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politique internationale - Page 114

  • « Notre solution pour l’Europe » par Alexis Tsipras

    Ce week-end se déroulent des élections en Grèce, qui peuvent marquer un tournant fondamental pour ce pays. Syriza que l'on classe à "l’extrême gauche" est en mesure de se trouver en tête à l'issue de ce scrutin, et peut-être d'avoir la majorité absolue au parlement.

    Voici, repris du Monde Diplomatique, une tribune de présentation signée d' Alexis Tsipras, le leader de Syriza.

     

    Février 1953. La République fédérale d’Allemagne (RFA) croule sous les dettes et menace d’entraîner l’ensemble des pays européens dans la tourmente. Préoccupés par leur propre salut, ses créanciers — dont la Grèce — prennent acte d’un phénomène qui n’a surpris que les libéraux : la politique de « dévaluation interne », c’est-à-dire la réduction des salaires, n’assure pas le remboursement des sommes dues, au contraire.

    Réunis à Londres au cours d’un sommet exceptionnel, vingt et un pays décident de réévaluer leurs exigences à l’aune des capacités réelles de leur partenaire à faire face à ses obligations. Ils amputent de 60 % la dette nominale cumulée de la RFA et lui accordent un moratoire de cinq ans (1953-1958), ainsi qu’un délai de trente ans pour rembourser. Ils instaurent également une « clause de développement » autorisant le pays à ne pas consacrer au service de la dette plus d’un vingtième de ses revenus d’exportation. L’Europe vient de prendre le contre-pied du traité de Versailles (1919), jetant les fondations du développement de l’Allemagne de l’Ouest après la guerre.

    C’est précisément ce que la Coalition de la gauche radicale grecque (Syriza) propose aujourd’hui : procéder à rebours des petits traités de Versailles qu’imposent la chancelière allemande Angela Merkel et son ministre des finances Wolfgang Schäuble aux pays européens endettés, et nous inspirer de l’un des plus grands moments de clairvoyance qu’ait connus l’Europe d’après-guerre.

    Les programmes de « sauvetage » des pays d’Europe du Sud ont échoué, creusant des puits sans fond qu’on invite les contribuables à tenter de remplir. Parvenir à une solution globale, collective et définitive du problème de la dette n’a jamais été aussi urgent. Et l’on comprendrait mal qu’un tel objectif soit escamoté de façon à assurer la réélection de la chancelière allemande.

    Dans ces conditions, l’idée avancée par Syriza d’une conférence européenne sur la dette, sur le modèle de celle de Londres sur la dette allemande en 1953, représente, selon nous, la seule solution réaliste et bénéfique pour tous : une réponse globale à la crise du crédit et au constat de l’échec des politiques menées en Europe.

    Voici donc ce que nous demandons pour la Grèce :

    — une réduction significative de la valeur nominative de sa dette publique cumulée ;

    — un moratoire sur le service de la dette, afin que les sommes conservées soient affectées au redressement de l’économie ;

    — l’instauration d’une « clause de développement », afin que le remboursement de la dette ne tue pas dans l’œuf le redressement économique ;

    — la recapitalisation des banques, sans que les sommes en question soient comptabilisées dans la dette publique du pays.

    Ces mesures devront s’adosser à des réformes visant à une plus juste répartition des richesses. En finir avec la crise implique en effet de rompre avec le passé qui a permis de l’engendrer : œuvrer à la justice sociale, à l’égalité des droits, à la transparence politique et fiscale, bref à la démocratie. Un tel projet ne pourra être mis en œuvre que par un parti indépendant de l’oligarchie financière, cette poignée de chefs d’entreprise qui ont pris l’Etat en otage, d’armateurs solidaires entre eux et — jusqu’en 2013 — exemptés d’impôt, de patrons de presse et de banquiers touche-à-tout (et en faillite) qui portent la responsabilité de la crise et s’efforcent de maintenir le statu quo. Le rapport annuel 2012 de l’organisation non gouvernementale (ONG) Transparency International désigne la Grèce comme le pays le plus corrompu d’Europe.

    Cette proposition constitue à nos yeux la seule solution, à moins de se satisfaire du gonflement exponentiel de la dette publique en Europe, où elle dépasse déjà, en moyenne, 90 % du produit intérieur brut (PIB). C’est ce qui nous rend optimistes : notre projet ne pourra pas être rejeté, car la crise ronge déjà le noyau dur de la zone euro. La procrastination n’a d’autre conséquence que d’accroître le coût économique et social de la situation actuelle, non seulement pour la Grèce, mais également pour l’Allemagne et pour le reste des pays ayant adopté la monnaie unique.

    Pendant douze ans, la zone euro — inspirée des dogmes libéraux — a fonctionné comme une simple union monétaire, sans équivalent politique et social. Les déficits commerciaux des pays du Sud constituaient l’image renversée des excédents enregistrés au Nord. La monnaie unique a par ailleurs servi l’Allemagne, en « refroidissant » son économie après la coûteuse réunification de 1990.

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    Briser, enfin, la collusion entre milieux
    politiques et économiques

    Mais la crise de la dette a bouleversé cet équilibre. Berlin a réagi en exportant sa recette de l’austérité, ce qui a aggravé la polarisation sociale au sein des Etats du Sud et les tensions économiques au cœur de la zone euro. Apparaît désormais un axe Nord-créditeurs / Sud-débiteurs, nouvelle division du travail orchestrée par les pays les plus riches. Le Sud se spécialisera dans les produits et les services à forte demande de main-d’œuvre avec des salaires planchers ; le Nord, dans une course à la qualité et à l’innovation, avec, pour certains, des salaires plus élevés.

    La proposition de M. Hans-Peter Keitel, président de la Fédération allemande de l’industrie (BDI), dans un entretien accordé au site Internet du Spiegel, visant à transformer la Grèce en « zone économique spéciale »  révèle le véritable objectif du mémorandum . Les mesures prévues par ce texte, dont la portée s’étend au moins jusqu’en 2020, se soldent par un échec retentissant, que reconnaît désormais le Fonds monétaire international (FMI). Mais, pour ses concepteurs, l’accord a l’avantage d’imposer une tutelle économique à la Grèce, qu’il ramène au rang de colonie financière de la zone euro.

    Son annulation constitue donc le préalable à toute sortie de crise : c’est le médicament qui est mortel et non la dose, comme le suggèrent certains.

    Il faudra par ailleurs s’interroger sur les autres causes de la crise financière en Grèce. Celles qui conduisent au gaspillage de l’argent public n’ont pas changé : le coût de construction de routes au kilomètre le plus élevé d’Europe, par exemple ; ou encore la privatisation des autoroutes en guise de « prépaiement » de nouveaux axes… dont la construction a été interrompue.

    L’extension des inégalités ne saurait être réduite à un effet secondaire de la crise financière. Le système fiscal grec reflète la relation clientéliste qui unit les élites du pays. Telle une passoire, il est criblé d’exemptions et de passe-droits taillés sur mesure pour le cartel oligarchique. Le pacte informel qui, depuis la dictature, soude le patronat et l’hydre à deux têtes du bipartisme — Nouvelle Démocratie et Mouvement socialiste panhellénique (Pasok) — en scelle le maintien. C’est l’une des raisons pour lesquelles l’Etat renonce aujourd’hui à obtenir les ressources dont il a besoin par l’impôt, lui préférant la réduction continuelle des salaires et des retraites.

    Mais l’establishment — qui a survécu de justesse aux élections du 17 juin , en semant la peur quant à une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro — vit sous l’assistance respiratoire d’un second poumon artificiel : la corruption. La difficile tâche consistant à briser la collusion entre milieux politiques et économiques — une question qui ne concerne pas que la Grèce — constituera l’une des priorités d’un gouvernement populaire conduit par Syriza.

    Nous réclamons donc un moratoire sur le service de la dette pour changer la Grèce. Faute de quoi, toute nouvelle tentative d’assainissement financier fera de nous autant de Sisyphes condamnés à l’échec. A ceci près que, cette fois, le drame ne concerne plus seulement l’antique cité de Corinthe, mais l’Europe dans son ensemble.

    Alexis Tsipras

    Dirigeant de la Coalition de la gauche radicale grecque (Syriza)

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    Lors d'un meeting de Syriza

  • Raif Badawi: 1000 coups de fouet pour un blog

    Amnesty International France et reporters sans frontières  se sont rendues devant l’Ambassade d’Arabie saoudite pour exiger ensemble l’arrêt immédiat des flagellations subies par Raif Badawi.

    Le blogueur et militant Raif Badawi a été flagellé en public de 50 coups de fouet vendredi 9 janvier 2015. Les autorités saoudiennes prévoient de poursuivre ce châtiment cruel, inhumain et dégradant pendant les 20 prochaines semaines. 

    B7YeuBFCIAA0Vd7.jpgAprès la première session, sa femme Ensaf Haidar nous a indiqué: « Raif m’a dit que la douleur était insupportable après la flagellation, sa santé est vraiment mauvaise et je suis certaine qu’il ne pourra pas supporter une deuxième séance de coups…

    Selon nos récentes informations, Raif va être flagellé une deuxième fois vendredi. L'application de sa peine de flagellation a commencé la semaine dernière après la prière du vendredi, lorsqu'il a reçu 50 coups de fouet devant la mosquée d'Al Jafali à Djedda. Tous les regards sont tournés vers l'Arabie saoudite. Si ses autorités ignorent les très nombreuses critiques et poursuivent sans complexe la flagellation de Raif Badawi, ce pays fera alors preuve d'un grand mépris du droit international et de l'opinion mondiale. L'épouse de Raif Badawi, Ensaf Haidar, a indiqué à Amnesty International qu'elle craignait que son mari ne puisse pas supporter physiquement une deuxième série de coups de fouet. 

    "Raif m'a dit qu'il souffrait beaucoup à la suite de sa flagellation, son état de santé n'est pas bon et je suis certaine qu'il ne pourra pas résister à une nouvelle série de coups de fouet. J'ai annoncé la nouvelle à nos enfants la semaine dernière pour éviter qu'ils ne l'apprennent par des amis à l'école. Ils sont extrêmement choqués. La pression internationale est essentielle ; je suis convaincue que si nous maintenons notre soutien, il finira par payer. Nous devons continuer de nous battre."
    Ensaf Haidar, l'épouse de Raif Badawi

    La flagellation et les autres formes de châtiments corporels violent l'interdiction de la torture et des autres mauvais traitements. En continuant d'appliquer cette peine inhumaine, les autorités saoudiennes bafouent de façon flagrante les principes fondamentaux des droits humains. 

    Les gouvernements des États-Unis, du Canada, de l'Allemagne et de la Norvège, notamment, ont condamné la flagellation de Raif Badawi. Des milliers de personnes à travers le monde ont exprimé leur indignation concernant cette affaire sur les réseaux sociaux et plusieurs centaines de militants ont organisé des manifestations devant les ambassades d'Arabie saoudite dans divers pays. La France s'est exprimé publiquement sur Twitter pour une re-examination de son cas sans exprimer sur sa libération.

    Dans une autre affaire révélatrice de l'intolérance absolue de l'Arabie saoudite à l'égard de l'opposition pacifique, lundi 12 janvier, l'avocat de Raif Badawi, le défenseur des droits humains Waleed Abu al Khair, a vu sa condamnation confirmée en appel. Initialement condamné à 15 ans d'emprisonnement, il ne devait en purger que 10. Cependant, le juge a ordonné lundi qu'il purge l'intégralité de sa peine car il a refusé de présenter des excuses pour les faits qu'on lui reproche. Le tribunal pénal spécial l'avait reconnu coupable de divers chefs d'accusation, notamment « déloyauté envers le souverain », « atteinte au pouvoir judiciaire » et « création d'une organisation non autorisée ».

  • Nigeria : le massacre le plus meurtrier de l'histoire de Boko Haram ?

    Communiqué d'Amnesty International le 14.01.2015

    Boko Haram a mené depuis 2009 une série de raids et d'attentats visant délibérément des civils. Il semble que l'attaque contre Baga et les localités alentour pourrait être la plus meurtrière à ce jour d'une série d'actions de plus en plus haineuses menées par le groupe.

     

    ATTAQUES CONTRE BAGA

    Si les informations indiquant que la ville a été en grande partie rasée et que des centaines de civils (peut-être même 2 000) ont été tués sont exactes, nous sommes en présence d'une escalade sanglante très inquiétante des actions de Boko Haram contre la population civile.

    Nous sommes actuellement mobilisés pour recueillir plus d'informations sur ce qui s'est passé durant l'attaque contre Baga et la zone alentour. Il est plus que jamais impératif que Boko Haram cesse immédiatement ces assassinats absurdes de civils et que le gouvernement nigérian prenne des mesures pour protéger une population qui vit dans la peur constante des attaques.

    ENLÈVEMENTS, MEURTRES : LES CIVILS VISÉS

    Selon les informations disponibles, des activistes de Boko Haram ont attaqué Baga et les localités environnantes le samedi 3 janvier.
    Boko Haram a mené depuis 2009 une série de raids et d'attentats à l'explosif visant délibérément des civils. Les attaques se font de plus en plus fréquentes et importantes au fil du temps.
    Elles frappent de manière dévastatrice la population civile. Des milliers de personnes ont été tuées ou enlevées, des centaines de milliers d'autres ont été contraintes de quitter leur foyer. Les éléments collectés montrent que Boko Haram a commis des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. Le gouvernement nigérian doit mener des enquêtes sur ces violences et faire en sorte que les personnes qui les ont commises soient traduites en justice.

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    Un  des massacres réalisés par Boko Haram

  • Guantanamo, 13 ans après

    Communiqué d'Amnesty International le 13 janvier 2015

    Aujourd'hui, 127 hommes sont toujours détenus dans ce centre, la plupart d'entre eux sans inculpation ni procès. Le transfert de la moitié de ces détenus vers un autre lieu a été approuvé.

     

    TREIZE

    Treize jours, c'était déjà assez long. Au treizième jour des mises en détention à la base navale américaine de Guantánamo, on comptait déjà 158 prisonniers. Certains de ces hommes se trouvent toujours emprisonnés sur cette base aujourd'hui. 

    Treize mois pour les détentions à Guantánamo, c'était déjà beaucoup trop long. À l'époque, en février 2003, le ministre de la Défense avait autorisé des techniques d'interrogatoire qui violaient l'interdiction de la torture et des autres traitement cruels, inhumains ou dégradants. 

    Treize ans, c'est une atteinte aux droits humains. Des personnes ont été détenues, année après année, sans inculpation ni procès, et tout cela sur fond de tortures, de mauvais traitements, de disparitions forcées, de détentions arbitraires, de gavages forcés, avec un très petit nombre de poursuites supervisées par un système de commissions militaires qui ne respecte pas les normes internationales en matière d'équité des procès.

    À la fin du second mandat du président George W. Bush, le 20 janvier 2009, on comptait encore 245 détenus sur la base. Deux jours plus tard, le nouveau président, Barack Obama, s’est engagé au nom de son gouvernement à fermer le centre de détention de Guantánamo « rapidement » et, au plus tard, le 22 janvier 2010. 

     

    IMPASSE POLITIQUE

    La raison rendant la résolution de ces détentions si difficile ? Une impasse politique interne où le Congrès s'est opposé à la fermeture du centre, tandis que le gouvernement n'a pas pu ou n'a pas voulu contourner cet obstacle. Selon le droit international, cependant, les législations et politiques d'un pays ne peuvent pas justifier le non-respect des obligations inscrites dans les traités internationaux. Un corps de l’État ne saurait rejeter sur un autre la responsabilité des manquements d’un pays aux droits humains. Le droit international exige des solutions et non des excuses.

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    Cette injustice a une cause fondamentale : le gouvernement américain (ses trois composantes) n'a pas considéré ces détentions comme un problème de droits humains. À l’approche du 11 janvier 2015, soit le 4 749e jour d’existence de cette prison tristement célèbre, le pays ne cherche toujours pas à résoudre le problème des détentions dans le respect des principes de droits humains. 

    DES VIOLATIONS DES DROITS HUMAINS RECONNUES

    L'an dernier, trois organismes de surveillance de l'application des traités [ONU] ont appelé à la résolution de ce problème. 

    En avril, après avoir évalué les États-Unis au regard du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ratifié par le pays en 1992, le Comité des droits de l'homme des Nations unies a appelé les autorités américaines à mettre un terme à la détention administrative sans inculpation ni procès à Guantánamo. Le Comité a demandé aux États-Unis que les procédures visant les détenus de la base s'effectuent au sein du système de justice pénale ordinaire, et non dans le cadre d'un système de commissions ne respectant pas les normes internationales en matière d'équité des procès. 

    En août, le Comité pour l'élimination des discriminations raciales a appelé les États-Unis à mettre un terme aux détentions administratives sans inculpation ni procès et à fermer sans plus de délai le centre de Guantánamo Bay. Soulignant l'interdiction de toute forme de discrimination, il a également demandé au pays de garantir le droit des détenus à un procès équitable, conforme aux normes internationales en matière de droits humains, et de libérer immédiatement tout détenu qui ne serait pas visé par une inculpation ou un procès. 

    En novembre, le Comité des Nations unies contre la torture a réitéré auprès des États-Unis une déclaration émise huit ans auparavant, en 2006, concernant les détentions à Guantánamo, à savoir que les détentions illimitées constituaient per se une violation de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, ratifiée par les États-Unis en 1994. Le Comité a exprimé sa préoccupation concernant l'effet cumulatif des conditions de détention et de traitement à Guantánamo sur la santé psychologique des détenus et a redemandé aux États-Unis de mettre fin aux détentions illimitées sans inculpation ni procès. 

    GUATANAMO : SYMBOLE D'UN SYSTEME ILLICITE

    Les détentions de Guantánamo seront pour toujours associées à des violations du droit international relatif aux droits humains. Les personnes incarcérées ont été torturées ou ont subi d’autres mauvais traitements dans la prison ou avant leur arrivée. Guantánamo, tout comme d’autres établissements du système de détention américain, a été le théâtre de détentions prolongées au secret et de disparitions forcées. Pendant des années, plusieurs centaines de détenus à Guantánamo ont été privés de leur droit de voir un juge statuer sur la légalité de leur détention. Ceux, en petit nombre, qui ont été poursuivis sous la présidence de G. W. Bush n’ont pas été traduits devant une juridiction américaine de droit commun. Pour ces personnes, le gouvernement a inventé un système ad hoc de commissions militaires, appliquant des règles qui étaient loin de respecter les normes internationales d’équité des procès. 

    L'administration Obama continue de recourir aux commissions militaires. Elle n'a transféré qu'un seul détenu au système de justice pénale ordinaire pour que cette personne soit jugée devant une cour fédérale. C'était il y a cinq ans. Le gouvernement américain entend appliquer la peine de mort à six détenus s'il obtient leur condamnation à l'issue de procès devant des commissions militaires. L'application de la peine de mort après des procès inéquitables constitue une violation du droit à la vie au regard du droit international. 

    On a effectivement constaté une récente vague de transferts de prisonniers hors de Guantánamo. Vingt-huit détenus ont été sortis de cette base au cours de l'année 2014. Auparavant, onze autres avaient été transférés hors du site en 2013. Parmi les personnes transférées, deux hommes l'ont été en Slovaquie, trois en Géorgie, cinq au Kazakhstan et six en Uruguay. Il s'agit là des pays ayant le plus récemment essayé d'aider les États-Unis à sortir de l'ornière qu'ils avaient eux-mêmes creusée. Alors qu'ils ont créé la prison de Guantánamo, les États-Unis cherchent toujours à ce que des pays fassent ce qu'ils se refusent à faire : accepter des détenus que les États-Unis ne veulent plus garder mais qui ne peuvent pas être rapatriés immédiatement pour une raison quelconque. 

    OBLIGATION DE RENDRE DES COMPTES

    Les États-Unis manquent également à leurs obligation internationales en ne veillant pas à l'obligation de rendre des comptes pour les violations commises à Guantánamo ou ailleurs. Répétons-le : le centre de détention de Guantánamo a été le théâtre de multiples violations des droits humains, y compris des disparitions forcées, et ce pendant plusieurs années. 

    Le mois dernier, la Commission spéciale du Sénat sur le renseignement a confirmé que la CIA avait utilisé Guantánamo pour des détentions secrètes en 2003 et en 2004. 

    Parmi les personnes encore détenues à Guantánamo, au moins 28 sont passées par le programme de détention secrète de la CIA, et ont subi entre 40 jours et quatre ans et demi de disparition forcée, avant d'être transférées à la base navale. Dans le cadre de ce programme illégal, certaines d'entre elles ont été torturées lors des interrogatoires. 

    La torture et la disparition forcée sont des crimes au regard du droit international. Faute d'assurer l'entière vérité, de fournir des compensations et de garantir l'obligation de rendre des comptes concernant ces crimes, les États-Unis manquent gravement à leurs obligations en matière de droits humains. 

    Les États-Unis doivent mettre fin aux détentions de Guantánamo d'une manière totalement conforme au droit international relatif aux droits humains, et fermer ce centre de détention. Ils doivent en outre veiller à ce que des enquêtes approfondies et impartiales soient menées sur toutes les allégations de violations des droits humains, traduire les responsables de ces violations en justice et offrir une réparation aux victimes.

  • Près de 2000 personnes exécutées par le groupe EI depuis 6 mois en Syrie

    Il est très difficile de rendre compte des atrocités commises en Syrie, que ce soit du fait des soutiens du président Bachar al-Assad, ou des groupes islamiques radicaux.

    La radio-télévision suisse reprend une information d'une association syrienne, qui fait état de massacres à grande échelle de la part des combattants de "l'Etat Islamique" autoproclamé. Voici ces chiffres, qui couvrent une période assez courte de 6 mois.

    Depuis fin juin en Syrie, l'organisation Etat islamique a exécuté au moins 1878 personnes, en majorité des civils et des soldats loyaux au régime de Bachar al-Assad, a rapporté dimanche l'OSDH.

    Près de 2000 personnes ont été exécutées en Syrie par le groupe Etat islamique (EI) depuis fin juin, a rapporté dimanche l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

    L'OSDH, proche des opposants au régime de Bachar al-Assad, "a pu documenter l'exécution de 1878 personnes aux mains de l'Etat islamique". Ces éléments restent impossibles à vérifier de manière indépendante.

    En majorité des civils

    Sur les 1878, 1175 sont des civils. Parmi eux figurent 930 membres sunnites du groupe des Chaïtat, qui s'étaient rebellés contre l'EI durant l'été en Syrie. 

    Par ailleurs, le groupe extrémiste a exécuté 502 soldats et miliciens pro-régime lors de combats ou après les avoir enlevés. Il a également tué 120 de ses propres membres ayant tenté de fuir pour revenir dans leur pays et 80 rebelles syriens.

    L'OSDH estime que le nombre réel des personnes exécutées est supérieur à 1878 en raison de la présence de centaines de disparus dans les geôles de l'organisation.

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  • Pakistan : la reprise des exécutions ne peut pas être la réponse à la tragédie de l'école de Peshawar

    L’attaque sanglante contre une école au Pakistan atteint un tel degré d'horreur qu'il est difficile de réagir avec un minimum de recul, sans se laisser submerger par nos émotions.

    Cela rend d'autant plus nécessaire de rappeler, comme le fait Amnesty International, une positon de principe contre la peine de mort et un rappel de son inefficacité. Son application n'a jamais fait reculer le crime, encore moins pour des personnes fanatisées qui n'hésitent à commettre des attentats-suicides

    Communiqué d'Amnesty International en date de 19 décembre 2014 :

    Le gouvernement pakistanais ne doit pas céder à la peur et la colère après la tragédie de l'école de Peshawar. Il doit revenir sur la promesse faite par le Premier ministre Nawaz Sharif de reprendre les exécutions pour les actes de terrorisme et maintenir son moratoire.

    "L'attaque perpétrée est extrêmement répréhensible et il est impératif que les responsables présumés de cette inimaginable tragédie soient traduits en justice. Cependant, le recours à la peine de mort n'est pas une réponse appropriée – il ne l'est dans aucun cas "
    David Griffiths
    Directeur adjoint du programme Asie-Pacifique d'Amnesty International.

    RÉTABLIR LA PEINE DE MORT N'EST PAS LA RÉPONSE APPROPRIÉE 

    Nawaz Sharif a fait cette annonce le lendemain de la mort d'au moins 142 personnes – dont 132 enfants – tuées par des activistes talibans dans une école gérée par l'armée à Peshawar (nord-ouest du pays). 

    Le Pakistan est naturellement en proie à la peur et la colère au lendemain de cette attaque, mais la levée du moratoire sur les exécutions semble être une réaction automatique qui ne va pas au fond du problème – à savoir le manque de protection efficace pour les civils dans le nord-ouest du Pakistan, a déclaré David Griffiths. C'est à cela que le gouvernement devrait consacrer son énergie, au lieu de perpétuer le cycle de la violence en reprenant les exécutions. 

    Nous demandons que les responsables présumés des attentats menés sans discrimination et des attaques visant des civils, y compris celle de Peshawar, fassent l'objet d'enquêtes et de procédures judiciaires, mais dans le respect des normes internationales d'équité et sans recours à la peine de mort. 

    Aucun élément convaincant n’a jamais permis de démontrer que la peine de mort était plus dissuasive que les autres châtiments, a déclaré David Griffiths. La peine capitale n'est pas une réponse appropriée aux problèmes d'ordre public du Pakistan et ne servirait à rien pour lutter contre la criminalité ou l'activisme dans le pays.

    Le Pakistan a réinstauré un moratoire sur les exécutions en octobre 2013 et n'a exécuté personne depuis la pendaison d'un soldat en novembre 2012 ; la dernière exécution par pendaison d'un civil remonte à fin 2008. Actuellement, des dizaines de personnes sont condamnées à mort pour des faits liés au terrorisme dans le pays. 

    De nombreuses condamnations à mort y sont prononcées à l'issue de procès iniques caractérisés par l'absence d'assistance juridique et l'admission de preuves pourtant irrecevables au regard du droit international. 

    En étendant le champ d'application de son moratoire sur les exécutions l'an dernier, le Pakistan a fait ce qu'il fallait et envoyé un message de respect des droits humains. Il a choisi de s'aligner sur la grande majorité de pays qui ont rejeté en droit ou en pratique la peine de mort.

    En cette période où la justice pakistanaise lutte pour faire face aux problèmes d'ordre public, il peut être facile de voir la peine de mort comme une solution miracle. Mais au lieu de reprendre les exécutions, le Pakistan doit chercher des solutions durables qui améliorent en profondeur le fonctionnement de la justice pénale. »

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  • Faut-il supprimer les notes ?

    L'agence de notation Fitch  a annoncé ce vendredi qu'elle baisse la note de la France à “AA”

    Notre pays avait déjà perdu son AAA, et ce auprès des trois grandes agences mondiales. Après être passé par AA+, voici donc une nouvelle baisse  de cette note, qui est sensée donner une idée de la confiance que les investisseurs donnent à un  emprunteur, que cela soit un état, une collectivité, un établissement financier ou une entreprise.

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    Les quotidien en ligne "Les Echos" présente ainsi cette nouvelle :

    L’agence de notation Fitch Ratings a baissé vendredi la note souveraine de la France d’un cran à “AA” contre “AA+” auparavant en l’assortissant d’une perspective stable. L’agence de notation précise dans son communiqué que la croissance de la France devrait cette année être inférieure à la moyenne de la zone euro et ce pour la première fois depuis quatre ans.

    Fitch ajoute que la faiblesse de l’économie française met en péril les perspectives à la fois de consolidation budgétaire et de stabilisation du ratio d’endettement public. L’agence de notation avait placé la note à long terme “AA+” de la France en “rating watch negative” (perspective négative) le 14 octobre.

    "Les Echos"  ajoute :

    Dans une note diffusée vendredi matin, les économistes de Société générale estimaient que l’impact sur le marché d’une éventuelle dégradation “devrait être limité”. L’agence Moody’s a quant à elle maintenu le 19 septembre la perspective négative sur la note “Aa1” qu’elle donne à la France, soit la deuxième meilleure note. Standard and Poor’s a pour sa part baissé la note de la France une première fois en janvier 2012 et une deuxième fois en novembre 2013, à “AA”. L’agence a révisé la perspective de stable à négative le 10 octobre.

    Ces notations sont bien entendu très subjectives, car elles sont basées sur une vision libérale de l'économie et données dans le but d'informer des investisseurs potentiels sur la capacité de remboursement de l'emprunteur. Elles donnent cependant une idée de la santé économique de la collectivité étudiée, dans le contexte économique actuel. Faut-il pour autant demander la suppression des notes ?

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