Dessin du Canard Enchaîné
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Nucléaire : pour quelques milliards de plus.
L'Autorité de Sûreté Nucléaire vient de rendre son rapport "post Fukushima".
Ce rapport vient d'une agence nommée par le gouvernement, et son objectivité peut être largement mis en doute. Cependant plusieurs enseignements peuvent être retirés de ce rapport.
En premier lieu, notons qu'il arrive après plusieurs dizaines d'années d'exploitation de sites nucléaires en France. Il semble donc que tous les responsables successifs (politiques ou industriels) ne se soient pas posés ces questions de base sur la sécurité des installations nucléaires. Il est plutôt inquiétant de constater que cette remise en cause n'existe que parce que l'accident de Fukushima est arrivé.
A moins que certains, qui avaient bien pris conscience des dangers, aient préféré ne rien dire et laisser fonctionner les centrales.
Il faut aussi se souvenir de la réaction de Nicolas Sarkozy, qui avait déclaré que la catastrophe de Fukushima était liée uniquement au tsunami, et n'avait donc rien à voir avec la situation française. On sait maintenant que des erreurs de conception et des erreurs humaines ont aggravé les conséquences du tremblement de terre. Et c'est bien sur ces faiblesses,qui se retrouvent dans toutes les centrales, que tente d'agir l'ASN par les préconisations de son rapport.
En second lieu, on peut retenir que l'ASN ne juge pas utile la fermeture de centrales "dans l'immédiat".
Mais elle demande des travaux et des mesures considérables, chiffrés à plusieurs dizaines de milliards d'euros. Le président de l'ASN déclare : "Nous imposons des mesures qui se traduisent par des investissements massifs. Si des exploitants, EDF ou un autre, jugent que ce qu'on demande est tellement onéreux, à eux de voir si l'exploitation en vaut encore la peine".
Il ne prend donc pas la décision de fermer une centrale, mais laisse aux exploitants la responsabilité de le faire.
Pour la centrale de Fessenheim, la plus vieille installation encore en service, l'ASN avait déjà demandé la construction d'un radier sous le bâtiment. Cette modification importante de la structure générait déjà un surcoût considérable. Avec les nouvelles mesures préconisées, le maintien en activité de Fessenheim devient encore plus problématique.
En conclusion, les "experts indépendants" n'ont pas pris toutes leurs responsabilités. Ils notent bien des failles de sécurité, demandent des mesures très coûteuses pour y remédier, mais ne se prononcent pas clairement sur la viabilité économique à terme des centrales françaises.
Nous sommes plus que jamais au pied du mur pour le nucléaire. Même avec la mise en place des préconisations nouvelles, le risque zéro n'existera pas.
Et le modèle économique "énergie nucléaire pas chère" vient de prendre une sacrée claque !
Va-t-on investir des milliards dans ces centrales, ou enfin avoir une politique alternative d'économie d'énergie et de développement de ressources renouvelables .
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Etats-Unis : Christi Cheramie enfant emprisonnée à vie pour échapper à la peine de mort
Communiqué d'Amnesty International (Extraits, pour lire tout l'article, cliquer sur le lien précédent)
La Convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant, qui est entrée en vigueur il y a plus de vingt ans, interdit expressément les peines d’emprisonnement à perpétuité sans possibilité de libération pour les infractions – quelle que soit leur gravité – commises par des personnes âgées de moins de 18 ans.
Tous les pays, à l’exception des États-Unis et de la Somalie, ont ratifié cette Convention.En 1994, Christi Lynn Cheramie, âgée de 16 ans, est condamnée, à l’emprisonnement à vie sans possibilité de libération conditionnelle, pour avoir plaidé coupable dans le meurtre de Mildred Turnage, grande tante de Gene Mayeux, son fiancé à l’époque. Aujourd’hui âgée de 33 ans, elle nie avoir commis le meurtre, assurant avoir plaidé coupable afin d’échapper à la peine de mort. Le fait d’avoir plaidé coupable l’empêche de faire appel directement de la déclaration de culpabilité ou de sa peine.
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Incinérateur de Givet : les Wallons disent non
Le projet d'incinérateur de Givet entre dans une phase décisive avec l'enquête d'utilité publique.
Le Préfet des Ardennes va devoir autoriser ou pas cette implantation, en tenant compte des résultats de cette consultation.
Les diverses collectivités territoriales du secteur doivent donner leur avis motivé. Cela n'a pas été le cas à Givet, pourtant concerné au premier chef, où le Maire et la majorité municipale ont refusé de se prononcer. Ils se sont réfugiés derrière la complexité des expertises, pour laisser les services de l'État décider à la place des citoyens et de leurs représentants. Un bien curieuse vision de la démocratie, et une bien belle marque de manque de courage. D'autant qu'au sein de la communauté de communes, un avis favorable a été voté avec des réserves sur les conséquences sanitaires du projet. Et parmi les votants on retrouve des délégués de Givet qui sont aussi au conseil municipal de la ville.
Nos voisins belges sont également intéressés par cette possible implantation, car les conséquences économiques et écologiques du projet ne seront pas stoppées par la frontière.
Dans une lettre au Préfet des Ardennes, le ministre wallon de l'Environnement donne son point de vue. Et Philippe Henry (photo ci-dessous) a une opinion négative, qu'il motive dans ce courrier.
En voici de larges extraits :
Il me semble important d'insister sur le fait que les rejets atmosphériques sont caractéristiques de la composition du combustible solide et que les caractéristiques de l'APIC dépendent des caractéristiques de la matière première {«refus»). Je m'inquiète dès lors des conclusions auxquelles aboutit l'étude d'incidences environnementales. En effet, la caractérisation de la matière première («refus») réalisée dans l'étude pose problème par une forme de non représentativité des résultats d'analyse. Il résulte de cela que la caractérisation de l'APIC, source des rejets atmosphériques n'est pas effectuée de manière certaine. Il existe donc un risque qu'il est opportun de ne pas courir que les techniques de traitement des gaz de combustion soient insuffisantes pour assurer le respect des normes légales applicables en matière de rejet.
Par ailleurs, une seule analyse des gaz de combustion du combustible solide a été effectuée et la manière dont cet APIC a été produit n'est pas explicitée. Il existe donc des doutes quant à la précision de cette analyse et quant au crédit qu'il est possible d'accorder à celle-ci.
Les impacts négatifs des rejets atmosphériques ne sont pas appréciés de manière suffisamment précise dans la demande.
Au-delà de ces objections techniques qui, à elles seules, suscitent l'inquiétude, ce projet qui serait localisé à une encablure de la Wallonie me préoccupe au plus haut point tant en raison des risques liés aux émanations et à la pollution qui y est liée qu'en ce qu'il pourrait détourner des filières de recyclage traditionnelles des flux importants de déchets compte tenu du dimensionnement des installations.
Le principe de précaution auquel je suis particulièrement attaché voudrait que ce type d'exploitation ne puisse être autorisé s'il existe des doutes raisonnables quant aux conséquences environnementales. Or, à l'analyse du dossier, ces doutes sont présents !
En matière de politique des déchets, ce projet ne s'inscrit pas parfaitement dans la logique de hiérarchisation quant aux modes de gestion émanant de la directive 2008/98/CE du Parlement européen et du Conseil du 19 novembre 2008 à laquelle l'ensemble des États membres de l'Union sont soumis.
En matière de politique énergétique, l'acheminement d'un flux important de déchets vers une unité de « valorisation » par cogénération sans préciser la nature de l'utilisation de la chaleur produite ne semble pas un gage d'efficience.
Je crains enfin l'impact négatif d'un tel projet sur l'attrait touristique que représentent nos régions respectives de part et d'autre de la frontière.
Au vu de ces éléments et comme par ailleurs exprimé dans le cadre de l'enquête publique par les diverses communes wallonnes riveraines du projet, je vous fais part de mon souhait de voir ce projet frontalier refusé, tant par ma crainte des impacts sur les populations riveraines que par souci de protection globale de l'environnement et de respect par les autorités des principes de base du développement durable.
Auparavant, des collectivités et des citoyens belges s'étaient exprimés. La RTBF en fait le compte-rendu :
Près de 500 avis négatifs ont été remis à Hastière, à Houyet et à Beauraing ainsi qu'au moins trois pétitions. A Doische et Dinant, la mobilisation était un peu moindre mais beaucoup de Belges ont passé la frontière pour contester. Givet a ainsi reçu des centaines d'avis opposés, dont 3/4 seraient belges.
C'est la crainte de pollution, l'absence d'avantages côté belge et les risques potentiels pour la santé avec les fumées qui mobilisent les riverains. La semaine dernière, des médecins généralistes locaux s'étaient déjà déclarés défavorables au projet.
Tout projet,en particulier de cette taille, comporte des avantages et des inconvénients. Pour celui-ci, les conséquences négatives sur l'environnement apparaissent nettement l'emporter sur les avantages économiques possibles. Souhaitons que le Préfet prenne en compte les avis exprimés, d'autant que les oppositions sont d'origines diverses et sont solidement motivées dans leur argumentation.
La validation récente du parc naturel régional, qui englobe la pointe de Givet, donne encore plus de force au rejet de cette implantation. Elle se ferait dans une zone que les services de l'Etat viennent de reconnaitre comme riche d'un patrimoine naturel à préserver.