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Sauvegarder l’eau, les libertés et l’intérêt général

Éditorial de décembre 2023 de "Campagnes Solidaires", mensuel de la Confédération paysanne.

À l'heure où j'écris ces lignes, nous sommes juste repartis de Niort. Nous étions venus soutenir pour la deuxième fois les neuf personnes prévenues. Parmi elles, trois confédérés jugés pour avoir manifesté ou pour avoir organisé les manifestations des 2 et 29 octobre 2022 ainsi que celle du 25 mars 2023 à Sainte-Soline.

Le procès des défenseurs de l'eau, commencé le 8 septembre, s'est donc clos ce 28 novembre. Pour cette deuxième journée d'audience, il y avait 500 personnes devant le tribunal. Des rassemblements étaient organisés dans d'autres régions en France (1). Les syndicats étaient présents pour défendre les libertés, aux côtés de nombreuses associations qui luttent pour que l'eau ne soit pas accaparée par une minorité. Des tables rondes, des projections et un spectacle de théâtre ont rythmé la journée.

Pendant ces 14 heures d'audience se sont succédé témoignages et plaidoiries. « Une minorité ne peut pas détenir la vérité » a argué le procureur en évoquant la question des mégabassines et a requis des peines allant de l'amende à, pour certains, des peines de 6 à 12 mois de prison avec sursis et des interdictions du territoire départemental de 3 ans. Les avocats de la défense ont plaidé la relaxe, estimant que « toutes peines prononcées pour avoir organisé une manifestation sont choquantes ». L'état de nécessité à manifester pour défendre l'intérêt général a été mis en avant. Le délibéré est attendu pour le 17 janvier.

L'État, sans scrupule, utilise tous les moyens pour essayer de faire taire ceux et celles qui contestent, qui s'opposent à ses politiques mortifères. Les arguments pour justifier les bassines sont pourtant bien maigres ! Mais le soutien aux irrigants est sans faille. Y compris quand ils passent en force pour au moins 4 des 16 bassines prévues en Deux-Sèvres, sous prétexte que le financement est déjà accordé. Pour justifier l'injustifiable, nous avons d'abord eu le mensonge des bassines qui se remplissent avec de l'eau de pluie.  Et maintenant on nous dit qu'on ne peut pas faire de l'agriculture sans eau, sous-entendu sans irrigation alors que cette pratique ne concerne à l'échelle nationale que 7 % des surfaces agricoles.

 

 

Cet automne nous avons eu des satisfactions devant les tribunaux. L'annulation au Conseil d'État de la demande de dissolution des Soulèvements de la terre est une belle victoire pour la démocratie et la liberté de manifester. Il y a eu aussi l'annulation par le tribunal de Poitiers de l'autorisation de quinze bassines (Vienne, Charente et Deux-Sèvres). Il s'agit d'une grande victoire puisque le tribunal a retenu nos arguments en remettant en cause le principe de substitution. Une procédure en justice a aussi permis l'annulation du permis de construire d'une bassine en construction.

En tant que syndicalistes, nous ne pouvons que nous inquiéter de la façon dont nous sommes gouverné.es. Le dialogue et la concertation avec les corps intermédiaires et la société civile semblent de plus en plus laisser la place à des décisions autoritaires dictées probablement par le poids des différents lobbys.

Par exemple, le changement de répartition du financement syndical (Minagri) en faveur du syndicat majoritaire, qui se discute actuellement (2), est un moyen utilisé par le gouvernement pour nous affaiblir et essayer de nous faire taire. C'est une atteinte directe à la démocratie. Mobilisons-nous face à cette injustice !

Nicolas Fortin

(1) Comme à Nîmes, Foix, Douai, Clermont-Ferrand, Bourg-en-Bresse, Caen ou Nevers.
(2) Un décret est en cours de discussion

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