L’année 2024 à la frontière franco-britannique s’est clôturée par un terrible bilan, 85 personnes - hommes, femmes et enfants - sont décédées, pour la grande majorité suite à des tentatives de traversées de la Manche dans des embarcations de fortunes, d'autres, à cause des conditions de vie qui y sont maintenues.
En solidarité avec les personnes bloquées à la frontière et pour dénoncer les politiques qui y sont menées, nous appelons à une grande marche le 11 janvier prochain à Calais.
Depuis plus de 30 ans, les accords se multiplient entre la France et le Royaume-Uni, chacun ayant pour vocation d’augmenter la militarisation du littoral nord afin d’empêcher les personnes en exil de rejoindre le Royaume-Uni. En 2003, le déplacement de la frontière franco-britannique sur le sol français a fait de la France le “bras policier” de la Grande-Bretagne.
À cette volonté d’étanchéification de la frontière s’ajoute une politique d’hostilité, conjointement menées par les municipalités et le ministère de l’Intérieur. Elle maintient des centaines voir des milliers de personnes dans des conditions de précarité extrême : poussées à vivre dehors par manque d’accès à l’hébergement, harcelées au moyen d’expulsions de terrain régulières et un accès aux droits fondamentaux (eau, nourriture, asile) sous dimensionné, voire inexistant.
La militarisation accrue du littoral amplifie les prises de risque lors des tentatives de traversée, augmentant la précipitation lors des départs, amenant les personnes à partir de plus en plus loin et sur des bateaux toujours plus chargés. En parallèle, les moyens de sauvetage demeurent insuffisants et inadaptés.
L’ensemble de ces facteurs, pourtant condamnés à plusieurs reprises par les institutions garantes des droits humains, poussent les gens à risquer leur vie. Cette politique est aussi inefficace que dangereuse puisque plus de 35 000 personnes ont pu atteindre l’Angleterre (par voie maritime) sur l’année 2024.
Dire que nous sommes inquiets est trop faible. Les politiques menées par les ministres de l’Intérieur successifs n’ont fait qu’aggraver la situation et les annonces récentes du Ministre démissionnaire Bruno Retailleau, à la demande de Madame Bouchart, de créer un délit de séjour irrégulier à Calais est abjecte. Elle ne produira que davantage d’isolement, de mise en danger et renforcera la fracture d’humanité dont nous sommes les témoins à Calais et sur le littoral.
Nous, associations, syndicats, élus, parlementaires et citoyens solidaires et personnes concernées, refusons la continuité de cette politique mortifère et appelons à une mobilisation le 11 janvier 2025, afin d’exprimer notre solidarité avec les personnes en exil, de demander une remise en question des politiques migratoires à la frontière franco-britannique et en Europe ainsi qu’une révision totale des accords du Touquet.
Voir la liste des signataires de cette tribunes sur le site d'Amnesty International