Publié par Bastamag le 28.12.2021
Desmond Tutu, militant sud-africain pour les droits humains et contre l’apartheid, est mort dimanche 26 décembre. En 2015, en prélude à la Cop21 organisée à Paris, Desmond Tutu avait accepté de préfacer un livre collectif, Crime climatique Stop, publié aux éditions du Seuil. L’ouvrage s’accompagnait d’un appel signé par des personnalités du monde entier. Dans cette préface, Desmond Tutu nous invitait à garder espoir et à nous tourner résolument vers l’avenir au travers de mobilisations climatiques de masse, seules à même de changer la donne. « Qui peut donc arrêter le changement climatique avant qu’il ne soit trop tard ? Nous », écrivait-il. Nous republions ici ce texte.
Nous avons combattu l’apartheid. Aujourd’hui, le changement climatique est notre ennemi à tous
C’est absolument inédit. Jamais encore de toute notre histoire nous n’avions été appelés comme nous le sommes aujourd’hui à agir de manière collective pour défendre notre planète. L’espèce humaine a certes surmonté des guerres mondiales, des épidémies, des famines, l’esclavage, l’apartheid et de nombreuses autres conséquences effroyables de l’intolérance en matière de religion, de classe, de race, de sexe ou d’opinions. Au fil du temps, les êtres humains ont fait la preuve de leur extraordinaire capacité à rebondir. La planète a aussi démontré une grande capacité de résilience si l’on considère tous les déchets qu’elle a pu absorber depuis le début de la révolution industrielle et l’invention du moteur à combustion.
Cependant, les temps ont changé et l’avis des scientifiques est aujourd’hui sans appel. On peut se figurer l’environnement comme une sorte d’éponge sur laquelle nous sommes assis et qui nous nourrit. Or cette éponge est désormais saturée de carbone. Si nous ne limitons pas le réchauffement climatique à 2 degrés au maximum, nous sommes condamnés à être les témoins d’une extinction d’espèces massive et nous devons nous préparer à rentrer dans une ère dont l’instabilité et l’insécurité dépasseront tout ce que nous avons connu.
Depuis que nos ancêtres ont acquis la maîtrise du feu, ce sont les énergies fossiles qui servent essentiellement à alimenter l’effort humain. Si nos maisons sont chauffées, si nos industries fonctionnent et si nous pouvons nous déplacer, c’est grâce au charbon, au pétrole et au gaz. Nous avons donc accepté de nous mettre dans une situation de dépendance absolue et sommes aujourd’hui coupables de n’avoir pas voulu voir les signes du désastre qui s’annonce.