Lors de la réunion dans le cadre des assises des territoires ruraux, Benoit Huré est revenu sur le désenclavement du secteur de Vouziers.
Il a répondu à une remarque d'un participant, qui signalait qu'à son avis, une route à 4 voies vers Rethel ne s'imposait pas. Le président du conseil général a déclaré que le choix n'était pas validé, la liaison devait rejoindre l'autoroute soit par Rethel, soit par Le Chatelet sur Retourne.
Mais il a aussitôt ajouté que cette deuxième variante présentait des inconvénients importants, en particulier en raison de richesses archéologiques présentes sur le tracé.
En clair, rien n'est décidé, nous allons pouvoir choisir entre une quatre voies vers Rethel et une quatre voies vers Rethel.
Pourtant bien des questions ne sont pas tranchées sur ce dossier.
Une quatre voies pour quoi ?
Il s'agit a priori de désenclaver le Vouzinois.
Il est évident que le territoire souffre d'une dépopulation, et personne n'espère un repeuplement massif du secteur. Comme il a été rappelé lors de la soirée, un maintien démographique serait déjà un succès.
De même dans le domaine économique, on ne vit plus sur l'espoir de l'arrivée d'une ou plusieurs grosses unités.
Alors quelle utilité aurait une quatre voies : les routes ne sont pas saturées, les chiffres de fréquentation le prouvent.
Vers Mazagran, le trafic routier tourne autour de 5000 véhicules/ jour, y compris la circulation locale. Une route nationale peut supporter sans gêne perçue 8500 véhicules par jour, la saturation étant atteinte à 15000 véhicules/jour.
Sur une quatre voies, le trafic peut aller jusqu'à 25 000 véhicues/jour sans entraîner de ralentissement, la saturation se faisant à 45 000 véhicules/jour.
Prévoir une quatre voies aboutit à un sur-équipement, coûteux en argent et en terrains.
Une quatre voies pour qui ?
On peut se demander à qui profiterait une telle route. On remarquera qu'il n'existe pratiquement aucun exemple en France d'un tel embranchement "borgne". Les autoroutes et routes à quatre voies forment un réseau, sauf à desservir une agglomération de grande taille.
Cet équipement présente le risque d'aspirer les forces vives vers l'extérieur, sans contrepartie. Même avec une quatre voies, vous n'aménerez pas un Rémois ou un habitant de Charleroi à Vouziers s'il n'a pas une bonne raison de venir.
Vouziers existe en équilibre avec son environnement proche. Pour les habitants du territoire de l'Argonne ardennaise, l'utilité est encore plus faible.
Un tel axe ne renforce en rien la cohérence et le dynamisme du Vouzinois. Les habitants des cantons d'Attigny et de Le Chesne vont plus facilement vers Charleville, cette 4 voies n'a guère d'intérêt pour eux. De même pour les habitants des cantons de Grandpré et de Monthois, qui ne passeront pas par là pour se rendre à Châlons ou à Reims.
Même les habitants de Vouziers seront peu gagnants : quelques minutes de moins au maximum, avec un consommation de carburant majorée. A l'heure du Grenelle de l'environnement, les nouvelles quatre voies ne devraient plus voir le jour.
D'autres proposition existent-elles ?
La situation actuelle n'est pas satisfaisante du pont de vue des routes dans le secteur.
Notons d'abord que le problème du transport devrait se poser de manière plus globale : transports en commun, voies ferrées, canal.
En regardant une carte, il apparaît que les chefs-lieux de canton rayonnent dans toutes les directions à partir de Vouziers, et que les routes qui y mènent aboutissent au-delà à des centres ou des axes importants.
C'est ainsi qu'est structuré le Vouzinois, c'est ce schèma qu'il faut prendre comme base de réflexion.
Il existe un axe Reims-Luxembourg qui passe par Machault, Vouziers et Buzancy.Les "rurbains" rémois s'installent à la périphérie de notre secteur sur cet axe.
L'axe Vouziers-Sainte-Ménéhould structure l'Argonne et il avait été reconnu prioritaire lors d'une précédente étude sur un pays d'Argonne inter-départemental. Il rejoint également un axe autoroutier qui ouvre l'Argonne sur l'Europe de l'est.
L'axe Vouziers-Charleville, par Le Chesne ou par Attigny a été signalé comme une des rares zones possible de développement démographique du secteur.
Les responsables locaux réclament depuis très longtemps la mise hors gel d'au moins un des axes importants de notre arrondissement, pour maintenir tout au long de l'année des relations avec le réseau national.
Des améliorations sont à apporter sur les routes qui conduisent à Reims, à Charleville, à Stenay, Rethel ainsi qu'à Sainte-Menehould ou Verdun.
Une quatre voies ferait probablement bien sur une carte du département. Toutes les sous-préfectures reliées au fameux Y ardennais!
Mais cet axe Reims-Charleville-Belgique intéresse en fait assez peu notre secteur. Il faut revenir à une vision locale, argonnaise de la situation.
Les solutions retenues reposeraient sur les constats et le vécu des habitants du secteur, et seraient différentes de la proposition du président du conseil général.