Deux mariages et un emballement.

18% d'augmentation, ce n'est pas rien, surtout sur une année, mais ne rêvez pas ce pourcentage ne représente pas la hausse de vos revenus en 2013.

Il s'agit en fait de l'augmentation du nombre des mariages célébrés à Vouziers l'an dernier par rapport à 2012. Notre  confrère "L'Union", uni récemment au groupe Rossel pour le meilleur comme  pour le pire, fait ce jour son titre de la page Vouziers avec cette information.

Il faut lire les premières lignes pour comprendre que les mariages à Vouziers sont passés de 11 en 2012 à 13 en 2013. Deux de plus ! Vue en nombre et non plus en pourcentage, l'augmentation est moins spectaculaire. Peut-on tirer une conclusion suite à ce constat ? Surement pas, car les effectifs comparés sont trop faibles. Comme il est possible de faire presque tout dire aux chiffres, on pourrait aussi écrire que le taux de mariage est passé de  0,26 % (11 sur 4158 en 2012) à  0,31 % (13 sur 4141 en 2013) soit un gain de 0,05 point.

Il est encore plus surprenant de faire le lien avec le nombre de naissances à venir dans la commune. De plus en plus de naissances ont lieu hors mariage, et l'article note que l'âge moyen du mariage est de 35 ans pour les femmes. Le passage devant le Maire représente souvent une régularisation d'une situation de couple avec ou sans enfant, et relativement peu la création d'une union nouvelle avec projet de grossesses plus ou moins nombreuses.

Deux chiffres sont significatifs pour l'espoir de naissances futures : le nombre de femmes en âge de procréer et l'indice de fécondité (nombre d'enfants par femmes). A Vouziers on constate une baisse régulière des générations les plus jeunes. Le taux de fécondité stagne autour de deux enfants par femme, ici comme pour la France entière. En reliant ces deux tendances, il est difficile de croire à une augmentation prochaine du nombre de naissances dans la commune.

Ardennes : des chiffres qui interrogent.

 

L'évolution de la démographie est un  élément fondamental pour l'avenir des territoires.

Toute décision à moyen et long terme demande des chiffres de population prévisionnels pour être validée. On n'envisage pas de réseau de transport, d'équipement de santé, de zone industrielle ou même d'équipement de loisir sans connaître le nombre de personnes qui pourront les utiliser.

C'est pourquoi l'INSEE vient de publier une étude sur la population des régions en 2040.

A cette date la France devrait compter 73 millions d'habitants, si les tendances actuelles se maintiennent.

Et en 30 ans, peu de choses peuvent bouger en ce domaine, puisque les femmes en âge d'avoir des enfants en 2040 sont déjà nées pour la plupart (étant donné l'âge moyen des grossesses, qui est de 29 ans).

Cette augmentation de population est très inégale dans les régions. Une seule affiche une diminution de population, la Champagne-Ardenne. Ce résultat est conforté par les chiffres réels mesurés dernièrement.

L'étude montre que la région devrait perdre des habitants par migration vers d'autres régions, mais aussi par un solde de croissance naturelle négatif (naissances moins décès). Ceci est nouveau, car jusqu'alors le solde naturel était positif, le départ de la région expliquant la perte de population.

Si on détaille les données, le tableau est encore plus noir pour les actifs  et les jeunes. L'INSEE écrit :

Chez les 20-59 ans, qui concentrent l’essentiel des ressources de main-d’œuvre, la baisse des effectifs atteindrait 13 % en Lorraine et même 17 % en Champagne-Ardenne. C’est la conséquence de leur dynamique démographique d’ensemble, mais aussi de leur déficit migratoire chez les jeunes, qui, les années passant, se répercute sur les tranches d’âge plus élevées. Pour les moins de 20 ans, dans ces deux régions, les baisses respectives seraient supérieures à 10 %.

Une dynamique négative se met donc en place, dont on voit les résultats potentiels à 30 ans et dont on imagine une projection encore plus négative pour la suite. Comment une région qui ne renouvelle pas ses classes d'âge pourrait-elle espérer croître, ou simplement se maintenir démographiquement ? Par une immigration massive d'autres régions ou de l'étranger ? Difficile de penser que le dynamisme économique local puisse attirer en masse des chercheurs d'emploi.

Cette étude pose donc de sérieuses questions sur l'avenir de la Champagne-Ardenne, et encore plus sur celui de notre secteur qui est un des moins peuplés et des plus fragiles de la région.

Il faudrait une étude plus fine pour mesurer l'impact sur le Vouzinois, mais cela ne pourrait être mieux que pour l'ensemble de la région.

Nos responsables locaux ne peuvent pas répondre par l'éternel "on a des atouts, arrêtez de vous lamenter tout le temps". Il ne s'agit pas de se plaindre, mais de constater une situation et son évolution probable. Et les décisions à prendre devront tenir compte de ce constat, qu'il fasse plaisir ou pas.

 

Jean-Luc Warsmann informe

Jean-Luc Warsmann, le député des Ardennes rend compte de son action dans un 12 pages distribué actuellement dans les boites à lettres de sa circonscription. Cet effort est louable, et on peut s'en féliciter. Il est cependant permis d'en critiquer le contenu qui est souvent  à la limite de l'honnêteté intellectuelle, par les propos incomplets, les omissions et les analyses partiales qu'il comporte.

Nous allons prendre quelques exemples pour que puissiez en juger vous-même.

Warsmann refonde le capitalisme :

Mais d'abord une remarque sur la crise, et les réponses apportées par le président de la commission des lois. En dernière page de son journal, il nous informe que la mission d'information qu'il préside va définir des propositions pour réguler l'économie. Trois domaines sont concernés:

-Empêcher les bonifications insensées des dirigeants d'entreprise qui échouent.

Cela veut dire que ces bonifications insensées seront possibles quand ils réussissent ? Cette mesure est plus symbolique qu'efficace, et ne constitue pas une nouvelle régulation de l'économie.

Ces quelques millions d'euros pour une personne sont scandaleux, mais ils ne sont rien par rapport aux centaines de milliards  qui sont en jeux dans le monde économique.

- Mieux réglementer l'activité des banques, pour empêcher les dérives, en particulier aux Etats-Unis

L'assemblée nationale va délibérer sur le système bancaire américain : on veut voir !

-Lutter contre les paradis fiscaux et imposer des règles contre les trafics financiers.

Bravo, on est pour. Mais dans le paragraphe au-dessus, il est rappelé que c'est le système bancaire mondial a été pollué à partir des Etats-Unis, qui ne sont pas considérés comme un paradis fiscal.

On constate que les mesures envisagées sont soit "cosmétiques" à l'échelle des problèmes du libéralisme, soit des mesures sur lesquelles l'Assemblée nationale n'a pratiquement aucune prise. On a entendu parler de refondation du capitalisme, si c'est cela qui va changer, on peut considérer que c'est un léger lifting.

 

Revenons au bilan de notre député :

Warsmann pas très franc sur la zone franche

J-L Warsmann nous donne les résultats des emplois créés dans le cadre de la zone franche. Rappelons que la quasi totalité des Ardennes est en zone franche, où les entreprises sont exonérées de charges sociales sur les emplois nouveaux.

Ce qui serait intéressant et utile, c'est de connaître les emplois qui sont la conséquence de la zone franche, et pas ceux qui de toute façon seraient venus.

Par effet d'aubaine ces emplois peuvent venir en remplacement d'autres contrats (intérim, CDD, contrats précaires,..), et donc ne créer en fait aucun emploi nouveau.

Le seul moyen de voir si le dispositif est efficace, c'est de le comparer à autre chose. Par exemple voyons l'augmentation du chômage dans les Ardennes : +16,5% en un an. La crise me direz-vous. Certes, mais en France dans cette même période, le chômage n'a progressé que (?) de 15,4 %. Alors, efficace la zone franche ? Les chiffres disent le contraire.

 

Warsmann myope sur la démographie :

J-L Warsmann nous donne sur 2 pages les tableaux complets des communes de sa circonscription, en ce qui concerne l'évolution de leur population.

Ces tableaux sont écrits tellement petits qu'ils sont pratiquement illisibles. Cependant une étude attentive montre que les conclusions données sont partielles et partiales.

En premier lieu, le député semble se satisfaire de stagnation de la population de sa circonscription. Il écrit en grosses lettres, avec un point d'exclamation : Arrondissement de Sedan : un espoir à consolider ! Arrondissement de Vouziers: la baisse de la population ralentit !

Et en fait, sa circonscription perd au total des habitants, dans une France qui augmente sa population. De plus, il ne fait pas l'analyse de cette population, où un vieillissement important met en danger l'avenir.

Pour le Vouzinois, il retient : Un effondrement : celui de la population de la ville de Vouziers; mais heureusement de nombreux villages progressent.

Là encore, c'est un peu court et de mauvaise foi.

En fait, c'est toute l'Argonne qui régresse, et on voit bien que dans le canton de Vouziers les villages ne compensent absolument pas la chute de Vouziers.

Vouziers perd  autour de 9 %, ce qui est qualifié d'effondrement. C'est effectivement beaucoup, mais comparons : Grandpré perd 8% et Buzancy plus de 10% ;

Alors Vouziers cas isolé, ou symptôme d'une Argonne en crise ? Voir ci-dessous.

Dès 2017, plus de décès que de naissances dans les Ardennes

Source: Insee, Omphale 2005, scénario central

Warsmann a la mémoire qui flanche :

Notre député n'est plus un novice en politique, il a quelques campagnes derrière lui. Souvenez-vous de sa dernière élection en tant que député, et de ses publications d'alors. Vous ne pouvez pas avoir oublié la quatre voies qui devaient relier Vouziers et Rethel. Pouvoir atteindre ainsi le réseau autoroutier était présenté comme la condition nécessaire au développement du Vouzinois. Et grâce à notre député, c'était déjà quasiment fait, validé par le conseil général, avec même le tracé de cet axe.

Presque deux ans après, il n'en parle même plus ! Abandonné le super projet ? Vous n'en saurez ni le comment ni le pourquoi.

Quelles idées pour remplacer cet axe de développement tellement promis ?

Aucunes de nouvelles !

Une maison de retraite attendue depuis des années, des éoliennes (combien d'emplois !), du pétrole (on veut voir), des opérations d'aides pour les logements ou les commerces qui ont déjà existées sur le territoire.

On ne trouve aucun projet ambitieux pour notre secteur, aucune idée novatrice.

 

Jean-Luc Warsmann nous donne son bilan, mais même en travestissant la réalité de la situation pour la rendre plus acceptable, ses actions revendiquées ne font que donner une idée bien peu dynamique et ambitieuse pour nos territoires.

Démographie (suite)

Nous vous avons donné hier les chiffres de population pour Vouziers et son canton . Ces chiffres sont objectivement inquiétants, surtout en comparaison à l'augmentation de la population française . Il ne s'agit pas de faire de catastrophisme, ni dans ce domaine, ni dans d'autres . Voir tout en noir ne permet pas de dégager des solutions quand il y en a . Mais il ne faut pas non plus faire d'angélisme, et refuser de voir les problèmes : en fermant les yeux on risque bien de prendre les difficultés en pleine figure .

La démographie du Vouzinois atteint des limites au-delà des quelles des problèmes ne trouvent plus de solution .

Il est maintenant clair pour tout le monde qu'aucune grande unité de production ne s'installera dans le Vouzinois dans les années qui viennent : où trouverait-elle la main d'oeuvre nécessaire ? Ce facteur à lui seul rend impossible une telle arrivée sur notre territoire .

Voyez l'exemple du pôle scolaire de Brieulles sur Bar, à peine mis en place, il doit fermer une classe . On sait que dans le domaine scolaire les petits collèges sont en sursis après les menaces de fermeture d'il y a quelques années . Et le lycée de Vouziers doit lutter pour maintenir ses effectifs et ses sections .

On peut étudier les conséquences de cette baisse démographique dans d'autres domaines (santé, vie associative , animation culturelle, ...) le constat sera identique .

Tout ceci est aggravé par la politique de l'état, qui recentre ses activités par besoin d'économie financière, oubliant trop souvent l'aménagement du territoire . Combien d'emplois perdus à l'hôpital de Vouziers ? Combien de postes perdus à l'ONF (les gardes forestiers), à VNF (voies navigables),...  Et ceci avant même que soit effectif le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux, décidé par Sarkozy .

D'après le site de la 2C2A, la densité de la population est de 7h/km² pour le canton de Buzancy, 10 h/km² pour celui de Grandpré, 11 pour celui de Machault, 13 à Monthois et 14 h/km² pour le canton de Le Chesne .

Pour comprendre ces chiffres, il faut savoir qu'en France la densité de population est supérieure à 100h/km², et qu'elle une des plus faible d'Europe .

Voici un dessin tiré de la géographie des Ardennes éditée par Terres Ardennaises, qui montre la part de la population de notre arrondissement au sein des Ardennes : En 150 ans la place du Vouzinois (en orange)a singulièrement rétréci, qu'en sera-t-il dans cent ans ?

Démographie

Lors du débat d'orientation budgétaire au dernier conseil municipal de Vouziers, il a été beaucoup question de démographie . En effet au dernier recensement, la ville de Vouziers perd 508 habitants (la population municipale passe de 4734 en 1999 à 4226 en 2006), et ces chiffres sont pris en compte par l'état pour fixer ses dotations .

Cette baisse d'habitants va donc se traduire par une baisse de recettes pour le budget municipal, avec des charges pratiquement inchangées .

Il a été dit que cette baisse démographique s'expliquait en partie par un départ de certains habitants vers les petites communes des environs, où les taxes seraient moins élevées . Si on regarde les chiffres officiels de l'Insee, on constate que pour la même période (1999-2006) la population du canton varie de la même quantité (-506 habitants) . Les autres communes dans leur ensemble ne gagnent donc pas d'habitants, il y a une fuite qui se vérifie pour l'arrondissement dans son entier et pour le département .

La dépopulation atteint même la région Champagne-Ardenne qui est la seule à enregister une chute d'habitants, alors que la France entière augmente ses habitants .

Cette tendance est donc locale, départementale et régionale : elle sera d'autant plus difficile à inverser .