Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Gaz de schiste, le miroir aux alouettes

Dangereux pour la santé, l'environnement, le climat, les hydrocarbures non-conventionnels sont devenus le nouvel eldorado des compagnies pétrolières qui se voient octroyées depuis quelques années des permis de recherche sur le sol français. Pour FNE, il s'agit plutôt d'un miroir aux alouettes doublé d'une boite de Pandore. 

FNE.gifJusque-là, faute de technique économiquement rentable, certains hydrocarbures, nommés non-conventionnels, n'ont pas été exploités. Ces hydrocarbures particuliers sont répartis de manière diffuse dans des roches sédimentaires argileuses très compactes et très imperméables, à plus de 3000 m de profondeur. La France, comme d'autres pays européens, miserait désormais sur ces hydrocarbures pour assurer son indépendance énergétique malgré des méthodes d'extraction peu louables... Les gaz de schiste en font partie. 

 Un contexte nouveau

Le renchérissement des énergies fossiles et leur épuisement, ainsi qu'une nouvelle technologie, la fracturation hydraulique, rendent désormais très concurrentielles de telles ressources d'hydrocarbures.

La France, avec ses nombreux bassins sédimentaires (bassin parisien, bassin du sud-est, bassin d'Aquitaine,..) détiendrait au moins 25% des réserves européennes de gaz de schiste, ce qui lui permettrait d'assurer son indépendance énergétique et limiter ainsi ses importations de gaz venant de Russie. C'est faire fausse route et oublier les conclusions du GIEC sur le climat et les engagements inscrits dans la loi du 13 juillet 2005, et réaffirmés lors du Grenelle, de diviser par 4 nos émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050. Exploiter ces hydrocarbures non-conventionnels est un contre-sens climatique et le meilleur moyen de ne pas envisager une reconversion énergétique, de ne pas vouloir un monde décarboné

 

 La technique : la fracturation hydraulique horizontale

 La seule technique connue à ce jour et utilisée aux Etats-Unis et au Canada, permet aujourd'hui d'atteindre les gisements d'hydrocarbures non-conventionnels. Le forage horizontal associé à la fracturation hydraulique de la roche est d'une violence extrême : il s'agit de creuser à la verticale puis à l'horizontale à plus de 2500 m de profondeur et de créer des micro-tremblements de terre souterrains pour fracturer la roche. Le liquide de fracturation, composé de sable, de produits chimique (cocktail de 500 produits), des milliers de mètres cubes d'eau, est injecté sous-pression pour garder les fissures ouvertes et faire remonter le gaz à la surface. Un puits peut être fracturé jusqu'à 14 fois et de 7 à 20 millions de litres d'eau sont injectés à chaque fois. La faible quantité de gaz disponible dans la roche nécessite de creuser quasiment un puits tous les 100 mètres.

 Impacts environnementaux et sanitaires

 Les enjeux industriels, économiques et géopolitiques sont énormes, mais il ne faut pas oublier lesmanifestation-d-opposants-au-gaz-de-schiste.jpg impacts environnementaux et sanitaires au niveau local et global. En effet, les retours d'expérience sur cette nouvelle technique suscitent les plus grandes inquiétudes en termes d'environnement et de santé publique. Les volumes d'eau prélevés dans le milieu sont considérables mettant en grave danger d’approvisionnement des régions où cette ressource est déjà précieuse. Le liquide de fracturation contient plus de 500 produits chimiques dont la plupart ont des effets néfastes avérés sur la santé, des produits cancérigènes, mutagènes ou repro-toxiques. Seule une fraction de ce liquide est récupérée (30 à 70%) pour être traitée, le reste migre dans les diverses strates du terrain. Les micro-tremblements de terre lors de la fracturation peuvent provoquer des fuites de gaz qui contaminent les nappes phréatiques situées au-dessus des gisements ou même qui s’échappent le long du puits, mortels pour le bétail, la faune et les populations proches. Ces forages ont déjà provoqué la pollution de nappes phréatiques rendues impropres à la consommation aux Etats-Unis

A chaque fracturation d’un puits des centaines d’aller-retour de camions sont nécessaires pour transporter les matériaux, l’eau et le gaz, engendrant congestion du trafic, pollution et émissions de GES. Au regard de la faible durée de vie d’un puits, construire un réseau de pipelines pour récupérer le gaz semble dérisoire

 Gaz et huiles non-conventionnels, mêmes dégâts, même combat

Pour FNE, le problème ne concerne pas seulement les gaz de schiste mais également les huiles de schiste. En effet, les huiles de schistes, sont extraites du sous-sol par la même technique dévastatrice: le forage horizontal combiné à la fracturation hydraulique de la roche. Le bassin parisien recèle ce pétrole qui était jusqu’à présent inaccessible avec les techniques habituelles. Deux sociétés pétrolières, Toréador et Vermillion, se partagent déjà aujourd’hui les permis du sous-sol francilien.

Un débat public, vite !

98444_manifestation-contre-l-exploitation-du-gaz-de-schiste-a-donzere-le-16-avril-2011.jpgSi FNE se félicite que les deux ministres aient saisi le Conseil général de l'industrie, de l'énergie et des technologies et le Conseil général de l'environnement et du développement durable pour leur confier une mission à ce sujet et qu'un moratoire (sur les travaux non commencés seulement) ait été déclaré, elle tient à rappeler que c'est devant les protestations des élus et des citoyens découvrant brutalement l'ampleur des permis de recherches sans avoir été consultés, ni même informés que ces mesures ont été prises.

Dans ces conditions, FNE examinera avec attention les conclusions du rapport de la mission interministérielle et demande à ce que toutes les parties prenantes soient auditionnées sur ce sujet. Néanmoins, FNE estime cette mission insuffisante et demande un large débat public pour donner la parole aux élus et aux citoyens afin d'interroger l'opportunité même d'avoir recours à ces hydrocarbures. Elle demande aux deux ministres de saisir la Commission Nationale de Débat Public (CNDP) en ce sens. 

 Quelques chiffres :

 -Selon l'Agence internationale de l'énergie, la consommation mondiale de gaz  augmenterait de 50% entre 2006 et 2030.

-Les réserves mondiales de gaz de schiste représenteraient plus de 4 fois les réserves de gaz conventionnels

-La France détiendrait 25% des réserves européennes d'hydrocarbures non-conventionnels (selon les évaluations actuelles)

-Les énergies fossiles, pétrole, gaz et charbon, sont responsables de 80 % des émissions de CO2, les autres 20% sont liés à la déforestation.

-En 2009, le gaz non-conventionnel représentait déjà 50 % de la production gazière nord américaine

-L'exploitation de ces ressources dites " non conventionnelles " permettrait de maintenir ouvert le robinet de gaz naturel pour 145 années supplémentaires contre 55 années avec les gaz conventionnels

Commentaires

  • La profusion évite la conversion

    Le pire reproche que je fais au nucléaire c'est d'avoir encouragé les gaspillages énergétiques. L'électricité ne se stockant pas, il fallait l'utiliser à tout prix d'où les campagnes honteuses en faveur du chauffage électrique quelque soit le niveau d'isolation des logements.Aujourd'hui les dégâts sont là.L'énergie électrique en Allemagne est certes 2 fois plus onéreuse qu'en France et pourtant les consommateurs ont en moyenne des factures 2 fois moins élevées. Ce n'est donc pas le coût de l'énergie qui est le gros problème mais l'usage que l'on en fait!Pour le gaz de schiste, en plus des problèmes de pollution que créeraient les techniques d'exploitation, il y a le risque de profusion de la matière première qui conduit à ne pas réformer des pratiques irresponsables. Le temps de réduire toutes les consommations énergétiques est venu. Conservons des réserves pour un avenir plus lointain au cas où! Mais organisons la bataille des économies d'énergie.Plutôt que de grapiller quelques centimes d'euros sur un litre de carburant, le gouvernement aurait pu soutenir financièrement les initiatives économes de l'énergie. Des idées pleines pour des réservoirs plus vides!

  • L'énergie la moins chère est bien celle que l'on n'utilise pas !

    Sobriété, efficacité énergétique et énergies renouvelables sont les solutions pour se sortir de l'impasse dans laquelle nous sommes... Le 22 août dernier nous avons atteint la capacité de renouvellement en matière première de notre planète, nous vivons donc tous à crédit depuis une semaine jusqu'à la fin de l'année.

    Au fait, M.Hollande, Montebourg et Mme Batho, c'est pour quand le changement d'avenir, la transformation écologique de notre société ?

Les commentaires sont fermés.