centres médicaux et des lits pour isoler les malades.

    Pour le Dr Dominique Kerouedan « dans ces pays les budgets consacrés à la santé y sont très faibles, parfois moins de 5 % de l’ensemble des budgets publics. Enfin, les conflits armés ont davantage précarisé les systèmes existants ». « Les systèmes de santé publique ne peuvent assumer leurs fonctions de base. Il y a des centres de santé où il n’y a même pas d’eau ! Comment voulez-vous combattre une épidémie d’une telle ampleur ? Selon moi, l’émergence dans cette région d’une maladie infectieuse d’une telle gravité est le reflet du désengagement international en faveur des systèmes de santé. Il faudra tirer des leçons des difficultés à répondre à cette épidémie ».

    Le désintérêt de la communauté internationale ainsi que des laboratoires pharmaceutiques quant aux maladies de ces régions ont favorisé la propagation du virus. Depuis le premier cas, en 1976, 40 ans epidemia_del_ebola_ccp-ce217.jpgn’ont quasiment pas servi à la recherche, pour cause de non rentabilité et de non solvabilité. Aujourd’hui ces mêmes laboratoires se font concurrence pour trouver rapidement un vaccin. Dès lors que les millions de dollars d’aide sont annoncés, la recherche s’accélère.
    Les laboratoires étatsuniens semblent plus avancés. « L’explication ? Outre-Atlantique, les virus dangereux sont considérés comme des armes de guerre, et une -menace très concrète pour les soldats américains postés dans les régions " à risque ". »

    Si les mesures adéquates avaient été prises dès les premiers cas de cette flambée (décembre 2013) la situation ne serait pas actuellement aussi dramatique. Pour Sylvain Baize, chef du Centre international de recherche en infectiologie, l’épidémie n’est officiellement découverte que le 21 mars 2014, « Nous étions déjà au pic de la première vague, avec une centaine de cas et déjà dans plusieurs foyers en Guinée et au Liberia ». « Le problème, c’est qu’Ebola n’intéresse absolument pas l’industrie pharmaceutique parce qu’il concerne des pays pauvres et pas solvables. Il n’y a aucun marché et donc pas d’évolution », explique le scientifique, « Il faudrait une volonté très forte des gouvernements et de l’OMS pour forcer l’industrie pharmaceutique à développer à perte ce genre de vaccin » .

    (suite de l'article sur le site du CADTM)

  • Israël : Enquête sur des attaques menées contre des écoles à Gaza

    Communiqué de Human Rights Watch

    (Jérusalem, le 11 septembre 2014) - Trois attaques menées par les forces israéliennes contre des écoles dans la bande de Gaza où des personnes déplacées avaient cherché refuge ont fait de nombreuses victimes civiles et endommagé ces bâtiments en violation des lois de la guerre, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Human Rights Watch a mené la première enquête approfondie sur les violations occasionnées par ces trois attaques, qui ont eu lieu le 24 juillet, le 30 juillet et le 3 août, et qui ont tué 45 personnes, dont 17 enfants.

    « L’armée israélienne a mené des attaques contre trois écoles clairement identifiables – ou à proximité de celles-ci – tout en sachant que des centaines de personnes y avaient cherché refuge, tuant ou blessant de nombreux civils », a observé Fred Abrahams, conseiller spécial auprès de Human Rights Watch. « Israël n'a fourni aucune explication convaincante pour ces attaques menées contre des écoles où des gens cherchaient à se protéger, ni pour le carnage provoqué. »

    Dans deux des trois incidents sur lesquels Human Rights Watch a enquêté – survenus à Beit Hanoun et à Jabaliya – les frappes n’ont apparemment pas visé une cible militaire ou ont été menées sans discernement, et donc de manière illégale. La troisième attaque, survenue à Rafah, a été menée de manière disproportionnée voire sans discernement, et donc était aussi illégale. Les attaques illégales menées intentionnellement - c'est-à-dire de manière délibérée ou imprudente - constituent des crimes de guerre.

    (...)

    voir la suite de l'article par ce lien.

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    Deux hommes examinent les décombres d’une salle de classe d’une école pour filles, à Jabalya, dans la bande de Gaza. Au moins 10 munitions israéliennes ont frappé l'école, où plus de 3 200 personnes s’étaient réfugiées, et ses alentours le 30 juillet 2014. Cette attaque a tué 20 personnes.

  • Irak : un nettoyage ethnique est en cours

    Communiqué d'Amnesty International

    Des éléments récemment découverts par Amnesty International indiquent que des membres du groupe armé qui se fait appeler État islamique (EI) ont lancé une campagne systématique de nettoyage ethnique dans le nord de l'Irak, commettant des crimes de guerre, notamment des enlèvements et exécutions sommaires de masse, contre les minorités ethniques et religieuses.

    Parmi les minorités ethniques et religieuses prises pour cible dans le nord de l'Irak se trouvent les chrétiens assyriens, les chiites turkmènes et shabaks, les yézidis, les kakaïs et les mandéens sabéens. De nombreux Arabes et musulmans sunnites qui s'opposent, ou sont soupçonnés de s'opposer, à l'EI ont aussi été visés par ce qui semble être des attaques de représailles.

    Un nouveau document, Ethnic cleansing on historic scale: the Islamic State’s systematic targeting of minorities in northern Iraq, présente des témoignages glaçants de personnes ayant survécu à des massacres.

    MASSACRES ET ENLÈVEMENTS

    Certains de ces récits décrivent la manière dont des dizaines d'hommes et de garçons de la région de Sinjar, dans le nord de l'Irak, ont été rassemblés par des combattants de l'État islamique, entassés dans des pick-up et conduits à l'extérieur de leur village pour être massacrés en groupe ou abattus individuellement. Des centaines de femmes et d'enfants, peut-être même des milliers, ainsi que des dizaines d'hommes appartenant à la minorité yézidie ont également été enlevés depuis que l'EI a pris le contrôle de cette zone.

    Les massacres et les enlèvements auxquels procède l'État islamique prouvent une nouvelle fois qu'une vague de nettoyage ethnique visant les minorités balaye le nord de l'Irak.

    Nous avons rassemblé des éléments prouvant que plusieurs massacres ont eu lieu dans la région de Sinjar en août. Deux des épisodes les plus sanglants sont survenus quand des combattants de l'EI ont lancé un raid sur les villages de Qiniyeh, le 3 août, et de Kocho, le 15. Pour ces deux seuls villages, le nombre de tués atteint plusieurs centaines. Dans les deux cas, des groupes d'hommes et d'adolescents, dont certains d'à peine 12 ans, ont été capturés par des activistes de l'EI, emmenés et abattus.

    LES VICTIMES PRISES AU HASARD

    « Il n'y avait pas d'ordre particulier, ils [les membres de l'EI] ont juste rempli les véhicules au hasard », nous a expliqué un survivant du massacre de Kocho.

    Saïd, qui a échappé de justesse à la mort avec son frère Khaled, a reçu cinq balles. Trois dans le genou gauche, une dans la hanche et une dans l'épaule. Ils ont perdu sept frères dans le massacre. Un autre survivant, Salem, qui a réussi à se cacher et à survivre près du lieu du carnage pendant 12 jours, nous a décrit  l'horreur d'entendre les cris de douleur des autres blessés.

    « Certains ne pouvaient pas bouger et n'ont pas pu se sauver. Ils sont restés allongés là, à attendre la mort en souffrant atrocement. Ils ont eu une mort horrible. J'ai réussi à me traîner à l'écart et j'ai été sauvé par un voisin musulman. Il a risqué sa vie pour me sauver. C'est plus qu'un frère pour moi. Pendant 12 jours, il m'a apporté à manger et à boire toutes les nuits. Je ne pouvais pas marcher et n'avais aucune chance de pouvoir m'enfuir et ça devenait de plus en plus dangereux pour lui de me garder là », a-t-il expliqué.

    Il a par la suite réussi à fuir à dos d'âne dans les montagnes, puis vers les zones contrôlées par le Gouvernement régional du Kurdistan.

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    UNE POPULATION TERRORISÉE

    Les massacres et les enlèvements ont réussi à terroriser la totalité de la population du nord de l'Irak, poussant des milliers de personnes à fuir pour sauver leur vie.

    On ignore toujours le sort réservé à la plupart des centaines de yézidis enlevés et maintenus captifs par l'État islamique. Nombre des personnes retenues par l'EI ont été menacées de viol ou d'agression sexuelle ou ont subi des pressions visant à les obliger à se convertir à l'islam. Dans certains cas, des familles entières ont été enlevées.

    Un homme qui a fourni à Amnesty International une liste sur laquelle figuraient les noms de 45 de ses proches, uniquement des femmes et des enfants, a indiqué : « On a des nouvelles de certains d'entre eux, mais les autres ont disparu et on ne sait pas s'ils sont morts ou vivants ni ce qui leur est arrivé. »

    La population du nord de l'Irak mérite de vivre libre de toute persécution sans avoir à craindre sans arrêt pour sa vie. Les donneurs d'ordre, les exécutants et les complices de ces crimes de guerre doivent être appréhendés et traduits en justice.

    Depuis qu'ils ont pris le contrôle de Mossoul, le 10 juin, les activistes de l'EI ont aussi systématiquement détruit ou endommagé des lieux de culte autres que ceux de l'islam sunnite, y compris des mosquées et des temples chiites.

  • Une nouvelle guerre froide

     Extrait de l"article de Serge Halimi dans "Le Monde Diplomatique".

    (...)

    La nouvelle guerre froide différera cependant de l’ancienne. Comme l’a relevé le président des Etats-Unis, « contrairement à l’Union soviétique, la Russie ne dirige aucun bloc de nations, n’inspire aucune idéologie globale ». La confrontation qui s’installe a également cessé d’opposer une superpuissance américaine puisant dans sa foi religieuse l’assurance impériale en une « destinée manifeste » à un « empire du Mal » que Reagan maudissait aussi en raison de son athéisme. M. Poutine courtise au contraire, non sans succès, les croisés du fondamentalisme chrétien. Et quand il annexe la Crimée, il rappelle d’emblée qu’elle est le lieu « où saint Vladimir fut baptisé (...)  ; un baptême orthodoxe qui détermina les notions de base de la culture, des valeurs et de la civilisation des peuples russe, ukrainien et biélorusse ».

    Autant dire que Moscou n’admettra pas que l’Ukraine devienne la base arrière de ses adversaires. Chauffé à blanc par une propagande nationaliste qui excède même — c’est dire... — le bourrage de crâne occidental, le peuple russe le refuserait. Or, aux Etats-Unis et en Europe, les partisans du grand réarmement surenchérissent : proclamations martiales, avalanche de sanctions hétéroclites qui ne font que tremper la détermination de l’autre camp. « La nouvelle guerre froide sera peut-être plus dangereuse encore que la précédente, a d’ores et déjà averti l’un des meilleurs experts américains de la Russie, Stephen F. Cohen, parce que, contrairement à sa devancière, elle ne rencontre aucune opposition — ni dans l’administration, ni au Congrès, ni dans les médias, les universités, les think tanks (3). » La recette éprouvée de tous les dérapages...

    Serge Halimi

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  • Israël refuse à Amnesty International et HRW l’accès à Gaza

    Communiqué d'Amnesty International

    Les autorités israéliennes refusent à Amnesty International tout accès à Gaza en courant à des ruses bureaucratiques, en le faisant dépendre de critères totalement déraisonnables et ce alors même que le décompte des morts ne cesse d'augmenter.

    Israël doit autoriser sans délai l’accès à Gaza d’Amnesty International, de Human Rights Watch et des autres organisations internationales de défense des droits humains pour qu’elles puissent enquêter sur les allégations de graves violations au droit international humanitaire de la part de toutes les parties au conflit, ont déclaré le mercredi 20 août 2014 Amnesty International et Human Rights Watch.

    Les victimes et le grand public ont le droit de savoir ce qui s’est passé au cours des hostilités, ce qui impose aux autorités israéliennes de conférer à leurs actions une transparence totale et de ne pas entraver les recherches indépendantes et impartiales sur les violations présumées.

    AMNESTY INTERNATIONAL EMPÊCHÉ D'ENQUÊTER

    Depuis le 8 juillet 2014, début de l'opération militaire menée par Israël à Gaza sous le nom de code de Bordure protectrice, les autorités israéliennes ont repoussé les nombreuses démarches faites par Amnesty International et Human Rights Watch pour entrer à Gaza par le point de passage d'Erez, contrôlé par Israël. Les deux groupes ont également cherché à obtenir un accès de la part des autorités égyptiennes, qui ne l'ont pas accordé à ce jour.

    Depuis le 7 juillet, le Secrétariat international d'Amnesty International a adressé à trois reprises à l'administration civile israélienne (qui dépend du ministère de la Défense) une demande d'autorisation d'entrée à Gaza par le point de passage d'Erez. À chaque fois, l'administration civile a répondu qu'elle ne pouvait pas traiter cette demande et que le point de passage d'Erez était fermé. Des journalistes, des membres du personnel des Nations unies, des travailleurs humanitaires et d'autres personnes munies de permis ont pu franchir ce point de passage dans les deux sens au cours de cette période.

    Amnesty International a sollicité sur cette question l'assistance du ministère israélien des Affaires étrangères, et différents gouvernements tiers ont soulevé la question auprès de leurs homologues israéliens au nom d'Amnesty International, mais aucun de ces efforts n'a été fructueux. 

    Human Rights Watch a vu l'administration civile répondre de façon similaire à sa demande d'autorisation d'entrée à Gaza depuis l'escalade récente des hostilités. 

    VIOLATIONS DU DROIT INTERNATIONAL PAR TOUTES LES PARTIES AU CONFLIT

    Au cours des hostilités récentes, les forces armées israéliennes ont soumis la bande de Gaza à des bombardements aériens, maritimes et terrestres intensifs qui ont eu de graves conséquences sur la population civile de ce territoire.

    Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (ONU), 1999 Palestiniens ont été tués, dont 1434 civils parmi lesquels 467 enfants et 244 femmes. Des milliers de restes explosifs de guerre sont dispersés dans toute la bande de Gaza. Les personnes déplacées se comptent par centaines de milliers. Soixante-sept Israéliens ont été tués, dont trois civils.

    Les groupes armés palestiniens ont procédé sans aucune discrimination au tir de milliers de roquettes sur des agglomérations israéliennes ; ils auraient entreposé des roquettes dans des bâtiments vides à usage scolaire ; et ils semblent ne pas avoir pris toutes les précautions possibles pour empêcher les dommages causés aux civils, violant ainsi le droit international. Quelques membres du personnel d'Amnesty International et de Human Rights Watch sont présents à Gaza, mais ils n'ont pas pu vérifier un grand nombre des violations signalées parce que les autorités israéliennes ont refusé tout accès aux chercheurs.

    Le gouvernement israélien doit autoriser la vérification indépendante de toutes les allégations de crimes de guerre et d'autres violations, afin que les victimes puissent obtenir justice. Une surveillance active exercée sur le terrain par des défenseurs des droits humains peut également permettre d'éviter que de nouvelles atteintes aux droits soient commises par les différentes forces en présence. Le refus d'accorder l'accès aux organisations internationales de défense des droits humains peut faire croire à une indifférence à l'égard du droit de rechercher, de recevoir et de diffuser les informations. 

    Les autorités israéliennes ont laissé entrer Human Rights Watch à Gaza par le point de passage d'Erez en 2006, et Amnesty International à l'été 2012, pour la dernière fois.

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  • Trop, c’est trop ! Il faut des pressions sur Israël

    « Trop, c’est trop ! », c’était le cri lancé en décembre 2001 par Madeleine Rebérioux, Pierre Vidal-Naquet, Stéphane Hessel et d’autres lorsque des coups dramatiques étaient portés contre Yasser Arafat et l’Autorité palestinienne à Ramallah. C’est ce cri que nous répétons aujourd’hui face à cette nouvelle offensive militaire qui ne mène à rien. Pas plus que les précédentes opérations de l’armée israélienne à Gaza, ou que l’invasion du Liban à laquelle avait réagi un texte de ce même collectif intitulé « Assez ! », paru le 27 juillet 2006, le dernier que Pierre Vidal-Naquet a signé quelques jours avant sa mort. Il disait l’essentiel : « À l’opposé de la logique guerrière, nous pensons que des victoires militaires ne garantissent pas l’avenir d’Israël. Seuls un dialogue ouvert et la recherche patiente d’une cohabitation avec un véritable Etat palestinien permettraient aux Israéliens d’obtenir la paix avec leurs voisins arabes. »

    Un mois après l’entrée de l’armée israélienne à Gaza, le bilan humain est très lourd – plus de 2 000 morts palestiniens, dont 85% de civils, sans compter les milliers de blessés et les centaines de milliers de sans-abris, ainsi que 67 morts israéliens dont trois civils – et, surtout, il n’y a pas de vainqueur et il ne peut y avoir de vainqueur.

    Les autorités israéliennes pensaient pouvoir contrôler l’ensemble de la bande de Gaza et obliger les groupes armés à y cesser le combat, elles ont constaté, au vu de la résistance qu’elles y ont rencontrée, que ce serait au prix de pertes décuplées dans leurs rangs et de la transformation de tout ce territoire en un champ de ruines, avec plusieurs milliers de victimes civiles. L’opinion israélienne, elle-même, qui soutenait cette guerre à plus de 90% estime très majoritairement qu’au bout d’un mois, elle n’a pas conduit à une victoire. De fait, quand une guérilla s’enfouit sous terre pour combattre, elle montre à la fois qu’elle dispose du soutien d’une grande majorité de la population et que ses soldats sont prêts à creuser leur propre tombe plutôt que se soumettre. Chacun sait qu’il n’existe pas de solutions militaires et que seule une solution politique est possible.

    Mais la société israélienne ne veut pas, aujourd’hui, rechercher une solution fondée sur deux Etats et le retrait des territoires palestiniens occupés en 1967, qui puisse assurer à long terme à Israël un avenir pacifique. L’hystérie guerrière aux accents parfois franchement racistes qui a déferlé pendant ce mois d’opérations militaires à Gaza s’est accompagnée d’une répression encore jamais vue contre les pacifistes israéliens et de violences contre les Palestiniens, y compris ceux de nationalité israélienne, elle a aggravé l’aveuglement nationaliste dominant. Un aveuglement qui a conduit le gouvernement israélien à suspendre sa participation à des négociations laissant entrevoir une trêve durable et à reprendre les bombardements sur Gaza.

    Une solution ne peut venir que d’une démarche résolue de la communauté internationale et des sanctions contre l’Etat d’Israël et ses institutions pour l’amener à respecter enfin le droit international et les légitimes aspirations des Palestiniens à vivre eux aussi en paix au sein de frontières sûres et reconnues.

    Or, quarante-sept ans après la guerre des Six jours, la colonisation de la Cisjordanie se poursuit et les habitants de Gaza sont toujours enfermés dans un ghetto qui vaut occupation. L’émotion légitime que cette situation provoque dans notre pays comme partout dans le monde ne doit certes pas être détournée par une extrême minorité qui dévoie le soutien aux droits du peuple palestinien en un antisémitisme toujours aussi insupportable et qui doit être réprimé. Mais rien ne justifie que certaines organisations communautaires juives marquent du sceau infamant de l’antisémitisme ceux et celles qui revendiquent haut et fort un Etat pour la Palestine. Il n’est pas plus acceptable que ces mêmes organisations se fassent les porte-paroles des intérêts israéliens en tentant de criminaliser toute tentative citoyenne, notamment au travers d’un boycott des produits israéliens, de s’opposer à une politique meurtrière pour les Palestiniens et suicidaire pour les Israéliens.

    Comme le gouvernement, nous n’acceptons pas que le conflit israélo-palestinien soit importé en France. Mais nous refusons que le droit de s’exprimer soit rendu tributaire de telle ou telle solidarité. C’est alors la capacité de débattre démocratiquement qui est mise en cause, ouvrant la voie aux assignations à résidence et aux affrontements communautaires. Nul n’est légitimé à se faire le porte-parole de l’une des parties au conflit.

    Face à cette nouvelle guerre meurtrière, face aux atteintes à la liberté d’expression nous ne pouvons nous taire. Nous demandons : que les Nations unies imposent, sous peine de sanctions, le retrait durable des troupes israéliennes de Gaza, l’envoi d’une force d’interposition et de protection du peuple palestinien et la fin du blocus aérien, maritime et terrestre de ce territoire ; que l’Union européenne suspende son accord d’association avec Israël, comme le prévoit son article 2 ; que la France cesse immédiatement toute coopération militaire avec Israël et mette un embargo total sur les armes et transferts de technologie pouvant déboucher sur un usage militaire à destination d’Israël ; que la Palestine soit, enfin, reconnue comme un membre à part entière de l’ONU ; que le Conseil de sécurité saisisse la Cour pénale internationale pour que les responsables de tous les crimes de guerre aient à rendre compte devant la justice ; que l’on impose aux produits israéliens issus des colonies un traçage particulier pour les distinguer des autres et que l’on cesse de poursuivre ceux et celles qui tentent de faire respecter la législation ou manifestent leur solidarité avec le peuple palestinien. Nous appelons à un engagement plus déterminé encore de l’opinion démocratique française pour imposer le droit international, soutenir les aspirations trop longtemps écrasées du peuple palestinien, imposer l’arrêt de la colonisation et le renoncement au projet de « Grand Israël », faire comprendre enfin à la société israélienne qu’elle se dirige dans une impasse suicidaire et qu’elle doit regarder la réalité en face.

     

    Premiers signataires : Etienne Balibar, philosophe ; Anne Brunswic, journaliste et écrivain ; Alice Cherki, psychanalyste ; Jocelyne Dakhlia, historienne et anthropologue ; Sonia Dayan-Herzbrun, sociologue et philosophe ; Jean-Pierre Dubois, juriste ; Karim Lahidji, président de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme ; Pascal Lederer, président  de Une autre voix juive ;  Catherine Lévy, sociologue ;  Jean-Marc Lévy-Leblond, physicien et essayiste ; Gilles Manceron, historien ; Véronique Nahoum-Grappe, anthropologue ; Pierre Nicodème, mathématicien-informaticien ; Abraham Ségal, documentariste ; Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme ; Jacques Testart, biologiste ; Michel Tubiana, président du Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme.

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