Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

social - Page 63

  • La loi instaurant le repos le dimanche en 1906, issue d'un long conflit social

    Article instructif tiré du blog du Conseil Général 08

    La loi du 13 juillet 1906 instituant le repos dominical en France a mis fin à un long conflit social né d'une catastrophe minière dans le Nord, et ouvert une période d'"apaisement religieux", au lendemain de la séparation des Eglises et de l'Etat.

     

    C'est un radical bon teint, Ferdinand Sarrien, qui devint président du Conseil le 13 mars 1906, quelques jours après le coup de grisou de la mine de Courrières qui a fait 1.099 morts.

     

    Il fallait tout à la fois calmer la colère des mineurs, éviter les incidents lors des "inventaires" des biens du clergé - alors que son prédécesseur, Maurice Rouvier avait voulu faire ouvrir les tabernacles -, préparer l'opinion au procès en cassation d'Alfred Dreyfus, qui déchainait les passions, et se lancer dans la bataille des législatives de juillet.

     

    La vieille revendication du repos dominical, de même que celle de la journée de 8 heures - qui attendit 1919 pour être satisfaite - étaient au cœur des débats et des manifestations.

     

    Pour faire front, Sarrien avait la chance de présider un gouvernement prestigieux comprenant deux futurs présidents de la République, Raymond Poincaré et Gaston Doumergue et trois futurs présidents du Conseil, Aristide Briand, l'homme de "l'apaisement" religieux et de la tentative de paix franco-allemande après-guerre, Georges Clemenceau et Louis Barthou.

     

    Tous voulaient des avancées sociales. Or la loi du 12 juillet 1880, pour des raisons antireligieuses, avait aboli le repos dominical sous prétexte qu'il avait été décrété sous la Restauration (loi du 18 novembre 1814). Le "jour de repos" était dès lors décidé par le patron.

     

    La tragédie de Courrières provoque des émeutes. 45.000 mineurs se mettent en grève le 16 mars. Le 17, Clemenceau, ministre de l'Intérieur, promet de ne pas faire intervenir la force, mais change d'avis quand la mairie de Lens est occupée, le 20. La répression est dure, un policier est tué. 50.000 "gueules noires" défilent à Paris le 1er mai, à l'appel de la CGT.

     

    Le 20 mai, la gauche remporte les élections de façon écrasante.

     

    Pour calmer les esprits, la loi Sarrien est votée, dont l'article 2 dispose que le dimanche est jour de repos hebdomadaire des employés et ouvriers. Employés de maison et travailleurs agricoles en sont provisoirement exclus.

     

    Cette loi, aussi appelée "loi Lemire", nom du député-maire d'Hazebrouck, l'abbé Jules Lemire, un républicain et démocrate ardent, à l'origine des allocations familiales, qui sut convaincre que le choix du dimanche n'était pas une revanche des religieux contre les "laïcs", quelques semaines après la loi de séparation. L'"apaisement" était en route.

     

    La France était en retard sur l'Angleterre et il fallut attendre le Front populaire en 1936 pour voir advenir le samedi férié, et le "week-end".

     

    Le 13 juillet 1906, c'est aussi la réintégration du capitaine Dreyfus à son grade, et le vote du transfert des cendres d'Emile Zola au Panthéon.

     

    Les dispositions de la loi Sarrien sont toujours en vigueur. Mais plus de 180 dérogations sont appliquées, en raison notamment de la réforme votée sous le gouvernement Balladur en 1993. Des secteurs comme la santé, les spectacles, l'hôtellerie, les transports ne sont pas concernés par le repos du dimanche.

     

    Alors le repos du Dimanche se doit de rester tel quel .... il y a déjà suffisamment de dérogations

     

    Oui, des gens ont besoin de travail, d'argent, il faut en être conscient .....mais ce n'est pas suffisant .... demain on pourra aussi leur demander de travailler la nuit, de faire 16 heures par jour ... serait ce normal ...NON !!!!!

     

    Le problème c'est que justement des personnes soient obligées ..... de le demander pour Aff_Travail_dimanche.jpgvivre ....

    Ne serait ce pas pas simple, de relever les salaires, de créer une allocation plus conséquente pour les étudiants ...... bref d'être dans une vraie société égalitaire ...

     

    Mais pour cela il faudrait que ceux qui détiennent le pouvoir veuillent bien, laisser quelques biftons pour le permettre .... et cela c'est une autre histoire !!!!! .....

     

    Et cette histoire c'est à nous de la créer ... soi en agissant comme des moutons, soit en nous battant pour obtenir une partie du gâteau (qui restera de toute façon bien maigre, vu ce qu'ils possèdent)

    N'avons nous pas autre chose à faire le dimanche, que d'acheter un sac de plâtre, ou une quiche lorraine ? Ou justement ne pouvons nous faire que cela pour avoir une illusion de sortir un peu ? EXIGEONS UN PEU PLUS TOUT DE MÊME

  • Les bourses au FJEP : 40 ans et tous aidants

    Cela fait 40 ans que le FJEP de Vouziers organise des bourses au cours desquelles des milliers d'articles ont été vendus et achetés.

    Reprenant une idée mise en pratique à Charleville, les responsables du FJEP ont créé en 1973 une première bourse aux vêtements. Il s'agissait de permettre l’acquisition d'habits et de chaussures à bas prix, tout en créant un lien entre les personnes, vendeurs, acheteurs et organisateurs bénévoles.

    Que ce principe soit toujours  en application 40 ans plus tard est une preuve évidente de la pertinence du projet. Les bourses se sont même multipliées, avec des ouvertures saisonnières (été et hiver) et une spécialisation (pour les enfants, pour les adultes, pour les jouets ).

    fjep-cs,bourses aux vêtements, vouziers

    Après avoir eu lieu au sein du local de la rue du Champ de Foire, les bourses ont émigré à la salle Bellevue puis se sont installées à la salle des fêtes de la ville.

    Malgré la concurrence d'internet et des brocantes, le succès ne se dément pas, et il n'est pas question d'arrêter l'expérience comme cela s'est produit à Charleville, là où l'idée avait été reprise.

    C'est Michel Coistia, un des fondateurs du FJEP de Vouziers qui a fait l'historique de ces bourses, en donnant à cette activité toute sa place dans l'évolution de l'association.

    Il a souligné l'importance des personnes  qui se sont engagées pour faire fonctionner cette lourde organisation.

    Les dizaines de bénévoles présentes dans la salle auraient pu chacune confirmer ces faits et aussi tout ce que ce travail d'équipe leur a apporté personnellement.

    L'actuelle présidente du FJEP-CS, Marie-Christine Géant a ensuite pris la parole pour souligner également la cohérence des valeurs représentées dans ces organisations de bourses avec celles portées par l'association toute entière. Elle a rendu hommage à tous ceux qui contribuent au succès qui se confirme au fil des années: ville de Vouziers, salariés de l’association, et surtout les bénévoles avec actuellement à leur tête  Françoise Busquet.

    fjep-cs,bourses aux vêtements, vouziers

    Elle aussi voulu honorer avec beaucoup d'émotion ceux et celles qui ne sont malheureusement plus là, ainsi qu'une bénévole et administratrice hospitalisée dans un état sérieux cette semaine.

    Ensuite le Maire de Vouziers Claude Ancelme et la Conseillère Régionale Joëlle Barrat ont pris la parole pour souligner l'importance de ces bourses et surtout le rôle très important du FJEP dans la vie sociale locale.

    L'après-midi s'est terminé autour d'un buffet magnifique préparé par l'atelier cuisine ... du FJEP.

    fjep-cs,bourses aux vêtements, vouziers

  • France : les Roms condamnés à l'errance

    Dans un nouveau rapport sur la situation des Roms en France, Amnesty International dénonce une politique insuffisante qui n’a pas interrompu le cycle infernal des expulsions forcées.


    Intitulé « Condamnés à l’errance. Les expulsions forcées des Roms en France », ce rapport revient sur les différentes mesures prises par le gouvernement depuis un an et leurs conséquences sur la situation des Roms en France.

    Il repose sur des recherches menées sur l’Ile de France mais également sur les agglomérations de Lille et de Lyon qui concentrent à elles seules près d’un quart de la population rom en France. Le rapport s’appuie sur de nombreux témoignages et entretiens menés auprès d’associations, collectifs de soutien, avocats, institutions indépendantes et personnes roms.

    Il  passe notamment en revue plusieurs dispositifs « d’anticipation et d’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites » préconisés par la circulaire interministérielle du 26 août.

    Une politique insuffisante

    Il souligne l’importante distorsion entre les dispositions de la circulaire et l’application qui en est faite de la part des préfets. La conséquence est qu’invariablement les dispositifs mis en place sont largement insuffisants et inefficaces car ils n’ont pas pour objectif principal la mise à l’abri des personnes et des familles excepté pour quelques individus considérés comme « vulnérables ».

    Les évacuations sont menées en dépit des normes du droit international qui prévoit que des garanties soient mises en place afin de ne pas rendre les familles sans abri. A l’inverse, les familles continuent d’être expulsées sans avoir été ni informées, ni consultées et sans se voir proposer de solutions d’hébergement adaptées ou de relogement.

    BVBXTOACUAAPqXk.jpg

    Les conséquences des expulsions : le témoignage d’Adela

    Adela, 26 ans, habite en Île-de-France depuis 2002. Elle vit avec son mari Gheorghe et ses trois enfants dans un campement informel à Grigny, et elle est sur le point d’accoucher. Elle a été expulsée de Ris Orangis le 3 avril 2013 suite à un arrêté municipal, ce qui constituait d’après elle sa quinzième expulsion depuis qu’elle vit en France.

    C’était comme toutes les expulsions depuis que je suis en France. La police est venue à 7 h 30, mais nous on était réveillés depuis 5 h 30, on avait même réveillé les enfants. Ils nous ont donné 15 minutes pour dégager. Tu peux rien faire, c’est leur boulot, nous on a pas de problèmes avec la police ; c’est pas de leur faute. Ça ne sert à rien de résister, tu sors comme tout le monde. »


    Après l’expulsion, Adela a d’abord été hébergée cinq jours dans un hôtel à Nanterre, puis une semaine à Saint-Ouen. Ses trois enfants étaient scolarisés à Viry Chatillon, où elle avait vécu deux ans et demi, la plus longue période de stabilité qu’elle ait connu. En raison de la distance entre les hôtels et Viry Chatillon, ses trois garçons de 5, 8 et 11 ans n’ont pas été à l’école jusqu’à ce qu’elle se réinstalle à Grigny sur un autre campement informel deux semaines environ après l’expulsion.

    Amnesty International rejoint les recommandations du Défenseur des droits dans son bilan d’application de la circulaire, et exhorte le ministre de l’Intérieur à rappeler à tous les préfets que les opérations d’évacuation doivent être effectuées en conformité avec les normes du droit international relatif aux droits humains.

    Enfin, l’organisation regrette les propos qui sont tenus régulièrement par des personnalités politiques qui perpétuent les clichés et attisent les réactions d’animosité et de rejet. Le sort des Roms ne doit pas être réglé au regard des déclarations stigmatisantes et de vagues d’expulsion vers le pays d’origine.  Il ne le sera que par l’affirmation d’une volonté politique d’accueillir des êtres humains qui n’aspirent qu’à une vie normale et à devenir des européens comme les autres.

  • Chômage en baisse au mois d'août, mais pour quelle raison?

    La baisse du nombre de demandeurs d'emploi constatée par les statistiques officielles pour le mois dernier est a priori une bonne nouvelle.

    On note cependant une prudence dans les commentaires officiels, qui insistent sur le161629_le-panneau-de-signalisation-d-un-pole-emploi.jpg fait qu'une tendance ne peut être confirmée de manière certaine qu'après plusieurs mois allant dans le même sens.

    La publication de ce mois est accompagnée d'un avertissement pour le moins inhabituel :

    "Avertissement : Les statistiques publiées ce mois-ci peuvent être affectées par une hausse d’une ampleur inhabituelle des sorties enregistrées pour cessations d'inscription pour défaut d'actualisation en août 2013."

    Cette hausse est de 38,8% ! Pôle emploi précise dans son communiqué :

    "À ce jour, aucun incident d’enregistrement dans le système d’information de Pôle emploi ou changement dans les modalités ou règles d’actualisation des demandeurs d’emploi n’a été identifié."

    Il est donc possible que les chiffres à venir le mois prochains subissent un rectificatif.

    "Les Echos" précise cette interrogation :

    "Mais un chiffre interpelle et amène à très fortement relativiser l’ampleur réelle de la baisse : en août, toutes catégories confondues, 277.500 chômeurs ont été désinscrits pour défaut d’actualisation mensuelle de leur situation. C’est 77.500 de plus qu’en juillet dernier et qu’en août 2012. Historiquement, ce nombre évolue chaque mois entre 150.000 et 200.000 et n’avait jusqu’ici jamais dépassé 219.000.

    A ce stade, Pôle Emploi n’avance pas d’explications à l’explosion de ce motif de sorties mais précise qu’il ne s’agit pas d’une erreur informatique. S’agit-il de personnes ayant retrouvé un emploi et ne l’ayant pas signalé à Pôle emploi, ou de simples oublis d’actualisation qu’ils corrigeront en septembre ? Il faudra attendre les chiffres de septembre pour y voir plus clair, mais le risque est très clairement qu’il y ait alors un gros effet balancier avec un boom des réinscriptions."

    Voici les chiffres publiés, au niveau national et au niveau local :

     

    Le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en catégorie A s’établit à 3 235 700 en France métropolitaine fin août 2013. Ce nombre est en baisse par rapport à la fin juillet 2013 (-1,5 %, soit -50 000). Sur un an, il croît de 7,3 %.

     

    Le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en catégories B et C s’établit à 1 553 500 en France métropolitaine fin août 2013. En août, le nombre de ceux de catégorie B est en baisse de 2,6 % (+5,6 % sur un an) et le nombre de ceux de catégorie C augmente de 0,5 % (+5,2 % sur un an).

     

    Au total, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en catégories A, B, C s’établit à 4 789 200 en France métropolitaine fin août 2013 (5 085 800 en France y compris Dom). Ce nombre est en baisse de 1,3 % (-62 700) au mois d’août. Sur un an, il augmente de 6,7 %.

     

    le-chmage-en-france-big.JPG



    Fin août 2013, dans le département des Ardennes, 16 350 personnes sont inscrites à Pôle emploi en catégorie A. Ce nombre diminue de 1,0 % par rapport à fin juillet 2013 ( - 171). Sur un an, il est en augmentation de 5,9 %.

    En Champagne-Ardenne, le nombre de demandeurs d'emploi inscrits en catégorie A augmente de 0,6 % par rapport à juillet 2013 ( + 8,0 % en un an).


    Le nombre de demandeurs d'emploi inscrits en catégorie A, B, C s'établit à 23 499 dans le département des Ardennes, fin août 2013. Ce nombre diminue de 1,2 % (- 291). Sur un an, il augmente de 5,5 %.
    En Champagne-Ardenne, le nombre de demandeurs d'emploi inscrits en catégorie A, B, C diminue de 1,3 % par rapport à juillet 2013 (+ 6,9 % en un an).

  • Pour un salaire minimum à 75 euros par mois

    Article repris du site humanite.fr

    Des centaines de milliers d'ouvriers du textile du Bangladesh ont déversé leur colère dans la rue lundi, au troisième jour de leur mouvement, afin d'obtenir un salaire minimum de 100 dollars par mois, cinq mois après un dramatique accident industriel.


    La police de Gazipur, près de la capitale Dacca, où plusieurs centaines d'usines textiles sont implantées, a compté jusqu'à 200.000 manifestants. Les manifestations contre les faibles salaires et les mauvaises conditions de travail ont secoué le secteur de l'habillement du Bangladesh depuis l'effondrement en avril du Rana Plaza, qui a tué plus de 1.100 personnes. Un dirigeant syndical, Shahidul Islam Sabuj, a prévenu que les manifestations pourraient se prolonger tant que les salaires ne sont pas augmentés. "100 dollars c'est le minimum que nous demandons. Un ouvrier a besoin de bien plus pour pouvoir vivre décemment", a-t-il dit à l'AFP. "Les prix de toutes les denrées principales ont augmenté mais nos paies n'ont pas bougé depuis des années", a déclaré l'un des manifestants.

    2013-09-23bangladesh.jpg

    Des milliers d'entre eux, bâtons à la main, ont bloqué les routes reliant la capitale Dacca au nord et à l'ouest du pays, interrompant la circulation pendant plusieurs heures. Le vice-président de l'association des fabricants et exportateurs de vêtements du Bangladesh rapporte qu'au moins deux usines ont été incendiées dans le faubourg de Savar, où l'immeuble s'est effondré. La police fait état d'affrontements entre les ouvriers manifestants et les forces de sécurité.

    Blocage du patronat

    Les ouvriers de ces usines de confection ont de quoi être en colère. Les propriétaires d'usine ont rejeté la demande formulée par les syndicats d'établir un salaire mensuel minimum de 8.114 taka (100 dollars US)  , affirmant qu'ils pouvaient augmenter les salaires de seulement 20% à 3.600 taka, en raison de la conjoncture économique mondiale morose. Or, le Bangladesh reste le deuxième exportateur de vêtements au monde, fournissant notamment des grands noms tels que l'américain Walmart, le français Carrefour ou encore le suédois H&M. Pilier de l'économie, le secteur avec ses 4.500 usines représente 80% des exportations annuelles s'élevant à 27 milliards de dollars. Mais la grande majorité des 3 millions de travailleurs ne gagnent qu'un salaire de base mensuel de 3.000 taka (38 dollars américains) -soit un des plus bas au monde- suite à un accord tripartite entre les syndicats, le gouvernement et les fabricants signé en août 2010. Le groupe de travail mis en place par le gouvernement pour examiner les salaires se trouve donc dans l'impasse.

  • ORPEA : un parcours sans faute ?

    Le futur Etablissement d'Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (EHPAD) de Vouziers doit ouvrir le mois prochain à Condé.

    Notre (toujours jeune) confrère L'Union s'inquiétait récemment pour les postulants à un emploi dans cet établissement : les candidats n'avaient aucune réponse à leur demande. Espérons qu'à quelques jours de cette ouverture annoncée les équipes se mettent en place pour être pleinement opérationnelles pour l'arrivée des premiers résidents.

    Le journal économique "Challenges" ne semble de son côté pas du tout inquiet sur l'avenir du groupe ORPEA. Il titre son article publié ce mois-ci "Orpea : l’avenir du troisième âge…"

    S'agit-il de souligner l'attention donnée au bien-être de nos anciens ? Pas vraiment ! Le billet débute par cette phrase très significative "ORPEA exploite un marché qui présente des caractéristiques rares : son potentiel est considérable, et sa régularité remarquable". Et bien oui, certains pensent que les personnes âgées sont un marché et que le potentiel des personnes dépendantes est considérable.

    Les chiffres donnés dans la suite de l'article sont très rassurants, pour les investisseurs bien entendu :

    "La croissance organique est remarquable, puisqu’elle est proche de 10 %, quel que soit la conjoncture économique. La qualité intrinsèque du groupe, qu’on peut lire dans ses performances historiques, le retard que le cours de Bourse a accumulé depuis quelques temps, et les perspectives de développement en Chine, nous incitent à recommander à l’achat ORPEA, avec la très grande majorité des analystes qui suivent cette valeur."

    Et quand il n'y aura plus assez de vieux assez riches pour aller chez eux, il restera encore la Chine :

    "Le groupe a aussi des visées sur la Chine : elle pourrait accélérer encore sa croissance en dupliquant son modèle dans l’Empire du milieu, qui compte plus de 150 millions de personnes de plus de 80 ans, contre 6 millions en France. Au terme d’une période d’étude, les premières maisons médicalisées devraient être ouvertes à Shanghai, mais sans acquisition d’immobilier. "

    Même si seulement 10% des chinois avaient les moyens de se payer un retraite chez ORPEA, cela ferait plus du double du potentiel français.

    Ce regard froid et calculateur sur un "marché" nous glace un peu le sang, et n'est malheureusement qu'un exemple de ce qui constitue la priorité absolue dans toute réflexion dans une société dominée par la Bourse : le profit maximum.

    carte_Orpea_corp_fr.png


  • La violence des riches

    Analyse reprise de "L'Essai et la revue du jour" par Jacques Munier sur France Culture, à propos du nouveau livre de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot


    Les plans sociaux se succèdent à un rythme toujours plus soutenu comme une sombre fatalité que nous finissons par admettre, le chômage augmente et se traduit dans l’abstraction de chiffres et de charlot.jpgstatistiques qui semblent nous immuniser contre la réalité dramatique qu’ils reflètent de loin, la finance mondialisée nous apparaît comme un univers d’une inextricable complexité, et tout en sachant que certains en tirent de fabuleux bénéfices, l’opacité et l’apparente autonomie du système décourage notre pouvoir d’indignation et de révolte. Nous sommes d’autant plus mûrs pour la servitude volontaire et le renoncement que l’adversaire, celui qu’on pouvait facilement identifier comme l’exploiteur, le profiteur, le spéculateur, semble s’être volatilisé derrière une ingénierie tentaculaire et incontrôlable qu’on désigne comme la mondialisation économique… Deux sociologues des riches, observateurs aigus et sereins des grands bourgeois, de leur mode de vie et de reproduction sociale mettent ici leur connaissance de ce petit monde très interconnecté au service d’une entreprise de déniaisement, ils élargissent leur focale pour faire apparaître sous un même regard les riches et ceux qui subissent les conséquences de leur appât du gain, bref ils montrent la nature et l’étendue de la violence des riches, violence symbolique mais aussi terriblement concrète, lorsqu’elle se traduit par des vies brisées, amputées de tout projet d’avenir, des régions sinistrées, une jeunesse livrée à elle-même sans la moindre perspective.

     

    Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot montrent que cette « violence de classe » a ses agents, ses stratégies et ses lieux. Ils alternent dans leur livre les enquêtes, les portraits et les analyses de données chiffrées. Avec eux nous passons d’une étonnante séance de projection d’un film sur la casse industrielle dans la vallée de la Meuse dans le grand auditorium du Medef, avenue Bosquet, à Aulnay-sous-Bois dans le bus qui mène les ouvriers à l’usine PSA, dont les salariés ont vécu des mois sous la pression d’une rumeur de fermeture alimentée par l’existence d’une note interne révélée par la CGT, une annonce volontairement retardée pour cause de période électorale. Après la divulgation de cette note, la direction n’a pas démenti, laissant les salariés à leur angoisse, un bon moyen de paralyser l’action et la résistance… On ne sait ce qui, des délocalisations programmées, de la considérable plus-value foncière espérée sur le site dans le cadre de la réalisation du Grand Paris ou de la réputation sulfureuse des ouvriers d’Aulnay a déterminé ce choix pour réduire les effectifs de PSA mais le résultat est là : au total 11200 emplois seront supprimés dans le groupe, dont 3000 à Aulnay, par une entreprise qui a bénéficié des largesses de l’Etat et qui a versé de substantiels dividendes à ses actionnaires. D’ailleurs, les auteurs rappellent que les dividendes dans les bénéfices distribués sont en augmentation constante, passant de 3% en 1982 à 12% aujourd’hui. Ce n’est pas la crise pour tout le monde.