Dessin d'Aurel pour Politis
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Dessin d'Aurel pour Politis
Edito du Vendredi 21 janvier 2022 de Cartooning for Peace.
Accusé d’avoir organisé l’année dernière plusieurs « pots » à Downing Street alors que le Royaume-Uni était en plein confinement, et bien qu’il ait reconnu les faits et qu’il se soit excusé, Boris Johnson est sous le feu des critiques pour son manque d’exemplarité et, plus généralement, pour sa gestion du pays.
Les échanges au Parlement cette semaine ont été houleux et le premier ministre a osé se défendre avec un argument peu convaincant : « Personne ne m’a dit que cela contrevenait aux règles »… No comment!
Les appels à la démission du premier ministre, dont la popularité est au plus bas, se multiplient y compris dans le camp conservateur et pourraient conduire à un vote de défiance de sa propre majorité. To be continued!
Un nouveau drame a eu lieu. 27 personnes sont décédées hier, en essayant de rejoindre l'Angleterre en bateau depuis Calais. Ces tragédies récurrentes à nos frontières sont insupportables. Elles pourraient pourtant être évitées.
Non, les passeurs ne sont pas les uniques responsables de ce drame. Ce drame, comme tant d’autres en mer Méditerranée ou à nos frontières avec l’Italie, l’Espagne ou la Grande Bretagne, est aussi la conséquence de 30 années de politiques migratoires sécuritaires organisées par la France, la Grande Bretagne et l’Union Européenne.
Et oui, le naufrage survenu hier dans la Manche, faisant état de 27 personnes mortes et une personne disparue, est une tragédie qui aurait pu être évitée.
C’est ce que nous dénonçons dans une lettre ouverte adressée aux autorités françaises, et co-signée par La Cimade, Médecins sans Frontières, Médecins du Monde et Secours Catholique-Caritas France.
Notre indignation face à la réaction des autorités
Si nous souhaitons d’abord et avant tout exprimer notre profonde tristesse et présenter nos condoléances aux proches des personnes décédées, nous voulons également faire part de notre indignation face à la réaction des autorités.
La France et le Royaume-Uni se dérobent à leurs responsabilités. Les personnes migrantes qui traversent aujourd’hui la Manche pour rejoindre le Royaume-Uni le font uniquement car aucune autre voie légale n’est possible pour rejoindre ce pays.
Extraits de l’article du Monde Diplomatique par Lucie Elven
Après l’Écosse, l’Irlande du Nord et le Pays de Galles, le nord de l’Angleterre connaît à son tour un mouvement en faveur de l’indépendance. Tensions nationalistes, chaos parlementaire à l’occasion du Brexit, fiasco de la lutte contre le Covid-19 : la tempête semble tout emporter au Royaume-Uni. Tout, sauf la Couronne, qui continue à offrir un sentiment de cohésion à une majorité de Britanniques.
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Une enseigne des plus lucratives
Sur la scène internationale, également, la monarchie britannique perd de son lustre. Il y a quelques années, des voix se sont élevées pour réclamer que, à l’issue du règne d’Élisabeth II, la direction du Commonwealth soit assurée en rotation par chacun de ses membres, ou par une figure politique reconnue, avant que la reine ne réussisse à imposer la succession de Charles à son poste. Seuls une vingtaine de pays et de territoires devront un jour remplacer son portrait sur leurs billets de banque. Plus de la moitié des États du Commonwealth — 31 sur 54 — sont à présent des républiques. En septembre dernier, l’île de la Barbade a décidé de retirer à la reine sa position de cheffe de l’État. L’Australie a tenu en 1999 un référendum à ce sujet, perdu de peu par les partisans d’un régime républicain. Un scrutin de même nature pourrait suivre en Nouvelle-Zélande, si l’on en croit sa première ministre Jacinda Ardern, tandis que 44 % des Canadiens se disent favorables à un divorce d’avec la Couronne britannique (contre 29 % qui souhaitent le contraire).
Pour autant, cette machine légale et financière qu’est la maison Windsor — baptisée l’« entreprise » (« The Firm ») par le prince Philippe — n’est nullement inadaptée aux temps modernes. Elle reste l’une des enseignes les plus lucratives du monde.
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Championne de l’évitement fiscal
La maison Windsor domine une culture grâce à laquelle les codes de classe les plus raffinés, du majordome à l’étiquette des discours, sont devenus une spécialité nationale. L’industrie de l’héritage royal, en monétisant le passé et en inventant des traditions, emploie plus de travailleurs que la pêche et l’industrie minière réunies . Elle est source de produits culturels variés et profitables, comme les films The Queen (2006) et Le Discours d’un roi (2010), ou encore la série Netflix The Crown (lancée en 2016). Chaque fois, l’acteur ou l’actrice qui interprète le monarque reçoit une pluie de récompenses prestigieuses, comme si le fait de jouer un roi ou une reine représentait un exploit plus remarquable que d’incarner n’importe quel autre être humain, et comme pour donner un surcroît de sens à une institution qui, de manière plus ou moins ambiguë, en revêt déjà beaucoup.
Chaque année, la famille royale coûte au pays 67 millions de livres (75 millions d’euros). Elle pratique l’évitement fiscal au moyen d’exemptions et de drainages vers des places offshore . La caution signée à un clan aristocratique qui maîtrise tous les circuits de la finance a rendu la City de Londres plus attractive encore pour les évadés fiscaux du monde entier, contribuant à la hausse vertigineuse des prix et des loyers dans la capitale. En principe, la reine possède un sixième de toutes les terres de la planète. Au cours d’un récent débat parlementaire sur l’industrie des éoliennes en mer, M. Johnson a qualifié le portefeuille immobilier de la monarchie, le Crown Estate, de « maître des fonds marins » (14 octobre 2020). Le moratoire sur les expulsions locatives décrété par le gouvernement pour faire face à la crise du Covid-19 a été levé en septembre, menaçant de jeter à la rue 55 000 ménages. La même semaine, on a appris que le contribuable allait verser au Crown Estate une généreuse rallonge pour compenser en partie les 500 millions de livres sterling de pertes de recettes enregistrées dans la gestion de son parc immobilier en raison de la pandémie.
Et pourtant, au milieu des empoignades qui ont bouleversé le pays ces dernières années, au sujet du Brexit et de l’indépendance écossaise, si étroitement liés à la question de sa souveraineté, la monarchie échappe aux regards.
Justin Mortimer. — « HM the Queen » (Sa Majesté la reine), 1997
Article repris du "Monde Diplomatique"
Née en 1925, Margaret Thatcher est morte lundi 8 avril. Elle est arrivée à la tête du Royaume-Uni en mai 1979, après la faillite de la politique travailliste. Grande admiratrice du président américain Ronald Reagan et ardente défenseuse du dictateur chilien Augusto Pinochet, elle a mené une politique ultralibérale dans son pays et a milité pour son extension en Europe.
L’histoire retiendra son entreprise de démolition des syndicats — notamment avec la grande grève des mineurs en 1984-1985 —, la vague de privatisations et de suppression des aides sociales, son attaque en règle du système de santé, sa répression féroce à l’encontre des militants républicains irlandais — et la mort de Bobby Sands en prison après une grève de la faim.