Edito de Cartooning for Peace du Jeudi 27 mars 2025
Le maire d’Istanbul Ekrem Imamoğlu a été arrêté dimanche 23 mars pour « corruption » et démis de ses fonctions. Il a dénoncé à travers ses avocats une manipulation politique et une « exécution sans procès ». Très populaire, y compris au-delà des murs de sa ville, Ekrem Imamoglu est le principal concurrent à Recep Tayyip Erdoğan. Ce dernier semble profiter d’un contexte favorable – avec l’annonce de la dissolution du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), la fin de la guerre en Syrie et la position de force de la Turquie dans le contexte géopolitique mondial – pour faire basculer son régime d’une démocratie de façade à une autocratie assumée. C’est ce que craignent les dizaines de milliers de Turcs, jeunesse en tête, qui manifestent depuis le début de la semaine à travers tout le pays. Ce mouvement de contestation, inédit depuis les protestations de 2013, a immédiatement fait l’objet d’une vive répression. Les manifestations ont été interdites dans les trois plus grandes villes turques, plus de 1200 personnes ont été arrêtées, et le régime restreint les réseaux sociaux et la couverture médiatique du mouvement. Cette nouvelle étape dans la dérive autoritaire d’Erdoğan a de quoi embarrasser les pays européens.