L’attribution du prix Nobel de la paix à Liu Xiaobo met en lumière les atteintes aux droits humains en Chine (Communiqué d'Amnesty international)
Ce vendredi 8 octobre, Amnesty International a appelé les autorités chinoises à libérer tous les prisonniers d’opinion détenus dans le pays après que le prix Nobel de la paix a été attribué à Liu Xiaobo, un militant des droits humains emprisonné.
Cet universitaire et auteur âgé de 54 ans, qui a remporté cette récompense pour sa contribution exceptionnelle en faveur des droits humains, purge actuellement une peine de 11 ans de prison pour « incitation à la subversion de l’État » prononcée contre lui à l’issue d’un procès inique.
Célèbre détracteur du gouvernement, il a demandé à plusieurs reprises des mesures de protection des droits humains, une responsabilisation du monde politique et une démocratisation en Chine.
« Liu Xiaobo est un digne lauréat du prix Nobel de la paix. Nous espérons que cette attribution maintiendra l’attention sur la lutte pour les libertés fondamentales et la protection concrète des droits humains, à laquelle se consacrent Liu Xiaobo et de nombreux autres militants en Chine, a déclaré Catherine Baber, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty international.
« Cette récompense ne peut avoir des effets réels que si elle suscite une pression internationale accrue sur la Chine pour qu’elle libère Liu Xiaobo et les nombreux autres prisonniers d’opinion qui languissent dans les prisons chinoises pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression. »
Liu Xiaobo est l’un des rédacteurs de la Charte 08, un texte proposant des réformes juridiques et politiques en Chine dans le but d’établir un régime démocratique respectueux des droits humains. À l’origine, ce document a été signé par quelque 300 universitaires, avocats et fonctionnaires chinois, et sa publication devait coïncider avec la Journée internationale des droits de l’homme, le 10 décembre 2008.
Liu Xiaobo a été arrêté le 8 décembre 2008 et la Charte a été diffusée sur Internet le lendemain. Depuis, un grand nombre des signataires d’origine ont été interrogés et harcelés par les autorités chinoises. Entretemps, 12 000 autres personnes ont signé ce texte sur Internet en signe de soutien.
Liu Xiaobo a été condamné le 25 décembre 2009, au lendemain d’un procès de deux heures et plus d’un an après son arrestation. Les articles qu’il a écrits au sujet du mouvement pour la démocratie de juin 1989 ont été retenus lors de son jugement à titre d’éléments prouvant l’« incitation à la subversion ».
Amnesty International a fait campagne en faveur de sa libération et de celle d’autres militants ayant signé la Charte 08, dont Liu Xianbin, qui a été arrêté en juin dernier.
Plusieurs autres signataires de la Charte 08 ont demandé à en partager la responsabilité avec Liu Xiaobo et un groupe de cadres du Parti communiste a remis en cause la légalité de sa condamnation.
Vaclav Havel, ancien président de la République tchèque, et le dalaï-lama, lui aussi lauréat du prix Nobel de la paix, ont soutenu la nomination de Liu Xiaobo pour le prix 2010. Vaclav Havel fut l’un des rédacteurs de la Charte 77, document réclamant le respect des droits humains en Tchécoslovaquie en 1977, duquel la Charte 08 est inspirée.
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Liu Xiaobo Prix Nobel de la Paix 2010
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Révolte ouvrière en Chine contre la surexploitation
Communiqué LDH
Les conflits sociaux dans la province du Guangdong, à Foshan (usine Honda, 1 700 ouvriers) et à Shenzhen (usine Foxconn, 400 000 ouvriers) montrent la condition ouvrière désastreuse et le mépris des droits de l’Homme qui prévaut dans les unités industrielles chinoises, y compris les plus modernes.
Dans le système actuel des relations sociales, rien ne permet de régler les conflits d’entreprise : ni comité d’entreprise, ni comité d’hygiène et de sécurité, ni représentation élue du personnel, ni droit de grève officiellement et sincèrement reconnu. Nombre de salaires restent impayés ou sont versés avec retard, les décisions de licenciements sont discrétionnaires, les dépassements d’horaires de travail se pratiquent librement.
Les conflits dans ces entreprises – japonaises ou taïwanaises – mettent l’accent sur l’existence de conflits du travail dans les entreprises à capitaux étrangers. Celles-ci jouent un rôle décisif dans l’expansion industrielle chinoise. Foxconn, par exemple, avec ses 800 000 salariés sur l’ensemble du territoire, assure à elle seule 3,9 % des exportations du pays. L’importance des effectifs de ces firmes facilite l’apparition de conflits de masse ; leur situation dans les zones industrielles à statut spécial rend plus aisée la diffusion de l’information vers l’étranger. Mais, il ne faut pas oublier que la grande majorité des salariés du pays sont employés par des sociétés chinoises de moindre notoriété, parfois sous-traitantes de firmes étrangères, où les conditions de travail et les niveaux de rémunération sont bien inférieurs, et que les possibilités de faire respecter les clauses de contrats du travail sont souvent inexistantes.
La Ligue des droits de l’Homme attire l’attention des citoyens consommateurs sur la double nature de la stratégie d’installation des firmes multinationales en Chine. Non seulement, les entreprises étrangères, y compris les sociétés mixtes à capitaux français, tirent un énorme profit du bas niveau des rémunérations, mais en outre, pour accroître leurs bénéfices, elles utilisent la faiblesse du droit du travail, le défaut de représentation authentique du personnel, l’absence d’assurances sociales et de formation à la sécurité ainsi que la corruption des gestionnaires locaux. Elles construisent ainsi leur prospérité sur le mépris du droit du travail et sur la privation des droits de l’Homme, organisés par le régime chinois.
Ainsi, la mise en concurrence sans freins des systèmes sociaux, ajoutant à la destruction des emplois du « Nord » la surexploitation des salariés du « Sud », globalise-t-elle la négation des droits. La LDH appelle à garantir, au contraire, l’assujettissement du commerce international aux normes sociales et environnementales et au droit international des droits de l’Homme, afin que la dynamique des échanges internationaux contribue non à la surexploitation des êtres humains, mais à la mondialisation des droits.
Paris, le 17 juin 2010
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Chine : Répression renforcée, contrôle élargi.
Trois lourdes condamnations sont tombées ce mois-ci qui mettent en pleine lumière les pratiques et le sentiment d’insécurité du régime :
Les 8 et 11 février, rejets des appels interjetés respectivement par Huang Qi (trois ans de prison) et Liu Xiaobo (onze ans) ; le 9 février, condamnations de Tan Zuoren à cinq ans de prison. La police contrôle les accès au tribunal et empêche l’entrée des sympathisants ; elle assigne les amis dissidents à résidence pendant la durée des procès.
Le régime se défend en recourant à l’accusation de « subversion du pouvoir d’État ». Par quoi se sent-il menacé ? par la demande de multipartisme inscrite dans la Charte 08 et par la dénonciation des malfaçons techniques liées à la corruption administrative dans la construction des écoles du Sichuan où sont morts tant d’enfants sous les gravats (Tan Zuoren). Quant à mettre en lumière, comme à fait Huang Qi, des détournements de l’aide destinée à la région sinistrée, il s’agit là bien de « détention illégale de secrets d’État ».
Liu Xiaobo, Tan Zuoren et Huang Qi commettent une autre faute : le premier a participé au mouvement démocratique de 1989 ; le deuxième en célèbre les mérites ; le troisième enfin a eu l’audace de publier sur son site 64tianwang (aujourd’hui fermé) des articles sur le massacre final de Tiananmen. Le pouvoir avait alors vacillé au point de devoir condamner le secrétaire général du parti.
Le durcissement du régime se manifeste en d’autres domaines. Le parti essaie de mieux surveiller les informations qui circulent sur l’Internet. Il souhaite unifier le contrôle aujourd’hui fragmenté sur au moins une douzaine d’organismes. Il décrète de nouveaux règlements contraignants pour l’enregistrement des sites après avoir abandonné son interdiction des domaines individuels. Il impose aux réseaux de cybercafés des dimensions considérables qui excluent les petits entrepreneurs, refuse l’usage des pseudonymes, exige des preuves d’identité. Il se sert d’une campagne contre la pornographie pour fermer les blogs des dissidents. Enfin, il dénonce « les forces hostiles qui, dans le pays comme à l’étranger, se servent de la toile pour diffuser de la propagande réactionnaire, s’engager dans des activités criminelles, s’infiltrer dans les réseaux et se livrer à des activités de sabotage ».
La fin des Jeux olympiques d’hiver porte à réfléchir sur les promesses faites pour les Jeux de Beijing en 2008. Cette année-là, selon le South China Morning Post, 1.700 personnes ont été arrêtées pour « tentative de subversion du pouvoir d’État », soit 742 de plus qu’en 2007. Allégé quelque temps pour séduire les journalistes, le dispositif de répression a été réinstallé et s’est intensifié. Quant à Jacques Rogge, élu à la présidence du C.I.O. en 2001 grâce aux voix chinoises et qui promettait la lune, il est toujours en place. La vigilance - plus ou moins sincère, plus ou moins cauteleuse - des gouvernements n’a duré qu’un seul été.
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Nouvel an chinois : on condamne bien les dissidents !
Communiqué de la LDH
La justice chinoise a confirmé, le 11 février en appel, la condamnation de Liu Xiaobo à onze ans d’emprisonnement pour « tentative de subversion du pouvoir d’État », prononcée le 25 décembre.
L’ancien professeur d’université, écrivain et critique littéraire est puni pour sa participation à la rédaction de la Charte 08 de décembre 2008, document qui dénonce le système du parti unique et les défauts patents de démocratie dont souffre son pays.
Plus de huit mille citoyens chinois ont cosigné ce texte. De nombreux intellectuels se sont, en Chine même, déclarés solidaires de Liu Xiaobo et prêts à endurer sa détention. Par la voie de son représentant à Beijing, l’Union européenne a estimé que ce verdict était parfaitement incompatible avec la liberté d’expression affirmée dans le texte constitutionnel.
Cette condamnation ignominieuse devrait provoquer la plus large réprobation de tous les démocrates à travers le monde. Par sa sévérité même, elle déconsidère la justice et les autorités chinoises et jette le plus grand doute sur l’honorabilité d’un régime qui ose déclarer (Ma Zhaoxu, porte parole du ministère des Affaires étrangères, interrogé le 12 février 2010 au sujet du verdict) qu’il « n’existe aucun dissident en Chine ».
La LDH rappelle que les droits sont universels et indivisibles. Il n’y a pas de politique d’Etat qui puisse justifier qu’ils soient ignorés. Il n’y a pas de prétendues « affaires intérieures » qui puissent interdire leur application. Le nouvel an chinois commence par la confirmation d’une parodie de justice.
Paris, le 14 février 2010
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Chine : délit d'opinion
Un dissident chinois vient d'être condamné à 11 ans de prison.
Liu Xiaobo, un professeur de 53 ans est considéré comme l'un des auteurs de la charte 08 qui demande plus de démocratie dans la société chinoise. Cela suffit pour être traité comme un dangereux criminel et se retrouver accusé de subversion.
Les autorités chinoises accusent les étrangers qui s'intéressent à cette histoire de "grossière ingérence dans les affaires internes à la justice du pays".
On retrouve des méthodes bien connues, qui font que le soutien de l'extérieur devient une preuve de la subversion contre son pays. Ce régime confond volontairement les critiques contre un parti et un gouvernement antidémocratiques et une attaque contre le pays lui-même, qui devient vite une tentative de subversion.
Le gouvernement chinois se sent malgré tout obligé de justifier son comportement . Il déclare :
Cité par l'agence officielle Chine Nouvelle, le tribunal a affirmé "avoir suivi strictement la procédure judiciaire dans cette affaire et protégé pleinement les droits à la défense de Liu".
"Le procès était ouvert au public. Deux avocats ont défendu Liu et sa famille était présente", a ajouté un communiqué du tribunal, cité par Chine Nouvelle.
Les journalistes et diplomates étrangers n'ont pas pu assister au procès mercredi, ni à la lecture du verdict vendredi.
Malheureusement, dans ce pays, suivre strictement la procédure judiciaire n'est pas du tout synonyme de respect des règles du droit international.
La Chine continue de progresser à grande vitesse vers une place de géant économique, il lui reste beaucoup à faire pour atteindre un rang honorable dans le domaine du fonctionnement démocratique.
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Chine : Liu Xiaobo doit être libéré !
Communiqué LDH
La Ligue des droits de l’Homme condamne avec la plus grande fermeté la décision des autorités chinoises datée du 9 décembre de poursuivre pour « tentative de subversion du pouvoir d’État », au titre de l’article 105 du Code pénal, Liu Xiaobo (photo ci-contre). Cet universitaire est détenu sans motif officiel depuis le 8 décembre 2008, veille de la diffusion de la Charte 08, texte qu’il avait inspiré et que le Bureau de la Sécurité qualifie de « crime majeur ».Une telle qualification entraîne une condamnation à un minimum de cinq ans d’emprisonnement. La Charte, signée par quelque huit mille personnes en Chine même, demande notamment le respect des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, l’instauration du multipartisme et la séparation des pouvoirs.
La LDH sait que les termes de la Charte 08 sont en tout point conformes aux principes de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, ceux-là même que le gouvernement chinois refuse de respecter.
En détenant illégalement Liu Xiaobo, en prononçant éventuellement une lourde condamnation, à l’identique de celles que subissent de très nombreux démocrates chinois, il fait la preuve du mépris dans lequel il tient d’une part sa propre constitution dont l’article 35 affirme la liberté d’expression et d’autre part la DUDH que la Chine a signée et le pacte international sur les droits civils et politiques (PIDCP) qu’elle n’a pas ratifié.
Pour le gouvernement chinois, les textes sont des chiffons de papier. La LDH soutient tous les démocrates, avocats et militants chinois qui veulent en faire des droits.
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4 juin 1989 le jour qui n'existe pas
A la veille du 20ème anniversaire de la répression sanglante de la place Tiananmen, Amnesty International revient sur ces tragiques journées et sur ce qui en est suivi:
Amnesty International commémore les vingt ans de la répression du mouvement pro-démocratique de la place de Tiananmen survenue les 3 et 4 juin 1989 à Pékin.
La répression militaire de la place Tiananmen en 1989 a entraîné la mort de centaines de personnes et la détention d’autres alors qu’elles manifestaient pacifiquement pour des réformes démocratiques et pour plus de respect des droits humains les plus fondamentaux.
A ce jour, aucune enquête exhaustive, impartiale et indépendante n’a été diligentée pour déterminer les présumés responsables de ce massacre et les proches des victimes pour certains n’ont toujours pas eu d’indemnités.
Dans le flot de la répression, les autorités chinoises ont arrêté, torturé et détenu, à l’issue de procès inéquitables, de nombreuses personnes dont certains sont toujours emprisonnées.20 ans après Tiananmen, 20 ans de déni du gouvernement
Le gouvernement chinois cultive un total déni du mouvement pro-démocratique de 1989 en le faisant disparaître de la mémoire collective; si bien que les jeunes chinois ignorent tout de ce mouvement revendicatif des droits humains.
Une censure s’abat sur les sites internet qui affichent «Tiananmen» ou «4 juin 1989» et les militants qui osent s’y référer sont poursuivis, harcelés et même détenus.