Ce dimanche, journée européenne du patrimoine, a permis à de nombreux visiteurs de découvrir la Chartreuse du Mont-Dieu, tout du moins les bâtiments qui témoignent aujourd'hui de ce que pouvait être l'ensemble à son apogée.
Les visites étaient organisées par l'Association de Sauvegarde du Patrimoine Vouzinois (ASPV) et son président a fait revivre par la parole l'histoire de ce site où le silence était la règle.
Le site des Chartreux nous indique en effet que :" les chartreux consacrent entièrement leur vie à la prière et à la recherche de Dieu dans le secret du cœur. Ils intercèdent pour l'Église et pour le salut du monde entier. Leur vie s'équilibre autour de trois axes :
- le silence, la solitude, la garde de la cellule
- la prière commune à l'Église, trois fois par jour, ainsi que quelques rencontres fraternelles
- une liturgie propre, adaptée à leur style de vie et leur petit nombre."
Le site ajoute que : "tous vivent une vie de prière et de travail très solitaire, en cellule pour les uns, et davantage dédiée aux tâches quotidiennes dans le monastère pour les autres.
Prière, méditation et travail se succèdent avec une grande régularité, au rythme de l'année liturgique et des saisons."
A l'origine, la notion de travail était vue négativement pour les moines, car toute activité les éloignait de la prière et donc de Dieu.
L'histoire de la Chartreuse du Mont-Dieu est résumée ainsi par Wikipédia:
Suite au concile de Reims de 1131, c'est dans la solitude des forêts d'Ardenne que sera fondée en 1132 par Odon, abbé de Saint-Rémi, cette retraite où vivront et prieront jusqu'à la Révolution française les moines chartreux suivant les Coutumes établies par Saint Bruno. Le pape Innocent III en signera et confirmera la charte de fondation dans la bulle du 9 décembre 1137. Et Guillaume de Saint-Thierry écrira à l'intention des premiers novices de la Chartreuse sa fameuse Lettre aux frères du Mont-Dieu sur la vie solitaire. Ou comment l'esprit humain se dégage de l'animalité et traverse l'état raisonnable pour parvenir à la vie de l'esprit.
Bien que retirée et isolée au fond des forêts, l'abbaye fut plusieurs fois saccagée et ravagée par les guerres qui dévastaient la région. Les guerres de Religion surtout l'ayant beaucoup éprouvée, l'abbaye fut reconstruite en 1617, à l'époque de Louis XIII, avec des briques roses et noires et chainages en pierre taillée, dans le même style que la célèbre place de Charleville.
Après l'expulsion des moines à la Révolution, les bâtiments furent convertis en prison d'État pendant la Terreur... et les nombreuses propriétés et possessions de l'abbaye, réparties sur une quarantaine de villages, vendues comme biens nationaux en 1791.
Reconverties en filature, industrie importante dans la région de Sedan, les constructions, négligées, vandalisées et ruinées, furent peu à peu détruites par leurs différents propriétaires. Heureusement, André Poupart de Neuflize, sedanais enrichi dans le commerce du drap, achète et sauve en 1820 ce qui peut encore l'être de la magnifique chartreuse qui avait presque totalement disparu.
Un grand succès de fréquentation
Malgré la succession des plages de rendez-vous tout au long de ce week-end, ce sont plusieurs dizaines de personnes ( et 525 au total selon le comptage officiel) qui se sont regroupées à chaque début de visite pour une découverte des bâtiments existants et une évocation de ceux qui ont disparu. Pendant plus d'une heure trente, les visiteurs ont pu ainsi progresser dans leur connaissance de ce lieu magnifique. Les informations délivrées par le président de l'ASPV donnaient tout leur sens aux découvertes visuelles faites dans le site.
Voici quelques images, prises ce dimanche après-midi :
Un des groupes débute la visite devant le bâtiment principal. Une découverte exceptionnelle pour un site privé, habituellement fermé aux curieux et aux passionnés.
Le "désert" choisi par les fondateurs a gardé son aspect naturel, en particulier grâce à la forêt environnante.
Le pavillon des Dames, situé à l'entrée du site, accueillait la gent féminine qui ne pouvait s'approcher des enceintes sacrées.
Le grand Corps de Logis se reflète dans les eaux qui l'entourent en partie.
Aimer et découvrir ensemble le patrimoine, c'est regarder dans la même direction. Le président de l'ASPV a fait appel au volontariat pour des chantiers de restauration des bâtiments.