La traite des êtres humains est une violation des droits humains : un communiqué de Amnesty International
Dans toute l'Europe, des femmes, des hommes, des enfants sont victimes de la traite des êtres humains à des fins d'exploitation dans divers secteurs, notamment les travaux domestiques, l'agriculture, la production, la construction et l'hôtellerie, ou à des fins d'exploitation sexuelle.
Ces personnes sont soumises à un ensemble de violations de leurs droits fondamentaux, notamment :
- le droit à l'intégrité physique et mentale
- le droit à la liberté et à la sécurité de la personne
- le droit de ne pas être réduit en esclavage, de ne pas être soumis à des pratiques s'apparentant à de l'esclavage
- le droit de ne pas être soumis à des actes de torture ou autres traitements cruels, inhumains ou dégradants
- le droit d'avoir une vie de famille
- le droit de circuler librement
- le droit à la vie privée, aux meilleurs soins de santé possibles et à un logement présentant toutes garanties de sûreté et de sécurité.
C’est leur dignité même qui est violée.
Certaines ne survivent pas à cette accumulation de violations des droits humains.
Quant aux autres, il arrive que leur sort soit signalé aux autorités. Mais loin d'être considérées comme des victimes d'un crime odieux, comme des personnes dont les droits ont été violés, elles sont traitées comme des criminels ou des migrants en situation irrégulière qu’il faut expulser le plus rapidement possible.
Lorsque les autorités engagent des poursuites contre les trafiquants, les victimes de la traite sont instrumentalisées par l’appareil judiciaire. Les répercussions psychologiques, médicales et sociales des épreuves subies par ces personnes, ainsi que les causes sous-jacentes (y compris les facteurs qui les incitent à quitter leur pays et les attirent au lieu de destination), sont rarement prises en compte.
L’aide qui est parfois offerte aux victimes de la traite est le plus souvent tributaire de leur coopération aux poursuites engagées contre les trafiquants. Une telle coopération les place souvent, elles et les membres de leur famille, à la merci de représailles.
Il est très rare que les victimes de la traite obtiennent justice, sous forme de réparation, d’indemnisation, de restitution et de réadaptation, pour les atteintes aux droits fondamentaux dont elles ont fait l’objet.
Les personnes étrangères n'ayant pas obtenu un permis de séjour dans le pays où elles se trouvent sont le plus souvent renvoyées dans leur pays sans aucune considération des menaces qui pèsent sur elles. À leur retour, elles risquent d’être de nouveau soumises à la traite ou victimes de violences de la part des trafiquants ou d’autres personnes.
La Convention du Conseil de l'Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains en 2008 est une avancée.
Cette Convention est entrée en vigueur en février 2008. Il faut maintenant qu’elle soit mise en œuvre.
société - Page 349
-
Stop à la traite des êtres humains
-
8 mars: quelques chiffres
En complément de la note précédente, quelques chiffres tirés du"Monde" :
40 milliards d'heures : c'est le temps passé au cours d'une année par les femmes d'Afrique subsaharienne pour chercher de l'eau : l'équivalent d'une année entière de travail de la population active française. (Fonds de développement des Nations unies pour la femme, Unifem)
- Les femmes assurent les 2/3 des heures de travail dans le monde et ne perçoivent qu'un dixième des revenus. (ONU)
- 70 % des 130 millions d'enfants non scolarisés dans le monde sont des filles. Il n'est donc guère étonnant que 64 % des 867 millions d'adultes qui ne savent pas lire aujourd'hui soient des femmes. (Banque mondiale, Programme des Nations unies pour le développement)
- 58,5 % des bacheliers français étaient des filles en 2007. Elles ne représentent plus que 42 % des élèves dans les classes préparatoires aux grandes écoles, toutes disciplines confondues. (Education nationale)
- 26 % des élèves en écoles d'ingénieurs en France sont des filles. Leur salaire d'embauche, à la sortie de l'école, est inférieur de 7,5 % à celui des hommes. (Insee, CNISF)
- 15 % des directeurs de recherche dans l'Union européenne, toutes disciplines confondues, sont des femmes . Ce taux n'est plus que de 9 % dans les disciplines scientifiques et techniques. (Commission européenne)
- 21 % : C'est l'écart de salaire moyen entre hommes et femmes dans le monde . Cet écart est de 17,4 % dans l'Union européenne, de 27 % en France . Il est de 15 % pour les PDG américains, à secteur et taille de firmes comparables en 2008. (Commission européenne, Observatoire des inégalités, Corporate Library)
- Les femmes représentent 8,8 % des membres des conseils d'administration dans les entreprises du CAC 40. (Capitalcom)
- 60 % de femmes dans le gouvernement finlandais. La Finlande est le seul pays de l'Union européenne qui compte plus de femmes que d'hommes au gouvernement. Le pays européen qui compte le moins de femmes ministres est la Hongrie (6,25 %). La
France arrive en cinquième position (41,18 %). Le taux moyen, pour les 27 pays de l'Union s'établit à 25,5 %. (Fondation Robert-Schuman)
- 18,4 % de femmes parlementaires dans le monde. En Union européenne, le taux moyen est de 24 % dans les 27 Parlements nationaux. La Suède est au premier rang (46,70 %), Malte au dernier (8,7 %). La France se classe 24e , (18,54 %). (Unifem, Fondation Robert-Schuman)
-
féminisme et Sainte Vierge
Il y a un média que l'on ne cite peut-être pas assez souvent, il s'agit du site nationspresse.info. Nous avons remarqué un de leur article sur le féminisme, et en cette veille de 8 mars, nous vous le faisons découvrir : c'est le vrai texte, en intégralité et sans avoir rien rajouté . Est-il utile de vous préciser que ce site se définit comme proche du F.N.
Rappelons les propos de Monseigneur Vingt-Trois qui lui ont valu d'être reconnu comme "macho de l'année" : Interrogé le 6 novembre à Radio Notre-Dame sur le rôle des femmes dans la célébration des offices, le cardinal-archevêque avait répondu :
«Le plus difficile, c'est d'avoir des femmes qui soient formées. Le tout n'est pas d'avoir une jupe, c'est d'avoir quelque chose dans la tête».
Voici donc le texte de nationspresse qui répond à la remise du prix:
Le groupuscule féministe « Les chiennes de garde » vient de décerner le premier prix du « macho de l’année » à Monseigneur André VINGT-TROIS, l’Archevêque de Paris. Au cours d’une manifestation, bien médiatisée bien sûr, ils ont affiché la photo du prélat en la huant !
Ces attaques contre l’Eglise sont inadmissibles et insupportables !
L’Eglise n’a aucune leçon à recevoir de ce genre de groupuscules.
L’Eglise respecte toutes les femmes comme tous les hommes. Elle les déclare non égaux mais complémentaires dans la Création et la procréation qui est leur vocation commune. Il n’y a qu’à voir le culte que voue l’Eglise envers de très nombreuses Saintes et en particulier envers la Très Sainte Vierge Marie qu’elle proclame l’Immaculée Conception pour faire taire ces accusation débiles et mensongères de machisme et sexisme !
L’Eglise protège la femme alors que ces groupuscules font d’elle une esclave des temps modernes au service des phantasmes de tous les détraqués sexuels.
« Les chiennes de garde » feraient mieux de cesser d’aboyer et devraient décerner leurs prix de machisme à ceux qui ont libéralisé le divorce, la pornographie et qui ont légalisé le crime abominable de l’avortement !
A l’heure où nos gouvernants veulent donner toujours plus de droits aux familles contre-nature, seule l’Eglise assure à la femme comme à l’homme sa dignité et son honneur.
Alexandre SIMONNOT
-
Yoz à Vouziers
Depuis plusieurs mois le Carrud mène à Vouziers une action de prévention en direction des usagers de la drogue . Le Carrud, c'est le centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques des usagers de drogues . Il est financé par la caisse d'assurance maladie et ses missions principales sont :
• l’accueil collectif et individuel, l’information et le conseil personnalisé pour usagers de drogues
• le soutien aux usagers dans l’accès aux soins
• le soutien aux usagers dans l’accès aux droits, l’accès au logement et à l’insertion ou la réinsertion professionnelle
• la mise à disposition de matériel de prévention des infections
• l'intervention de proximité à l’extérieur du centre, en vue d’établir un contact avec les usagers
• le développement d’actions de médiation socialeLe nom de Yoz a une histoire : C’était le nom d’un bénévole Belge intervenant en milieu festif et très apprècié, ancien usager de drogue, qui est décédé le jour où il passait son diplôme d’assistant social.
Le centre a donc pour mission de s'ouvrir à l'extérieur de structures, et c'est pourquoi une permanence se tient tous le mardis de 14 à 16 h, près de l'hôpital .
Depuis qu'il intervient à Vouziers, le centre a rencontré un public réceptif aux messages de prévention . La montée de la fréquentation a été assez rapide, le bouche à oreille fonctionnant dans le milieu des consommateurs .
On constate donc que malheureusement la consommation de drogues est loin d'être rare à Vouziers et dans les environs .
Si le but premier du Carrud est d'éviter les risques liés à la consommation (overdose, sida, hépatites, ...), ses membres orientent également les usagers vers des structures qui peuvent les aider à arrêter leur consommation .
La situation sociale des interessés et le manque de moyens de transport rendent souvent difficile l'accès à des structures basées à Charleville ou à Reims .
Cette structure a un rôle important à jouer à Vouziers, où nous l'avons dit les consommateurs de drogues sont nombreux : tous ne sont pas prêts à fréquenter des structures existantes qui pourraient les aider à arrêter . Ce type de contact direct dans la rue permet de toucher un maximum de personnes concernées, de les écouter et de les aider, et de leur permettre parfois un premier pas vers une démarche de soin .
-
droits de l'Homme:un premier bilan
Un premier bilan du début de mandat de Sarkozy vu du côté des droits de l'Homme vient d'être fait par le président de la Ligue des Droits de l'Homme (LDH), J-P Dubois .
Ce document de 14 pages est peut-être un peu long à lire, mais il éclaire bien la continuité de la politique présidentielle : malgré son touche à tout frénétique, il y a bien des choix politiques et philosophiques que l'on retrouve dans les déclarations et actions de N Sarkozy .
Voici un lien vers le document .
Et voici le début de cette note :
Le candidat Nicolas Sarkozy avait publié, au printemps 2007, une tribune de presse promettant « une
démocratie exemplaire ». Un an plus tard, « l’état des droits 2008 » publié par la Ligue des droits de
l’Homme avait pour titre « Une démocratie asphyxiée ». Faut-il attribuer pareil contraste à un jusqu’auboutisme
polémique de « droitsdel’hommistes », pour reprendre l’expression empruntée au Club de
l’Horloge par certains responsables politiques. -
Siné relaxé
Siné a été chassé de "Charlie-Hebdo" pour une rubrique qualifiée par certains d'antisémite . Siné s'est toujours défendu de cette accusation, expliquant qu'il attaquait toutes les religions, en particulier leurs extrémistes .
Le billet en question mettait en cause le fils de Nicolas Sarkozy et Siné (photo ci-dessous) qualifiait d'opportuniste sa supposée conversion au judaïsme pour épouser
l'héritière de la maison Darty .
La cour de Lyon a relaxé ce jour le polémiste dans un arrêt très longuement motivé, qui donne la priorité à la liberté d'expression et à la caricature par rapport aux religions . Voici le compte-rendu du site "arrêt sur image" :
Le tribunal correctionnel de Lyon a relaxé Siné, attaqué par la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) pour incitation à la haine raciale, estimant que le dessinateur "ne
creus[ait] pas le préjugé antisémite".
Une chronique parue dans Charlie Hebdo le 2 juillet 2008 avait lancé la polémique sur le caractère supposé antisémite d'une remarque de Siné à propos de l'ascension de Jean Sarkozy. Mais contrairement à l'interprétation de la Licra, le président du tribunal de Lyon a déclaré ce mardi, au rendu du délibéré (le procès s'était tenu fin janvier 2009) : "Le tribunal considère que (Siné) s'est autorisé à railler sur le mode satirique l'opportunisme et l'arrivisme d'un homme jeune, engagé sur la scène politique et médiatique (...) Il ne creuse pas le préjugé antisémite."
-
Mermet et compagnie
Nous vous avons annoncé la projection du fim "Chomsky et compagnie" dans le cadre d'ATTAC fait son cinéma . Il sera présenté le mardi 10 mars à 20h au Métropolis de Charleville . C'est un film de Daniel Mermet, journaliste à France-Inter, qui répond dans "L'Humanité" à des questions sur son travail :Rencontre avec Daniel Mermet, co-auteur avec Olivier Azam de "Chomsky et Compagnie, pour en finir avec la fabrique de l’impuissance", documentaire sur le linguiste américain Noam Chomsky, intellectuel très critique de la politique étrangère des Etats-Unis, et des médias de masse.
Lors de sa visite en région pour la présentation de son film « Chomsky et Compagnie » grâce à l’association l’Eclat et au Cinéma d’Art et d’Essai , le Mercury, à Nice, l’animateur de l’émission quotidienne de France Inter, « Là bas si j"y suis », Daniel Mermet répondait à quelques questions sur Noam Chomsky, linguiste et penseur américain ainsi que sur les médias. Entretien.
Chomsky est-il ce personnage singulier ,ce penseur dont on a besoin,cette référence qui mène plus loin la réflexion bien qu’on invite chacun à n’avoir ni dieu ni maître ?
Daniel Mermet. On n’a pas besoin de maître. Chomsky n’en est pas un. Il a pour rôle d’analyser, de documenter, de sourcer. Lui le voit comme un métier comme un autre. Il ne faut pas mentir évidemment sur ses privilèges attachés à sa fonction d’intellectuel. Mais il n’en abuse pas. Il est pas dans un mirador à nous regarder de haut. Il est dans la mêlée quotidienne. Il se prononce très vite sur les évènements. Il voit son rôle comme celui d’un "spécialiste de quelque chose", comme un médecin, un avocat, un plombier zingueur.
On ne va pas le voir comme un oracle. Il est comme Bourdieu qui disait « je suis discutable, j’espère mériter d’être discuté. » Il ne parle pas qu’aux élites, loin s’en faut. Il s’exprime dans une langue extrêmement claire. Il existe un prix Orwell de la clarté de l’expression. Il l’a eu deux fois. Cette courtoisie de se faire comprendre à travers des choses orales souvent, des textes assez courts, fait qu’il y a chez lui une volonté non pas de se mettre à la portée des gens mais de se mettre à la portée des gens auxquels il veut parler.
Chomsky, pour moi est un intellectuel-traitre au sens ou Vidal-Naquet parlait des "historiens traitres", c’est-à-dire des historiens qui ne répondent pas à la fonction à laquelle ils sont assujettis. Des intellectuels qui accumulent des savoirs pour le service du pouvoir, pour la justification du pouvoir ou pour les projets du pouvoir. Chomsky est un contre-pouvoir qui nous incite au contre-pouvoir. Il met ses savoirs à la disposition des gens pour que nous interrogions le pouvoir. Pour toutes ces raisons, il n’est ni un dieu ni un maître.
Sans parler de dieu ni de maître, est-il une référence, faute du politique qui ne relaie pas ?
Daniel Mermet. Oui mais si malgré lui, il est devenu une icône, il faut savoir que ça le gêne beaucoup. Il n’a pas vu beaucoup du film bien
qu’il en ait eu de bons échos. Il n’a pas vu beaucoup non plus de « La fabrique du consentement » par Achbar et Wintonick. Il redoute beaucoup la personnification. Il est malgré sa volonté une icône à cause du système.
Vous mettez en parallèle à sa pensée beaucoup d’archives et d’images, d’événements, sans être au service de sa pensée.
Daniel Mermet. On essaie de faire découvrir sa pensée mais aussi de prendre tout de suite ce qu’il y a, de voir vraiment les choses énormes, comment notre opinion est manipulée, comment fonctionne la manipulation de l’opinion dans des systèmes démocratiques, transparents.Comment s’exerce le lavage de cerveau dans ces systèmes. Lui, propose un certain nombre d’exemples. Il y en a bien d’autres abordés dans le film.
Pourquoi se méfie-t-il des journalistes français ?
Daniel Mermet. Pour les raisons évoquées dans le film. Il a été en butte à des intellectuels français lors de l’affaire Faurisson. Ils l’ont stigmatisé en le jugeant comme un révisionniste, comme on fait encore aujourd’hui. C’est une insulte qu’il est très difficile de combattre. Pédophile, antisémite ce sont les pires insultes. C’était si malhonnête, frauduleux qu’il en a conçu une certaine amertume. Il a fallu du temps pour que ça s’apaise un peu. Il n’a donc pas beaucoup de sympathie pour les journalistes français, ni pour une certaine scène intellectuelle française.
C’est la limite de la liberté d’expression car le négationnisme d’un Faurisson peut être mal interprété, ceux qui n’ont pas de culture pourraient être séduits par un tel discours.
Daniel Mermet. Bien sûr ! Il faut aussi à ce moment-là interdire les pubs scandaleuses, les discours mensongers et trompeurs.
Ces discours, ces pubs, engagent-ils la mémoire de six millions de morts ?
Daniel Mermet. Oui, la pub peut tuer. En matière de liberté d’expression, il y a deux attitudes : "je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais dites-le", et "je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites et donc je vous interdis de le dire". En France, nous sommes davantage dans la dernière posture. Cela a donné beaucoup de poids à Faurisson. Cela lui a donné une réputation de martyr. Des négationnistes, des
révisionnistes, il y en a aux États-Unis. Il y a aussi des groupes nazis, que l’on laisse parler dans un coin. Il y a toujours le Ku klux klan qui opère. Il y a donc un danger, mais ce qui a discrédité Faurisson ce ne sont pas les tribunaux, pas le côté émotionnel, ce sont les historiens qui ont réfuté toutes ses allégations. Un livre édité en 1982 par les éditions de la Sorbonne réfutait chaque point et à partir de là, il était scientifiquement discrédité. Vidal-Naquet, l’adversaire le plus déterminé de Chomsky, n’a jamais laissé supposer que ce dernier souscrivait aux thèses de Faurisson. Pierre Vidal-Naquet, comme la majorité de la communauté des historiens en France, est opposé aux lois dites mémorielles, aux lois Gayssot, Taubira, etc. qui sont pour eux, d’abord, que nous nous déchargeons de nos responsabilités démocratiques et intellectuelles en nous en remettant aux juges. Que nous prenons le risque du communautarisme. Chomsky s’y oppose aussi. Donc leur différence n’est pas aussi grande qu’on l’a trop souvent dit.
Vous dites dans le film qu’il est entre le socialisme et l’anarchisme. Pourriez-vous préciser ?
Daniel Mermet. Il est très attiré par les deux. Il faut faire très attention à ces mots pare que ça n’a pas le même sens ici et ailleurs. Il existe un anarcho-capitalisme. Si ça veut dire pas d’État, pas de parti, pas de vote, etc… ce n’est certainement pas ce que veut dire Chomsky.
Il existe un petit livre de Normand Baillargeon sur l’ordre sans le pouvoir où Normand fait un état des différents courants de l’anarchie. Il y évoque l’anarchie de Chomsky. Quant au socialisme ça n’a pas le même sens aux Etats-Unis qu’en Europe. Ce sont des mots : Martine Aubry est socialiste ; hélas le mot n’a plus aucun sens. Mais accolé à "anarcho", ce mot peut encore avoir un sens.
Vous mettez en parallèle une forme de censure dans les années 60–70 et une espèce de journalistes "bien dressés" aujourd’hui. Dans ces conditions, comment viendrait à une majorité de gens un esprit critique ; comment pourrait-on faire que l’opinion réalise ce que vous préconisez ?
Daniel Mermet. Le travail de Chomsky et de Edward Herman, notamment dans La fabrique du consentement qui est leur livre essentiel et qui
vient d’être réédité aux éditions Agone, ne traite pas seulement de la manipulation par les médias mais de la façon dont se fabrique l’idéologie dominante à travers notamment le mécanisme des relations publiques. Ce qui englobe l’Université, la pub,l’Eglise, tous les moyens de l’information et tous les moyens de fabriquer les esprits. Sur le plan médiatique, c’est très difficile de se prétendre libre lorsqu’on sait que les grands médias dominants sont entre quelques mains. Rien que cela fait qu’à l’intérieur des rédactions, les lignes éditoriales sont verrouillées, consensuelles.