société - Page 308
-
La "manif pour tous" et sa famille idéale
Sur beaucoup de sujets, des opinions divergentes existent, et la confrontation des idées permet en général de faire avancer le débat.Cela devient très difficile quand certains pensent détenir LA vérité, parfaite et immuable. Et quand la réalité ne colle plus à leurs croyances, c'est la réalité qu'il faut changer !Ainsi en ce 8 mars, qui reste la journée du droit des femmes, la mouvance de "la manif pour tous" avait organisé un rassemblement intitulé « Grenelle de la famille ».Après avoir réuni ses sympathisants dans différentes villes, une synthèse des recommandations formulées par ce courant traditionaliste a été présentée.Le journal " La Croix" en fait un compte-rendu. Sans surprise, il est répété que« le mariage doit être protégé par la nation comme engagement public que prennent un homme et une femme l’un envers l’autre dans la durée pour s’aimer, fonder une famille et éduquer leurs enfants ». Pas question donc de mariage homosexuel, pas de mariage pour les couples qui ne peuvent avoir d'enfant (trop âgés ou stériles), on se demande même si le divorce sera encore permis.Le mouvement serait un acteur "d'un type nouveau" (??) d'après la présidente, ce que rapporte le journal catholique:C’est d’ailleurs par là qu’a commencé sa présidente : « Nous sommes un acteur de la vie de la cité, d’un type nouveau, il va falloir s’y faire ! » a déclaré Ludovine de la Rochère, à l’ouverture du Grenelle. Pour elle, Il s’agit d’une consultation inédite, qui a mobilisé quelque 5 000 citoyens à Marseille, Toulouse, Lyon, la Roche-sur-Yon ou encore Paris, sur « l’enjeu fondamental qu’est la famille ». « Le gouvernement, lui, ne consulte pas, il n’entend pas », a-t-elle regretté. Avant d’ajouter : « La Manif pour tous est là pour quelques années ! ».Le type nouveau apparaît principalement ancré sur des valeurs anciennes, liées à la religion et à une vision rétrograde de la société.Les réactions des personnes présentes dans la salle donnent un éclairage sur ses propos :Applaudissements enthousiastes dans la salle. À quelques rangs de la scène, un couple de retraités parisien, n’en perd pas une miette. « Ce qui est grave, c’est la libéralisation à tous crins, la perte de repères », dit Nicolette, cheveux courts, foulard rouge autour du cou. Son mari acquiesce : « Il faut montrer au gouvernement qu’on est là, qu’on n’est pas d’accord avec le mariage homosexuel, même s’il a été voté ».(...)C’est aussi cette idée de résistance qui a conduit Sybil, 43 ans et sa sœur Armelle, 39 ans, à venir à la Mutualité ce 8 mars. « On est face à une tentative de destruction de la famille. En tant que chrétiennes, nous ne pouvons pas nous taire », estime Sybil, mère de deux enfants, qui n’a manqué aucune manifestation contre la loi Taubira.Cette frange conservatrice de la mouvance catholique ne peut concevoir une famille que dans sa version traditionnelle. Comme si depuis 2000 ans rien n'avait changé, et que rien ne changera jamais en mieux ou en différent, puisque la famille traditionnelle est définitivement parfaite et immuable. On a bien affaire ici au sectarisme le plus borné, avec toute sa dangerosité.Pour terminer, une citation tirée de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens - Chapitre 14Les inspirations des prophètes sont sous le contrôle des prophètes, car Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix.Comme cela se fait dans toutes nos Églises, que les femmes gardent le silence dans les assemblées, car elles n’ont pas la permission de parler ; mais qu’elles restent dans la soumission, comme le dit la Loi.Et si elles veulent obtenir un éclaircissement, qu’elles interrogent leur mari à la maison. Car pour une femme c’est une honte de parler dans l’assemblée.On comprend mieux ainsi d'où viennent les références théoriques des catholiques traditionalistes. -
Municipales, c'est notre affaire!
A 3 semaines du scrutin, la campagne électorale n'a pas encore débuté à Vouziers. Les programmes des deux listes pressenties ne sont pas connus, donc pas de débat démocratique entre elles ou avec les citoyens. La Ligue des Droits de l'Homme qui s'intéresse à la citoyenneté au sens large fait des propositions pour ouvrir le débat sur des thèmes municipaux et de vie quotidienne à partager entre tous.
Pour mettre hors jeu électoral une conception haineuse d’un « tous contre tous », pour inciter
l’ensemble des citoyen(ne)s à participer aux prochaines échéances municipales, il faut convaincre que ces élections représentent de véritables enjeux. Pour ce faire, un jeu de sept tracts a été conçu. Destinés à une large diffusion, ils visent à montrer que c’est aussi à l’échelle de la cité qu’il y a un déficit de représentation, une insuffisante prise en compte de la diversité, des perspectives insuffisantes pour la jeunesse, de multiples problèmes de logement et d’accès aux soins, une misère croissante… Ces tracts sont l’occasion pour la LDH de développer des propositions, chacun d’entre eux aborde un thème spécifique, mais tous proposent aussi un texte commun « Municipales : notre affaire ! » Au total, ils dessinent les contours d’une ville telle que toute résidente, tout résident, peut la souhaiter.
Ma ville, ma vie, je la veux… accueillante
Toute politique municipale se doit de garantir à chacun et à chacune une égale liberté de conscience. Il revient aussi aux municipalités de faire respecter la neutralité du service public et de veiller à ce que le droit du travail, quand il s’applique à l’entreprise privée, garantisse l’égalité de traitement et la non-discrimination. Etablir et faire respecter ces droits, c’est aussi la meilleure façon de combattre l’intégrisme, tous les intégrismes…Ma ville, ma vie, je la veux… démocratique
Aujourd’hui, tout le monde constate que la démocratie fonctionne mal et, qu’à tous les échelons, elle doit être améliorée. A l’échelon local, tous les résidents et toutes les résidentes doivent pouvoir voter, peser sur l’utilisation des impôts locaux, faire entendre leur voix, participer plus directement à la vie de la cité…Ma ville, ma vie, je la veux… fraternelle
Nos élu(e)s doivent veiller à ce que, dans la cité, aucun groupe ne soit discriminé en raison de ses origines, de sa précarité sociale, de son sexe. Toute population en souffrance ou qui connaît des difficultés particulières doit se voir proposer aide, écoute, accueil dans une structure…Ma ville, ma vie, je la veux… juste
Une ville « juste » doit favoriser l’accès au droit de toutes et tous. C’est le rôle des Maisons du droit ou des Points d’accès au droit qui doivent exister partout. Il ne revient pas aux élu(e)s de favoriser des formes de justice privée, avec des initiatives du type « Voisins vigilants ». Quant aux relations police-citoyens, la création d’un récépissé de contrôle d’identité pourrait contribuer à les améliorer. C’est une proposition que soutient de la LDH.Ma ville, ma vie, je la veux… libre
Aujourd’hui, beaucoup de villes sont dotées de caméras de vidéosurveillance, sans que l’efficacité de ces outils soit démontrée. Ces dispositifs impliquent des restrictions aux libertés et des atteintes à la vie privée. La LDH a toujours défendu l’idée que les importants crédits consacrés par l’Etat et par les villes à la vidéosurveillance seraient mieux utilisés s’ils permettaient le développement d’une police de proximité et un vrai travail de prévention. Quant aux fichiers municipaux, il appartient aux élu(e)s d’être vigilants pour en éviter la multiplication…Ma ville, ma vie, je la veux… ouverte
Vivre dans une ville « ouverte », c’est vivre dans une cité où le va et vient entre la discussion et la décision est favorisé. Des lieux de confrontation doivent donc permettre le débat autour de tout ce qui concerne la vie de la cité, et notamment autour de la fiscalité locale. Des écoles ouvertes aux parents, une médiathèque, un centre social, une maison pour tous, sont autant de lieux qui réduisent les inégalités, créent du lien social et combattent le repli sur soi.Ma ville, ma vie, je la veux… solidaire
Il revient donc aux municipalités de mener une politique foncière et ambitieuse, d’assurer une prise en charge diversifiée de la jeunesse et d’assurer un accès aux soins garanti à toutes et à tous. Elles doivent aussi soutenir les associations parce que celles-ci constituent un maillon essentiel de la cohésion sociale. -
Handicap : l'échéance 2015 repoussée
La première loi sur l'accessibilité date de 1975, elle donnait des indications assez générales sur l'accessibilité des bâtiments aux handicapés.
Mais ce texte ne comportait pas de mesures contraignantes, et il est resté pratiquement lettre morte. C'est la loi de 2005 qui a introduit des mesures précises et un calendrier très large : 10 ans étaient laissés pour se mettre en conformité. A la veille de l'échéance, le constat est sévère : Selon le dernier baromètre de l'accessibilité, publié le 11 février 2014 par l'Association des paralysés de France (APF), à peine plus de la moitié des écoles et seulement 42 % des réseaux de bus sont accessibles aux handicapés.
Le gouvernement a pris acte de cet état de fait, et propose un nouvel échéancier qui recule l'obligation de 3 ans, 6 ans ou 9 ans selon les cas.
La représentante d'une association de handicapés déclare : "Nos adhérents attendent depuis quarante
ans de pouvoir aller partout et on leur dit d'attendre encore trois, six ou neuf ans, on ne peut pas être satisfait. En même temps, on a réussi à écarter le pire, le report sec. »
Ce problème est loin de concerner une petite minorité puisqu'on estime que près de 2 millions de personnes avaient une reconnaissance administrative du handicap en 2007 (derniers chiffres connus), indique l’Insee. Mais en ajoutant les déficients visuels, auditifs, mentaux, ainsi que les victimes d’un accident du travail ou d’un problème de santé depuis moins de six mois, le nombre des personnes ayant des difficultés à se déplacer, se monterait à 9,6 millions.
Il va donc falloir modifier la loi de 2005, puisqu'elle n'a pas été respectée ! Le gouvernement prévoit de proposer de contrats d'engagement aux établissements qui ne sont pas aux normes, qui devront pour ne pas être pénalisés « s’engager sur un calendrier précis et resserré de travaux » avant la fin de l’année 2014, à travers des « agendas d’accessibilité programmés » (Ad'ap).
-
Collèges ruraux : ce n'est pas seulement Le Chesne que l'on abat, Buzancy aussi !
La semaine dernière, le conseil d'administration du collège multi-site Vouziers Le Chesne a voté la fermeture du site de Le Chesne (voir notre note).
Dans la foulée, le conseil d'administration du collège multi-site Buzancy-Grandpré vient de voter la fermeture du site de Buzancy. Cette décision a été prise à une large majorité des membres du CA. Il faut savoir que la représentation du canton de Grandpré est largement surévaluée au sein du CA (personnalités extérieures par exemple).
Cette succession de votes n'est pas qu'une coïncidence, elle dénote un changement de tactique de la part des responsables académiques. Le vote d'une instance réglementaire est plus difficile à contester que la décision unilatérale du DASEN. Celui-ci peut jouer les Ponce Pilate et déclarer : voyez, ce n'est pas moi qui ai imposé quoi que ce soit, ce sont les personnes du terrain qui ont choisi.
Sauf que les gens du terrain n'ont aucune prise sur les dotations en personnel. Et quand on constate qu'il est quasi impossible de fonctionner sur deux sites, quel choix reste-t-il, si ce n'est ne pas participer à cette parodie de démocratie ?
Le DASEN doit avoir un large sourire: il a réussi à imposer les fermetures qu'il souhaitait, en passant allégrement sur les promesses de concertation faites par les représentants du ministre.
Cette victoire est bien amère, avant tout pour ceux qui ont mené la mobilisation contre la disparition des collèges ruraux depuis plus d'un an.
Elle est aussi dramatique pour les territoires touchés : ces cantons fragiles perdent encore un point d'ancrage, et risquent de couler encore plus rapidement. La solidarité du Conseil Général et de la Communauté de Communes a été totalement inexistante, ce qui va laisser des traces sur le long terme. Un effet boule de neige risque de se produire dans les deux chefs lieu de canton : quel avenir pour les écoliers du primaire, comment les transports vont-ils fonctionner, comment attirer ou maintenir une population sur place ?
Les "gagnants" ne sont guère mieux lotis. Grandpré reste un très petit collège par le nombre d'élèves et sera vite dans le collimateur des autorités académiques. Vouziers ne sera un bourg centre que s'il existe une périphérie, et à ce petit jeu, c'est le lycée qui risque d'être rapidement sur la sellette.
On voit bien que les perdants sont nombreux, la démocratie et le monde rural en premier. Quand aux gagnants, il serait utile qu'ils se posent des questions (sans même parler de simple solidarité) : quels sont les bénéfices concrets de ces décisions pour notre canton, qu'avons nous obtenu de mieux pour l'avenir de notre propre territoire ?
Manifestation en mai 2013 pour le collège de Le Chesne (photo L'An Vert D.R.)
-
Le festival les enfants du cinéma à Vouziers
Jeudi 20 février, séance unique
Projection du film à 20 heures « C’est moi la plus belle » en la présence du réalisateur Frieder SCHLAICH. (voir notre note précédente)
Tarifs : séance tout public : 7 € (tarif plein) - 5,50 € (tarif réduit)
Organisation : Cinéma Les Tourelles, Association "Les Tourelles".
-
La fermeture du site de Le Chesne votée au C A du collège
Les collèges multi-sites sont (étaient ?) un peu une spécialité ardennaise depuis la tentative avortée du conseil général de fermer des établissements (en 2005).
Des regroupements avaient alors été réalisés (Buzancy-Grandpré et Vouziers-Le Chesne pour notre secteur) avec un statut pas très clair, un peu expérimental, et avec une dotation de moyens renforcée mais pas garantie dans le temps. Au fil des années il est devenu de plus en plus évident que la volonté des décideurs était de fermer de nombreux sites ardennais, car "le département est surdoté en nombre de collèges". Un certain cynisme s'est manifesté, par des élus favorables à la fermeture mais se disant défenseurs du monde rural par ailleurs. Le sommet a été atteint par Benoît Huré, le président du Conseil Général des Ardennes qui a déclaré :"De toute façon il faudra d'une manière ou d'une autre réviser la carte des collèges, et je ne m'y opposerai pas. Mais aujourd'hui, pour moi, la balle est dans le camp du rectorat : je mets des collèges là où il met des profs, tout simplement. Moi, j'ai déjà donné…"
Le Directeur Académique des Services de l'Education Nationale (DASEN) est chargé de mettre en œuvre la politique définie par les élus nationaux. Concernant les collèges, son action tend depuis deux ans à faire fermer les "petits" collèges, d'une manière ou d'une autre. L'an dernier, il s'est heurté à une résistance assez forte, notamment à Buzancy et à Le Chesne. Il a continué à avancer cette année, même si une étude globale a été préconisée et qu'un moratoire a été décidé en attendant les conclusions de cette étude.
Il a ainsi annoncé en décembre dernier la fermeture du site de Buzancy.
Pour le site de Le Chesne, la méthode a été différente. Les moyens affectés au multi-site Vouziers Le Chesne pour la rentrée 2014 rendent quasi impossible un fonctionnement correct sur deux sites. Il n'est plus question de moyens spécifiques pour les multi-sites, encore moins pour les petites unités. Pour tuer son chien, on peut dire qu'il a la rage, on peut aussi ne plus le nourrir suffisamment, c'est peut-être un peu plus long, mais cela reste très efficace.
Toujours est-il que le conseil d'administration du multi-site Vouziers-Le Chesne a voté ( à une faible majorité) la fermeture du site de Le Chesne pour la rentrée prochaine. Si cette fermeture était confirmée, beaucoup de questions d'organisation se poseraient (transport des élèves en particulier) et ces questions sont loin d'avoir une réponse claire à l'heure actuelle.
Le collège de Le Chesne (photo L'An Vert D.R.)
-
Le Collectif « Sauvegardons nos écoles » passe à la vitesse supérieure
Suite aux manifestations et mouvements de protestation contre les fermetures d'établissements d'enseignement dans le département, une réunion de conciliation s'était tenue en juillet dernier en présence de représentants du ministre de l'Education.
Cette réunion avait acté une méthode de concertation pour aboutir à une décision partagée à valider dans le cours de cette année scolaire. La concertation promise a été plutôt symbolique que réelle, et des décisions ont été annoncées en contradiction avec les engagements pris.
Le collectif qui avait mené la lutte l'an dernier réagit à cette situation par un communiqué, dont voici de larges extraits :
(...)
Où en sommes-nous aujourd'hui ?
La fermeture du site de Buzancy est annoncée pour juin 2014 (le regroupement sera voté alors que le nombre de personnes représentant chaque site n’est pas équitable, les deux sites ne feront même plus partie du même canton en 2015, quelle belle démocratie !!!), dix postes d’enseignement sont supprimés au Lycée de Bazeilles (C'est ainsi qu'on crée un pôle académique « hôtellerie-restauration-tourisme » ???), quant au Lycée de Givet-Revin des simulacres de concertations ont vu le jour et un rapport erroné a été rédigé sans avis des participants.Les projections du Rectorat concernant les effectifs pour la prochaine rentrée scolaire au lycée Pierre Bayle (en classe de seconde 36 élèves par classe dans 8 classes sur 9) montrent bien qu'il ne s'agit pas d'une volonté de créer de meilleures conditions d'accueil ou de fonctionnement mais de faire des économies sur le dos des élèves, des enseignants, des familles et des territoires.
Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale, Monsieur le Recteur, Monsieur le Directeur de cabinet adjoint, Monsieur le Chef de cabinet, nous vous avons adressé un courrier début janvier, sans réponse à ce jour. Que devons-nous penser de votre silence, des méthodes utilisées sans changement par rapport à l’an dernier, approuvées par vos services ? Avons-nous eu tort de vous faire confiance en prenant acte des conclusions de la réunion du 3 juillet ?
Aujourd'hui force est de constater que les délais n'ont pas été respectés, les engagements n'ont pas été tenus. Le Collectif 08 dénonce un marché de dupes et ne compte pas en rester là, il s'est réuni le jeudi 6 février dernier et ses membres ont décidé de se constituer en association « Collectif 08 Sauvegardons nos écoles ».
Une audience va être demandée au Préfet.
Le Collectif 08 est plus que jamais déterminé à faire respecter les engagements pris par le Ministre de l’Éducation Nationale.Des membres du collectif lors d'une réunion