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gestion de l'eau

  • Sécheresse 2022 : un moment historique qui doit remettre en question notre gestion de l'eau

    Communiqué de FNE le 11.08.2022.

    La sécheresse 2022 s’annonce déjà historique. Pour l’heure, 95 départements sont concernés par des mesures de restriction des usages de l’eau. 62 départements sont placés en crise, soit le dernier des quatre niveaux d’alerte. Outre le manque de pluie de ces derniers mois et du dernier hiver, cette sécheresse est aussi la conséquence d’une gestion de l’eau inadaptée à la réalité de nos ressources et incohérente par rapport aux connaissances scientifiques. Mauvaise gestion de l’eau et réchauffement climatique : France Nature Environnement revient sur les ingrédients de cette sécheresse gravissime pour notre pays et vouée à se répéter dans les prochaines années. La sobriété, la remise en cause du modèle agricole et la préservation des écosystèmes s’imposent aujourd’hui comme les seules solutions de sortie de crise.

    Sécheresse : de quoi on parle ?

    Quand on parle de sécheresse, on distingue :  

    • La sécheresse météorologique : “il ne pleut pas”. Un déficit de précipitations prolongé affecte un territoire. 
    • La sécheresse agronomique : “les sols sont secs”. Le manque d’eau affecte le développement de la végétation. 
    • La sécheresse hydrologique : “il n’y a plus d’eau dans les rivières”. Les niveaux des nappes souterraines et le débit des cours d’eau diminuent ; les milieux aquatiques sont impactés et leur fonctionnement naturel est perturbé.  

    Si la première échappe à notre contrôle et est aggravée par le réchauffement climatique, les deux autres sont étroitement liées à nos choix en matière de gestion de l’eau.

    Outre le déficit pluviométrique, une augmentation des températures entraîne un assèchement de l’air en surface et un accroissement de l’évaporation des sols et de la transpiration des plantes. Mais les écosystèmes sont normalement tout à fait capables de gérer ce genre d’épisodes. Le problème, c’est que des décennies d’aménagements et de prélèvements les ont poussés au bout de leur capacité de résilience. Et les conséquences de ces choix se font douloureusement ressentir aujourd’hui.

    Aménagements, mauvaise gestion des sols et prélèvements excessifs : la recette d’une sécheresse inédite 

    L’artificialisation des sols joue un rôle primordial dans les problèmes d’eau que nous rencontrons actuellement. Les zones urbaines sont aujourd’hui largement imperméabilisées, empêchant l’eau de s’infiltrer dans le sol et donc d’aller remplir les réserves souterraines. 

    Il en va de même pour les sols agricoles dont la surface agricole utile (SAU) occupe 50% du territoire hexagonal : destruction structurale des sols, destruction des zones humides et des haies qui permettaient l’infiltration de l’eau… Un sol vivant agit comme une éponge tandis qu’un sol en mauvais état laisse glisser l’eau sans la retenir : elle gonfle les cours d’eau, provoque des inondations et rejoint les océans sans avoir le temps de s’infiltrer.  Ces pratiques ont contribué à accélérer le cycle de l’eau alors qu’il faudrait le ralentir.

    “Yaka stocker l’eau”, pourrait-on penser. La nature fait cela très bien et gratuitement, pour peu qu’on lui en donne l’occasion. Au contraire, les retenues d’eau artificielles aggravent les sécheresses qu’elles sont censées combattre : en Espagne, une récente étude a montré que les bassins versants comportant le plus de barrages sont aussi ceux qui connaissent le plus de sécheresses. Par ailleurs, le stockage crée un cercle vicieux de surconsommation de l’eau (plus d’informations ici).

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  • Sécheresse : l'irrigation augmente alors que la ressource en eau diminue

    Communiqué de FNE le 18.05.2022

    Lors de la réunion du Comité d’Anticipation et de Suivi Hydrologique (CASH) du 18 mai 2022, France Nature Environnement alerte sur l’augmentation de l’irrigation en France. Les chiffres du Recensement Général Agricole 2020 qui viennent de paraître sont éloquents : la surface agricole utile diminue, mais la part de surface agricole utile irriguée augmente, partout, dans toutes les régions. Les parcelles jusque-là en agriculture pluviale sont peu à peu converties à l’irrigation. À l’heure où la sécheresse touche tout le territoire, ces transformations de l’agriculture ajoutent des pressions sur une ressource en eau déjà gravement menacée.

    Chiffres 2020 sur l’irrigation : une augmentation préoccupante

    Selon les chiffres du Recensement Général Agricole 2020, l’irrigation a augmenté dans toutes les régions de France. En France métropolitaine, on constate une augmentation de 14 % de la surface irriguée entre 2010 et 2020. Certaines régions déjà en grand déficit hydrique augmentent ainsi la pression sur leurs ressources. Par exemple la région Occitanie, qui connaît déjà de grandes difficultés dans la gestion de l’eau, voit une augmentation de 12,90 % de sa surface agricole utile irriguée. D’autres régions commencent à prendre cette direction. C’est le cas des Hauts-de-France, où l’irrigation explose : à surface agricole utile quasi constante, l’irrigation a augmenté de près de 78 %.

    La double particularité de l’usage irrigation est qu’il est concentré sur l’été, c’est-à-dire durant les mois où la ressource est la moins disponible, et que l’eau prélevée ne retourne pas dans les milieux aquatiques, comme c’est le cas par exemple des prélèvements eau potable, puisqu’elle est utilisée par les cultures arrosées. Ces prélèvements ont donc un impact beaucoup plus fort sur une ressource en eau fragilisée, et pour cela ils doivent être gérés dans un cadre collectif, inexistant dans de nombreux territoires.

    Le Varenne agricole qui a présenté sa feuille de route le 1er février s’est basé sur des données d’irrigation périmées, datant de 2010 ! Or les données de 2020, curieusement inutilisées, montrent une évolution préoccupante : la surface agricole se réduit, mais les parcelles restantes ont tendance à se convertir à l’irrigation, impactant nécessairement les ressources en eau des territoires. De nombreuses questions se posent : quelles sont les principales cultures arrosées ? Où sont les données publiques sur les nouveaux prélèvements ? Quel est le contrôle des volumes prélevés ? Comment éviter les risques de déséquilibre déjà observés sur 1/3 du territoire français ?

    Pour Florence Denier-Pasquier, administratrice FNE et spécialiste de la gestion quantitative de l’eau : “La sécheresse actuelle nous oblige à regarder la situation en face. Il y a un vrai risque que les cumuls de nouveaux prélèvements pour l’irrigation soient incompatibles avec l’effondrement des ressources en eau disponibles. Le changement climatique évolue vite et il est urgent d’avoir une politique beaucoup plus cohérente de gestion quantitative de l’eau, fondée sur des données à jour.» 

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  • Irriguer oui, mais pour quoi faire ?

    La Confédération paysanne n’est, bien sûr, pas contre l’irrigation. Mais elle est contre l’accaparement de la ressource en eau par une minorité, fuite en avant d’un modèle à bout de souffle, au détriment de l’intérêt général. Pour elle, le changement de modèle agricole est la seule réponse à une bonne gestion quantitative et qualitative de l’eau dans nos territoires, aussi divers soient-ils. Dans un dossier de 9 pages publié dans son numéro de mars, Campagnes solidaires, le journal de la Confédération paysanne, analyse la situation et les besoins afin de proposer une irrigation compatible avec l'agriculture et les écosystèmes.

     

    Depuis une quinzaine d'années, la gestion de l'eau et le partage de la ressource sont sources de tensions dans les territoires (barrages de Sivens, « lac » de Caussade...). Les projets de « bassines » – réserves  d'eau géantes, sur 10 hectares en moyenne, entourées de hautes digues –  se multiplient dans différentes régions, en particulier dans l'Ouest. En Rhône-Alpes, on n'est pas épargnés par les projets de retenues, soit-disant au profit des agriculteurs, mais en réalité surtout dédiés à la neige de culture dans les montagnes de Savoie ou Haute-Savoie.

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  • L’Etat ordonne la destruction du barrage illégal de Caussade

    Il y a un mois, le tribunal administratif de Bordeaux confirmait l’illégalité du barrage de Caussade. Une décision désormais confortée par l’Etat, qui vient de prendre un arrêté décisif : la Chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne a 3 mois pour détruire la retenue d’eau construite sans autorisation. Dans un an et demi, le site devra avoir été remis dans son état initial. La protection de l’environnement passe enfin au premier plan, un soulagement pour France Nature Environnement et la SEPANSO Aquitaine, qui suivront de près la remise en état du site.

    Une position de l’Etat attendue et logique
    Après 5 décisions de justice favorables, France Nature Environnement et sa fédération régionale, la SEPANSO Aquitaine, réclamaient la remise en état du site du barrage de Caussade. En toute illégalité, la Chambre d’agriculture du département y avait permis la construction d’une digue pour barrer le ruisseau de Caussade, détruisant notamment l’habitat de plusieurs espèces protégées. Objectif affiché : créer un lac artificiel de 920 000 m3 pour un usage par une vingtaine d'agriculteurs. Mais ce projet ne répond en rien à la problématique locale, qui est de partager la ressource de la manière la plus juste, pour l’ensemble des habitants d’un territoire où l’eau manque régulièrement.
    « Afin de retrouver sa crédibilité en matière de gestion partagée de l'eau, et particulièrement sur le bassin Adour-Garonne, l'État devait impérativement organiser la remise en état du site mais aussi obliger à la compensation des dommages d’ores et déjà réalisés sur la nature », explique Michel Dubromel, président de France Nature Environnement.

     

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