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Déclin du nombres de fermes : Greenpeace appelle les États européens à accompagner en priorité les agriculteurs les plus en difficulté


Une analyse publiée aujourd’hui par l’unité européenne de Greenpeace montre que les disparités économiques se creusent entre les petites fermes et les méga-exploitations, condamnant de nombreuses fermes à disparaître. Greenpeace France appelle les députés européens à soutenir les fermes les plus vulnérables en supprimant les aides à l’hectare de la prochaine politique agricole commune (PAC) et en les orientant vers les agriculteurs et agricultrices qui en ont le plus besoin.

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L’étude « S’agrandir ou faire faillite » montre que le fossé se creuse entre les petites et les moyennes fermes, en difficulté, et les méga-exploitations qui captent la plupart des subventions publiques et des bénéfices générés par le secteur de manière disproportionnée [1]. Les experts ont constaté que le nombre de méga-exploitations en France a augmenté de 107 % entre 2007 et 2022 tandis que le nombre de petites fermes a chuté de 35 % au cours de la même période [2].

« Il existe des types d’exploitations agricoles radicalement différents en Europe et en France : beaucoup luttent pour rester à flot, tandis que d’autres engrangent la plupart des bénéfices, explique Suzanne Dalle, chargée de campagne agriculture à Greenpeace France. En rémunérant les hectares plutôt que l’actif, les subventions actuelles encouragent ce phénomène. La crise agricole n’est donc pas une crise de tous les agriculteurs mais une crise des petites et moyennes exploitations qui, dans le système alimentaire actuel, sont obligées de s’agrandir pour survivre. Ces exploitations familiales sont menacées de disparition, de même que les emplois associés qui bénéficient aux populations des zones rurales. Les agriculteurs et agricultrices sont de plus en plus poussés à augmenter leur production, même si cela implique le recours accru à des pesticides toxiques, des systèmes intensifs plus maltraitants pour les animaux, des pollutions du sol et de l’eau et une destruction de la biodiversité. »

Cette perte de près de deux millions d’exploitations commerciales et de 3,8 millions d’emplois au niveau européen suggère que le modèle de l’agriculture familiale à petite échelle est en train de disparaître. Le nombre total d’emplois dans les exploitations agricoles commerciales de l’UE a chuté de 38 % entre 2007 et 2022 [3]. En France, on constate que 42 000 emplois ont disparu entre 2007 et 2022 : la perte de 159 000 emplois dans les petites et moyennes fermes n’a pas été compensée par la création de 117 000 emplois dans les méga-exploitations. Contrairement aux idées reçues, l’agriculture industrielle et en particulier les méga-exploitations sont donc loin d’être pourvoyeuses d’emploi.

« Greenpeace France demande aux députés européens de mettre un terme aux aides à l’hectare dans la prochaine PAC, en faveur d’une aide qui bénéficie aux agriculteurs et agricultrices les plus en difficulté ainsi qu’à celles et ceux qui mettent en place des mesures environnementales allant au-delà du cadre réglementaire, poursuit Suzanne Dalle. Par ailleurs, Greenpeace France appelle les députés européens à plafonner les futures aides de la PAC en fonction du revenu. »

La catégorie des méga-exploitations représente 8 % des exploitations européennes et reçoit pourtant 37 % des subventions de la politique agricole commune de l’UE alors que leur revenu moyen a augmenté de 84 %. Le revenu des plus petites structures de la catégorie des petites fermes (celles dont la production économique moyenne est inférieure à 15 000 euros) a à l’inverse diminué de 18 %.

Cette analyse est publiée afin d’alimenter les débats à venir lors de l’audition par les députés européens de Christophe Hansen, candidat proposé par Ursula von der Leyen au poste de commissaire à l’Agriculture et à l’Alimentation. Par ailleurs, la Cour des comptes européenne a publié lundi 30 septembre un rapport dénonçant un écart drastique entre les objectifs fixés dans la PAC et ceux fixés dans le cadre du Pacte Vert.

 

Notes aux rédactions :
[1] L’analyse des données a été réalisée par le cabinet Kaas&Mulvad. Elle s’appuie sur les données du Réseau d’information comptable agricole (RICA). Les chercheurs ont scindé les exploitations agricoles commerciales du RICA (Réseau d’information comptable agricole) en trois groupes distincts en fonction de leur production économique :
– les petites fermes, dont la production économique est comprise entre 2 000 € et 49 999 € par an ;
– les fermes moyennes à grandes, dont la production économique est comprise entre 50 000 € et 249 999 € ;
– les méga-exploitations, dont la production économique dépasse 250 000 € par an.
La production économique ou production standard d’une exploitation est calculée sur la base de la valeur monétaire moyenne de la production agricole d’une exploitation au prix de marché, en euros par hectare ou par tête de bétail. Elle ne comprend pas les subventions.

[2] Bien que moins marquée qu’en France, la tendance est la même au niveau européen. Dans l’Union européenne (UE), le nombre de méga-exploitations (dont la production économique est supérieure à 250 000 euros) a augmenté de 56 % entre 2007 et 2022, tandis que le nombre d’exploitations dans la catégorie des petites exploitations commerciales (dont la production est comprise entre 2 000 et 49 999 euros) a chuté de 44 % au cours de la même période.
[3] Le nombre d’emplois est exprimé en unités de travail annuel ou UTA.

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