Les conflits sociaux dans la province du Guangdong, à Foshan (usine Honda, 1 700 ouvriers) et à Shenzhen (usine Foxconn, 400 000 ouvriers) montrent la condition ouvrière désastreuse et le mépris des droits de l’Homme qui prévaut dans les unités industrielles chinoises, y compris les plus modernes.
Dans le système actuel des relations sociales, rien ne permet de régler les conflits d’entreprise : ni comité d’entreprise, ni comité d’hygiène et de sécurité, ni représentation élue du personnel, ni droit de grève officiellement et sincèrement reconnu. Nombre de salaires restent impayés ou sont versés avec retard, les décisions de licenciements sont discrétionnaires, les dépassements d’horaires de travail se pratiquent librement.
Les conflits dans ces entreprises – japonaises ou taïwanaises – mettent l’accent sur l’existence de conflits du travail dans les entreprises à capitaux étrangers. Celles-ci jouent un rôle décisif dans l’expansion industrielle chinoise. Foxconn, par exemple, avec ses 800 000 salariés sur l’ensemble du territoire, assure à elle seule 3,9 % des exportations du pays. L’importance des effectifs de ces firmes facilite l’apparition de conflits de masse ; leur situation dans les zones industrielles à statut spécial rend plus aisée la diffusion de l’information vers l’étranger. Mais, il ne faut pas oublier que la grande majorité des salariés du pays sont employés par des sociétés chinoises de moindre notoriété, parfois sous-traitantes de firmes étrangères, où les conditions de travail et les niveaux de rémunération sont bien inférieurs, et que les possibilités de faire respecter les clauses de contrats du travail sont souvent inexistantes.
La Ligue des droits de l’Homme attire l’attention des citoyens consommateurs sur la double nature de la stratégie d’installation des firmes multinationales en Chine. Non seulement, les entreprises étrangères, y compris les sociétés mixtes à capitaux français, tirent un énorme profit du bas niveau des rémunérations, mais en outre, pour accroître leurs bénéfices, elles utilisent la faiblesse du droit du travail, le défaut de représentation authentique du personnel, l’absence d’assurances sociales et de formation à la sécurité ainsi que la corruption des gestionnaires locaux. Elles construisent ainsi leur prospérité sur le mépris du droit du travail et sur la privation des droits de l’Homme, organisés par le régime chinois.
Ainsi, la mise en concurrence sans freins des systèmes sociaux, ajoutant à la destruction des emplois du « Nord » la surexploitation des salariés du « Sud », globalise-t-elle la négation des droits. La LDH appelle à garantir, au contraire, l’assujettissement du commerce international aux normes sociales et environnementales et au droit international des droits de l’Homme, afin que la dynamique des échanges internationaux contribue non à la surexploitation des êtres humains, mais à la mondialisation des droits.
Paris, le 17 juin 2010