Depuis plusieurs années, la Grèce est devenue un laboratoire de l'Union européenne pour tester ses politiques migratoires basées sur l'exclusion. Un système inhumain qui viole les droits des personnes exilées sous les yeux des pays de l’Union Européenne (UE) qui le financent. Enquête sur un exemple cinglant de cette politique néfaste : le centre de détention de Samos.
Dans une zone isolée, à la périphérie de la ville principale de l’île grecque de Samos se trouve un complexe sous haute surveillance, clôturé de fil barbelé. Il s’agit du « centre fermé à l’accès contrôlé » (KEDN en grec), un camp financé par l’Union européenne (UE) où sont enfermées de manière arbitraire des personnes, principalement originaires de pays du Moyen-Orient et d’Afrique, qui demandent l’asile en Grèce.
Ce camp a été conçu en 2021, un an après les incendies qui ont ravagé le camp de Moria sur l’île voisine de Lesbos dans lequel les conditions de vie sordides ont marqué les esprits. La Commission européenne décide d'investir 276 millions d’euros pour la création de cinq nouveaux centres. Le centre de Samos est le premier à ouvrir ses portes. L’UE fait alors une promesse : ces centres bénéficieront de « meilleures conditions » de détention.
Aujourd’hui, quatre ans après l’ouverture du centre de Samos, notre enquête prouve que l’UE a rapidement oublié sa promesse. Lors d’une visite en décembre 2023, nous avons constaté un véritable « cauchemar dystopique » : un camp sous haute surveillance, dépourvu des infrastructures et des services les plus élémentaires, où, sous prétexte d’effectuer des procédures d’identification, les autorités soumettent systématiquement les personnes demandeuses d’asile à une détention illégale et arbitraire. Des caméras de sécurité et des barbelés ceinturent le centre, créant un environnement " semblable à une prison ".