Publi par FNE le 25.01.2021
Réellement préservées, les « aires marines protégées » ? Dans une carte dévoilée aujourd’hui, France Nature Environnement dresse un constat : on pêche presque autant dans les aires marines protégées du golfe de Gascogne qu’en dehors. Et avec les mêmes méthodes de pêche destructrices. Des chiffres stupéfiants qui viennent rappeler que sur les 23,5% des mers françaises « protégées », seulement 1,6% bénéficient d’une protection forte réelle. Pour France Nature Environnement, la nouvelle Stratégie Nationale pour les Aires Protégées ne permettra pas d’atteindre une protection suffisante et efficace dans ces sites.
Les aires marines protégées n’empêchent pas les pêches destructrices
Les scientifiques sont formels : la principale cause de dégradation des océans est la surpêche et le recours à des techniques de pêche destructrices[1]. Alors que l’état de la biodiversité marine dans l’espace maritime français est particulièrement préoccupant[2], une limitation des impacts de la pêche et une protection des zones les plus vulnérables semble indispensable. Ça tombe bien, 23,5% des mers françaises sont classées en « aires marines protégées ». Mais ce statut suffit-il réellement à préserver la biodiversité de nos océans ? France Nature Environnement a mené l’enquête. Verdict : la surpêche et le recours à des techniques de pêche destructrices se déroulent aussi dans les aires marines protégées… avec presque autant d’intensité qu’en dehors[3].
Découvrir la carte "Devine où je vais pêcher ?"
Au moyen d’une carte détaillant le nombre d’heures de pêche exercées entre 2015 et 2018 dans les aires marines protégées du golfe de Gascogne, France Nature Environnement dresse le bilan de quatre méthodes de pêche dont les impacts sur les milieux marins sont avérés : le chalut pélagique, les filets maillants, le chalut de fond et la pêche à la drague. Rien qu’en 2018, on évalue à plus de 174 000 le nombre d’heures de pêches destructrices dans ces aires protégées, contre 235 000 en dehors. Et les bateaux sont à 95,8% français. Concrètement, le chalut pélagique et les filets maillants capturent de nombreuses espèces non ciblées comme les tortues, les requins et les mammifères marins. Les dauphins, pourtant protégés par la loi, sont capturés par milliers chaque année et meurent, pris au piège dans ces filets. France Nature Environnement milite pour l’interdiction immédiate de ces méthodes de pêche[4]. Le chalut de fond et la pêche à la drague, de leur côté, raclent les fonds marins et ont des conséquences dramatiques[5] sur les organismes et les habitats, comme les récifs et les bancs de sable.