La recherche destinée à contrôler la fusion nucléaire a commencé il y a un demi-siècle. Il lui faudra, si tout se passe bien encore 60 ans pour envisager de poser la première pierre d'un réacteur industriel. Aujourd'hui, dans la torpeur de l'été, se déroule une enquête publique pour le projet ITER, un dossier de plusieurs milliers de pages, très technique, quasiment illisible sur le site . France Nature Environnement, l’URVN-FNE PACA, les fédérations départementales UDVN13, UDVN04, UDVN83 et FNE Vaucluse et l’association TDV83 estiment tout ceci déraisonnable et s'opposent à ce projet pour plusieurs raisons. Explications.
Inutile car trop tard
L'objectif d'ITER, produire durant quelques centaines de secondes 10 fois plus d'énergie que la machine n'en consomme, paraît dérisoire. Par ailleurs, dans le meilleur des cas, le premier kWh provenant d'un réacteur de fusion apparaitrait vers 2080. Bien trop tard pour participer à la lutte contre le réchauffement climatique ! Bien trop tard pour constituer une nouvelle source d'énergie ! Les deux problèmes, totalement liés, que sont l’utilisation massive des énergies fossiles et la crise climatique, devront avoir trouvé une solution bien avant cette date, ou alors la crise de l'humanité sera dramatique.
Inutile car trop cher
L’annonce du doublement du coût de construction du réacteur de Flamanville - et de son petit frère finlandais - a fait couler beaucoup d'encre. A l’inverse, le triplement du coût de construction de ITER, en gros de 5 à 15 milliards d'euros, s'est faite silencieusement, même si les débats continuent entre experts pour savoir qui paye la note. La lecture du dossier est inquiétante sur ce point : le démantèlement de l'installation est radicalement sous-évalué. Cette note-là, c'est la France et la région PACA qui la payeront de toute évidence.
Inutile car trop risqué et trop polluant
Les risques sont nombreux mais le dossier reste laconique. Risques sanitaires liés au Béryllium, produit cancérigène, et au tritium dont les effets sont mal connus, aux dires même de l’Autorité de Sûreté Nucléaire. Risques d’explosion du fait de l’emploi de l’hydrogène, extrêmement explosif. Risques liés aux déchets radioactifs à vie longue créés par les neutrons dans la chambre à vide et pour lesquels il n'existe aucune solution. Risques pour l'environnement, pas vraiment étudiés, car on ne trouve aucune cartographie de l'impact en cas d'accident. Risques liés aux techniques expérimentales comme l'atelier de « détritiation ». Tout cela alors qu’on en est encore au stade de l’expérimentation...
Inutile pour le développement économique de PACA
On oublie toujours de rapporter l'argent investi au nombre d'emplois créés : 5.000 durant le chantier, 1.000 ensuite. L'Etat et la région PACA vont investir plus d'un milliard d'euros, sans compter ce qu'il faudra investir pour nettoyer le site. Avec des impacts considérables sur le territoire : flambée des prix de l'habitat, impact lourd sur la biodiversité, extension de l'étalement urbain et de l'imperméabilisation des sols, trafic routier considérable... Tout cela est à peine évoqué dans le dossier.
Pour Pierre Aplincourt, président de l'URVN-FNE PACA « le projet ITER ne répond nullement aux enjeux énergétiques actuels. Il augmente les risques industriels régionaux, et renforcera une urbanisation et un développement d'infrastructures destructeurs du cadre de vie dans une région où l'environnement est déjà très fortement impacté. L'urgence est de diminuer nos consommations énergétiques, notamment par la réhabilitation thermique des bâtiments et la modification de nos comportements quotidiens, et de développer les énergies renouvelables. Toutes ces mesures sont fortement créatrices d’emplois locaux. »
Inutile car les français veulent choisir leur avenir
L'argent disponible pour la recherche est limité. Ce qui est mis sur ITER n'est pas mis sur la recherche-
développement sur l'efficacité énergétique ou encore sur les énergies renouvelables émergentes comme les énergies marines, des panneaux photovoltaïques plus performants.
Pour Maryse ARDITI, pilote du réseau énergie à FNE, « Dans les laboratoires du monde entier s'élaborent des recherches qui structurent des avenirs possibles. La parole n'est jamais donnée aux citoyens à ce niveau. Permettre aux citoyens de dire dans quels domaines la recherche doit être plus soutenue est, pour nous, une base fondatrice d'une vraie démocratie »
quarantaine d’années. Il faut commencer par sortir de l’absurde comme le chauffage électrique, peu efficace et coûteux pour les ménages, puis lancer un plan massif de rénovation des bâtiments et réduire la consommation des appareils électriques. Par ailleurs il faut investir massivement dans les transports collectifs, mais aussi réduire drastiquement la consommation des moteurs des véhicules. Objectif : diminuer la consommation de l’énergie de 62% en 40 ans. D’après le scénario de Négawatt*, ce sont des pistes crédibles et réalisables. Pour atteindre les 23% d’énergies renouvelables d’ici 2020, comme la France s’y est engagée, il est nécessaire de réorienter les investissements vers les énergies renouvelables, toutes les énergies renouvelables : solaire thermique et photovoltaïque, éolien terrestre et off shore, énergies marines, hydraulique, biomasse, et géothermie.




Pour FNE, les énergies renouvelables doivent être utilisées le plus localement possible. La priorité doit être portée sur les installations de petites et moyennes puissances, près des lieux de consommation, voire pour le photovoltaïque sur les bâtiments qui l'utilisent en direct. Ceci a pour avantage de limiter le recours aux réseaux et de favoriser l’autonomie énergétique des territoires.
Le renchérissement du pétrole rend très concurrentielles des ressources d'hydrocarbures dites non conventionnelles, jusque là délaissées, trop chères et trop dangereuses à exploiter. Hélas, si la hausse du prix du pétrole rend les énergies renouvelables désirables, elle pousse aussi l'homme dans ses retranchements tant il est devenu en un siècle dépendant aux hydrocarbures. Qu'importe que ces hydrocarbures soient responsables du réchauffement climatique qui menace notre pérennité ! Qu'importe que la France se soit engagée à diviser par quatre ses émissions de gaz à effet de serre ? Qu'importe le risque de pollution des eaux pour lesquelles nous nous sommes engagés, avec toute l'Europe, à atteindre le " bon état " à partir de 2015, demain donc ?
aux Etats-Unis et au Canada, est d'une grande violence puisqu'il s'agit de créer des micro-tremblements de terre pour fracturer la roche en envoyant des milliers de mètres cubes d'eau, de sable et de divers produits chimiques (plus de 500), dont des produits cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques, afin de récupérer le gaz. De plus, chaque puit ne pouvant drainer qu'une petite quantité de gaz, il faut en creuser un très grand nombre, très proches les uns des autres, avec l'emprise au sol et l'impact paysager induits. Ces forages ont déjà provoqué la pollution de nappes phréatiques rendues impropres à la consommation aux Etats-Unis, jusqu’aux nappes fossiles où l’eau était intouchée depuis des milliers d’années.
agriculteurs européens de continuer à produire tout en préservant l’environnement.