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Hommage à George Floyd dans le monde entier et à Vouziers.

Ce mardi ont eu lieu les obsèques de George Floyd, tué par un policier blanc il y a quinze jours à Minneapolis.

Des hommages ont été rendus en son honneur dans de nombreuses villes du monde, et à Vouziers un rassemblement s'est tenu ce soir sur la place Carnot. Une trentaine de personne ont répondu à l'appel de la section locale de la Ligue des Droits de l'Homme.

Un message a été lu, rappelant les luttes contre le racisme, le texte est reproduit en fin de cette note.

Les participants se sont ensuite agenouillés, s'inclinant ainsi en mémoire de George Floyd dont les obsèques se déroulaient de l'autre côté de l'Atlantique.

Après cette minute de silence, un chant a été interprété par plusieurs musiciens. Il s'agit de Strange Fruit, chanson de Nina Simone. Les "étranges fruits" font référence aux esclaves noirs pendus aux branches des arbres après un jugement expéditif ou même sans aucun jugement. En voici les paroles traduites en français :

Les arbres du Sud portent un fruit étrange
Du sang sur leurs feuilles et du sang sur leurs racines
Des corps noirs qui se balancent dans la brise du Sud
Un fruit étrange suspendu aux peupliers

Scène pastorale du vaillant Sud
Les yeux révulsés et la bouche déformée
Le parfum des magnolias doux et printanier
Puis l'odeur soudaine de la chair qui brûle

Voici un fruit que les corbeaux picorent
Que la pluie fait pousser, que le vent assèche
Que le soleil fait mûrir, que l'arbre fait tomber
Voici une bien étrange et amère récolte !

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Le 18 février 2017, la section vouzinoise de la Ligue des droits de l’Homme appelait à un rassemblement devant la sous-préfecture pour protester contre les interpellations violentes de jeunes noirs : après Adama Traoré décédé six mois plus tôt dans des circonstances que la justice doit encore tirer au clair, c’était alors l’interpellation musclée et assortie d’insultes à caractère raciste de Théo qui soulevait l’indignation.

Malgré les alertes d’instances publiques telles que la CNCDH et le Défenseur des droits, malgré une condamnation de l’État en novembre 2016, les contrôles au faciès continuent : un jeune homme perçu comme noir ou arabe a une probabilité 20 fois plus élevée d’être contrôlé que les autres catégories de population » rappelle Jacques Toubon.

Car derrière ces violences médiatisées, combien d’autres moins connues du grand public ?
Malgré une opinion publique plutôt encline à trouver des circonstances atténuantes aux forces de l’ordre, la LdH, comme d’autres organisations, n’a cessé de s’élever contre ces violences que les téléphones portables rendent de plus en plus difficiles à nier. Il aura fallu la révélation de messages racistes de milliers de policiers sur Facebook suite à l’interpellation de Gabriel, un jeune Rom, pour que le Ministre de l’Intérieur semble enfin se rendre à l’évidence.
Il aura fallu aussi le meurtre d’un homme noir aux Etats-Unis, George Floyd, maintenu près de neuf minutes sous le genou d’un policier blanc. George Floyd, dont les obsèques ont lieu aujourd’hui, est devenu un symbole. Sa mort a libéré la parole de millions de personnes qui ont avoué leur peur de croiser une patrouille de police.

Pourtant, faut-il incriminer tous les policiers ? Tous les gendarmes ? Nous refusons comme toujours de généraliser : de nombreux représentants des forces de l’ordre accomplissent leur mission souvent difficile dans le respect des valeurs républicaines et certains dénoncent le comportement des collègues violents et racistes. La mission des forces de l’ordre justement, en abandonnant la proximité pour la répression, n’a fait qu’aggraver les relations avec la population, notamment sa partie la plus fragile.

Faut-il n’incriminer que les forces de l’ordre ? Le racisme est malheureusement bien ancré dans la société toute entière qui garde ses préjugés bien chevillés au corps. Il ne fait pas bon être un demandeur d’asile à certains guichets de préfectures. Il ne fait pas bon être « arabe » et rechercher un emploi ou un logement. Il ne fait pas bon être musulman pratiquant et mettre ses enfants dans certains restaurants scolaires. Il ne fait pas bon être Rom pour obtenir un logement. Il ne fait pas bon être de la communauté des gens du voyage quand les aires d’accueil n’existent pas.

Par-dessus tout, pour en finir avec ces discriminations insupportables, indignes de la République, il ne faut plus laisser passer - et c’est difficile - les propos haineux comme les petites remarques teintées de racisme qui circulent quotidiennement dans notre environnement familial ou professionnel.

C’est de la responsabilité de chacun, chacune d’entre nous.
Pour qu’ici comme aux Etats-Unis, un Arabe, un Noir puisse se déplacer à pied dans son quartier en toute sérénité.

Vouziers, le 9 juin 2020

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