Ardennes : des chiffres qui interrogent. (07/12/2010)
L'évolution de la démographie est un élément fondamental pour l'avenir des territoires.
Toute décision à moyen et long terme demande des chiffres de population prévisionnels pour être validée. On n'envisage pas de réseau de transport, d'équipement de santé, de zone industrielle ou même d'équipement de loisir sans connaître le nombre de personnes qui pourront les utiliser.
C'est pourquoi l'INSEE vient de publier une étude sur la population des régions en 2040.
A cette date la France devrait compter 73 millions d'habitants, si les tendances actuelles se maintiennent.
Et en 30 ans, peu de choses peuvent bouger en ce domaine, puisque les femmes en âge d'avoir des enfants en 2040 sont déjà nées pour la plupart (étant donné l'âge moyen des grossesses, qui est de 29 ans).
Cette augmentation de population est très inégale dans les régions. Une seule affiche une diminution de population, la Champagne-Ardenne. Ce résultat est conforté par les chiffres réels mesurés dernièrement.
L'étude montre que la région devrait perdre des habitants par migration vers d'autres régions, mais aussi par un solde de croissance naturelle négatif (naissances moins décès). Ceci est nouveau, car jusqu'alors le solde naturel était positif, le départ de la région expliquant la perte de population.
Si on détaille les données, le tableau est encore plus noir pour les actifs et les jeunes. L'INSEE écrit :
Chez les 20-59 ans, qui concentrent l’essentiel des ressources de main-d’œuvre, la baisse des effectifs atteindrait 13 % en Lorraine et même 17 % en Champagne-Ardenne. C’est la conséquence de leur dynamique démographique d’ensemble, mais aussi de leur déficit migratoire chez les jeunes, qui, les années passant, se répercute sur les tranches d’âge plus élevées. Pour les moins de 20 ans, dans ces deux régions, les baisses respectives seraient supérieures à 10 %.
Une dynamique négative se met donc en place, dont on voit les résultats potentiels à 30 ans et dont on imagine une projection encore plus négative pour la suite. Comment une région qui ne renouvelle pas ses classes d'âge pourrait-elle espérer croître, ou simplement se maintenir démographiquement ? Par une immigration massive d'autres régions ou de l'étranger ? Difficile de penser que le dynamisme économique local puisse attirer en masse des chercheurs d'emploi.
Cette étude pose donc de sérieuses questions sur l'avenir de la Champagne-Ardenne, et encore plus sur celui de notre secteur qui est un des moins peuplés et des plus fragiles de la région.
Il faudrait une étude plus fine pour mesurer l'impact sur le Vouzinois, mais cela ne pourrait être mieux que pour l'ensemble de la région.
Nos responsables locaux ne peuvent pas répondre par l'éternel "on a des atouts, arrêtez de vous lamenter tout le temps". Il ne s'agit pas de se plaindre, mais de constater une situation et son évolution probable. Et les décisions à prendre devront tenir compte de ce constat, qu'il fasse plaisir ou pas.
21:04 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : ardennes, demographie, insee, champagne-ardenne | | Facebook | | Imprimer |
Commentaires
Je suis assez d'accord pour dire que le bilan actuel est mauvais, mais je crois cependant que faire des prévisions d'évolutions démographique à 30 ans dans un monde aussi instable que le notre, relève purement et simplement de la science fiction !
On n'arrive pas à prédire 1 an à l'avance une crise économique comme celle qui vient de nous frapper et on connaitrait déjà le nombre d'habitants dans 30 ans en Champagne-Ardenne, si tant est que pour commencer le découpage actuel des territoires persiste.
No franchement je n'y crois pas une seconde ...
Écrit par : Frédéric Courvoisier-Clément | 07/12/2010
Si le découpage administratif était modifié, cela ne changerait rien, ou pratiquement rien, à l'évolution démographique des territoires qui composent la Champagne-Ardenne actuelle.
La tendance au départ de la région est forte depuis des années, en particulier pour les jeunes et pour les Ardennes. Une projection de ce phénomène dans l'avenir proche est réaliste, car il faudrait beaucoup de bouleversements structurels pour modifier ce comportement.
Le calcul du solde naturel est assez simple, en partant du constat actuel. La marge d'erreur existe, mais elle est faible. Le nombre d'enfant par femme, l'âge moyen du décès, etc.., ont beaucoup moins de chances de varier brutalement que les cours de la bourse.
Nous sommes donc très loin de la science-fiction, plus proche de la statistique.
Peut-on se passer de cet outil pour aménager un territoire ?
Faut-il ne pas en tenir compte parce qu'il dérange ?
Écrit par : lanvert | 07/12/2010
"Les découpages administratifs territoriaux "ne changent rien ou quasiment rien".
Alors, pourquoi faire des études statistiques sur ces territoires, en tirant du coup les mêmes conclusions pour des territoires si différents que la Marne et les Ardennes ? Par ailleurs, imaginons la création d'une grande région Champagne-Alsace, comprenant l'actuelle Champagne-Ardenne moins les Ardenne, qui seraient associées à l'Aisne et le Nord, et l'actuelle Alsace-Lorraine : les statistiques colorieraient en rose pâle ce nouveau bloc. Je ne parle même pas de l'action politique qui serait également modifiée.
"La tendance pour la Région est forte ... une projection dans l'avenir proche est réaliste".
Si la tendance est forte pour les Ardennes et la Haute-Marne, elle ne l'est absolument pas pour la Marne et l'Aube. De plus, pour moi 2040 n'est pas un avenir proche si on veut parler de réalisme.
"Le calcul du solde naturel est assez simple". Oui à condition de mettre de côté les épidémies et les guerres. Des statisticiens comme ceux de l'Insee qui, en 1920, auraient fait les mêmes calculs pour estimer la population française en 1950, auraient certainement vu leurs modèles quelque peu bouleversés par un évènement "anodin" comme la seconde guerre mondiale.
Pour le solde migratoire, a-t-on tenu compte d'une éventuelle immigration climatique ? Je ne crois pas ! Et pourtant, lorsque l'on parle d'écologie, elle est fréquemment évoquée comme une possibilité sérieuse. Elle serait colossale et anéantirait ces prévisions.
On n'aménage pas un territoire en se disant que la démographie va irrémédiblement s'effondrer. On l'aménage pour inverser cette soi-disant fatalité. Ces statistiques sont donc à la rigueur un bon signal d'alarme, mais rien de plus.
Oui pour des outils, mais pas pour des outils peu fiables et dont nous ne pourrons juger de l'efficacité que dans 30 ans.
Je reste sur l'idée de la science-fiction !
Écrit par : Frédéric Courvoisier-Clément | 08/12/2010
tant mieux on arrêtera de construire des maisons et de détruire la nature. La population ne devrait plus augmenter en France car le patrimoine du pays se détruit sans cesse.
Écrit par : homme des bois | 08/12/2010
Il faut préserver la nature, le patrimoine paysager, nos vielles villes et villages dont les belles prairies où l'on pouvait se promener autrefois sont réquisitionnées par de nouvelles maisons. ils se foutent de ceux qui habitaient là depuis longtemps. La beauté de la France se perd tous les jours. Nos littorales déjà artificialisés sont détruis, la loi sur le littoral est mauvaise, on devrait interdire les constructions à moins de 1 km minimum de l'océan ou de la mer. De la nature de haute qualité, il est difficile d'en trouver.
Dans certains villages à hautes valeurs paysagères, on devrait interdire toute nouvelle construction. L'avenir est noir malheureusement.
Écrit par : sylvain | 08/12/2010