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économie et finances - Page 134

  • L’Agence Internationale de l’énergie a publié son rapport WEO 2012

    La pression de groupes économiques et politiques en faveur de l'exploitation des gaz de schistes ne faiblit pas. Il suffit de lire l'argumentation de Michel Rocard (il déclare que l'exploitation du gaz de Lacq s'est faite par fragmentation hydraulique ce qui est faut, ce gisement n'étant d'ailleurs pas lié à une roche de type schiste).

    Il y a probablement des bénéfices financiers à faire avec l'exploitation de ces hydrocarbures "non conventionnels", mais la nature est à tous les coups perdante : l'augmentation des gaz à effets de serre est inéluctable avec cette énergie fossile.

     

    Voici l'analyse de Greenpeace :

     

    La publication du rapport annuel de l’Agence internationale de l’énergie, le World energy outlook (le résumé en français) , est toujours un événement …
    Celui de l’année 2012 a été publié ce 10 novembre, et a, comme attendu, suscité l’intérêt des médias. Médias qui ont eu une lecture que l’on pourrait qualifier de parcellaire. Voici quelques approfondissements !

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    Le buzz : l’indépendance énergétique des États-Unis et les schistes …

    Les États-Unis, de part le développement de champs auparavant difficile à exploiter dans le Dakota du Nord et Texas du Sud (grâce à la technique du fracking ou fracturation hyrdaulique), seront indépendants d’un point de vue pétrolier et exportateurs, d’ici 2030. Voilà, en substance ce qu’on retenus les médias.

    Ce qui est faux dans cette déclaration c’est que nulle part l’AIE n’estime que les USA seront indépendants d’un point de vue pétrolier. Ce que dit l’AIE plus précisément c’est que, en 2030 les États-Unis seront exportateurs d’énergie. Compte-tenu de leur réduction de recours au charbon et de leur utilisation des gaz de schistes, les USA pourraient avoir une balance import / export en matière énergétique globale positive. Mais, au vu de la demande en pétrole, les USA resteront importateurs net de pétrole et vulnérables à la volatilité des prix du marché.

    Par ailleurs, cette balance positive (et pas indépendance !) ne sera possible que si les USA entament une réduction drastique de leurs consommation, et, au rythme actuel des politiques en la matière, ils en sont loin …. sachant qu’en plus ils importent aujourd’hui 20% de leurs besoins énergétiques.

    La tarte à la crème de l’indépendance énergétique

    L’indépendance énergétique est devenue, depuis les années 70 un Graal politique et économique.

    Mais que vaut cette indépendance si elle signifie faire face à des événements climatiques dramatiques d’un point de vue humain et financier ?
    A-t-on déjà mis en balance les gains financiers de l’indépendance face aux coûts des changements climatiques? L’échec des actions contre le changement climatique coûte déjà à l’économie mondiale 1,6 % de son PIB, soit 1 200 milliards de dollars par an et devrait conduire à un doublement des coûts mondiaux dans les vingt prochaines années, selon un rapport révélé 25 septembre aux États-Unis, par le DARA and Climate Vulnerable Forum.   

    Aujourd’hui, la France importe 99% de son pétrole, principalement pour les transports. Le nucléaire est le résultat de l’importation de 100% d’uranium, combustible de base des centrales, depuis des pays comme le Niger ou le Kazakhstan. Faire le pari de l’indépendance énergétique du pays sur d’hypothétiques réserves d’hydrocarbures de schistes (les chiffres annoncés étant des projections) exploitables grâce à des méthodes plus que dangereuses du point de vue environnemental est une véritable roulette russe énergétique, économique, environnementale.

    Du point de vue politique, financier, humain, l’indépendance énergétique n’est souhaitable que si elle est le résultat d’une transition énergétique équilibrée qui allie efficacité énergétique, sobriété et renouvelable.
    Pour que ces nouvelles matières fossiles ne soient tout simplement pas nécessaires !  

    Ce que les médias n’ont pas vu … Ou ont passé sous silence

    Pour la première fois, l’AIE elle-même estime qu’on ne peut exploiter qu’une tiers de l’ensemble des ressources fossiles prouvées (les mieux estimées / probables ou possibles) d’ici à 2050. Autrement dit, 2/3 de ces ressources doivent rester dans le sol.

    Ce quota est déjà largement exploité avec les projets en cours sur le globe. Suivant l’avis de l’AIE, il faudrait alors interdire l’ouverture de nouveaux champs de recherche et d’exploitation : donc les hydrocarbures de schistes aux US, les gaz de schiste en France, le pétrole en Arctique…

    Si l’on ne prend que le dossier pétrole, sans même évoquer le charbon et le gaz :
    Selon l’AIE, pour rester sous la barre des 2 degrés, la courbe de consommation du pétrole doit être inversée en 2018 et ne pas dépasser une production journalière de 88,1 Mbj (Million de barils / jour) d’ici à 2020 (aujourd’hui on consomme 86,7 Mbj), là où on prédit une demande de 94,6 et où l’industrie est en train de développer une capacité de production équivalente à 110,6 Mbj.

    Et ça, selon l’AIE, c’est seulement nous donner 50% de chances de rester sous les 2 degrés. L’année dernière une étude publiée par Carbon tracker estimait que pour avoir 80% de chances de rester sous deux degrés, ce sont 80% des ressources prouvées (contre 66% pour l’AIE) qui doivent rester dans le sol, et 20% être exploités (contre 33% AIE).

    L’avertissement est très clair : il faut rester sous une hausse des températures de 2 degrés. Mais, en moins de 8 ans seulement, l’industrie pétrolière dispose des capacités de productions suffisantes pour embraser le climat. Le montant des réserves fossiles qu’on s’apprête à exploiter pourrait nous mener bien au-delà de ces 2 degrés, il nous mène à au moins 6 degrés de réchauffement.

    C’est la raison pour laquelle Greenpeace reste, quelque soit la méthode, fermement opposée à l’exploitation des hydrocarbures de schiste et milite pour une nouvelle donne énergétique.
    Parce que le coût financier, humain et environnemental ne sera bientôt pas que chiffrable en milliards de dollars, mais affectera aussi le quotidien, le mode de vie, des 7 milliards d’humains de la Planète.


  • Zone Franche Ardennes : la supercherie du "pacte de compétitivité" est démasquée !

    Larges extraits de l'article de Jean-Charles Vanbervesseles paru dans son blog "Debout les Ardennes qui souffrent" :

    Depuis le 1° janvier 2007 , le département des Ardennes est devenu à 80% une "zone franche" : au nom de la redynamisation économique , l'UMP avait voté une loi -connue sous le nom d'amendement Warsmann , qui exonère les entreprises de cotisations patronales et d'impôts sur les sociétés !!

    Ainsi , on peut dire qu'un pacte de compétitivité existe dans notre département depuis 6 ans : des dizaines de MILLIONS D'EUROS D'ARGENT PUBLIC ONT ETE DISTRIBUES AU PATRONAT LOCAL ....c'était la mise en action du rapport GALLOIS avant l'heure , à titre expérimental !!??

    QUELS SONT LES RESULTATS ???

    Malgré des "avantages fiscaux et sociaux uniques en France " ( sources CCI) , plus de 2000 emplois industriels ont disparu en 6 ans et nos Ardennes comptabilisent 22457 chômeurs à fin Octobre 2012 !! zf Non seulement ces cadeaux n'ont pas créé d'emplois , mais de plus , ils ont contribué à appauvrir toutes les collectivités locales avec une chute importante des recettes fiscales dûes par les entreprises !

    (...)

    LE PACTE DE COMPETITIVITE "zone franche Ardennes" - de l'aveu même des autorités publiques , est un ECHEC TOTAL : alors pourquoi persister dans cette politique "d'exonérations de charges sociales patronales" ?? on n'a pas voté Hollande pour qu'il applique le programme du MEDEF !!

    Rappelons aussi que les "charges" n'en sont pas : il s'agit des COTISATIONS SOCIALES ! nous cotisons tous pour celui qui est en difficulté ou le sera un jour , face à la maladie , au chômage ou encore à la retraite ! Les COTISATIONS salariales et patronales sont destinées à rendre possible ces droits par un partage redistributeur : les droits sociaux ( Sécurité sociale, Caf ,Assedic,Retraites ...) ne sont pas tombés du ciel , ils sont le résultat des luttes menées par nos ainés !!!

    Alors que plusieurs centaines d'emplois sont encore menacés aujourd'hui dans les Ardennes ( Electrolux, Vistéon ,Ackers, Faurecia,Melrose , Enia ...etc....) , il est temps de CHANGER COMPLETEMENT DE POLITIQUE : partager les richesses et abolir l'insécurité sociale , c'est possible maintenant !

    LE CHANGEMENT EST ENTRE LES MAINS DE TOUS LES CITOYENS : ce 14 NOVEMBRE , LES PEUPLES EUROPEENS SE MOBILISENT CONTRE L'AUSTERITE . Dans les Ardennes , en solidarité avec les ELECTROLUX , les syndicats Cgt, Cfdt ,Fsu et Unsa , appellent à une manifestation à 14 h à REVIN : le FRONT DE GAUCHE INVITE TOUS LES ARDENNAIS A PARTICIPER MASSIVEMENT A CETTE ACTION de soutien à l'emploi industriel .

  • Le 14 novembre 2012 : pour la l’emploi et la solidarité en Europe

    Communiqué commun CFDT, CGT, FSU, Solidaires et Unsa :
    14 novembre pour l’emploi et la solidarité en Europe

     

    Les organisations syndicales françaises CFDT, CGT, FSU, Solidaires, Unsa s’inscrivent avec l’ensemble du syndicalisme européen dans la journée d’action et de solidarité de la Confédération européenne des syndicats le 14 novembre 2012 pour la l’emploi et la solidarité en Europe.

    Elles expriment leur ferme opposition aux mesures d’austérité qui font plonger l’Europe dans la stagnation économique, voire la récession. Ces mesures, loin de rétablir la confiance, ne font qu’aggraver les déséquilibres et créer des injustices. Elles mettent à mal le modèle social européen par0000388958-0_w_230_h_230.jpg ailleurs mis en cause par la concurrence et parfois le dumping dans les domaines de la fiscalité, du coût du travail et des conditions sociales.

    En France, c’est un nombre de chômeurs qui ne cesse de croître depuis 17 mois avec encore une hausse record en septembre. Les plans de licenciements se multiplient. La précarité s’accroît, des millions de salariés n’accèdent à l’emploi qu’en CDD pour des durées de plus en plus courtes. 11 millions de personnes sont touchées par l’exclusion ou la pauvreté dont de nombreux retraités. Les salaires dans le privé et le public stagnent.

    Les traitements de choc infligés aux travailleurs notamment en Grèce, en Espagne et au Portugal, montrent l’impasse de politiques qui conduisent à la destruction des droits sociaux.. La cohésion sociale, les services publics, le dialogue social et le respect des valeurs garanties par la Charte des droits fondamentaux sont mis en cause. Cette situation est insupportable et menace la construction européenne elle-même.

    En s’amplifiant, la crise économique et sociale accroît fortement les inégalités entre les travailleurs européens et met en cause les droits de tous.

    L’Europe doit bâtir ses politiques sur la solidarité et garantir les moyens du progrès social. La journée de mobilisation du 14 novembre permettra aux travailleurs de toute l’Europe d’agir, ensemble et solidairement, pour des conditions de travail et de vie décentes. Cela implique :
    • une véritable coordination des politiques économiques et des mesures de solidarité concrètes avec les pays les plus en difficulté en intégrant systématiquement la dimension sociale aux décisions européennes ;
    • la négociation d’un « Contrat social » revendiqué par la CES au niveau européen, incluant des mesures mettant fin à la concurrence sociale entre les Etats, en instaurant des standards sociaux européens, en particulier un salaire minimum dans chaque pays ;
    • des mesures de relance au plan européen afin de renouer avec une croissance durable et favoriser l’emploi ;

    Les organisations syndicales CFDT, CGT, FSU, Solidaires, Unsa décident de faire du 14 novembre une grande journée de mobilisation interprofessionnelle rassemblant les salariés du privé et du public, les retraités et les chômeurs pour manifester leur volonté de voir apporter des réponses concrètes aux difficultés que vivent tous les travailleurs en France et en Europe, en solidarité avec les travailleurs espagnols, portugais et grecs. Elles appellent partout en France à manifester selon des modalités permettant la participation la plus large.

     

    Pour les Ardennes


    Une manifestation est prévue à Revin, où Electrolux est l'exemple même du peu de considération du capitalisme à notre égard. 

     

    A 14H00

    rue Jean Jacques Rousseau (près de la gare)


  • Pour en finir avec la compétitivité (rapport Attac/Copernic)

     

     Après avoir annoncé un nécessaire « choc de compétitivité » souhaité par la droite et le MEDEF, lelogo.png gouvernement souhaite désormais construire un « pacte de compétitivité » sur l’ensemble du quinquennat de François Hollande, inspiré par les mesures préconisées par le rapport Gallois. La rengaine est connue : notre pays souffrirait d’un déficit de compétitivité dû, entre autres, à un coût du travail trop élevé. Qu'en est-il vraiment ?

    (Consulter le rapport en PDF)

    À travers ce rapport, Attac et la fondation Copernic se penchent sur les difficultés de l'économie française et sur les idées reçues autour de la compétitivité. Pour ses auteurs, la diminution du coût du travail, prônée par le rapport Gallois n'est en rien une solution à la crise, de manière globale, ni à la désindustrialisation en particulier. L'accent mis sur le coût du travail masque l'essentiel, notamment l'envolée des dividendes qui grèvent les investissement de R&D.

    arton187-ce0bd4.jpgLes mesures annoncées par le gouvernement constituent un ralliement aux dogmes libéraux, selon lesquels les salaires et la protection sociale seraient la cause de nos difficultés, les dépenses publiques devraient diminuer, et la TVA anti-sociale serait une solution. Il est pourtant urgent de sortir de cette logique qui créé les conditions d’une concurrence de tous contre tous, d’un état de guerre économique permanent qui appauvrit les populations et détruit les équilibres écologiques.

    Ce contre-rapport montre comment la compétitivité, tant vantée, s’avère en fait être une voie sans issue, économiquement absurde et socialement destructrice : c’est un autre modèle de développement qu’il faut aujourd’hui promouvoir tant pour des raisons écologiques que pour des raisons sociales. Ce nouveau modèle de développement doit être fondé sur les principes de la coopération, de la rupture avec un consumérisme destructeur, de la réponse aux besoins sociaux, de la réduction des inégalités et de l’ouverture d’une transition écologique.

  • Les Chiffres de la dette 2012

    Via internet, le CADTM est très heureux de mettre à disposition d’un vaste public cet ouvrage qui a été entièrement actualisé et augmenté par les auteurs. Cet ouvrage peut être repris librement par d’autres sites à condition de prévenir les auteurs et de faire un lien vers le site www.cadtm.org. Il peut être reproduit pour un usage strictement non commercial. N’hésitez pas à envoyer vos commentaires et des informations sur l’usage personnel ou collectif que vous faites de ce livre à info@cadtm.org. Vos messages seront transmis aux auteurs.

     

    Pour comprendre la multiplicité des crises en cours, Damien Millet, Eric Toussaint et Daniel Munevar (CADTM) mettent à disposition un ensemble de données liées à la dette et à des thèmes connexes.

     

    Crise économique, crise financière, crise alimentaire et crise de la dette s’éclairent et se connectent à la lecture de cette brochure parsemée de tableaux et d’infographies qui permettent de mettre en lumière les éléments du puzzle.

     

    De la crise de la dette des pays du Sud en 1982 à la crise actuelle en Europe, en passant par les dettes odieuses dans le monde et les chiffres du FMI et de la Banque mondiale, l’analyse des statistiques permet d’identifier les véritables enjeux.

     

    Les auteurs posent un regard critique sur l’économie mondiale et les mécanismes de domination qui sont en jeu. Ils proposent un éclairage cru sur les réalités chiffrées d’un monde qui vacille.

     

    A toutes les échelles, les inégalités sont criantes et continuent de se creuser. Les chiffres de la dette 2012 parlent d’eux-mêmes et démontrent à quel point il est nécessaire et urgent de changer radicalement de système.

     

    C’est à la lumière de cette compréhension que pourra se dessiner un horizon de résistance collective dans lequel les exclus, où qu’ils soient, prendront conscience que leur souffrance provient des mêmes maux, des mêmes mécanismes et des mêmes acteurs et s’identifieront comme un tout solidaire : les 99 %.

    Les Chiffres de la dette 2012

     

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  • Pétition contre la fermeture d'Electrolux revin

    Messieurs les dirigeants  et actionnaires d’electrolux


    -La qualité de l'industrie ardennaise n'est-elle pas un atout pour votre groupe ?

    -Jusqu'où va l'appétit de vos actionnaires pour que vous décidiez de sacrifier 400 familles ?

    Votre décision pèse et pèsera longtemps sur nos communes qui s’appauvrissent aux fils de vos plans sociaux et de vos licenciements boursiers.

    Vous n'avez encore démontré à personne, et notamment pas aux salariés, que leur usine fait peser un risque à Electrolux. C'est avec la plus grande indignation que nous vous exprimons notre colère devant le projet de fermeture d'Electrolux Revin."

     

    Signez la pétition en ligne

    Cliquez ici

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  • Le faux dilemme de l’Afrique

    Billet de blog écrit par Kumi Naidoo, directeur exécutif de Greenpeace International, paru en anglais le 26 octobre 2010 sur le site du Huffington Post

     

    Respect de l’environnement et bien-être économique sont les deux faces d’une même pièce, et c’est un faux dilemme de les opposer l’un l’autre. Malheureusement, les grandes entreprises font souvent croire qu’un choix entre les deux s’impose pour s’asseoir sur les préoccupations de la société civile et des communautés locales, induire en erreur les responsables politiques et imposer des pratiques contestables.

    Laissez-moi vous expliquer. Le problème de l’accaparement des terres en Afrique subsaharienne a pris des proportions ahurissantes au cours des dernières années. Des gouvernements étrangers et des multinationales ont acheté ou louent de vastes surfaces de terres par le biais de contrats à long terme dont certains sont, pour le moins, litigieux.

    D’un bout à l’autre de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Ouest, les entreprises agroindustrielles investissent des sommes colossales dans l’aménagement de plantations de palmiers à huile. Bien entendu, leur objectif affiché est de générer les emplois et les revenus dont les populations locales ont grand besoin pour améliorer leurs conditions de vie. Mais ce discours n’a d’altruiste que les apparences. Pourquoi n’évoquent-ils jamais les millions qu’ils gagneront grâce à l’appétit insatiable du monde pour l’huile de palme ? L’argent pourrait-il être leur véritable motivation ?

    La rhétorique employée par Herakles Farms pour mener à bien son dernier projet au Cameroun illustre parfaitement ce faux dilemme. Le déboisement de la forêt a déjà commencé pour laisser place à la future concession de palmiers à huile. Pourtant, l’exploitation se situe à la croisée de cinq aires protégées, dont le célèbre parc national de Korup, en plein cœur de la Forêt guinéenne de l’Ouest africain, une écozone qui a été définie comme l’une des 25 régions les plus importantes de la planète en termes de biodiversité. La concession devrait s’étendre sur une surface représentant près de 10 fois la taille de Manhattan, l’île qui abrite le siège de la société Herakles Farms.

    Les forêts du Cameroun constituent d’importants réservoirs de carbone, et leur préservation est donc essentielle au maintien du climat mondial. Mais ces forêts sont aussi indispensables pour les communautés locales qui tirent leurs revenus de ses ressources, de la culture du cacao et d’autres produits forestiers, et notamment de la production d’huile de palme.

    Dans les pays de l’Afrique subsaharienne, plus de 70 % des terres sont régies par le droit coutumier. En d’autres termes, elles appartiennent à l’État mais sont exploitées par les communautés locales, souvent depuis des générations. Pourtant, les droits de ces utilisateurs coutumiers, comme ceux de Mundemba, de Fabe et de bien d’autres villages du Cameroun touchés par l’aménagement de plantations, ne sont souvent que très limités.

    Le projet d’Herakles Farms au Cameroun a révolté et divisé la population locale. Greenpeace s’est entretenue avec des agriculteurs de différents villages sur lesquels empiètera la concession. Nombre d’entre eux affirment que des habitants ont été expulsés de force de leurs terrains, ou que les lignes de démarcation de la concession ont été tracées sur leurs terres sans qu’ils en soient préalablement informés. Une habitante du village de Fabe, expulsée de sa propriété, s’interroge : “En s’accaparant toutes nos terres, l’entreprise signe notre arrêt de mort. De quoi pourrons-nous vivre ? Nous n’aurons plus de ressources. […] Quelles terres allons-nous cultiver ?

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    De façon tout à fait incongrue, Herakles Farms affirme vouloir améliorer les conditions de vie des populations locales. Mais aucun processus de consultation digne de ce nom n’a été mis en place avec les communautés concernées. Et les conséquences du projet, tant sur l’environnement local que sur le climat mondial, ont été ignorées.

    En tant qu’Africain, j’ai l’habitude de ne pas prendre pour argent comptant les remèdes contre la pauvreté, surtout lorsqu’ils sont administrés sans la participation des personnes qu’on est censé soulager. En tant que directeur de Greenpeace International, je ne saurais que trop encourager le développement – à condition qu’il respecte l’être humain et la nature…

     

    Kumi Naidoo