Dessin du Canard Enchaîné
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Dessin du Canard Enchaîné
L’actualité dramatique souligne l’impérieuse nécessité d’un véritable débat à propos de l’usage de l’énergie nucléaire et de la politique énergétique française. Pour la fédération France Nature Environnement les trois points essentiels sont la réduction des consommations, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Explications.
Economies d’énergie : les choisir avant de les subir
Pour FNE, la construction d’une politique énergétique qui vise une société « robuste », capable de résister aux crises à venir et de satisfaire les besoins des français doit avoir pour fondement une action forte dans le domaine des économies d'énergie. Le gaspillage énergétique est encore considérable dans notre société, alors que certains de nos concitoyens sont déjà en précarité énergétique. La réduction de notre consommation énergétique est inscrite dans les objectifs de l’Union européenne (-20% d’ici à 2020) mais ne se traduit pas du tout dans la réalité. Les scénarios en cours d'élaboration au niveau français montrent que les politiques mises en œuvre à ce jour ne permettront pas d'atteindre les objectifs du Grenelle en ce qui concerne la réduction des consommations. Cette réduction passe notamment par la lutte contre l’étalement urbain, la rénovation thermique des bâtiments, des transports collectifs de voyageurs performants, du fret ferroviaire (et pas des camions de 44 tonnes pour rendre la route plus rentable), mais aussi par des changements de comportements. Au-delà des postures et des gesticulations venant de tous bords, seule une mise en responsabilité de tous peut créer une dynamique volontaire en faveur d’une réduction des consommations d’énergie dans notre pays. L’indépendance énergétique c’est aussi ne pas être dépendant de hauts niveaux de consommation énergétique !
La proposition de FNE
Alors que le Président de la République avait exclu le dossier nucléaire des débats du Grenelle de l’environnement, France Nature Environnement souhaite que l'abandon progressif du nucléaire se prépare en concertation avec l’ensemble des acteurs de la société civile. Bruno Genty, président de FNE : « Nous demandons l’organisation d’un véritable débat citoyen pour préparer l’abandon progressif de l’énergie nucléaire en France qui, au niveau mondial, ne représente que 2,5% de la consommation énergétique. Il est clair que cette sortie sera, pour la France, plus difficile que pour d'autres pays et qu'elle prendra plus de temps. C'est pourquoi il faut commencer rapidement en abordant des questions concrètes comme par exemple les modalités de mise en œuvre du scénario Négawatt . L’objectif est d’élaborer un programme partagé par la majorité des citoyens associant une incontournable réduction de notre consommation d’énergie à un développement des énergies renouvelables».
Les conditions pour un débat citoyen
FNE garde un mauvais souvenir de la dernière consultation sur le photovoltaïque : elle n’a été d’aucun effet. Dans le cadre du débat public sur Penly, l’expertise complémentaire a montré l'inutilité du réacteur et pourtant le projet continue. Le cahier des charges (modalités de déroulement, pluralisme des informations disponibles, prise en compte des conclusions...) devra être élaboré de manière concertée. Au préalable, il nous semble important qu’un signal fort soit adressé avant le débat de ce débat citoyen. Ce pourrait être la fermeture d’une centrale obsolète ou l'abandon de Penly 3.
(1) L’association Négawatt est animée par une vingtaine d’experts et de praticiens de l’énergie. La synthèse de son scénario pour sortir du nucléaire est consultable via le lien ci-dessous. La nouvelle édition de ce scénario devrait sortir dans le courant de l’année 2011. Elle devra intégrer des éléments contextuels nouveaux : l’augement de la contribution de l’éolien offshore au bouquet énergétique et la réduction de la part fournie par les agrocarburants en la réservant à l’auto-consommation.
http://www.negawatt.org/telechargement/Scenario%20nW2006%20Synthese%20v1.0.2.pdf
Un plan Marshall pour les énergies renouvelables
Le Gouvernement souhaitait réguler et encadrer le coût pour la collectivité du développement du solaire photovoltaïque. Mais le projet actuel met danger une filière naissante dont la crise de croissance, réelle, méritait un traitement adapté. Quant à l'éolien qui approche de la rentabilité, ce sont des mesures réglementaires, dont beaucoup sont inutiles, qui entravent son développement. Dans 30 à 40 ans, si nous le voulons, les énergies renouvelables couvriront la majeure partie des besoins des français. Il serait dommage qu'on importe alors l'essentiel des équipements car la France n'aura pas su prévoir l'avenir. Le soutien sans faille de l’Etat français à l’égard du nucléaire est grandement responsable du retard de la France en matière d’énergie renouvelable. Rappelons ce que déclarait Nicolas Sarkozy dans son discours de clôture du Grenelle de l’environnement : « Là où nous dépensons un euro pour la recherche nucléaire, nous dépenserons le même euro pour la recherche sur les technologies propres. » Ce n’est pas par hasard si les allemands, qui ont mis un coup de frein sur leur programme nucléaire, sont si en avance quant au développement des filières éolienne et photovoltaïque.
Le monde entier est à un carrefour sur les énergies : ce sera les renouvelables ou le nucléaire. Avec un accident dramatique tous les 20 ans, le nucléaire n'a plus d'avenir. Ce que des dirigeants politiques de différents bords semblent avoir du mal à intégrer, formatés qu’ils sont par le discours lénifiant des industriels du nucléaire, rabâché depuis plusieurs décennies en France. Si nos centrales sont sûres, pourquoi évoquer un renforcement des mesures de prévention ?
Communiqué de la FNE
Le plus important séisme depuis plus d'un siècle vient de frapper le Japon. Il a entraîné un tsunami sans précédent et un nombre considérable de victimes encore impossible à recenser vu le nombre de disparus. Les pensées de France Nature Environnement vont d'abord aux victimes et à ce pays profondément meurtri par la violence de cette catastrophe.
Mais, au-delà des risques de répliques, France Nature Environnement (fédérant environ 3000 associations) s'inquiète des conséquences sur les réacteurs nucléaires, en particulier ceux de la centrale de Fukushima Daiichi qui comporte 6 réacteurs, analogues aux réacteurs français, (ce qui n'était pas le cas de Tchernobyl), mais de puissance bien moindre car s'échelonnant de 439 Mwe à 1067 Mwe (alors que les Français vont de 900 à 1450 MWe) et vieux de 30 à 40 ans. Le réacteur qui a explosé est le plus petit (439 Mwe), mais deux autres sont dans un état critique par manque de refroidissement.
Cet accident ressemble plus à celui de Three Miles Island, en 1979, aux USA, qu'à Tchernobyl sur un aspect essentiel : l'incertitude sur l'évolution des réacteurs, d'où des informations qui évoluent d'heure en heure.
France Nature Environnement félicite tout d'abord le gouvernement japonais qui, en ces douloureuses circonstances, a assuré l'évacuation de la population la plus directement menacée, d'abord sur 3 km, puis 10 km et maintenant 20 km avec distribution d'iode, reconnaissant le risque de fusion du coeur, se démarquant ainsi du discours lénifiant de l'exploitant. FNE aimerait être sûre qu'en de telles circonstances le gouvernement français serait aussi réactif et transparent.
Et en France ?
Tout d'abord, si le risque sismique est moindre, les précautions face à ce risque sont aussi bien moindres qu'au Japon, pays exceptionnellement entraîné. Il suffit de rappeler que le centre nucléaire de Cadarache se situe sur la faille de la Durance, qu'il a fallu des années pour arrêter l'atelier plutonium et que ce n'est sans doute pas un hasard si les normes sismiques en usage en France viennent récemment d’être relevées.
L'accident le plus redouté, la fusion du coeur, peut se produire sans séisme. Il suffit que le système de refroidissement tombe en panne. Et là, toutes nos centrales de bord de mer ont une fragilité particulière face aux coups de mer et aux risques de submersion marine. Pour Jean Séname, membre du directoire risques et impacts industriels : " Les Pays Bas ont mis en œuvre à grands frais un plan Delta, la Belgique un plan Sygma. En la matière, et en dépit de l’alerte du Blayais, fin 1999, où une catastrophe provoquée par un mascaret fut évitée de justesse, nos défenses de côtes sont notoirement insuffisantes, incapables d’enrayer, comme ce fut le cas avec Xynthia en Vendée, une brutale montée de eaux. "
Il faudra tirer toutes les leçons de cet accident et ne pas le minimiser comme ce fût le cas en France au moment de Tchernobyl et comme nous venons déjà de l'entendre de la part du ministre de l'énergie, qui considère qu'il s'agit d'un " accident grave ", mais pas d'une " catastrophe nucléaire ". Discours normal de la part d'un ministre qui nous a déjà dit qu'il soutenait totalement le nucléaire.
Pour Bruno Genty, Président de FNE, " il est urgent que la prévention des risques soit une priorité absolue et que, face à des risques nucléaires croissants, on se donne les moyens d'en sortir par une politique énergétique qui privilégie avec constance et détermination la maîtrise des consommations et les énergies renouvelables ".
Le gouvernement tente de se créer une image écologique, entre autres par le "Grenelle " de l'environnement.
Nous avons déjà présenté à plusieurs reprises les décisions qui vident de sens ce "Grenelle" (agriculture bio, transports, énergie,....)
Le développement de l'éolien est largement remis en cause, par l'inscription des parcs d'éoliennes en installations classées. Ces parcs devront maintenant prévoir une remise en état du site dès leur ouverture, par une réglementation plussévère que pour le nucléaire. Voici ce qu'en dit Arnaud Gossement sur son site.
Démantèlement : deux poids, deux mesures. Nous sommes tout d'abord priés de croire qu'une éolienne est une activité industrielle - dangereuse pour l'environnement, la santé humaine et les paysages - dont le démantèlement devrait prendre des années tout en laissant sur place des déchets dangeureux qui ressteront actifs pendant des siècles.
C'est certainement pour cela que la loi Grenelle 2 du 12 juillet 2010 a soumis les éoliennes à la police des installations classées. C'est aussi pour ce motif que le projet de décret relatif au démantèlement et à la remise en état des parcs éoliens a prévu un régime de responsabilité des sociétés mères et une obligation de constitution des garanties financières...en début et non plus en cours de production.
Pour les sites nucléaires : rien de tel. Nous sommes alors priés de croire que ces installations auraient contributé à la lutte contre le changement climatique en n'émettant pas de CO² et que leur démantèlement ou - mieux - leur renouvellement, ne posera aucun problème.
Nucléaire : non, merci
Près de 100 000 manifestants étaient présents samedi 18 septembre dans les rues de Berlin pour s’opposer à la décision du gouvernement allemand de prolonger la durée de vie des centrales nucléaires.
Les manifestants ont encerclé symboliquement le Reichstag et la chancellerie
« Énergie nucléaire ça suffit », « nucléaire non merci » : voici quelques uns des messages portés par les milliers de manifestants allemands sous les fenêtres de la chancelière allemande Angela Merkel le 18 septembre. Voir les photos des meilleurs slogans et plus belles banderoles sur le blog de Greenpeace Allemagne.
Le gouvernement allemand a annoncé son intention de prolonger la durée de vie des centrales nucléaires allemandes de douze ans en moyenne (huit ans pour celles construites avant 1980, 14 ans pour les plus récentes). Des centrales nucléaires devraient donc continuer à tourner jusqu’en 2040 en Allemagne… pour le plus grand profit des géants de l’atome allemands.
Cette manifestation n’est que le coup d’envoi !
Les associations sont déterminées à maintenir la pression sur le gouvernement Merkel : d’autres actions et mobilisations auront lieu, le 6 octobre à Stuttgart et le 9 à Munich. Un autre rendez vous essentiel est d’ores et déjà prévu, en Novembre, pour s’opposer à l’arrivée en Allemagne du convoi de déchets radioactifs retraités à l’usine française de La Hague.
Les centrales nucléaires Type EPR devaient être le fer de lance de la France pour conquérir des marchés à l'extérieur.
Mais l'EPR finlandais a des gros soucis dont nous avons déjà parlé, et AREVA en rejette la responsabilité sur les Finlandais.
Pas de chance pour la vitrine du nucléaire français, le chantier de l'EPR de Flamanville rencontre les mêmes types de problèmes : ennuis techniques, retard considérable et surcoûts faramineux. Ce doit être à cause des Normands.
Ce chantier est piloté par EDF, qui vient de se voir nommer partenaire stratégique d'AREVA pour le nucléaire. Le gouvernement espère manifestement une opération où le moins d'EDF et le moins d'AREVA aboutissent à un plus. On n'est pas dans l'algèbre, mais dans la compétition économique, et deux boiteux ne font pas un duo de champions.
Voici le point de vue du nouvelobs.com sur cette affaire :
EDF a annoncé vendredi un retard de deux ans pour la mise en service du réacteur nucléaire de troisième génération EPR de Flamanville (Manche), désormais prévue en 2014. Le coût global du réacteur a également été ré-estimé "autour de 5 milliards d'euros", contre 3,3 milliards d'euros initialement prévus.
"L'objectif de première production commercialisable est désormais fixé à 2014, avec des coûts de construction ré-estimés autour de cinq milliards d'euros", précise EDF dans un communiqué.
La confirmation de ce nouveau retard, déjà évoqué par les syndicats d'EDF, intervient trois jours après l'annonce par le président Nicolas Sarkozy de la mise en place d'un "accord de partenariat stratégique" dans le nucléaire entre les groupes Areva et EDF, ce dernier étant consacré dans son rôle "d'architecte-ensemblier".
Le projet Iter doit aboutir à la construction d'une centrale nucléaire d'un nouveau type.
La France a gagné (??) le droit de construire cette installation sur son sol, à Cadarache. Ce projet est mondial, puisqu'il associe l'Europe, le Japon, la Russie, les États-Unis et d'autres pays.
Le projet étudie l'utilisation de l'énergie nucléaire par la possibilité de maîtriser la fusion thermonucléaire.
D'après le site du CEA, voici le rôle donné à Iter : "Le but d’ITER est de démontrer la faisabilité technique et scientifique d’utiliser l’énergie de fusion comme une future source de production d’énergie sur terre. S’inscrivant dans un programme de recherche et développement sur plusieurs décennies, il servira également à tester les technologies clés nécessaires au développement du prototype industriel DEMO".
Ce projet qui est donc uniquement expérimental, était estimé à près de 6 milliards. Les travaux à peine débutés, l'addition est revue à la hausse pour 16 milliards, pas loin du triple !
Le site dedié nous apprend pourtant que : L’équipe internationale, qui peut s’appuyer sur le retour d’expérience acquis avec la conception et la réalisation des installations Tore Supra et JET, a évalué tous les éléments (matières premières, main d’œuvre, composants…) pour élaborer le budget d’ITER. Le coût de la construction d’ITER en Europe a été évalué en tenant compte des spécificités du site.
Peut-on faire confiance à des concepteurs qui se trompent à ce point sur le coût de leur projet?
La France et l'Europe semblent décidées à poursuivre cette aventure hasardeuse. En ces temps de rigueur, on ne va pas abandonner un beau projet nucléaire. Mais personne ne sait où trouver l'argent supplémentaire, et tous se demandent comment persuader tous les partenaires de remettre la main à la poche.
Voici ce qui se dit à Bruxelles, d'après sciences et avenir.com :
La France est particulièrement impliquée puisque le futur réacteur expérimental doit être construit à Cadarache.
Pour la ministre française de la Recherche Valérie Pécresse, "c'est un projet crucial pour la recherche mondiale", qui a recueilli "un soutien unanime" des capitales européennes.
Mais les Européens doivent "trouver une vraie unanimité pour rassurer nos partenaires", a-t-elle insisté, à l'issue de la réunion. "Nos partenaires étrangers ont eux aussi des crédits à engager, l'Europe ne peut pas faire défaut", a ajouté Mme Pécresse.
"La piste du redéploiement budgétaire a été privilégiée, avec la possible option d'un prêt complémentaire de la Banque européenne d'investissement" (BEI)", a-t-elle précisé.
"Nous avons besoin d'un accord clair (...) sur la part qui sera financée par le budget de l'UE, surtout en ce qui concerne les hausses de coûts jusqu'en 2013", a souligné pour sa part Annette Schavan, ministre allemande à la Recherche.
"L'Union européenne a une stratégie de croissance et je trouve qu'un tel projet s'y inscrit formidablement", a-t-elle jugé, tout en réclamant "de la transparence sur la question de savoir pourquoi nous sommes confrontés à une hausse des coûts de 300%".
Voilà une bonne question au fait : pourquoi trois fois le coût prévu initialement ?