Qu'en termes charmants ces choses sont dites, mais sous les périphrases prudentes une ligne politique claire se met en place.
Le ministre de l'intérieur dans son discours aux préfets du 5 juillet dernier donne les grandes directions pour son action dans les mois à venir.
Il déclare notamment :
"Je souhaite insister sur trois aspects concernant plus spécifiquement le ministère de l’intérieur :
· La refonte de la directive nationale d’orientations (DNO) des préfectures,
· L’engagement d’un exercice – largement inédit – visant à redéfinir les missions et l’organisation des sous-préfectures,
· La rénovation des rapports entre l’administration centrale et les préfets – dans le sens de la confiance et de l’échange."
Ce deuxième point annonce une réorganisation des sous-préfectures qui se fait dans le contexte de diminution des effectifs publics jugés non prioritaires.
Manuel Valls développe plus loin son idée :
"La question des sous-préfectures mérite une approche spécifique et ambitieuse. Elles sont aujourd’hui l’incarnation de l’Etat au plus près des territoires et, à ce titre, un élément primordial de notre cohésion sociale et territoriale. Mais nous ne pouvons pas nous contenter de le réaffirmer même avec conviction – en comptant sur l’attachement évident des élus pour « leurs » sous-préfectures !
Il nous revient collectivement d’adapter ce réseau dans ses missions et dans son organisation."
Il n'est pas besoin d'être grand clerc ou très pessimiste pour comprendre que des sous-préfectures vont disparaître. Il suffit d'ailleurs de poursuivre la lecture du discours du ministre :
"La question de l’évolution du réseau pourra – et devra–être posée dans ce cadre. La réflexion globale sur les missions et l’organisation ainsi que l’évolution possible de la carte cantonale ne pourront pas en effet, laisser de côté la question de l’adaptation de la carte des sous-préfectures."
Pour ceux qui ne parlent pas couramment le langage administratif en vigueur dans les ministères, il faut savoir que l'évolution (de la carte cantonale) et l'adaptation (de la carte des sous-préfectures) sont des synonymes et signifient la disparition d'un certain nombre de ces entités.
M Valls poursuit :"Vous le savez : tous ces chantiers demandent à vos collaborateurs comme à vous-même, dans les préfectures, des facultés d’adaptation et de créativité inédites, dans un contexte de réduction des emplois publics et particulièrement dans l’administration territoriale."
Et pour conclure il déclare :"Mesdames, Messieurs les préfets,
En abordant avec vous l’ensemble des missions du Ministère de l’Intérieur, j’ai voulu poser le cadre de notre action collective."
Voila, le cadre est posé, la messe est dite. Les choses se feront en concertation, les situations locales seront étudiées de près. Soit mais partout où se trouve une sous-préfecture il existe un territoire avec ses spécificités, son histoire, ses forces et ses faiblesses.
Qui va défendre avec force et conviction la Sous-préfecture de Vouziers ?
Le député de droite qui a toujours été favorable à la révision des politiques publiques, qui a défendu( ?) en leur temps la maternité et le tribunal (enfin, surtout en paroles quand il était présent à Vouziers) : son action s’est montré totalement inefficace à Paris, alors qu'il était dans la majorité.
Les élus de gauche devront bien montrer leur attachement à leur territoire, mais leur conviction locale pourra-t-elle aller jusqu'à combattre le gouvernement qui vient d'être mis en place?
Attendons un peu pour voir réellement ce qui va arriver, mais dans ces grandes manœuvres de l’État, on peut craindre que le Vouzinois ait bien du mal à faire entendre sa petite voix.
La Sous-préfecture de Vouziers (photo DR)