En matière de sûreté nucléaire, on a entendu pendant des dizaines d'années un discours lénifiant qui pouvait se résumer en "ne craignez rien, on contrôle tout".
Depuis les accidents de Tchernobyl et Fukushima, il est devenu très difficile d'affirmer qu'un accident nucléaire est fortement improbable. Les pro-nucléaires adaptent donc leur argumentation en affirmant qu'ils tirent toutes les conséquences des accidents passés pour prendre les mesures nécessaires.
Après Fukushima, l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) a préconisé de renforcer la sécurité sur les centrales nucléaires en France. Des travaux très importants ont été rendus obligatoires, comme par exemple le renforcement du radier sous la centrale de Fessenheim. La vision optimiste est que l'on progresse dans le domaine de la sécurité, la vision réaliste est que l'on ne pourra jamais arriver au risque zéro.
Dans son rapport publié ce jour , l'IRSN confirme la vulnérabilité des installations, utilisant des "technologies par nature faillibles" et pouvant être " affectées par des perturbations venues de leur environnement". Partant de ce postulat, même si le risque est faible, un accident est inévitable sur un grand nombre d'installations et sur une durée prolongée. Il s'agit d'une loi statistique, et d'un constat historique.
Photo de la centrale de Fukushima après l'accident
Voici un extrait de l'avant-propos du rapport de l'IRSN, qui en dit long sur la confiance que l'on peut accorder aux installations nucléaires en général.
"En matière de sûreté nucléaire, comme dans bien d’autres domaines faisant appel
à des technologies complexes, le diable est souvent dans les détails,et un accident
sérieux peut résulter d’un enchaînement malheureux d’évènements sans gravité
particulière pris individuellement.
Ces technologies sont par nature faillibles, et elles peuvent aussi être affectées
par des perturbations venues de leur environnement. La sûreté des installations
repose donc sur l’anticipation correcte des dispositions nécessaires pour faire
en sorte que ces défaillances ou agressions externes restent sans conséquence
majeure.
Dispositions dont l’efficacité repose essentiellement sur la disponibilité effective
des équipementsimportants pour la sûreté redondants ou de secours, sur la
qualité des procédures de conduite, automatiques ou manuelles, et sur la
compétence et l’entraînement des opérateurs.
La qualité de la maintenance, l’exhaustivité des études des nombreux scénarios
possibles d’incidents et de traitement de leurs conséquences possibles,
l ’appréciation correcte des incertitudes et des marges disponibles, la recherche
systématique des enseignements à tirer des incidents, même mineurs, qui surviennent
réellement dans les centrales nucléaires et de leur gestion par les opérateurs, sont
donc des paramètres essentiels pour la sûreté."
(...)