L'inspection générale des affaires sociales (Igas) vient de rendre son rapport sur la fusion des hôpitaux.
Le moins que l'on puisse dire , c'est que ce rapport est critique sur la validité du rapprochement de plusieurs centres hospitaliers dans le but de réaliser des économies. Pourtant la création du GHSA qui regroupe les hôpitaux de Vouziers et Rethel avait été présentée comme nécessaire pour la pérennité des structures.
L'Igas écrit dans son rapport :"Dans la réalité, si le lien entre taille de l’hôpital et qualité des soins existe bel et bien, les études montrent que celui-ci n’est pas automatique : il est spécifique à chaque acte, varie dans le temps et cesse de s’observer au-dessus d’un certain volume, au demeurant difficile à déterminer.
Sur le plan financier, la fusion n’est en général pas l’outil le plus pertinent pour réduire les déficits hospitaliers, qui supposent surtout, pour les établissements concernés, un effort de réorganisation interne pour réduire leurs dépenses. De plus, au-delà d’un certain seuil que les études disponibles situent entre 600 et 900 lits de court séjour, la grande taille présente pour un hôpital plus d’inconvénients que d’avantages. L’expérience enseigne en outre que les processus de fusion sont en eux-mêmes sources de surcoûts ou de dysfonctionnements."
Concernant la chirurgie ambulatoire, celle qui est prévue pour le bloc chirurgical de Rethel, l'Igas est également critique :
La chirurgie ambulatoire n’est pas la solution toute trouvée pour les petits établissements hospitaliers dans lesquels les chirurgiens n’avaient pas d’activité non programmée ni de clientèle personnelle. Elle n’est pas non plus facile à mettre en oeuvre sans aide externe dans des blocs opératoires désorganisés, ravagés par les querelles internes, comme l’IGAS en voit parfois malheureusement.
Les constats faits par la mission montrent que son implantation peut réussir, en cas de regroupement ou de fusion, lorsque le gros établissement propose son aide, gère le programme et organise les équipes en tout ou en partie. C’est le cas à Aix les Bains, où l’équipe chirurgicale de Chambéry, à l’étroit dans ses propres murs, a mis en oeuvre, avec les endoscopistes d’Aix les bains, une unité de 12 lits très active. C’est encore le cas à Crest, où l’équipe chirurgicale de Valence vient aider le chirurgien local. Dans ces deux situations, c’est la fusion d’un gros établissement avec un plus petit qui a permis le développement fructueux de cette méthode.
Quand on sait qu'à Rethel l'activité chirurgicale participe pour une part importante au déficit de l'établissement, on peut douter de l'efficacité de faire tourner le bloc avec des actes uniquement ambulatoires.
Concernant l'activité de médecine le rapport estime que :"La part de la médecine dans l’ensemble des
séjours hospitaliers publics représente 66 % dans les hôpitaux publics et a plutôt tendance à augmenter (+1% par exemple entre 2007 et 2008), alors qu’elle ne représente que 56 % de celle des PSPH et 39 % des séjours des cliniques privées. La restructuration des services de médecine constitue donc un enjeu majeur pour le secteur hospitalier public."
Le rapport cite des conditions à la réussite d'une fusion :
"Le directeur de l’hôpital fusionné doit avoir une légitimité incontestée. Lorsqu’il a été directeur de l’un des deux établissements pendant longtemps, ou encore lorsqu’il n’a pas une personnalité fédératrice, les tensions s’exacerbent."
"Le changement doit être conduit avec méthode, dans la transparence, et en associant l’ensemble des acteurs aux moments opportuns. Une bonne communication vis-à-vis du personnel, des élus, de la population est indispensable."
"Le manque d’accompagnement social du personnel est un facteur de blocage important. L’incertitude sur les conditions de travail doit au contraire être minimisée dès que possible."
Ce rapport compte 270 pages, il est impossible d'en faire un résumé ici . Les quelques extraits cités montrent que les choix faits pour Vouziers et Rethel n'étaient forcément les plus pertinents et que la fusion ne s'est pas effectuée de la façon la plus efficace possible. Ce qui explique en bonne partie la situation dramatique dans laquelle les finances du GHSA se trouvent.