Le GHSA, Groupe Hospitalier Sud Ardennes, regroupe deux sites qui sont les anciens Centres Hospitaliers de Vouziers et Rethel.
Une fusion pour rien
La fusion imposée de ces deux établissements devait amener des synergies et générer des économies d'échelle. Le bilan montre une réalité beaucoup plus sombre, avec la fermeture de services (dont les deux maternités), une absence de complémentarité, et des difficultés financières croissantes.
Dans les deux arrondissements on compte plus de 55.000 habitants, un bassin de vie qui semble suffisant pour justifier l'existence de services hospitaliers de base. Mais le contexte social et géographique, les choix politiques, et surtout la manière avec laquelle cette fusion s'est réalisée n'ont donné aucun résultat positif.
Le site de Vouziers périclite sans chirurgie et sans maternité, avec un secteur d'hébergement de personnes âgées qui se trouve dans un état déplorable.
Le site de Rethel vit quelques années plus tard la même descente, avec en plus des problèmes financiers majeurs. Le site traîne un déficit ancien, les choix politiques nationaux et des erreurs de gestion locale l'ont aggravé.
Un conseil qui marque un nouvel échec
Ce mercredi 24 octobre, s'est tenu un conseil de surveillance, instance statutaire de l'établissement. Il succède au conseil d'administration qui existait au sein des centres hospitaliers, mais le conseil n'a aucun pouvoir décisionnel.
Ce conseil recevait le directeur de l'Agence Régionale de Santé (A.R.S.) et était élargi à l'occasion aux élus du secteur.
Le directeur de l'ARS a annoncé la fin de la mission du directeur actuel Celui avait été nommé il y a 18 mois pour sortir l'hôpital de ses difficultés (voir notre note ). Ce départ précipité marque de l'échec de sa mission, puisque le déficit financier s'est aggravé et que la situation interne ne s'améliore pas . En particulier l'activité chirurgicale reste insuffisante pour de multiples raisons.
Deux directeurs intérimaires vont arriver dès novembre, mais n'auront le réel pouvoir. Deux inspecteurs de l'IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales) vont être détachés sur le GHSA. Les tutelles nationales et régionales vont donc préparer les décisions à venir, pendant que les directeurs se chargeront des affaires courantes.
Dans six mois les choix seront validés et les restructurations débuteront.
Une situation financière catastrophique
Le site de Rethel connaît des difficultés budgétaires depuis des années. Les choix récents (en particulier la construction d'un nouveau bloc chirurgical) ont encore plus déséquilibré les finances.
On arrive maintenant à une situation de cessation de payement. L'ARS va devoir combler une partie du déficit sur ses propres fonds. C'est cette situation qui fait que l'établissement n'est plus en mesure de négocier en face de l'ARS qui va imposer ses choix.
Le trou se compte en millions d'euros sachant qu'à lui seul le bloc a coûté 6 millions . Au total le déficit atteint au minimum 9 millions. Il est possible de contester ce chiffre et de condamner à nouveau les choix qui ont été faits, mais en bas des livres de comptes c'est bien cette somme qui apparaît.
Des investissements sont encore nécessaires (sécurité incendie à Rethel en particulier) et dans le contexte actuel aucun espoir de relance forte de l'activité ne semble crédible.
Et Vouziers dans tout cela?
Le site de Vouziers n'était pas le siège d'une situation financière difficile. Il a subi une baisse d'activité suite aux fermetures de services (maternité, chirurgie, réanimation), et a vécu difficilement la fusion avec Rethel.
Le déficit est maintenant dans le pot commun, et plombe les projets locaux.
Vouziers attend depuis de longues années la construction d'un nouvel EHPAD (Établissement d'Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes).
La situation actuelle va compliquer ce dossier :
Comment monter un projet sans véritable équipe de direction ?
Comment financer la construction si l'établissement n'a plus de fonds propres et n'est plus en capacité d'emprunter ?
Alors qu'ORPEA, opérateur privé finalise la construction de son EHPAP à Vouziers, l'établissement public n'a ni projet architectural disponible, ni plan de financement crédible.
Ce qui ne peut paraître n'être "que" des aberrations de gestion et de choix politiques aboutit à ce que des personnes âgées vivent leurs derniers jours dans des chambres communes indignes du respect qu'on leur doit.
L'EHPAD "Les Tilleuls" de Vouziers (Photo D.R.)