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fne - Page 39

  • Total pollueur mais pas payeur


    Le groupe Total, une des plus importantes sociétés françaises, s'est fait une spécialité d'échapper aux taxes et impôts.

    Il est vrai qu'il bénéficie des conseils de fiscalistes qui ont pour métier de "frauder légalement", et qu'il peut aussi compter sur l'appui de nombreux hommes politiques avec lesquels il a établit de solides liens.

    Dans l'article que nous reproduisons ci-dessous, la FNE rend compte des exonérations dont profite Total.

     

    Total est une entreprise qui génère des milliards de bénéfices chaque année. On sait également que, grâce au système fiscal très favorable du bénéfice mondial consolidé, cette multinationale du pétrole n’a pas versé, en 2010 , un centime à l’Etat français au titre de l’impôt sur les sociétés1. Un bel exemple de redistribution et de responsabilité sociétale ! Or, par un tour de passe-passe de la loi de images?q=tbn:ANd9GcRJob97wG4WkEaErMz37sXFtn12tz0CgmYxKG0MqSEBe_vI-KrBGgfinances 2012, Total vient d’être de nouveau exonérée d’un autre versement : la TGAP. Explications.

    La loi de finances exonère de taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) les installations autorisées à injecter des effluents industriels dans la structure géologique (Crétacé 4000) de la région de Lacq (Pyrénées-Atlantiques).

     

     En effet, depuis plusieurs dizaines d'années, des effluents et déchets chimiques sont injectés dans le sous-sol béarnais dans un ancien site gazier géré par Total. Total stocke donc en sous-sol des déchets chimiques et à ce titre, la direction des douanes qui prélève la TGAP avait demandé l’an dernier à Total le versement d’arriérés de la TGAP due au titre de ce stockage (plusieurs millions d’euros).

    Bien entendu, les juristes de Total avaient fait un recours devant le TGI de Paris pour éviter ce paiement. Le tribunal, par jugement du 8 avril 2011, avait bien condamné Total à payer 4 438 692€ à l’Etat.

     Bruno Genty, président de FNE : " le gouvernement et les députés viennent d’effacer par l’article 22 de la loi de finances cette jolie dette, qui aurait pourtant abondé de façon utile le budget de l’Etat en ces temps de crise. "

    Dans son « Appel des 3000 Pour un contrat environnemental », FNE propose à tous les candidats aux élections présidentielles et législatives d’élargir l’assiette de la TGAP et de supprimer progressivement tous les abattements qui concernent cette taxe. FNE est également favorable à la création d’une taxe dissuasive sur les activités très polluantes qui concernera ce type d’installations et dont l’assiette évoluera dans le temps afin de faire disparaître la pollution.

  • Nitrates : Refuser les mauvais remèdes

    Communiqué de la FNE

     

     

     

    France Nature Environnement (FNE) et Eau et Rivières de Bretagne (ERB) forment ce jour un recours gracieux contre le décret « nitrates » du 10 octobre. Loin de résoudre le problème des algues vertes, ce décret risque même d’aggraver la pollution des eaux par les nitrates.


    Un remède inefficace

    Alors que la Commission européenne menace la France d’un contentieux, le décret publié le 11 octobre 250px-NItrateDirectiveZonage2004_France.jpgdernier1 ne va en rien résoudre le problème de la pollution des eaux françaises par les nitrates.

    Pour Lionel Vilain, conseiller technique agriculture de FNE : « L’efficacité de cette nouvelle réglementation repose sur le respect des plans d’épandage qui devrait garantir l’équilibre de la fertilisation des sols par les nitrates. Un beau principe, sauf que ces plans d’épandage ne sont que des plans de papier, impossibles à vérifier. »

    Des mesures contre-productives

    Pire, en modifiant le calcul du plafond d’azote pouvant être épandu sur chaque exploitation agricole, ce décret va à l’encontre de l’objectif de réduction de la pollution des eaux par les nitrates.

    Actuellement de 170 kg par hectare épandable, le plafond serait désormais calculé par rapport à l’ensemble de la surface agricole utile de l’exploitation (SAU). Or, toutes les surfaces agricoles ne peuvent pas recevoir d’épandage en raison de leur pente ou de leur proximité avec des habitations ou des cours d’eau.

    Pour Gilles Huet, délégué général d’ERB : « Cette nouvelle règle de calcul permettrait théoriquement d’augmenter de 20% le plafond d’azote pouvant être épandu sur les exploitations. C’est un très mauvais signal politique, relevé par les associations mais aussi par de nombreuses collectivités. »

    Les associations non consultées

    711868842_NLCco-L.jpgEnfin, les associations déplorent que leur consultation ne soit pas prévue pour l’élaboration du programme national et des programmes régionaux de lutte contre les pollutions par les nitrates. De même, aucune consultation publique n’est prévue.

    Pour Jean-Claude Bévillard, Vice-Président de FNE en charge des questions agricoles : « La pollution des eaux par les nitrates est un problème qui dépasse largement la seule sphère agricole. La pollution des eaux par les nitrates et pesticides agricoles représente pour les ménages français un coût de plus d’un milliard d’euros par an d’après une récente étude du Commissariat général au Développement durable2 . Il est essentiel que la société civile soit impliquée dans la recherche de solutions face à ce fléau. »

    FNE et ERB demandent à la Ministre de l’écologie et au Ministre de l’agriculture d’abroger ce décret.

    1Décret n° 2011-1257 du 10 octobre 2011 relatif aux programmes d’actions à mettre en œuvre pour la protection des eaux contre la pollution par les nitrates d’origine agricole : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000024655612&dateTexte=&categorieLien=id

    2Etude n°52, Coût des principales pollutions agricoles de l’eau du CGDD, septembre 2011 : http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/ED52.pdf


    Consulter le recours gracieux formé par FNE et ERB

  • Plan de rigueur 2012 : François Fillon oublie une niche de 6 Milliards d’euros !


    Communiqué de la FNE


    Le Premier Ministre vient de dévoiler le plan de rigueur du Gouvernement pour le budget 2012 et propose un nouveau coup de rabot de 20% sur le crédit d’impôt développement durable. Pour le RAC-F, la FNH, FNE, la Ligue ROC et la LPO, il aurait été beaucoup plus judicieux de supprimer les subventions à la pollution. A la clé, 5,8 milliards d’Euros à récupérer.


    Plusieurs rapports récents, dont celui de la sénatrice Nicole Bricq, intitulé « prélèvements obligatoires 8159_une.jpg2007-201 : un quinquennat d'incohérences et d'injustices »1 et celui de la mission Sainteny pour le Conseil d’Analyse Stratégique sur « les aides publiques dommageables à la biodiversité »2 contiennent de nombreuses propositions qui auraient l’avantage de supprimer des subventions à la pollution, tout en dégageant de nouvelles recettes.

    SUPPRIMER LES SUBVENTIONS A LA POLLUTION

    Le rapport Bricq souligne que les dépenses fiscales liées à la consommation d’énergies fossiles s’élèvent chaque année à 5,8 milliards d’euros. Parmi les secteurs privilégiés, on trouve l’aviation, exonérée de taxe sur la consommation intérieure (3,5 milliards d’euros) alors qu’elle représente de loin le mode de transports le plus émetteur de gaz à effet de serre ou encore les agrocarburants de première génération, largement inefficaces d’un point de vue environnemental et social, qui bénéficient également d’une défiscalisation (196 millions d’euros/an).

    FNE-161x95.jpgCes subventions à la pollution pèsent lourdement sur le budget de l’Etat et vont à l’encontre des objectifs que la France s’est fixée lors du Grenelle de l’Environnement, en matière de lutte contre le changement climatique et de protection de la biodiversité. Elles sont aussi contraires à l’engagement du G20 de réduire et de réorienter les subventions aux énergies fossiles, au profit de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables.

    LA FISCALITE ENVIRONNEMENTALE : GRANDE ABSENTE DU QUINQUENNAT DE NICOLAS SARKOZY

    Le Premier Ministre serait bien inspiré de supprimer ces niches fiscales, au lieu de porter un coup defiscalite-ecologique-02.jpg canif supplémentaire à l'accompagnement de modes de vie respectueux de l’environnement (rabot sur le crédit développement durable, augmentation de la TVA pour les travaux de rénovation des logements). De même, afin de réaliser des économies sur le PTZ+, il devrait non pas le centrer sur le neuf (et favoriser ainsi l’étalement urbain), mais le conserver à la fois pour le neuf et l’ancien en le conditionnant à un niveau élevé de performance énergétique3 .
    Le RAC-F, la FNH, FNE, la Ligue ROC et la LPO regrettent donc que la fiscalité écologique soit systématiquement oubliée dans notre pays. La France qui a abandonné en 2009 le projet de Contribution Climat Energie reste l’un des plus mauvais élèves de l’UE en matière de fiscalité écologique.

  • Cruiser : le Conseil d’Etat remet le couvert

    Le Conseil d’Etat vient d’annuler l’autorisation accordée pour le Cruiser en enrobage des semences de maïs pour l’année 2010, après avoir annulé celles de 2008 et 2009. Le manque de preuves sur l’innocuité de cet insecticide vis-à-vis des abeilles est à nouveau pointé du doigt. Réaction de FNE.


    L’innocuité insuffisamment établie

    Fin 2009, pour la troisième année consécutive, le Ministre de l’agriculture a autorisé le Cruiser sur maïs mais-ogm.jpgpour une durée d’un an. Le même jour, il annonçait que l’innocuité du Cruiser ferait l’objet d’un réexamen complet à l’issue de cette année.
    Pour le Conseil d’Etat, cette décision est illégale. Le Ministère n’avait en fait le choix qu’entre deux options : refuser l’autorisation ou l’accorder pour dix ans. En l’absence d’éléments suffisants pour établir l’innocuité du produit, notamment sur le long terme, le Ministère aurait dû choisir de refuser l’autorisation.

    Un manque de suivi sur le terrain

    images?q=tbn:ANd9GcT1qU0Ehf1KOLhkZzFbJYslalp0VDaYOAowqtAB00YvvSZP8HrzDepuis 2008, FNE a pointé du doigt les insuffisances de l’évaluation de l’impact du Cruiser sur les abeilles.
    Pour Claudine Joly, en charge du dossier à FNE : « Dans les études fournies par le fabricant du Cruiser avant autorisation, des ruches avaient été placées devant seulement 2 ha de maïs traité au Cruiser. C’est une exposition insuffisante pour établir l’innocuité du produit pour les abeilles, qui butinent sur 3000 ha ! »

    Pour FNE, le suivi post-homologation mis en place a toujours été inefficace. L’autorisation étant chaque année renouvelée avant que les résultats du suivi de l’année précédente ne soient connus.

    Après avoir obtenu l’annulation des autorisations du Cruiser pour 2008 et 2009, FNE a attaqué l’autorisation accordée sur maïs pour la campagne 2011, ainsi que celle accordée pour le colza. En attendant les résultats de ces recours, elle demande au Ministère d’abroger l’autorisation de ce produit particulièrement dangereux pour les abeilles et réaffirme la priorité de réduire de moitié d’ici à 2018 l’usage des pesticides en France, par l’application du plan Ecophyto.

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  • ITER : un projet inutile à de multiples égards

    Article du site de la FNE

     

    La recherche destinée à contrôler la fusion nucléaire a commencé il y a un demi-siècle. Il lui faudra, si tout se passe bien encore 60 ans pour envisager de poser la première pierre d'un réacteur industriel. Aujourd'hui, dans la torpeur de l'été, se déroule une enquête publique pour le projet ITER, un dossier de plusieurs milliers de pages, très technique, quasiment illisible sur le site . France Nature Environnement, l’URVN-FNE PACA, les fédérations départementales UDVN13, UDVN04, UDVN83 et FNE Vaucluse et l’association TDV83 estiment tout ceci déraisonnable et s'opposent à ce projet pour plusieurs raisons. Explications.


    Inutile car trop tard

    L'objectif d'ITER, produire durant quelques centaines de secondes 10 fois plus d'énergie que la machine n'en consomme, paraît dérisoire. Par ailleurs, dans le meilleur des cas, le premier kWh provenant d'un réacteur de fusion apparaitrait vers 2080. Bien trop tard pour participer à la lutte contre le réchauffement climatique ! Bien trop tard pour constituer une nouvelle source d'énergie ! Les deux problèmes, totalement liés, que sont l’utilisation massive des énergies fossiles et la crise climatique, devront avoir trouvé une solution bien avant cette date, ou alors la crise de l'humanité sera dramatique.

    Inutile car trop cher

    39-09-dessin-iter.jpgL’annonce du doublement du coût de construction du réacteur de Flamanville - et de son petit frère finlandais - a fait couler beaucoup d'encre. A l’inverse, le triplement du coût de construction de ITER, en gros de 5 à 15 milliards d'euros, s'est faite silencieusement, même si les débats continuent entre experts pour savoir qui paye la note. La lecture du dossier est inquiétante sur ce point : le démantèlement de l'installation est radicalement sous-évalué. Cette note-là, c'est la France et la région PACA qui la payeront de toute évidence.

    Inutile car trop risqué et trop polluant

    Les risques sont nombreux mais le dossier reste laconique. Risques sanitaires liés au Béryllium, produit cancérigène, et au tritium dont les effets sont mal connus, aux dires même de l’Autorité de Sûreté Nucléaire. Risques d’explosion du fait de l’emploi de l’hydrogène, extrêmement explosif. Risques liés aux déchets radioactifs à vie longue créés par les neutrons dans la chambre à vide et pour lesquels il n'existe aucune solution. Risques pour l'environnement, pas vraiment étudiés, car on ne trouve aucune cartographie de l'impact en cas d'accident. Risques liés aux techniques expérimentales comme l'atelier de « détritiation ». Tout cela alors qu’on en est encore au stade de l’expérimentation...

    Inutile pour le développement économique de PACA

    On oublie toujours de rapporter l'argent investi au nombre d'emplois créés : 5.000 durant le chantier, 1.000 ensuite. L'Etat et la région PACA vont investir plus d'un milliard d'euros, sans compter ce qu'il faudra investir pour nettoyer le site. Avec des impacts considérables sur le territoire : flambée des prix de l'habitat, impact lourd sur la biodiversité, extension de l'étalement urbain et de l'imperméabilisation des sols, trafic routier considérable... Tout cela est à peine évoqué dans le dossier.

    Pour Pierre Aplincourt, président de l'URVN-FNE PACA « le projet ITER ne répond nullement aux enjeux énergétiques actuels. Il augmente les risques industriels régionaux, et renforcera une urbanisation et un développement d'infrastructures destructeurs du cadre de vie dans une région où l'environnement est déjà très fortement impacté. L'urgence est de diminuer nos consommations énergétiques, notamment par la réhabilitation thermique des bâtiments et la modification de nos comportements quotidiens, et de développer les énergies renouvelables. Toutes ces mesures sont fortement créatrices d’emplois locaux. »

    Inutile car les français veulent choisir leur avenir

    L'argent disponible pour la recherche est limité. Ce qui est mis sur ITER n'est pas mis sur la recherche-arton18104-17d17.jpgdéveloppement sur l'efficacité énergétique ou encore sur les énergies renouvelables émergentes comme les énergies marines, des panneaux photovoltaïques plus performants.

    Pour Maryse ARDITI, pilote du réseau énergie à FNE, « Dans les laboratoires du monde entier s'élaborent des recherches qui structurent des avenirs possibles. La parole n'est jamais donnée aux citoyens à ce niveau. Permettre aux citoyens de dire dans quels domaines la recherche doit être plus soutenue est, pour nous, une base fondatrice d'une vraie démocratie »

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  • Le vrai coût du nucléaire

    Communiqué de la FNE


    EDF demande à l’Etat d’augmenter le prix de l’électricité de 30% en 5 ans. Principale raison de cette nouvelle hausse : EDF doit investir dans un parc nucléaire vieillissant, les chantiers du futur EPR et le centre de stockage de déchets à Bure s’avèrent beaucoup plus onéreux que prévu. Alors que le géant de l’électricité française reconnait lui-même que les prix de l’électricité en France sont sous-estimés, France Nature Environnement analyse les coûts réels de l’énergie nucléaire. Enquête.


    Pour Bruno Genty, président de France Nature Environnement : « la terrible catastrophe de Fukushima imagea un impact très important dans le monde entier. Plus rien ne sera jamais comme avant pour l’industrie nucléaire qui est désormais obligée d’admettre qu’elle se trouve dans une impasse. On ne peut plus prendre un tel risque et assumer un coût économique et humain pharaonique pour satisfaire 2,5% de la consommation mondiale d’énergie. »

    Avec sa demande de forte augmentation des tarifs d’électricité en France, EDF admet implicitement que les prix actuels de l’électricité sont en dessous de ses coûts réels. C’est une première. Le mythe de l’électricité nucléaire pas chère s’écroule et illustre la vulnérabilité de notre système énergétique. La question qui se pose désormais est : quel est le coût réel du nucléaire ?

    Prendre en compte tous les coûts liés au nucléaire

    Contrairement aux idées reçues l’énergie nucléaire coûte cher et pour calculer son vrai prix il faut prendre en compte tous ses coûts : recherche et développement, extraction et importation d’uranium, exploitation, entretien, transport par des lignes THT, déchets, sécurité, risques, le démantèlement, l’assurance… Tout cela avec des effets limités sur le marché de l’emploi.

    Nucléaire, combien ça coûte ?

    • Dès 1999, le rapport de Jean-Michel Charpin, Benjamin Dessus et René Pellat chiffrait le coût pour la recherche et le développement ainsi que pour l’exploitation des centrales françaises entre 418 et 446 milliards d’euros.

    • Le coût de construction d’une centrale est aussi démesuré que difficile à estimer. La preuve avec les chantiers EPR en Finlande et à Flamanville qui accusent tous les deux de 2 à 3 ans de retard, avec un prix qui est passé de 3,3 milliards à plus de 5 milliards d’euros pour la centrale de Flamanville. En tout (pour Flamanville et la Finlande) Areva a provisionné 2,6 milliards d'euros à cause des retards. Immobilisations qui s'ajoutent aux 423 millions de pertes d'Areva en 2010.

    • Il faut ajouter à cela un coût de démantèlement chiffré à 63 milliards d’euros par la Cour des Comptes (rapport de 2005) qui s’inquiète du manque de provisions financières d’EDF et d’Areva pour couvrir ces dépenses.
    • Le combustible, uranium importé essentiellement du Niger – ce qui n’assure ni l’indépendance énergétique, ni la durabilité – coûte également cher. Son coût global a tendance à augmenter – le coût de l’uranium du Niger a doublé en 2008 - à cause de sa raréfaction et des conditions difficiles d’exploitation aggravées par la menace terroriste et les enlèvements des salariés d’Areva.
    • A cela s’ajoute le coût de l’entretien qui augmente avec le vieillissement des centrales et qui fait augmenter le coût de l’assurance. C’est la raison pour laquelle la centrale de Fukushima au Japon n’était plus assurée depuis août 2010. Son exploitant, Tepco, ayant jugé le tarif proposé par l’assureur « trop excessif ». Les assureurs rechignent à prendre ce risque seuls et sont obligés de se regrouper pour tenter de le couvrir.

    images?q=tbn:ANd9GcQ2m--AUGeEYqOsE1ujcZtGyL4OfJatyI0i4gwzCfLTTYbNeqOh4g• Le coût du transport par des lignes THT de l’électricité produite par les centrales et les pertes d’énergie pouvant aller de 10 à 20% des capacités énergétiques lors du transport longue distance alourdissent également la facture.

    • Le stockage des déchets devra être assuré pendant toute la durée de leur radioactivité (100 000 ans). Aucune solution n’existe actuellement et les tentatives sont extrêmement coûteuses : le prix du centre de stockage profond à Bure est passé de 15 milliards à plus de 35 milliards d’euros en quelques années.

    • Restent encore à estimer les coûts des indirects ou externalités négatives : radioactivité, pollutions des sols et de l’eau, risques pour la santé… couverts par l’argent du contribuable. Sans oublier que la facture explose en cas d’accident !

    • Pour comparaison : la catastrophe d’AZF a coûté 2 milliards d’euros, le coût purement économique de la catastrophe de Tchernobyl s’élève lui à plus de 500 milliards de euros … alors que EDF est assuré pour tout accident seulement à hauteur de 91 millions d'euros.

    • A ce coût économique s’ajoute un coût social qui tend vers l’infini.
    Changer de modèle énergétique pour créer plus d’emplois
    D’après nos estimations, en prenant en compte uniquement les coûts de recherche et développement, construction, exploitation, réparation, transport de l’électricité et démantèlement, le coût d’un Mwh produit par le nucléaire serait égal à celui de l’éolien terrestre, mais plus cher que la biomasse, l’hydraulique ou les énergies fossiles.

    En ce qui concerne le marché de l’emploi, l’énergie nucléaire représenterait 100.000 emplois directs et indirects en France. Pour comparaison : le photovoltaïque seul, c’est 25.000 emplois en France, alors qu’en Allemagne l’éolien, le photovoltaïque et la biomasse représentaient 340.000 emplois en 2009. L’avance prise par l’Allemagne en termes de création d’emplois verts s’explique d’ailleurs en partie par le programme de sortie progressive du nucléaire qui a réorienté les investissements vers les solutions alternatives. Contrairement à cela, en France, l’énergie nucléaire concentre une grande partie des investissements, notamment publics, ce qui siphonne le potentiel des énergies renouvelables.

    Pour sortir de l’impasse nucléaire, France Nature Environnement propose un programme sur uneenercoop-l-energie-a-contre-courant.jpg quarantaine d’années. Il faut commencer par sortir de l’absurde comme le chauffage électrique, peu efficace et coûteux pour les ménages, puis lancer un plan massif de rénovation des bâtiments et réduire la consommation des appareils électriques. Par ailleurs il faut investir massivement dans les transports collectifs, mais aussi réduire drastiquement la consommation des moteurs des véhicules. Objectif : diminuer la consommation de l’énergie de 62% en 40 ans. D’après le scénario de Négawatt*, ce sont des pistes crédibles et réalisables. Pour atteindre les 23% d’énergies renouvelables d’ici 2020, comme la France s’y est engagée, il est nécessaire de réorienter les investissements vers les énergies renouvelables, toutes les énergies renouvelables : solaire thermique et photovoltaïque, éolien terrestre et off shore, énergies marines, hydraulique, biomasse, et géothermie.

    Pour Bruno Genty, « il est plus que temps de changer notre modèle énergétique, pour le rendre plus durable, plus robuste, moins cher et créateur d’emplois non-délocalisables. Comme avec le modèle décrit par Nicholas Stern pour le changement climatique, il faut aujourd’hui investir dans la sortie du nucléaire et l’anticipation pour éviter d’avoir demain à payer une facture économique et humaine exhorbitante. »

  • Politique énergétique française : quel scénario crédible d’abandon du nucléaire ?

     

     

    L’actualité dramatique souligne l’impérieuse nécessité d’un véritable débat à propos de l’usage de l’énergie nucléaire et de la politique énergétique française. Pour la fédération France Nature Environnement les trois points essentiels sont la réduction des consommations, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Explications.




    Economies d’énergie : les choisir avant de les subir

    Pour FNE, la construction d’une politique énergétique qui vise une société « robuste », capable de résister aux crises à venir et de satisfaire les besoins des français doit avoir pour fondement une action forte dans le domaine des économies d'énergie. Le gaspillage énergétique est encore considérable dans notre société, alors que certains de nos concitoyens sont déjà en précarité énergétique. La réduction de notre consommation énergétique est inscrite dans les objectifs de l’Union européenne (-20% d’ici à 2020) mais ne se traduit pas du tout dans la réalité. Les scénarios en cours d'élaboration au niveau français montrent que les politiques mises en œuvre à ce jour ne permettront pas d'atteindre les objectifs du Grenelle en ce qui concerne la réduction des consommations. Cette réduction passe notamment par la lutte contre l’étalement urbain, la rénovation thermique des bâtiments, des transports collectifs de voyageurs performants, du fret ferroviaire (et pas des camions de 44 tonnes pour rendre la route plus rentable), mais aussi par des changements de comportements. Au-delà des postures et des gesticulations venant de tous bords, seule une mise en responsabilité de tous peut créer une dynamique volontaire en faveur d’une réduction des consommations d’énergie dans notre pays. L’indépendance énergétique c’est aussi ne pas être dépendant de hauts niveaux de consommation énergétique !

     

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    La proposition de FNE

    Alors que le Président de la République avait exclu le dossier nucléaire des débats du Grenelle de l’environnement, France Nature Environnement souhaite que l'abandon progressif du nucléaire se prépare en concertation avec l’ensemble des acteurs de la société civile. Bruno Genty, président de FNE : « Nous demandons l’organisation d’un véritable débat citoyen pour préparer l’abandon progressif de l’énergie nucléaire en France qui, au niveau mondial, ne représente que 2,5% de la consommation énergétique. Il est clair que cette sortie sera, pour la France, plus difficile que pour d'autres pays et qu'elle prendra plus de temps. C'est pourquoi il faut commencer rapidement en abordant des questions concrètes comme par exemple les modalités de mise en œuvre du scénario Négawatt . L’objectif est d’élaborer un programme partagé par la majorité des citoyens associant une incontournable réduction de notre consommation d’énergie à un développement des énergies renouvelables».



    Les conditions pour un débat citoyen

    FNE garde un mauvais souvenir de la dernière consultation sur le photovoltaïque : elle n’a été d’aucun effet. Dans le cadre du débat public sur Penly, l’expertise complémentaire a montré l'inutilité du réacteur et pourtant le projet continue. Le cahier des charges (modalités de déroulement, pluralisme des informations disponibles, prise en compte des conclusions...) devra être élaboré de manière concertée. Au préalable, il nous semble important qu’un signal fort soit adressé avant le débat de ce débat citoyen. Ce pourrait être la fermeture d’une centrale obsolète ou l'abandon de Penly 3.

    (1) L’association Négawatt est animée par une vingtaine d’experts et de praticiens de l’énergie. La synthèse de son scénario pour sortir du nucléaire est consultable via le lien ci-dessous. La nouvelle édition de ce scénario devrait sortir dans le courant de l’année 2011. Elle devra intégrer des éléments contextuels nouveaux : l’augement de la contribution de l’éolien offshore au bouquet énergétique et la réduction de la part fournie par les agrocarburants en la réservant à l’auto-consommation.
    http://www.negawatt.org/telechargement/Scenario%20nW2006%20Synthese%20v1.0.2.pdf

     

    Un plan Marshall pour les énergies renouvelables

    Le Gouvernement souhaitait réguler et encadrer le coût pour la collectivité du développement du solaire photovoltaïque. Mais le projet actuel met danger une filière naissante dont la crise de croissance, réelle, méritait un traitement adapté. Quant à l'éolien qui approche de la rentabilité, ce sont des mesures réglementaires, dont beaucoup sont inutiles, qui entravent son développement. Dans 30 à 40 ans, si nous le voulons, les énergies renouvelables couvriront la majeure partie des besoins des français. Il serait dommage qu'on importe alors l'essentiel des équipements car la France n'aura pas su prévoir l'avenir. Le soutien sans faille de l’Etat français à l’égard du nucléaire est grandement responsable du retard de la France en matière d’énergie renouvelable. Rappelons ce que déclarait Nicolas Sarkozy dans son discours de clôture du Grenelle de l’environnement : « Là où nous dépensons un euro pour la recherche nucléaire, nous dépenserons le même euro pour la recherche sur les technologies propres. » Ce n’est pas par hasard si les allemands, qui ont mis un coup de frein sur leur programme nucléaire, sont si en avance quant au développement des filières éolienne et photovoltaïque.

    Le monde entier est à un carrefour sur les énergies : ce sera les renouvelables ou le nucléaire. Avec un accident dramatique tous les 20 ans, le nucléaire n'a plus d'avenir. Ce que des dirigeants politiques de différents bords semblent avoir du mal à intégrer, formatés qu’ils sont par le discours lénifiant des industriels du nucléaire, rabâché depuis plusieurs décennies en France. Si nos centrales sont sûres, pourquoi évoquer un renforcement des mesures de prévention ?