Extraits de l'article de Charles Enderlin dans le "Monde diplomatique"
En donnant la priorité aux réformes politiques exigées par ses alliés nationalistes et ultraorthodoxes, M. Benyamin Netanyahou entreprend de transformer en profondeur la démocratie israélienne. Les pouvoirs de la Cour suprême mais aussi ceux des juges sont dans le collimateur d’une coalition qui projette d’étendre la part du religieux dans l’enseignement public et ne rien céder aux Palestiniens.
Monsieur Benyamin Netanyahou a réussi. De retour au pouvoir depuis le 29 décembre (il a occupé le poste de chef du gouvernement de mars 2009 à juin 2021), soutenu par une majorité de soixante-quatre députés — sur cent vingt — nationalistes, ultraorthodoxes et messianiques, il peut désormais réaliser son grand projet : instaurer en Israël un nouveau régime fondé sur un nationalisme juif autoritaire, religieux, en rupture avec la vision de la démocratie qu’avaient les pères fondateurs du sionisme, Theodor Herzl, Vladimir Zeev Jabotinsky et David Ben Gourion. Si la première étape fut, en juillet 2018, l’adoption par la Knesset de la loi Israël - État-nation du peuple juif, un texte très controversé car jugé discriminatoire à l’égard des minorités arabe et druze. il s’agit à présent de brider l’État de droit, de réformer l’éducation nationale, de mettre au pas les cadres dirigeants du système sécuritaire, d’écraser l’opposition de gauche, d’imposer le nationalisme juif comme identité nationale, de faire avancer l’annexion de la Cisjordanie et de poursuivre la neutralisation de l’Autorité palestinienne.